Pitch rebondissement et révélation
Pendant que Angus s'efforce de museler The Hour en pleine crise de Suez et que l'URSS s'apprête à envahir la Hongrie, Freddie tente de trouver des moyens de contourner la loi qui les muselle. De son côté, Bel se fait fortement réprimander pour sa liaison avec Hector, se retrouvant contrainte à mettre fin à cette romance sous peine de perdre son travail. Pendant ce temps, la famille Elms tente de convaincre Lyon de cesser d'enquêter sur la mort de Ruth.
Freddie et Hector dans la furie d'une crise politique
La crise de Suez opposant l'Egypte de Nasser à l'union de la France et de l'Angleterre entraîne de graves conséquences au niveau international, plaçant The Hour au centre d'un tourbillon médiatique. De l'entrée des chars russes en Hongrie à l'attaque des Israëliens, la situation géopolitique mondiale dégénère pendant que le premier ministre Eden tente de faire accepter aux peuples occidentaux une action armée pour renverser Nasser. Seulement, une loi interdit aux journalistes d'évoquer ces évènements, causant un sentiment de révolte dans les rédactions de la BBC.
Freddie et Hector choisissent alors de tricher en se jetant dans les rues de Londres, au plus prés de la chambre des Lords où la contestation, non relayée jusqu'ici par les médias, tente de faire entendre sa voix. Inventant le reportage en direct, ils donnent un vrai pouvoir aux images, une révolution dans un monde où l'information n'était jusqu'ici qu'écrite. La scène est poignante surtout que la répression va s'avérer particulièrement violente, plaçant nos deux héros dans une position de témoins contraints de prendre position.
L'évocation par Liz d'une photo des victimes du Francisme rappelle le souvenir d'une époque où les révolutions étaient muettes, écrasées par le contrôle du pouvoir sur les médias. La sincérité évoquée par Eden dans son discours fait sourire, mensonge flagrant d'un vulgaire pantin lisant son texte avec l'habitude de celui qui se soumet. Si l'actualité s'accélère, elle va surtout donner un nouveau sens à la mort de Ruth Elms et entrainer la révélation de l'identité de Brightstone. Le complot commence à apparaître et The Hour ne déçoit pas, se plaçant dans la continuité des romans d'espionnages de la guerre froide.
The Hour tient donc toutes ses promesses avec une intrigue passionnante qui dévoile enfin toute sa richesse, justifiant le concept même de la série. Hector et Freddie en duo vont voir alors se délier les langues tout en révélant les mensonges : ceux des médias qui refusent de voir les évènements qui se déroule dans les rues de Londres et ceux d'une certaine noblesse qui perd le contrôle du destin du monde et de leur propre enfant.
Bel et Hector dans le tourbillon de la passion
Dans cet épisode extrêmement complet, Bel voit sa liaison révélée au grand jour par Angus Mc Cain, l'homme qui défend les intérêts au sein de la BBC du premier ministre Eden. Première femme à devenir productrice, celle-ci révèle au grand jour ses faiblesses et déçoit son patron Clarence Fendley qui aura lutté pour que l'émission garde son indépendance. De plus, la femme d'Hector vient elle-même mettre la pression sur Miss Rowley qui découvre, qu'en tant que première femme à accéder à un tel poste, personne ne lui pardonnera la moindre faute.
Le monde des années 50 commence à voir poindre le changement, représenté par cette femme qui cherche à concilier sa carrière avec ses sentiments. Hector de son côté exprime toujours ce désir de conquête particulier à son personnage, cette volonté de séduire les femmes puissantes, mais voit bien que leur relation n'est rien face aux liens qui existent entre elle et Freddie. Jaloux, il ne lutte pas, conscient qu'il ne pourra jamais arriver à un tel degré d'intimité, surtout si sa frustration vient briser la belle harmonie entre eux qui permet à l'émission d'être un vrai succès.
Hector s'éloigne un temps de Bel, le temps que la jeune femme fasse son choix dans un univers qui ne lui fait strictement aucun cadeau. Si aux yeux des hommes, le désir est une faiblesse, pour une femme, la frontière entre vie professionnelle et intimité est beaucoup moins claire que cela. Elle qui n'envisageait le sexe que comme une expression du désir va découvrir que celui-ci possède une signification politique et éthique forte dans l'esprit d'un monde encore trop masculin.
Freddie, Bel et la complexité des sentiments
Relation très riche et étonnamment subtile, Bel et Freddie possède un aspect assez unique qui fait le charme de The Hour. Plus que de l'amour, leur relation repose aussi sur une passion commune pour le journalisme et une intimité forte dû à un passif important. La présence d'Hector réveille une jalousie de Lyon, signe d'un besoin de la posséder, là où la solitude de Bel le poussait à la tenir à distance. Freddie la désire, mais ne peut pas l'aimer, par fierté mais aussi pour ne pas détruire ce lien de fraternité qui les relie, sentiment complexe dont beaucoup disent qu'il n'existe pas entre les hommes et les femmes.
De même, Bel ne cache pas ses sentiments pour Freddie, mais craint que la transformation de leur amitié en une liaison charnelle ne vire à la catastrophe, au vu de leurs nombreux antagonismes. Ensemble, ils forment un couple qui se connaît trop pour s'aimer, une passion impossible, typique de la littérature anglaise, le temps ayant déjà révélé les défauts de chacun d'entre eux. La magie s'est éteinte or le désir ne peut s'exprimer sans une pointe de fantasme, se transformant lentement en une amitié férocement ambiguë, celle de deux âmes soeurs inséparables, complémentaires, mais incapable d'exister ensemble sans se détruire.
Rares sont les séries à avoir dressé un portrait aussi superbe d'un couple qui est allé au-delà de la liaison charnelle pour atteindre un niveau d'intimité supplémentaire. Les acteurs sont en tout point remarquables, créant ce trouble puissant tout en conservant une froideur, celle de deux amis qui refusent de tout ruiner dans une histoire impossible. Se surnommant eux-mêmes Bond et Moneypenny, ils sont à l'image de ce show, le symbole d'un changement dans les rapports entre hommes et femmes, mais aussi entre l'occident et ses colonies et entre l'information et l'image.
J'aime :
- une réalisation superbe
- un casting extraordinaire, en particulier Ben Whishaw
- un complot d'une ampleur remarquable et qui promet un final passionnant
- un triangle amoureux remarquable
- un récit rapide, rythmée, une heure qui passe en un éclair
Je n'aime pas :
- là, je passe
Note : 16 / 20
Episode très réussi, tandis que les révélations pleuvent et que la situation semble échapper dans la grande tempête d'une histoire humaine qui s'affole. Les langues se délient enfin dans un déluge de révélations passionnantes, portées par une mise en image superbe et des comédiens remarquables, Ben Whishaw en tête. Passionnant.