« Mon chéri, je te propose ce soir, on se couche tôt et on se fait une soirée série.
– Yep, ça me va. On regarde quelle série ?
– Peaky Blinders, il paraît que c’est top.
– Ok pour moi.
– Cool. Et vous, les punaises de lit, ça vous dit ?
– Oui.
– Oui.
– Yep.
– Cool.
– Da.
– Excellent.
– Oh non, j’ai déjà vu... »
Fonz du mois : Charlie Kelly de It's Alway Sunny in Philadelphia
Le sommaire
On n'a pas aimé
Rictus
Nick : Il y avait matière à quelque chose de bon : un monde où le politiquement correct a tellement gagné qu’il est désormais interdit de rire et un univers entre Michel Gondry et Quentin Dupieux. Raté, la série se prend les pieds dans son tapis, incapable de choisir un ton, donnant l’impression d’improviser sans cesse et surtout n’arrivant jamais à nous faire rire, même Fred Testot semble éteint. Rictus fait donc grimacer et si on continue à regarder, c’est avec la fascination morbide de l’enfant qui observe un insecte tombé à l’eau se débattre en vain. Avis défavorable.
Secret Invasion
Galax : C’était bien nul, six épisodes avec peu de rythme, des enjeux immenses rarement palpables, un énorme gâchis de casting dès la fin du premier épisode, un témoignage sur l’absence de direction du MCU à ce stade, de nombreuses opportunités manquées, un discours politique très timide… Au milieu du fiasco, on a bien deux ou trois idées qui auraient pu faire l’objet de petites bombes dans l’univers si elles avaient été bien exploitées. Il reste juste de bons acteurs et actrices qui devraient être employés à quelque chose de moins automatique. Avis défavorable.
The Idol
Nick : Rarement vu un truc aussi naze. Ce n’est pas le côté racoleur qui m’a choqué, ses scènes de cul gratuites, ni la vision de la femme - vision qui se veut féministe, mais qui est clairement hypocrite - qui m’ont refroidi. Non, la série est tellement mauvaise, grotesque et creuse, que ces reproches ne tiennent pas. Inutile de chercher à l’analyser, c’est lui donner trop d’importance, elle est juste terriblement mal écrite, sortie du cerveau d’un Sam Levinson en roue libre se croyant subversif et provocateur, alors qu’il est incapable de créer des personnages qui tiennent debout. Même le personnage de Lily-Rose Depp, qui assure en début de saison, finit par se dissoudre dans la bouillie et devenir un pantin sans vie, porté par un script vide et complétement débile. Mais le tout, déjà peu reluisant, se retrouve plombé par une des pires erreurs de casting du monde, à savoir The Weeknd qui interprète Tedros. Jouant constamment à contre-temps, le chanteur n’a clairement pas les épaules pour ce personnage de gourou manipulateur et il est impossible de croire à l’emprise que devrait avoir Tedros sur les autres personnages, tant il est pathétique, sans consistance et terriblement peu charismatique. Au contraire, il crée un effet comique totalement contre-productif, rendant la série ridicule (cette queue de cheval, ce n’est pas possible). Immature à vouloir provoquer ou créer le buzz, mais sans en avoir les épaules, se répétant jusqu’au vide, incroyablement prétentieuse et racoleuse, même au troisième ou quatrième degré, The Idol est un véritable accident industriel. Je défie quiconque d’y prendre un minimum de plaisir (et je flippe à mort pour la saison 3 d’Euphoria). Avis c’est nuuuuuul.
The Morning Show - saison 3
Nick : Malgré une saison 2 totalement loupée, j’ai laissé une nouvelle chance à la série. Malheureusement, après un démarrage assez intrigant, cette saison semble tomber à court de carburant à la mi-saison et par un mauvais réflexe, se met à combler par ce qu’elle fait pourtant de pire, à savoir faire du soap. Le fond du fond des abysses étant atteint pour le personnage de Bradley Cooper, qui se retrouve piégée dans des intrigues d’une nullité inconcevable. Clairement, les auteurs ne savent plus quoi faire d’elle, ils sont beaucoup moins inspirés que par Stella, alors qu’il s’agit d’un protagoniste principal de la saison 1. Il reste encore quelques épisodes de cette saison, mais je doute que The Morning Show remonte la courbe. Avis défavorable.
