La passion du jeu
Harvey se rend à Atlantic City avec Mike pour surveiller Keith Hoyt, le patron d'une entreprise qui s'avère être un remarquable flambeur, surenchérissant dans une partie de poker en plaçant son entreprise comme mise. Seulement, il perd et le vainqueur réclame son dû, forçant Harvey à trouver une parade pour déclarer irrecevable cette promesse écrite sur une serviette de table. Pendant ce temps, Jessica rencontre le juge chargé du procès contre Pearson - Hardman et reconnait une de ses camarades de l'école de droit à qui elle avait fait subir une terrible humiliation.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue moyenne, mais amusante
- le vrai visage de Jessica Pearson
- un duo Louis - Rachel intéressant
- un épisode de transition moyen
Une petite pause
Après le départ émouvant de Donna la semaine passée, Suits pouvait surenchérir en lançant le procès contre Pearson - Hardman, mais la saison est encore longue, obligeant les scénaristes à offrir un épisode de transition au démarrage désastreux. Une intrigue peu soignée dans son exposition et assez légère cette semaine qui va privilégier la comédie grâce à plusieurs bonnes répliques et des comédiens toujours impeccables. Sans aucune transition, les scénaristes nous embarquent avec Harvey et Mike dans une histoire de reconnaissance de dette assez peu crédible.
Evidemment, l'intrigue sert à relancer Harvey qui doit se battre pour une cause perdue d'avance et le show peut compter sur la qualité des personnages pour offrir un divertissement de bonne facture. Marquant un temps faible volontaire dans la saison, la série cherche à privilégier l'aspect humoristique tandis que certains éléments décisifs se mettent en place pour la suite. L'occasion pour Harvey de quitter les hauteurs et de revenir sur terre tant l'absence de Donna lui laisse un goût particulièrement amer et l'oblige à quitter son bureau pour se mettre face à un vrai challenge.
Il s'agit pour Harvey de retrouver sa capacité à gagner, cette confiance en soi que le départ de Donna a entamé, de retrouver le plaisir du jeu et de la victoire. Savoir gagner au bluff en manipulant son adversaire, voilà la méthode d'Harvey pour gagner et transformer un cas perdu d'avance en victoire personnelle. Une intrigue divertissante qui relance le héros de Suits, offrant quelques dialogues particulièrement amusants, confirmant la capacité du show à offrir un bon divertissement même lorsque l'histoire n'est pas à la hauteur des ambitions.
Jessica et l'appétit du pouvoir
Personnage important de Suits, Jessica Pearson est une femme autoritaire qui aime à jouer selon ses règles et montre une ambition débordante qui justifie son choix de prendre comme principal associé Harvey Specter. Un garçon dont elle a vu l'ascension des tréfonds jusqu'au sommet, construisant entre les deux une relation particulière, suffisamment forte pour que Daniel Hardman ne puisse l'entamer. Un personnage puissant, ambitieux et exigeant, qui n'appartient ni au camp du bien, ni à celui du mal, cherchant juste à asseoir une position pour laquelle elle s'est violemment battue.
Sa confrontation avec la juge Follman permet de se rendre compte de la vraie nature de ce personnage difficile à cerner, forte pour masquer ses intentions et son ambition, montrant une réelle habileté pour retourner les situations à son avantage. Jouée par une Gina Torres toujours impeccable, elle est un des personnages majeurs du show, refusant de tenir Harvey en laisse pour mieux le rendre imprévisible et dangereux pour leurs ennemis communs. Scène très bien écrite, sa confrontation avec le juge est convaincante, Jessica montrant sa capacité à franchir la ligne pour terrasser ses concurrents.
Femme ambiguë et donc fascinante, elle montre toute la cruauté dont il faut savoir faire preuve pour atteindre les sommets, ne montrant pas le moindre regret concernant les victimes qu'elle laisse sur sa route. Si elle se montre magnanime envers Mike Ross, elle n'hésitera pas à le détruire s'il entrave son chemin, son apparente humanité n'étant qu'une façade pour masquer une femme de pouvoir impressionnante. Un charme vénéneux dont ne dispose pas Rachel, personnage féminin beaucoup moins intéressant qui se retrouve impliquée dans une storyline passable avec Louis Litt.
L'art de soigner une attitude
Construit autour de trois storylines indépendantes, comme la plupart des épisodes de la semaine sur USA, cette intrigue de Suits se devait de donner un peu de temps d'apparition à Meghan Markle et Rick Hoffmann. Pour cela, les scénaristes vont introduire une histoire de ballet particulièrement maladroite, dont le contexte très confus va empêcher d'en comprendre les tenants et les aboutissants. Un problème récurrent à cet épisode, le premier acte se révélant mal structuré, empêchant ici de comprendre les raisons de la manipulation dont est victime Louis.
Un récit décevant, surtout à la vue de la bonne alchimie qui s'installe par instant entre Litt et Rachel, duo improbable qui mériterait d'être creusé, montrant l'assistante juridique selon un point de vue totalement différent. Malheureusement, cette storyline sert surtout à préparer la résolution à venir de l'affaire d'Harvey, lui offrant un moyen de pression conséquent pour la suite de la saison. La tendance de Louis à se laisser emporter par sa propre émotion et son manque d'estime pour lui-même en font un personnage trop faible pour survivre dans les étages supérieurs de Pearson - Hardman.
En sortant Rachel de sa routine, les scénaristes abordent différemment un personnage qui n'était devenu qu'un simple faire valoir, proposant une association intéressante qu'il serait bon de poursuivre. Si le scénario de Karla Nappi n'est pas parfait, il possède un enthousiasme plaisant et ouvre des portes intéressantes pour la suite, préparant le terrain à un final de mi-saison forcément ambitieux. Un épisode plus faible que les précédents, mal nécessaire qui prend son sens lors d'un final plutôt tendu où la pression s'exerçant sur Harvey se refait brutalement sentir.
Un épisode de transition
Evidemment, si l'épisode est un peu faible, il donne l'occasion d'en constater les qualités esthétiques, offrant un univers cohérent et crédible tout du long. Un changement de décor qui permet de voir les différents visages d'Harvey et de le sortir de l'univers restreint du dernier étage de Pearson - Hardman, histoire d'éviter que le show s'enferme dans une certaine routine. Symbole de l'imperfection de cette saison, le personnage d'Harold peine encore à s'installer, son manque d'épaisseur jurant clairement avec l'ensemble des personnages du show.
Après le départ de Donna, Suits marque une pause pas forcément adroite, mais qui a le mérite de poser un regard différent sur la personnalité de Jessica Pearson. L'absence de Daniel Hardman montre clairement que la volonté des auteurs de laisser la mythologie de côté pour offrir un divertissement plutôt plaisant. Un épisode qui prouve que le show est capable de revenir sur ses bases pour appliquer quelques corrections, en particulier concernant un personnage de Rachel qui trouve avec Louis un alter-ego intéressant.
J'aime :
- des instants de comédie réussis
- la storyline de Jessica
- le duo entre Rachel et Louis
Je n'aime pas :
- la mise en place des intrigues est désastreuse
- le manque d'enjeu déroutant
- la résolution peu crédible pour Harvey
Note : 12 / 20
Un épisode de remplissage qui sort le show de sa routine et se révèle plutôt amusant malgré des intrigues confuses à la mise en place peu convaincante. Un bon divertissement grâce à un personnage de Jessica Pearson très intéressant qui montre combien elle est prête à tout pour conserver sa place au sommet de la société.