Or ici d'accalmie il n'y en a pas vraiment. On démarre à 100 à l'heure et on termine à 200.
Je pense justement que c'est ce que veut montrer la série. L'Hôpital français, tué par les différents gouvernements qui ont tous voulu en faire un service rentable financièrement par des coupes budgétaires, est au bord de l'asphyxie.
Dès la première scène, Hippocrate s'autorise une petite coquetterie romanesque : l'hôpital est sous l'eau, littéralement. Plus q'une métaphore, c'est une note d'intention. Celle de la saison, mais surtout celle de l'époque. La réalité est devenue un véritable piège pour la série : en saison 1, elle nous promettait la découverte d'un monde et agrémentait son récit de drames intimes typiques des séries TV (la relation cachée de Chloé avec un supérieur, les 2 jeunes tourtereaux voués à finir ensemble qui se faisaient les yeux doux, Arben et son secret). Aujourd'hui, il n'est plus possible de jouer la carte de la découverte face à un public qui a été saturé par l'imaginaire médical depuis un an. Hippocrate est un véritable exercice de style à ce stade, celui de la pertinence d'un récit qui a été bousculé par la violence du réel, et qui rend dès lors toutes ses tentatives de romanesque totalement vaines.
Et c'est la grande intelligence de cette reprise, qui évacue les petites histoires de la saison 1 pour plonger dans le grand bain de l'Histoire, celui d'un secteur essentiel négligé, constamment sur le point de craquer. On est quasiment dans du documentaire, avec un très beau travail sur les regards et les silences pour caractériser les personnages. Hugo et Alyson s'échangent quelques regards, mais on ne saura rien de plus sur l'état de leur relation. Chloé panse ses blessures, mais face à l'urgence permanente, le temps n'est pas vraiment aux atermoiements.
Tout est très maîtrisé, jusqu'au retour d'Arben dans les dernières secondes, comme si la fiction, chassée par la porte revenait par la fenêtre. Un choix logique, mais qui va forcément obliger la série à faire un jeu d'équilibriste délicat entre le réel et la fiction.