On a quelques réserves
Jeune et Golri - saison 2
Nick : La première saison était un petit bijou pop, acide et sucré. Malheureusement, la deuxième saison a bien du mal à réitérer l’exploit, l’intrigue s’éparpillant un peu trop (notamment cette histoire à la Ann Frank qui n’aboutit à rien), alors que certains personnages sont clairement sous-exploités (Ernest). Agnès Hurstel est toujours top, sa relation avec son ex-belle-fille offre de bons moments, mais de la boisson rafraîchissante qu’elle était en saison 1 ne reste qu’une bouteille oubliée dans le frigo qui a perdu ses bulles. Avis neutre.
Le Parlement - saison 3
Nick : C’est l’histoire d’une série qui a peut-être déjà tout donné dans sa première saison. Apparue en 2020, Parlement saison 1 était un modèle d’écriture, une plongée dans un monde inconnu, celui du parlement européen, où le législatif fait loi et où les convictions politiques se frottent aux ambitions personnelles, un univers où le compromis est roi et la trahison jamais loin, le tout saupoudré d’un humour gentiment loufoque et de personnages fantasques (Eamon, Michel, Torsten). Mais depuis cette réussite, c’est un peu la gueule de bois et le show a du mal à proposer du neuf. Cette troisième saison a même réduit les dilemmes moraux en classifiant ses personnages, d’un côté les gentils, de l’autre les antagonistes (la toujours horrible Valentine ou les Allemands qui veulent le poste de Michel). Et si Samy tient toujours fermement la baraque ou que la série a pris conscience qu’il fallait mettre en retrait Torsten et Michel tant ils risquaient de s’auto-parodier, elle a du mal à savoir que faire avec Rose, la pauvre se retrouvant au cœur de subplots ennuyeux qui cassent souvent la dynamique de l’épisode. Donc plus d’amertume (les politiques ne courent que pour eux et n’ont plus vraiment de convictions réels), mais moins d’ambiguïté, donc plus d’ennui, du moins un intérêt qui s’est amoindri. Avis neutre (comme la Suisse).
Loki - saison 2 (trois premiers épisodes)
Galax : Loki revient avec la mission impossible de réconcilier le public avec Kang, le grand méchant du multivers de ces (interminables) phases 5 et 6 du MCU. Souvenez-vous, il avait débuté en fin de saison 1 par une scène intrigante immédiatement court-circuitée par une mort imprévue. Puis, il a été repris dans le pire film de l’histoire des super-héros, Ant-Man 3 (mais si, vous savez, celui dont votre collègue vous a parlé à la pause dej car en fait c’était nul mais peut-être pas si nul que ce que les gens disent -> si si, c’était bien aussi nul). La mission impossible se révèle en effet impossible pour l’instant : Jonathan Majors est toujours une erreur de casting, les enjeux reposent sur des bases encore moins solides qu’en saison 1, et la série semble incapable de jouer suffisamment avec les qualités d’un multivers (comme son imprévisibilité) pour effacer son plus gros défaut, à savoir réussir à impliquer le public dans un monde où rien n’est définitif et toutes les bases sont instables. Et en effet, on se contrefout bien souvent de ce que nos personnages font, pensent ou veulent. C’est la foire au n’importe quoi, ce qui donne quand même quelques bons trucs : Ke Huy Quan, Owen Wilson, et le visuel de l’épisode 3 avec une vraie foire pour le coup, et une IA rétro atypique. C’est déjà pas mal, mais la magie Loki n’avait déjà pas vachement pris sur moi en saison 1, donc difficile de faire mieux dans ce qui est la pure continuité avec encore moins de confiance sur le futur de l’univers. Cela dit, l’épisode 3 était étonnamment charmant sur certains points, il n’est donc pas impossible que, comme en saison 1, quelques twists et quelques idées suffisent à au moins divertir encore quelques épisodes. Avis neutre.
