Critique : Suits 2.05

Le 30 juillet 2012 à 10:55  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui intensifie la pression pesant sur Donna tout en commençant à laisser apparaître la stratégie de Daniel Hardman pour reprendre le pouvoir.
Par sephja

Critique : Suits 2.05

~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui intensifie la pression pesant sur Donna tout en commençant à laisser apparaître la stratégie de Daniel Hardman pour reprendre le pouvoir.
Par sephja

La difficulté de rester au sommet 

 

Toujours poursuivi pour dissimulation de preuves, Harvey Specter reçoit la visite de l'agent d'un jeune tennismen de seize ans qui voudrait se voir émanciper de son père pour pouvoir devenir professionnel. Une procédure que Mike Ross trouve abusive, essayant de convaincre le fils de faire le choix inverse, tandis qu'Harvey préfère s'intéresser aux manigances Allison Holt, l'avocate que Daniel Hardman a engagé pour défendre la firme des dégâts de sa faute professionnelle.

 

Résumé de la critique

Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi :

  •  une intrigue à trois storylines assez inégale
  •  la position singulière de Donna à l'intérieur du show
  •  Daniel Hardman qui reprend lentement le pouvoir
  •  un scène finale intéressante

 

 

Une intrigue très classique, mais pas sans surprise

 

Malgré l'originalité de ses personnages et un style assez unique, Suits reste un show classique dans sa structure avec cette semaine un épisode à trois storylines tournant autour du thème de la confiance et de la loyauté. Une thématique qui fait tout de suite écho à la trahison involontaire de Donna envers Harvey, la plaçant devant un choix difficile consistant à admettre sa propre faute ou ruiner une réputation qu'elle a mise des années à construire. L'orgueil d'être prise en faute se mélange avec une peur terrible, celle d'être rejetée professionnellement et de perdre le dernier lien la reliant à Specter.

Une intrigue très forte qui va servir de fil directeur à l'épisode, son hésitation à dévoiler la vérité plaçant Harvey dans des situations critiques à plusieurs reprises. Evidemment, Mike Ross va venir protéger son mentor, se retrouvant une nouvelle fois dans la situation gênante de celui qui sait, mais ne peut pas dire, posant les bases d'un épisode sur la loyauté. Ainsi, le mensonge de Mike envers Rachel, qui est perçu par elle comme une trahison, apparaît à nos yeux comme un geste de fidélité envers Pearson - Hardman, Ross essayant ainsi de se montrer reconnaissant.

L'occasion va d'ailleurs lui être donné avec une histoire de tennis à première vue banale portant sur une dispute familiale, le fils mettant en cause la loyauté de son père par rapport à ses rêves d'avenir et son envie de faire carrière. L'occasion pour Mike Ross d'évoquer sa propre relation avec la figure paternelle, posant la question du dilemme fréquent entre les valeurs familiales et les ambitions personnelles. L'associé d'Harvey prend les choses en main et prouve à la fois sa capacité à plaider avec assurance tout en respectant un code de l'honneur personnel, à associer ambition personnelle et valeurs morales.

Hélas, celle de Rachel va se montrer bien moins inspirée, sans connexion réelle avec le reste de l'épisode, confirmant l'absence d'ambition  des scénaristes envers ce personnage. Cette histoire de chat est très pauvre, offrant juste l'occasion de donner quelques scènes comiques peu convaincantes à Louis et l'assistante judiciaire. Un point faible assez évident, surtout que cette storyline n'apporte pas grand-chose à l'intrigue principale concernant Donna.

 

Dans la tourmente

 

Comme dans l'épisode précédent, Aaron Korsh choisit de développer sur la longueur l'intrigue concernant le procès mené contre Harvey, cherchant à exploiter au mieux chacun des éléments du récit. Au coeur de cette affaire de mensonge, une faute personnelle et professionnelle de la secrétaire d'Harvey qui remet directement en cause sa loyauté envers lui, la poussant à opter pour la dissimulation. L'intrigue assez statique autour de son hésitation est étonnamment forte grâce à la profondeur de sa relation avec Specter, donnant un impact indéniable à chacune de leurs confrontations.

Principal bouclier d'Harvey dans son travail du quotidien, Donna Paulsen était un personnage secondaire très important, oreille attentive connaissant tous les secrets des employés. La possibilité de la voir tomber en disgrâce est un évènement majeur, plaçant Harvey devant la nécessité de se séparer d'un de ses meilleurs atouts, une femme dont la loyauté était pourtant au-dessus de tout soupçon. Parfaite dans son rôle, Sarah Rafferty campe une femme paralysée par sa propre incertitude, découvrant une faille imprévue dans sa carapace qui la condamne à être exclue d'un poste qui était devenu son identité.

