Critique : Conviction (2016) 1.01

Le 14 octobre 2016 à 06:31  |  ~ 10 minutes de lecture
Le cortège de la lose qualitative continue pour les nouveautés d'ABC.
Par RasAlGhul

Critique : Conviction (2016) 1.01

~ 10 minutes de lecture
Le cortège de la lose qualitative continue pour les nouveautés d'ABC.
Par RasAlGhul

Chambre d’étudiant. 20h37. Un jeune homme est allongé par terre, sonné. Autour de lui, seulement un ordinateur, dont la piste vidéo vient tout juste de se terminer. L’ordinateur est dans un état critique. Le détective Julius Pepperwood mène l’enquête.

 

« Monsieur ? Eh oh ? Monsieur ? Vous allez bien ?

– Hein ? Où sui…

– On dit "Comment", Monsieur. Racontez-moi ce qu’il s’est passé.

– (Interloqué.) Je ne me souviens plus trop... J’étais dans ma chambre, je regardais une série... Soudain, j’ai ressenti des maux de tête, j’ai commencé à avoir des vertiges, et après c’est le trou noir.

– Vous vous souvenez du nom de la série ?

– Non. Je vous le dis, je n’ai aucun souvenir de ce qu’il s’est passé. Il est où mon ordinateur ?

– Il est en soins intensifs, on l’a envoyé chez AllSafe Security pour essayer de le sauver. Cela ne s’annonce pas bien pour vous, Monsieur Al Ghul.

– Attendez... Quoi ? Vous pens…

– On dit "Comment", Monsieur ! Je ne vais pas vous le répéter mille fois.

– (Essaye de ne pas s’énerver.) Vous pensez que je suis coupable ? Je suis innocent.

– Gros argument que vous me sortez là. Mais de toute façon, ce ne sont pas mes affaires, dites plutôt ça à l’équipe qui est chargée de prouver votre innocence.

– (Le regard hagard.) J’ai une équipe maintenant ? Mais pour… (Regarde Pepperwood avec malice.) Mais pour-comment ?

– Vous êtes un comique, Monsieur Al Ghul, je vous le concède. Vous allez en avoir besoin si vous êtes condamné.

– Condamné ?

– Oui. Pour acte de barbarie sur votre ordinateur. On a réussi à récupérer la dernière piste vidéo visionnée, c’est horrible. On a retrouvé le premier épisode de Conviction, c’est un crime contre la qualité des séries, ça.

– (Commence à retrouver la mémoire.) Objection, Votre Honneur ! Y avait Hayley Atwell ! J’ai voulu essayer, je ne pensais pas que ça dégénèrerait !

– Gardez ça pour votre équipe. Faites attention, Monsieur Al Ghul. J’ai les moyens de vous faire parler. J’ai toute la saison de Truth Be Told à ma disposition.

– (Essaye de rester calme.) Je n’ai pas peur de vous, ni de vos menaces. J’ai enduré deux saisons de Gotham ! Quatre de Franklin and Bash ! Le premier épisode de la saison 6 de Game of Thrones ! Je suis invincible !

– (D'un air sadique.) En version française…

– (Terrifié.) Okay, c’est bon, je ne parlerai plus qu’en présence de mon équipe. Elle est où, d’ailleurs ? »

 

Poster promotionnel de Conviction

Elle est pas belle mon équipe de défense ?

 

Conviction est la nouvelle série d'ABC, censée remplacer Castle. Elle se veut sexy, provocatrice et subversive, parlant politique et pouvoir, un sujet éminemment novateur dans le monde sériel. Cette année, il semble y avoir un thème récurrent dans les séries de la chaîne de l’alphabet : la lose. Aucune de ses nouvelles séries ne trouve public, et le coupable est sûrement l’énorme défaut existant en ce qui concerne la qualité. En gros, les séries sont nulles. Et Conviction perpétue cette belle tradition, right here, right now.

 

 

De la politique sans conviction

 

Lorsque certains en font pour éviter la prison, Conviction fait de la politique parce qu’en cette année électorale, ça doit sans doute être fun de surfer sur l’actualité. Elle met en scène Hayes Morrison (Hayley Atwell, Agent Carter), brillante avocate et fille d’un ancien président des États-Unis. Bon, déjà, super crédible comme postulat de départ. Bien entendu, elle doit avoir un défaut, et c’est le –toujours original – problème de drogue qui nous est ici présenté. Le procureur de New York (Eddie Cahill, CSI: New York) lui fait un peu de chantage – Oh, le salaud ! – et l’oblige à rejoindre la Conviction Unit, une équipe chargée de s’occuper du cas des personnes qui pourraient être condamnées à tort. À ce stade, ce n’est même plus une accumulation de clichés, c’est de l’acharnement.

 

Hayes et Conner se serrant la main

Haha, on les a bien eu, les péquenots qui regardent cet épisode ! Allez, souris pour la caméra avant qu'on t'objectifie de nouveau.