Miracle workers - saison 4
Nick : Quatrième fournée de Miracle Workers qui, cette fois, nous emporte dans un univers post-nuke, avec des fortes références à Mad Max, mais aussi à Terminator via ce robot gay obsédé sexuel. Si certains gags font mouche, cette saison 4 a du mal à tenir la distance et commence à se répéter dangereusement après la mi-saison. Malgré tout, l’enthousiasme des acteurs (dont Steve Buscemi et Daniel Radcliff) et de Geraldine Viswanathan fait toujours plaisir à voir, ce qui fait que regarder Miracle Workers fait toujours partie de ces petits plaisirs régressifs qu’on regarde en cachette, un peu honteusement. Avis neutre, parce que bon quand même.
The Bear - saison 2
Nick : Deuxième service pour la série la moins aimable du moment. Car entrer dans les cuisines de The Bear, c’est se préparer à affronter des tempêtes, des personnages de prime abord rebutants, des cris et des assiettes qui volent. Et si cette saison (plus longue) offre un peu plus de moments d’accalmie (un séjour au Danemark, un stage dans un grand restaurant à l’atmosphère apaisée - il y a même Carmy qui tombe amoureux), elle rechute parfois violement (l’insupportable épisode 6 comme du Nick Cassavetes en surrégime). Même si je lui reconnais des qualités indéniables, je suis resté sur ma faim avec cette saison 2 qui n’a pas apporté grand-chose par rapport à la première saison. Un plat qui sent un peu le réchauffé. Avis neutre.
Wu-Tang : An American Saga - saison 3
Nick : Troisième et dernière saison des aventures (que je suppose largement édulcorées) du mythique groupe de rap américain. Ici, le Wu-Tang Clan vient de faire une entrée fracassante dans l’histoire de la musique avec la sortie de leur premier album, reste maintenant à faire continuer la hype tout en évitant que la bataille des égos des membres du crew fasse sombrer le projet musical, tandis qu'Ol’ Dirty Bastard devient de plus en plus ingérable. Pas totalement réussie, voire complément loupée lorsque la série se lance dans des épisodes plus expérimentaux (raconter l’élaboration du premier album d’ODB puis de Raekwon comme s’il s’agissait d’un moyen-métrage célébrant la culture gangsta-rap des années 70, puis 90), la série vaut surtout pour l’envie irrésistible qu’elle procure de se replonger dans les premiers albums du groupe et les premiers solos qui ont suivi. Une série vraiment réservée aux fans. Avis neutre.
On a aimé
And Just Like That - Saison 2 (2ème partie)
Mmaginère : La saison était bien partie et le retour d’un ancien personnage de la série-mère a tout gâché… C’est dommage, parce que cette deuxième moitié de saison est revenue dans les travers de la première : trop de longueurs, Miranda qui va dans tous les sens, trop de personnages avec des intrigues superficielles, des lourdeurs inutiles, moins d’humour… Heureusement, Charlotte relève le niveau et l’apparition de Samantha dans le dernier épisode éclipse tout le reste… J’ai aussi bien aimé certains moments avec Anthony qu’on voit sous un autre jour cette saison : il est plus vulnérable et plus humain.
Je ne sais pas exactement où veut aller la série : où sont passées les questions sur la vie des femmes à la cinquantaine ? Est-ce que Carrie a vraiment évolué depuis ses 30 ans, ou sera-t-elle toujours la femme qui prend des décisions en fonction des hommes de sa vie et pas pour elle ? Est-ce que les histoires des personnages vont vraiment être creusées quitte à se séparer de quelques-uns ? Je reviendrai pour une troisième saison qui, je l’espère, sera plus légère avec des personnages mieux travaillés. Avis favorable.
Futurama - saison 8
Nick : Futurama revient (une nouvelle fois) à la vie pour une huitième saison et ma foi, on ne va pas se priver de ce plaisir. Rien n’a vraiment changé, l’équipage est le même, l’humour est intact, il y a peut-être un peu moins d’action que lors des premières saisons, ce qui, en soi, n’est pas plus mal. Le format d’histoires indépendantes fait que le résultat est assez inégal, avec quelques épisode plus faibles (mais rien de honteux) pour quelques franches réussites (l’épisode 10 est par exemple une petite pépite). Le seul (léger) reproche est, qu’en jouant constamment sur son passé pour y convier un maximum de personnages ou situations issues des anciennes saisons, cette saison n’est clairement pas là pour apporter du neuf, mais uniquement pour satisfaire le fan-service. Mais bon, je ne vais pas bouder mon plaisir de retrouver cette excellente série d’animation, sans doute une des meilleures. Avis favorable.
