Pitch white and red
Dans un échoppe d'horloger au fin fond de l'Irlande, Peter Glickman vit sous le nom de Donnelly, caché du reste du monde pour sa propre sécurité. Seulement, le coup de fil de son fils va l'obliger à sortir du silence, entrainant le repérage de sa cache par Gatehouse, bien décidé à l'éliminer. Les deux hommes se retrouvent dans l'horlogerie avec la ferme intention de mettre fin à toute cette histoire.
Des duels en rouge et blanc
Difficile de parler en termes simples de cet épisode magnifique sans en dévoiler trop, la série ayant axé sa montée en puissance sur la révélation des différentes zones d'ombre du scénario. Comme un point nodal en optique, Peter Glickman est l'élément vers lequel converge chaque storyline, et en particulier Gatehouse qui sera le premier à le retrouver, comme toujours. Leur confrontation va servir de bascule d'une histoire où chacun se tait à une intrigue où les révélations fusent enfin, comme autant de preuves de la qualité du scénario.
Hugo Blick ne s'est vraiment pas moqué du spectateur et The Shadow Line est une vraie splendeur, tant esthétique que narrative, oscillant tout l'épisode entre l'ombre et la lumière, le rouge et le blanc. Les révélations vont laisser apparaître les liens entre Joseph Bede, Jonah Gabriel et le mystérieux Gatehouse, donnant un sens totalement différent aux évènements précédents. Les anciens disparaissent, laissant de gré ou de force la place à une nouvelle génération bien décidée à saisir sa chance, quitte à accélérer le départ de personnages fatigués comme Bob Harris.
The Shadow Line est un récit sur l'héritage et la paternité, tandis qu'une nouvelle génération vient remplacer l'ancienne. Jai Wratten ou à un autre niveau Rattalack sont les successeurs d'une vieille garde épuisée, devenue petit à petit beaucoup trop incontrôlable aux yeux d'hommes comme Gatehouse. Dernier pion à supprimer, Glickman est le seul à pouvoir encore révéler le visage de ceux qui tiennent vraiment les rênes du pouvoir, cachés dans l'ombre.
Glickman et le temps des révélations
Après avoir fréquemment entendu son nom, difficile de nier que l'attente concernant Glickman semblait quasi insurmontable pour une série ayant fait de lui son personnage le plus mystérieux. Anthony Sher hérite donc de la difficile tâche d'incarner le pivot de cette histoire, celui que tout le monde recherche depuis le premier instant. Le comédien s'acquitte superbement de sa tâche lors d'une séquence d'introduction digne de Sergio Leone, étirant à l'extrême sur la durée une scène au point de départ anecdotique pour apporter toute sa force à la série.
Evidemment, sa confrontation avec Stephen Rea est celle que je retiendrais le plus, moment absolument grandiose où la série révèle enfin la véritable nature des forces en présence. Le dialogue, la lumière et la conclusion dans le sang et la cendre constituent l'un des moments les plus incroyablement forts que la télévision a produite cette année. Cette simple séquence va tout bouleverser, provoquant une accélération du récit que plus rien ne pourra ralentir, filant tout droit vers un final qui devrait proposer une belle opposition entre Jonah Gabriel en quête de sa mémoire et Joseph Bede, tentant de gagner sa propre liberté.
Un week-end spécial The Shadow Line
Aussi superbe esthétiquement que puissant du point de vue narratif, The Shadow Line est l'exemple flagrant de la capacité des Anglais à proposer des séries à la fois terriblement ambitieuse et forte. Avec Luther qui revient pour une seconde saison (J'attends la critique de Puck avec impatience, ayant beaucoup aimé cette reprise) , je me suis dis qu'il serait bon d'insister le temps d'un week-end sur les trois derniers épisodes de cette série remarquable qui, je le crains, risque de passer beaucoup trop inaperçue.
Servi par des acteurs formidables, The Shadow Line est une singularité, un objet unique et mémorable qui ne pourra que satisfaire tous les amateurs de série un tant soit peu ambitieuse. Entre ombre et lumière, portée par des personnages charismatiques, elle est la preuve qu'il faut savoir prendre son temps pour pouvoir donner toute sa force à une histoire. Evidemment, ma critique pourra sembler un peu courte pour parler d'une série aussi superbe, mais je veux avant tout m'interdire tout éventualité de spoiler le moindre élément du scénario.
Un épisode superbe, un cran au dessus des précédents qui déjà étaient particulièrement réussis. Hugo Blick fait lentement apparaître le fil logique qui lie chacun des personnages et nous laisse découvrir une histoire d'une force remarquable. Plus que deux épisodes avant la fin de série surprenante et terriblement addictive... Vous regretteriez de passer à côté !
J'aime :
- la confrontation Glickman-Gatehouse d'une intensité incroyable
- Glickman, un personnage superbement porté par Anthony Sher
- un superbe travail sur la couleur, en particulier dans l'utilisation du rouge.
- un récit qui s'accélère avec de nombreuses révélations surprenantes
Je n'aime pas :
- la liaison de Joseph Bede avec Petra pas très bien introduite.
Note : 18 / 20
Episode après épisode, The Shadow Line surprend, bouleverse, crée des moments de tension surprenants tandis que l'histoire se révèle enfin avec toute sa force. Ce week-end sera pour ma part en partie dedié à la conclusion étonnante de cette série anglaise extraordinaire, si difficile à apprivoiser, mais pourtant si généreuse.