Critique : The Hour (2011) 1.01

Le 13 mars 2013 à 17:51  |  ~ 6 minutes de lecture
Reconstitution soignée de l'Angleterre des années cinquante, ce pilote convainc grâce à la qualité de son casting et ses personnages forts et charismatiques. Au programme, la BBC en 1956, un journaliste brillant et vaniteux dans une description de la naissance d'un programme télévisé.
Par sephja

Critique : The Hour (2011) 1.01

~ 6 minutes de lecture
Reconstitution soignée de l'Angleterre des années cinquante, ce pilote convainc grâce à la qualité de son casting et ses personnages forts et charismatiques. Au programme, la BBC en 1956, un journaliste brillant et vaniteux dans une description de la naissance d'un programme télévisé.
Par sephja

Pitch Londres 1956 

 

Freddie Lyon est un journaliste talentueux, mais ingérable qui vit l'information avec passion, s'insurgeant contre le traitement uniforme et dépassionné des nouvelles. Envoyé à un bal des débutantes, il retrouve Ruth Elms, qui célèbre ses fiançailles, mais semble victime d'une crise forte de paranoïa en lien avec le meurtre de Peter Darrall dans des circonstances mystérieuses. Seulement, le seul moyen pour lui d'ébruiter cette affaire passe par l'émission d'information appelé "The Hour" que son amie Bel est sur le point de commencer à produire pour la BBC.

 

 

 

Un pilote qui a beaucoup de travail à accomplir 

 

Autant prévenir tout de suite ceux qui tenteront l'expérience de The Hour, la série est particulièrement ambitieuse et le pilote d'une heure arrive à peine à esquisser les prémisses de son intrigue foisonnante. Le peu qui nous est présenté est suffisamment alléchant pour faire naître de grands espoirs dans cette série qui raconte en parallèle les prémisses du journalisme engagé à la télévision. Précurseur, Freddie Lyon (en haut à droite) croit en ce journalisme d'opinion et de conviction, refusant la platitude d'un monde où les informations ne sont que des mots sans relief, où un évènement mondain a autant d'importance que la crise du canal de Suez.

Seul contre tous, il possède comme seul allié la charmante Bel Rowley (en haut à gauche) une travailleuse acharnée à qui la BBC offre l'occasion de produire son propre programme d'information télévisé. Sa relation avec Lyon, subtilement décrite par ce jeu de surnom avec "Moneypenny et James", est suffisamment ambigüe pour expliquer son acharnement à vouloir ce casse-pied dans son équipe. Surtout que Lyon ne supporte pas de voir le poste de présentateur lui filer sous le nez au profit d'Hector Madden (voir ci-dessous), le beau-fils d'un des cadres de la chaîne.

Ambitieux, prétentieux, mais aussi teigneux et volontaire, Freddie est talentueux, trop peut-être car il semble incapable de faire de compromis. Héros idéal pour une série sur le thème du journalisme, Lyon devrait apporter son lot de soucis pour Bel qui devrait mettre à mal ses sentiments pour lui. Sans être révolutionnaire, The Hour dresse le portrait d'un métier en pleine transformation, d'un monde à l'aube d'une nouvelle ère. Romanesque, la série l'assume totalement et ne joue pas la carte du réalisme à outrance, la reconstitution ne cherchant pas à en mettre plein la vue.

Pour Bel, cette Angleterre des années 50 est avant tout remplie d'une arrogance masculine particulièrement insupportable. Femme indépendante, elle est surtout seule et frustrée du manque de considération que le monde des décideurs essentiellement masculin a pour elle. Femme passionnée, cherchant à obtenir le succès grâce à une volonté remarquable, elle sert à décrire assez justement ce mépris feutré typique de l'Angleterre de cette époque, où les mots peuvent faire particulièrement mal.

Rajoutons à cela le commencement d'une intrigue sur fond de pouvoir et de mensonges et vous tenez un pilote complet et dense, qui s'embrouille un peu dans son second acte, mais possède un charme assez irrésistible.

 

 

Un Mad Men à l'anglaise ? 

 

Au vu de sa situation temporelle et du nombre de cigarettes consommées à la minute, The Hour peut faire penser à la série de AMC pour son style visuelle très distingué et ses couleurs légèrement pastels. Objet d'un soin très particulier dû à Coky Giedroick (Oliver Twist version BBC), la série possède un vrai style très marquée, symbole d'une époque où la classe sociale et la tenue était indubitablement liée. Très dandy, Dominic West est particulièrement épatant en futur présentateur un peu parvenu, portant son personnage avec un charisme remarquable qui rappelle un peu Don Draper.

Mais là où Mad Men montre l'élaboration et la fabrication du masque des apparences, The Hour nous narre le désir d'un homme de faire surgir la vérité et de briser justement cet hypocrisie du paraître. Brillant, Ben Whishaw (Le Parfum) incarne ce besoin de révéler les mensonges et les jeux de dupes d'un journalisme qui se satisfait des apparences sans chercher un vrai sens aux évènements. The Hour n'est pas Mad Men car loin de jouer sur la création d'un mythe, il se prépare à bouleverser une société immobiliste et à frapper un grand coup dans la fourmilière d'une certaine noblesse.

 

Un polar immersif sur fond de naissance d'une émission

 

The Hour est une série étonnante porté par un casting impressionnant et une qualité de réalisation remarquable qui flatte le regard dans le bon sens. Mais au-delà de la simple forme, elle possède le potentiel pour nous amener une superbe description du métier de journalisme, s'inscrivant parfaitement dans une actualité marquée par les événements de News Of The World. Porteur d'une mythologie encore trop flou pour pouvoir juger réellement de son efficacité, ce show se donne les moyens de ses ambitions.

Entre le pouvoir politique et leur meurtrier silencieux (Burn Gorman, le Owen de Torchwood) et le pouvoir des médias, la bataille risque d'être sanglante. Prémisse plutôt réussi, The Hour promet beaucoup, en espérant que la suite se montrera à la hauteur de ce pilot vraiment passionnant. La qualité d'écriture, la vitalité des personnages et la maîtrise du récit me laisse à penser que si, preuve une nouvelle fois de l'étonnante vitalité des séries UK cette année.

 

J'aime : 

  •  une mise en scène maîtrisée et très stylisée 
  •  un récit passionnant grâce à des personnages forts 
  •  un casting impeccable, Ben Whishaw en tête 
  •  un vrai potentiel pour les épisodes à venir 
  •  très actuelle avec la crise actuelle du journalisme Anglais

 

Je n'aime pas: 

  •  un petit essoufflement en milieu d'épisode 
  •  un complot trop vague pour intéresser vraiment 

 

Note : 14 / 20 

Série d'époque très stylée, portée par d'excellents comédiens, The Hour parvient en une heure à poser tous les éléments nécessaires à la constitution d'une identité forte. Malgré un complot encore trop vague pour captiver vraiment, la série possède un vrai charme et s'avère être une très bonne surprise. Une reconstitution ambitieuse pour un polar particulièrement prenant.

L'auteur

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Image The Hour (2011)
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13.67

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