Heartstopper : saison 2
Galax : La super surprise teen-romance de l’année dernière revient et choisit assez pertinemment de changer son focus, d’un drame centré sur un couple unique, à un casting d'ensemble qui avance à l'unisson dans la vie. C’est toujours aussi tout beau, tout rose et volontairement concentré sur les progrès et les efforts de tous les personnages, au point où le monde est peut-être idéalisé. Mais les quelques pointes de noirceur, toujours présentes, rappellent subtilement au spectateur que ce sont avant tout les personnages qui font le choix de s’assumer et d’être heureux, malgré une réalité parfois bien différente. C’est fait avec plus ou moins de succès (les intrigues de Darcy, d’Elle ou de Nick très bien gérées, celles d’Imogen ou du passé de Charlie beaucoup plus hésitantes), mais la série réussit néanmoins avec cette transition un peu obligatoire, à faire oublier le petit phénomène de sa première saison pour nous laisser apercevoir un vrai univers qu’on pourra voir grandir sur plusieurs années. Ce n’est sans doute pas possible de reproduire un peu la magie des premiers épisodes, mais ce n’est pas le but et la série ne s’en cache pas. Il faudrait peut-être encore plus d’ambition pour une saison 3, mais on sera tous au rendez-vous ! Avis favorable.
Only Murders in the Building - saison 3
Mmaginère : Cette saison pleine de guests était divertissante. Tous les épisodes n’étaient pas à la hauteur et le milieu de la saison a souffert de trop de remplissage. Mais la série a quand même su apporter de l’humour, un trio qui retrouve ses marques et un mystère qui, même s’il ne présente pas grand intérêt, est entouré de petits secrets savoureux. L’intrigue est assez creuse et prévisible. Mais tout le cast s’en donne à coeur joie, dans un sacré bordel. Et quand le rideau se baisse, on en redemande juste ! Mention spéciale à l’avant-dernier épisode qui reconstitue de manière humoristique et aussi très intéressante le soir du meurtre.
L’errance de Mabel n’est pas très bien traitée, mais elle permet de mettre en avant d’autres personnages qui l’accompagnent et c’est mieux que la saison 2 sur ce point. Oliver et Charles se retrouvent avec leurs intrigues amoureuses qui ne sont par contre pas passionnantes et ça plombe un peu l’ambiance.
Le fait d’utiliser aussi un autre décor que l’Arconia de manière régulière apporte un peu de nouveauté. Qui plus est, un théâtre avec toute son histoire et ses secrets. J’ai pris plaisir à regarder cette troisième salve de mon podcast préféré et je reviendrai pour une suite. Avis favorable.
Painkiller
Nick : Après Dopesick (que je n’ai pas vue), Painkiller s’attaque aussi à la crise des opiacés aux Etats-Unis avec ce médicament vendu par un grand groupe pharmaceutique et qui a tué plusieurs centaines de milliers de personnes. Parfois un peu trop chargée sur la forme (Richard Stalker qui discute avec l’esprit de son oncle, la présentation de l’épisode par de véritables victimes qui ont perdu quelqu’un à cause de l’Oxycontin qui est un effet vraiment très tire-larmes et pas très honnête, quelques effets visuels trop appuyés), cette mini-série reste passionnante à suivre, notamment ce combat (perdu d’avance, je spoile un peu) des petits gens contre les grands groupes industriels, le capitalisme décomplexé et l’addiction de certaines personnes à l’argent et au pouvoir. Pas toujours très subtil, mais vraiment efficace. Avis favorable.
Upload - Saison 3 (1ère partie)
Mmaginère : La saison 3 d’Upload a repris sur les chapeaux de roue. Nos personnages ont peu de temps pour agir et ça se sent. Malgré des actions sérieuses, l’humour reste présent et c’est avec plaisir que j’ai replongé dans cet univers mi-sérieux mi-déjanté. La nouvelle vie dans la réalité entre Nora et Nathan est maladroite et amusante, avec ce danger permanent au-dessus de leur tête. Quant à l’au-delà, ça reste une petite bulle d’oxygène et de fantaisies, même si le côté humain des personnages, avec leurs blessures, est mis en avant. Avis favorable.
