Pitch amour et désillusion
Freddie Lyon va rapporter la veste de Mr Kisch à son épouse en deuil suite à l'accident dont il est convaincu d'être indirectement le responsable. Pendant ce temps, Bel et Hector vivent les jours heureux et béats des premiers instants de leur relation, ignorant que l'épouse de celui-ci sait pour leur liaison. Bel apprend alors le pourquoi de sa nomination au poste de productrice de The Hour ainsi que la vérité sur son patron Clarence Fendley.
Redistribution et stagnation
Après le décès de Mr Kisch, l'enquête de Freddie Lyon se retrouve au point mort, à l'exception de trois indices : une veste, un film et un mot dont il ne sait pas encore que faire. Seulement, si le journaliste semble très loin du but, il n'échappe pas à une surveillance peu voilée et agressive qui sonne clairement comme une menace. Impuissant, il revient à son travail où la crise de Suez entraîne une frénésie incroyable, surtout que l'émission a finalement trouvé son rythme et un visage grâce à un Hector Madden de plus en plus confiant.
Le but de cet épisode n'est pas de faire avancer l'intrigue, mais de recentrer l'histoire en vu d'une accélération finale qui devrait réserver son lot de surprise. Les êtres humains et leur relation va occuper une place centrale dans l'épisode, en particulier celle entre Freddie et Miss Rowley, couple à la fois improbable malgré le fort attachement qu'ils ont l'un pour l'autre. Le tour de force des scénaristes est de réussir à fournir un développement à chaque personnage de la série tout en nous présentant de nouveaux visages dont le rôle devrait être plus qu'important pour la suite.
Hélas, le scénario s'avère aussi très frustrant, ne nous fournissant que rarement l'occasion de retrouver le plaisir des deux épisodes précédents. Le jeu remarquable des acteurs sauve une histoire particulièrement passive, construit en petites séquences indépendantes sans vrai fil conducteur, ni montée en puissance. Les cartes sont enfin redistribuées à la fin de l'épisode, laissant espérer une avancée spectaculaire pour un épisode qui, malgré des personnages forts, n'aura jamais réussi à vraiment surprendre.
Complot et lutte de pouvoir
Pourtant de nombreuses choses se déroulent autour de The Hour, surtout dans les coulisses où tout le monde s'active pour empêcher la vérité de surgir sur le décès de Ruth Elms. La mère de la victime elle même semble vouloir éloigner Freddie de toute piste, laissant deviner les terribles pressions qui pèsent sur elle, pendant que la crise de Suez gagne en importance. Des connexions existent, mais les auteurs se montrent suffisamment peu loquace pour nous laisser dans le brouillard total.
Heureusement, un personnage jusque ici peu utilisé va crever l'écran en nous servant de porte d'entrée dans les coulisses de cette guerre de pouvoir. Clarence Fendley (en haut à gauche), interprété par le formidable Anton Lesser, est l'homme qui a construit The Hour, laissé les commandes à Bel, pour s'en servir comme d'un moyen de pression et d'influence qu'il entend bien conserver. Protégeant Freddie Lyon en particulier et son équipe avant tout, il est l'homme qui se cache dans l'ombre, celui qui fait marcher la machine et contrôle une nouvelle forme d'information, celle des images.
Statique en apparence, The Hour vit au rythme de la valse des jeux de pouvoirs pendant que l'Angleterre voit son empire se lézarder sous la pression de Nasser et des armées russes et israéliennes. Les cartes changent de main, et le Commonwealth est sur le point de perdre son pouvoir pour laisser la place à un nouveau monde où les colonies vont lentement prendre leur autonomie.
Entre polar et récit choral
The Hour possède deux visages bien distincts : l'un concerne un mystère avec comme héros Freddie Lyon, l'autre une émission en construction avec en vedette Bel et Hector. Si les deux cohabitent aisément, le mélange peine à se faire par un manque de passerelles entre l'univers journalistique et le monde aristocratique. Seul lien entre les deux univers de part son passé avec la famille Elms, Freddie est le centre de cet épisode et permet à son acteur principal Ben Whishaw de montrer l'étendu de son talent.
Si durant son enquête, il est la cible d'hommes puissants qui voilent à peine leur menace, une fois arrivé à la BBC, il se fond dans la masse et devient le membre d'une équipe dans un environnement protégé. Personnage toujours aussi imprévisible, Freddie va hésiter à poursuivre son enquête, remettant en cause sa motivation première devant le risque qu'il encoure. Les scénaristes vont alors produire le passage le plus intéressant de l'épisode en questionnant les motivations profondes de leur héros, à savoir le besoin d'être le "James Bond" de Bel et cette soif de vérité qui lui donne toute son énergie.
Personnage hors norme, il est l'âme et le coeur d'une série qui tente la tâche délicate d'associer deux genres et deux univers particulièrement différents. L'épisode a posé les éléments nécessaires pour un final ambitieux, reste à espérer que les deux heures à venir se montre à la hauteur de mes espoirs.
J'aime :
- Ben Whishaw royal
- un récit choral dynamique et enjoué
- le personnage d'Anton Lesser fascinant
- une direction artistique superbe
Je n'aime pas :
- une enquête au point mort
- peu de pistes pour pouvoir anticiper la suite des évènements
- un récit mécanique un peu prévisible
Note : 13 / 20
Un épisode de pause dans l'intrigue policière qui s'intéresse avant tout aux rapports humains et à l'évolution des différents personnages. Si le récit manque de consistance, la remise en cause des motivations de Freddie Lyon va s'avérer plutôt intéressante. Impressionnant et agaçant en même temps.