 

On a le droit à des jeux de pouvoir téléphonés, des trahisons fades et des manipulations usées. On a déjà vu cette histoire un milliard de fois, et Conviction ne prend même pas la peine de bien la raconter. Tout le passage d’Hayes chez sa mère – candidate à sa réélection au Sénat (oui, on est clairement dans une série de pauvres) – est juste risible : entre musique grandiloquente et larmes aux yeux – « Je sais que tu es capable de choses extraordinaires, ma fille » –, on se retrouve d’un coup accaparé par la lecture de l'article d’un site internet hipster portant sur le commerce de laine au Darfimbabwour. C’est dire si on se fait chier.

 

 

Du sexy sans conviction… avec une intrigue sans conviction pour améliorer le tout

 

Pour essayer de nous distraire de son échec politique, Conviction essaie de nous bombarder de sexyness. Pour cela, le corps d’Hayley Atwell est mis à contribution. Je ne sais pas vous, mais l’objectivisation des femmes, ça me chatouille un peu les narines. Donc déjà, ça c’est pas terrible. Mais les scénaristes ont décidé d’y aller franco dans leur creusage de trou alors qu’ils ont déjà touché le fond : ils se lancent sur le terrain de l’humour grivois ! Sérieusement, ils essayent de faire des blagues de cul, et ça tombe littéralement à plat. Genre une crêpe qui s’écrase lamentablement sur le sol sale de votre cuisine. Dans tout ce bourbier, Hayley Atwell ne sait pas sur quel pied danser ; elle a du mal avec l’accent américain et semble la moitié du temps affligée par l’absence totale de qualité ou d’humour du scénario.

 

Hayes

Attends, attends, tu me dis qu'Agent Carter a été annulée pour que je me retrouve dans ça ?

 

Et puis c’est franchement dommage, parce que sans le côté politique raté et le côté sexy loupé, y a une intrigue qui tient la route. Ha ha ha. En fait non. Pas du tout. En même temps, le pilote est tellement surchargé qu’il est naturel qu’on ne s’y retrouve pas. Si certaines choses sont bien trouvées – le coup du cochon et des mouches, par exemple –, exonérer le jeune Odell n’est même pas la priorité de l’épisode. Pour un procedural, c’est un peu dommage. Tout est réglé à la va-vite, et même si une certaine émotion ressort de la conclusion, l’intrigue ne passionne pas le moins du monde.

 

 

Quelques lueurs d’espoir

 

On va tout de même terminer sur une note quelque peu positive. Derrière trente-cinq minutes de médiocrité se cache peut-être une série potable. Comme dit précédemment, la conclusion de l’affaire Odell réussit un peu à émouvoir, malgré les énormes ficelles utilisées. De manière plus intéressante néanmoins, il semble que ce pilote ait dû se débarrasser de tous ses poncifs, d’entrée de jeu. Si c’est le prix à payer pour avoir un divertissement solide par la suite, je veux bien.

 

La Conviction Unit dans toute sa splendeur

Et regardez, là ! Oui, là ! C'est l'espoir d'une suite meilleure !

 

Les personnages ne sont pas antipathiques ; j’apprécie même beaucoup Tess, mais c’est parce que j’adore Emily Kinney (The Walking Dead). Frankie (Manny Montana), si les scénaristes consentent à développer son histoire, peut se révéler hyper intéressant. Enfin, Maxine (Merrin Dungey) est plus classique en détective de police, mais est suffisamment badass pour que son personnage soit tout de suite attachant. Les seuls problèmes viennent de Sam Spencer (Shawn Spencer), l’ambitieux numéro deux de la Conviction Unit. M'enfin, s’il reste dans son rôle de mec qui prend des claques verbales de la part d’Hayes, tout ira bien.

Enfin, le montage final promet quelques pistes intéressantes pour le futur de la série, et c’est assez pour me motiver à regarder le deuxième épisode.

 

Le pilote de Conviction – pour faire dans la métaphore – c’est un peu comme Top Gun sans ses lunettes, comme Aviator sans les aviateurs, ou encore comme les tours du World Trade Center post-2001 : ça manque cruellement de saveur. Ce n’est ni intéressant, ni subversif. Ce n’est ni sexy, ni politique. Bref, c’est clairement pas terrible.

Pour la petite histoire, Monsieur Al Ghul a été libéré après que son ordinateur ait finalement survécu. Un dénouement heureux pour toutes les parties concernées, même si Julius Pepperwood veille désormais au grain. L’histoire n’est pas terminée…

 

J’ai aimé :

 

  • La fin de l’épisode qui ouvre deux, trois pistes intéressantes.
  • Emily Kinney. <3
  • Et... Ben... Euh... Voilà. C’est fini.

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • Le reste est vraiment nul. Voilà. C’est fini. Vous voulez du développement ? On y va.
  • Une intrigue surchargée.
  • De l’humour grivois qui tombe à plat. En même temps, c’est normal tellement il est lourd.
  • Hayley Atwell. Que ça me fait mal, d’écrire ça.
  • De l’esbrouffe faussement subversive.
  • Une dimension politique inintéressante.
  • Le procureur, ou le mec le plus blanc du monde.

 

Ma note : 8/20.

L'auteur

Commentaires

Avatar MembreSupprime2
MembreSupprime2
Bordel cette intro était épique !

Avatar riloose
riloose
Cette intro est classe, le reste de l'article d'ailleurs .

Avatar riloose
riloose
le reste de l'article aussi d'ailleurs*

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