On n'est pas d'accord
Black Mirror - saison 6
Galax : J’ai l’impression que je suis le seul à avoir aimé, voire adoré cette saison. Oui, Black Mirror change de formule. Et alors ? La série évolue de plus en plus vers un commentaire méta entre son public et son contenu, et je trouve ça très cohérent. Elle avait déjà subi une évolution assez drastique lors de son passage d’une chaîne de télévision classique à une plateforme de streaming. Elle évolue ici avec la surconsommation de la fiction et au problème de production en masse, avec tout ce que ça entraîne. Il ne faut pas chercher bien loin dans cette sixième saison pour voir déjà des sujets qui ont eu des répercussions réelles depuis, comme la grève des scénaristes et des acteurs du SAG-AFTRA, ou tous les enjeux autour de l’IA qui est en train de créer du contenu appauvrissant l’art. Dès le (très bon) premier épisode en fait, tout est là.
En plus, pour la première fois depuis sa création, la série semble avoir un semblant de fil rouge/de thématique commune dans ses épisodes, qui traitent tous plus ou moins directement… de fiction justement. Plus précisément, de la fiction qui se transforme aujourd’hui en produit. Que ce soit l’écriture d’un script déterministe qui tourne au commentaire méta, le tournage d’un documentaire qui punit la curiosité sur les coulisses, la littérature et le dessin comme moyen de retrouver une humanité, ou la presse à scandales hollywoodiens dans un épisode qui brise toutes les règles de la série : on trouve dans chaque épisode, un rapport à l’art et à la fiction, qui dépasse évidemment le concept de “technologie qui tourne mal” qui avait popularisé la série jusqu’à ce qu’elle devienne parfois une parodie d’elle-même.
Dans le premier épisode, Netflix est ouvertement parodié et finit par briser des vies. Tandis que dans le dernier épisode qui est au plus loin de tout ce qu’a fait la série, la protagoniste fait littéralement un contrat avec le diable pour créer du divertissement. Pour moi, il est clair que la saison finit par répondre à ses détracteurs, en confirmant que les “saisons Netflix” ont engourdi la série et ses spectateurs, trop à l’aise désormais à s’attendre à l’inattendu, et à apprécier l’inconfortable.
Il serait bon de rappeler que la série n’a pas démarré ainsi, elle a même démarré par un épisode qui dénonce le public voyeur qui vient pour un spectacle. Et n'était-ce pas le meilleur moment pour Black Mirror d'évoluer ? Le créateur Charlie Brooker a déjà dit par le passé qu'il sentait que la réalité avait rattrapé la fiction et qu'il devenait de plus en plus difficile de trouver des concepts fous comme avant. Dans cette saison 6, la réalité a bel et bien déjà rattrapé la fiction... et la fiction se réfugie donc dans la réalité pour se réinventer.
Ce n’est pas non plus comme si Black Mirror n’est pas capable de proposer encore des histoires à base de thriller d’anticipation technologique inventive, ou des épisodes de rebondissement à tiroirs basés sur des simulations méta (la preuve avec les épisodes 3 et 1, souvent considérés comme les plus classiques et les plus réussis de la saison d’ailleurs). La frustration du changement de genre de la série fait oublier à tout le monde (y compris à mon voisin-du-dessous ;)) à quel point chaque épisode est superbement bien filmé, joué, inventif dans son écriture, souvent original, et avec des interprètes de fou. Bref, toujours au-dessus de 95% du paysage audiovisuel.
Si on est prêt à accepter de voir la série changer de trajectoire, j’en implore à tout le monde de reconsidérer ce que Black Mirror essaie de dire désormais. Car elle a probablement rarement été aussi pertinente que maintenant sur notre réalité… une réalité qui est juste devenue infâme depuis 2011. Se réfugier dans Black Mirror pour se dire "oh ben dis donc, heureusement qu'on n'en est pas encore là, faisons attention à ce qu'on fait", ça n'a plus aucun sens dans un monde pire que ce qu'on pourrait imaginer, non ?