La scène finale est vraiment touchante, érodant légèrement l'habituel armure d'Harvey pour fournir une séquence réellement émouvante, Gabriel Macht prenant une posture silencieuse pour une séquence muette pleine de non-dits. Un point intéressant qui montre la capacité singulière des deux personnages à communiquer sans parler, Donna étant la seule à pouvoir décrypter le langage particulier d'Harvey. L'enjeu n'est plus de sauver sa carrière ou la firme, mais bien de déstabiliser Specter pour briser les défenses de Jessica, le portrait d'Hardman commençant à apparaître derrière toute cette histoire.

Pour marquer la guerre régnant chez Pearson-Hardman, il était indispensable de montrer une première importante victime, suffisant pour déstabiliser le héros de la série. Une conclusion qui vient appuyer un peu plus la profondeur de leur loyauté et de leur fidélité respective, poussant Harvey à abandonner son costume de héros pour redevenir humain, le temps d'une scène de contrition réellement sincère et  touchante.

 

 

La guerre froide 

 

Si Hardman n'a jamais déclaré officiellement la guerre, le personnage joué par David Costabile tire pleinement les avantages de la déstabilisation de Specter et de sa faiblesse temporaire. Une suite de coïncidences dont il paraît être le seul bénéficiaire, introduisant le personnage d'Allison Holt qui vient mettre la pression sur le couple Harvey - Donna. Légèrement trop perspicace pour être honnête, cette femme jouée par Diane Neal est l'incarnation sournoise d'un ancien patron de cabinet qui compte clairement retrouver sa place au plus vite.

Très passif en apparence, Daniel est un adversaire particulièrement coriace, construisant sa victoire avec patience et discernement en cherchant à diviser les forces de son ennemi. Un personnage ambitieux qui renforce la mythologie de la série, Suits confirmant cette saison une volonté forte de construire un arc conséquent sur le long terme, utilisant cette affaire pour cristalliser le conflit entre Pearson et Hardman. Une confrontation qui va nécessiter de semer le désordre au sein du cabinet, seul moyen pour convaincre les actionnaires de l'inaptitude de Jessica à gérer correctement l'agence.

Adepte de la guerre psychologique, le personnage de David Costabile avance masqué, envoyant une armée qui sert avant tout à détourner l'attention de lui pour mieux asseoir sa position. Un affrontement ambitieux et audacieux pour une saison deux assez courageuse, proposant une mythologie feuilletonnante qui prend les bons risques, même si cela passe pour l'instant par le sacrifice d'une Rachel laissée de côté. Mais, au-delà d'une intrigue ambitieuse, Suits parvient à maintenir un niveau d'exigence étonnant, sortant du registre d'une suite de simple stand alone pour proposer un fil rouge fort et particulièrement captivant.

 

La difficulté de respirer dans les hauts sommets 

 

Si Suits est une série importante et fascinante, c'est par son refus de s'enfermer dans une formule simpliste, l'histoire du jour devant faire écho avant tout à l'intrigue principale. Sur une structure assez classique, la série marque sa différence par la richesse de son casting et la force de ses personnages, la scène finale proposant un travail de composition sur l'image particulièrement soignée et réussie. Le couple entre Donna et Harvey vient faire écho à celui entre Mike et Rachel, parallèle élégant certes, mais loin d'être réaliste tant Meghan Markle ne paraît pas à la hauteur du personnage de Sarah Rafferty.

En conclusion, un épisode réussi de Suits, malgré une storyline autour du chat de Louis pathétique et totalement déconnectée de l'intrigue principale plutôt passionnante. La confrontation entre Harvey et Donna tient toutes ses promesses, montrant le vrai visage du conflit mené par Hardman pour reprendre le pouvoir sur son agence. Une guerre froide assez fascinante, autour d'un affrontement métaphorique et intéressant entre le père et ses enfants émancipés, Daniel essayant de retrouver son autorité sur son ancien domaine.

 

J'aime :

  •  l'interprétation de Sarah Rafferty et sa confrontation avec Gabriel Macht
  •  le thème intéressant de la loyauté
  •  la scène finale, très réussie
  •  une mythologie particulièrement efficace

 

Je n'aime pas :

  •  la storyline de Louis, mal employée

 

Note : 14 / 20

Un épisode réussi pour Suits qui voit Donna devenir la cible de Daniel Hardman dans son entreprise pour déstabiliser Harvey et reprendre le pouvoir. Une histoire très intéressante sur le thème de la loyauté, gâchée par une intrigue concernant Louis assez moyenne et peu convaincante.  

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