Fini le temps où la série nous donne envie de vomir de gêne ou nous retourne les tripes par une histoire fictive. Le contenu rappelle le réel et c’est bien suffisant. Dès le début, ça a toujours été très clair : on ne parle que d'un rapport pervers et complexe entre une audience et un contenu. C'est dans le titre. Avis très favorable, seul contre tous
Nick : Cet homme au-dessus de moi vous vend du rêve. Voici la vérité. Depuis son arrivée sur Netflix, Black Mirror a perdu de sa superbe, mais au moins, par saison, il restait toujours un ou deux épisodes qui s’en sortaient. Ici, avec cette saison, l’anthologie continue de creuser et il est difficile de trouver un moment digne. À la limite, l’épisode 1, bien que trop long, reste divertissant, notamment grâce à une Salma Hayek qui se plait à être la plus grossière possible. Mais après cela ? La noyade. Notamment les épisodes 2, 4 ou 5 où j’ai eu l’impression de regarder Creepshow, un Creepshow prétentieux et pas fun. On touche le fond avec l’épisode 3 qui synthétise le pire du système Black Mirror, à savoir en plombant un concept malin et original avec une chute complétement débile et irrespectueuse pour son spectateur pris pour un gogo en quête de sensation forte et qui ne se creusera pas la tête pour savoir si ce dénouement est un minimum cohérent (spoiler : non). Je me suis beaucoup ennuyé et parfois ressenti de la colère en regardant cette saison 6 de Black Mirror. Avis défavorable.
Gen V - saison 1 (1ère partie)
Mmaginère : Les Boys m’avaient déçue en saison 3 et je n’attendais pas grand chose de Gen V. La série a un fil rouge qui reste très léger, bien qu’intéressant, et se perd dans pas mal de remplissage. Les personnages sont trop creux à mon goût, et il faudra bien attendre la moitié de la saison pour les voir s’épaissir et montrer un véritable intérêt. Gen V a les mêmes travers que The Boys : pas mal de spectacle, mais pas assez de quoi le meubler. Mais, ça change de voir des supers plus jeunes, qui connaissent plus ou moins leurs pouvoirs, qui doivent vivre avec et qui n’ont pas toujours la maturité pour les utiliser en accord avec eux-mêmes. En particulier, les pouvoirs de Marie et d’Emma et le prix à payer qui va avec sont assez lourds psychologiquement. Pareil pour Cate. Les jeunes hommes de la série ne sont pas en reste, mais n’ont pas les mêmes problématiques : pas de traumatisme d’enfance, mais éventuellement le partage du dégoût de soi lié à ces pouvoirs ou à leurs conséquences. C’est aussi intéressant d’avoir traité le questionnement du genre à travers Jordan et son pouvoir. La façon de le faire est originale. Pour le reste, l’Université étant à Vought, il y a donc toujours cette atmosphère de secrets, de manipulation, de pouvoirs et de danger dont ici les supers sont les seules victimes. Même si ce que cache la Forêt n’est pas suffisant pour en parler toute une saison, c’est une révélation qui va envoyer du lourd. Avis neutre.
Galax : L’univers irrévérencieux de The Boys est de retour avec un spin-off qui reproduit plus ou moins tous les codes de son aîné. C’est vraiment tout ce à quoi on pourrait s’attendre d’un spin-off. L’univers mis en place est bien exploité et suffisamment intéressant pour qu’on ait l’impression de voir la suite de The Boys. Pour un teen drama, les personnages sont assez attachants, quoiqu’encore peu caractérisés à ce stade. Il faut dire qu’une bonne dose de gore, d’humour trash, mais aussi d’intrigues clichées, viennent créer un cocktail surprenant et explosif. Pas aussi rafraîchissante ni subversive que The Boys, cette première partie de saison a tout de même le mérite de renouveler un peu l’univers en abordant des sujets plutôt tabous assez inattendus dans le genre “super-héroïque trash et méta”, comme la santé mentale ou la réputation virtuelle chez les jeunes, mais aussi et surtout, la weaponization de ces sujets par des pouvoirs en place pour plaire au public tout en créant un discours hypocrite. A voir si la série saura bien gérer ses rebondissements et progresser dans son discours ! Avis favorable.
Sex Education - saison 4
Mmaginère : Enfin, la série est terminée. Et quel supplice. Encore subir les disputes sans fin entre Maeve et Otis et Eric et Otis. Je n’en peux plus. Il y avait pourtant matière à bien travailler les deux relations, sans revenir dans les mêmes travers que les saisons précédentes.
Jean, l’une des rares adultes dont l’intrigue était bien traitée sur les trois précédentes saisons, connaît ici une chute spectaculaire : elle nous apparaît juste en pleine dépression post partum, sans que ce soit vraiment travaillé, sans que la série explore vraiment le sujet et sans que ce soit vraiment bouclé à la fin. Les autres parents sont à peine vus pour quelques scènes, histoire de vite fait faire ce que les scénaristes voulaient faire. Les adolescents ont eu une fin, mais mal amenée, longue et ennuyeuse, voire même bâclée. Il y avait tellement de personnages, dont trop de nouveaux, que rien n’a vraiment été traité en profondeur et on reste sur notre faim. Seul Eric a eu une bonne évolution tout au long de la saison et une fin proprement traitée qui y fait suite. Pour les autres, c’est frustrant, car tellement de choses auraient pu être faites sur ces derniers épisodes pour apporter une vraie conclusion à chacun : Otis est juste détestable et cette saison semble s’intéresser uniquement à sa relation avec Maeve et à sa concurrence avec O. Jackson voit le peu de temps qu’on lui consacre avec des histoires pas forcément utiles ou qui auraient mérité plus que 3 pauvres scènes. Aimée a juste son histoire mignonne avec Isaac. Cal erre toute la saison sans avancer. Adam est juste là pour être là... Bref, une conclusion qui n’est pas à la hauteur et qui reste très brouillonne. Elle est loin la super première saison. Avis défavorable.
Galax : Sex Education a voulu ne pas trop tirer sur la corde et tirer plutôt sa révérence en saison 4, en tentant tant bien que mal de limiter son lot d’intrigues tout en introduisant un nouveau contexte (un nouveau lycée haut en couleur). Sauf que les personnages écartés entre la saison 3 et 4 ne sont pas toujours ceux qui font le plus de sens, et l’ellipse est relativement très mal gérée. Le choix de certains développements de la saison 4 a aussi entraîné une fin étonnamment frustrante et bâclée. On sent que la série devait cocher beaucoup de cases pour tout conclure, et elle réussit parfois bien son coup. Par exemple : faire enfin rencontrer Jean et Maeve, qui partagent juste une seule scène complète, mais qui est cruciale pour la conclusion de ces deux superbes personnages. Mais d’autres intrigues sont juste improvisées au fur et à mesure, comme si la série cherchait à tout faire trop, trop vite, notamment la question du père de Jackson, chose qui intéressait, laissez-moi vérifier… ah oui, absolument personne.
Les nouveaux personnages sont pourtant forts attachants également, et mettent bien en lumière nos anciens personnages, notamment Cal ou Eric, qui ont de très bonnes intrigues (avec plus ou moins de succès sur la conclusion). Mais à nouveau, il était impossible de tout faire en huit épisodes, et globalement la série ne fait pas de miracle, il aurait fallu éjecter plus de personnages plus vite (Adam qui est complètement déconnecté, par exemple), sérieusement réduire la présence d’autres (Jean et sa soeur). La fin imite en fait assez tristement la vie : souvent frustrante, avec des futurs incertains, des réponses qu’on n’aura jamais, un sentiment que les histoires sont encore à écrire, et une idéalisation d’un certain passé (notamment la relation Maeve/Otis, qui a une bonne fin vu comment elle a accaparé la moitié de la saison, mais qui aurait selon moi mérité d'être développée différemment)
Pour autant, la saison reste extrêmement dense, aborde encore des tas de thématiques avec pertinence, offre de nombreuses morales extrêmement positives et importantes pour les jeunes, prend des positions tranchées très appréciables, définit encore de nombreux role models et personnages complexes, réussit à rendre hommage à une grande partie de son cast (Aimee <3), navigue souvent efficacement entre drame et humour (le super épisode des funérailles d’un personnage secondaire). Et que les choses soient claires, si dans 5 ans on a un épisode spécial “Sex Education : que sont-ils devenus”, je me binge à nouveau toute la série et je regarde direct. Même si je ne remercie pas la saison d’avoir laissé un trou dans mon cœur, je remercie la série pour m’avoir laissé l’opportunité de ressentir tant de choses grâce à elle ! Avis favorable.
On a adoré !
Ahsoka - Saison 1
Galax : Après Andor, voilà enfin une autre série Star Wars inconditionnellement bonne sur toute la ligne, dans un registre très différent. Contrairement à Andor, il faut vraiment être fan de Star Wars pour apprécier ce qui est essentiellement la suite d'une histoire démarrée il y a une quinzaine d’années par des séries d’animation peu accessibles. Mais c’est aussi sans doute le produit le plus qualitatif et le plus original depuis des lustres pour l’univers, avec une atmosphère mystique fascinante, un univers et des personnages attachants très vite, des acteurs et actrices vraiment cool, une super dose d’idées nouvelles et de fan-service, avec des aspects de scénario qui semblent faire le lien entre le premier film et le dernier, sans oublier tout ce qu’il y a au milieu et ce qu’il reste à raconter. Si vous voulez savoir pourquoi on parle d’une “galaxy far, far away” ou comment quelqu’un peut vivre avec Anakin Skywalker en figure d’éducation et malgré tout faire le choix d’être bon, c’est vraiment une série qui vaut le coup. Le futur de Star Wars semble, avec cette série, être entre de très bonnes mains. Mais il est malheureusement réservé à un public déjà bien averti : dommage que cette barrière empêche la majorité du public de voir une histoire porteuse d’un message universel et qui reproduit beaucoup la magie originale de Star Wars de faire voyager. Avis très favorable.
Cunk on earth
Nick : Philomeona Cunk est une journaliste bête comme ses pieds et inculte, avec des dispositions complotistes, qui raconte en cinq épisodes l’histoire de l’Humanité de la préhistoire jusqu’à aujourd’hui en interviewant en mode Raphael Mezrahi ou Sacha Baron Cohen de vrais spécialistes et en leur posant tout un tas de questions absurdes. Tel est le concept de cette brillantissime série britannique. Subversive, l’air de rien souvent engagée, c’est surtout une formidable machine comique jouant sur plusieurs domaines de l’humour qui m’a offert mes plus francs rires de cette année, Diane Morgan étant formidable et d’une justesse comique incroyable dans ses interventions. Apprendre en rigolant, tout en se forgeant une conscience politique, Cunk On Earth est limite à montrer dans toutes les écoles du monde. Avis très favorable.
Scènes de ménage - saison 15 (1ère partie)
Mmaginère : Première saison sans Huguette, Raymond est entouré de nouveaux amis et des personnages secondaires habituels. Cela ne remplace pas son épouse aux répliques bien senties, mais ça permet de la garder en vie quelques temps encore. Les scénaristes et Gérard Hernandez ont su trouver une nouvelle formule sympathique et Huguette est présente dans la majorité des saynètes, qu’elle soit citée ou qu’on entende juste la voix de Marion Game, venant des scènes enregistrées de son vivant. Il serait question d’inclure le décès de l’actrice via le décès du personnage dans le prochain Prime Time…
Les autres couples ont des intrigues plus ou moins sympathiques, Liliane et José me faisant toujours autant rire, que ce soit avec leur casino clandestin, les histoires d’amour foireuses de leur fils Manu ou leurs prises de bec. Je trouve également que Christine et Gilbert ont mieux trouvé leurs marques, et sont bien plus intéressants que les précédents nouveaux, Louise et Jalil, qui ne décollent toujours pas. Louise a enfin ouvert son restaurant, mais ça n’apporte pas grand chose à leurs histoires. Le journalisme de Fabien n’est pas des plus passionnant, tout comme le job de Léo. Ce sont deux personnages qui n’ont pas les meilleures intrigues depuis 2 ans, mais c’est compensé par les femmes de leurs couples qui vivent des aventures plus drôles et rythmées. Quand à Camille et Philippe, c’est un duo qui roule, mais qui m’agace au sujet de Mme Brugnon, leur femme de ménage. Je ne trouve pas ça drôle et ça devient même pesant. Avis très favorable.
A bientôt les copains et copines. Et si ça gratte, c'est peut-être juste que dans votre tête