Critique : Marvel's Luke Cage 1.01

Le 12 octobre 2016 à 14:14  |  ~ 8 minutes de lecture
Un début fracassant pour notre nouveau super-héros.
Par RasAlGhul

Critique : Marvel's Luke Cage 1.01

~ 8 minutes de lecture
Un début fracassant pour notre nouveau super-héros.
Par RasAlGhul

Qu’est-ce qui vous fait kiffer dans une série ? Des personnages captivants ? Une esthétique saisissante ? Un propos fort ? Une ambiance punchy ? Ou bien quelque chose d’entièrement différent ? Quelle que soit votre préférence, on ressent tous cette excitation lorsque l’on tombe amoureux d’une série. Cela peut arriver après quelques épisodes, après une saison ou même vers la toute fin de l’aventure. Pour Luke Cage, c’est arrivé dès le pilote.

 

Luke Cage, version comics

 

Troisième série du Marvel Cinematic Universe estampillée Netflix, après la moyenne Daredevil et la fascinante et complexe Jessica Jones – RasAlGhul, certifié 100% objectivité –, Luke Cage raconte les aventures de… bah Luke Cage (Mike Colter), déjà aperçu dans Jessica Jones. Son superpouvoir ? Une peau littéralement impénétrable, ainsi qu’une force surhumaine. Ce qui, vous en conviendrez, est déjà pas mal.

Alors qu’il veut seulement rester tranquille, notre héros va devoir sortir de l’ombre et lutter contre Cornell « Cottonmouth » Stokes (Mahershala Ali), un gangster qui prévoit de prendre le contrôle de Harlem. Inutile de vous dire que j’ai été plus que convaincu par ce pilote, qui m’a mis une bien belle claque dans la figure. C’est parti pour une critique qui vous est offerte par Partialité Over 9000, votre partenaire pour atteindre une objectivité maximale dans votre vie !

 

 

Une série historique qui brise les codes et assume ses symboles

 

Le truc assez stylé avec Luke Cage, c’est qu’elle allait briser les codes habituels de l’univers Marvel ; c’est en effet la première production du Marvel Cinematic Universe mettant en scène une personne de couleur en lead, et qui va baigner plus généralement dans une ambiance afro-américaine. Jessica Jones, louée à raison pour son féminisme, avait un total effarant de zéro personnage féminin de couleur. Ici, Luke Cage rectifie drastiquement le tir : interprétée par Simone Missick, l’envoûtante femme – elle n’est pas nommée dans le pilote – que Luke rencontre au bar, détective dans la police de New York, et l’énigmatique Mariah Dilliard (Alfre Woodard), ambitieuse conseillère municipale et cousine de Cottonmouth, se révèlent déjà comme de très bons personnages à la fin du pilote.

 

Luke Cage

 

En fait, Luke Cage rend hommage au corps noir, dans tout ce qu’il a de puissant, de beau et de vulnérable. Un exemple parfait est la scène de sexe entre Luke et la femme qu’il rencontre au bar : la caméra met en valeur leurs corps respectifs, dans tout ce qu’ils ont d’érotique. Toute cette fascination pour le corps noir déteint sur nous, spectateurs, fascinés à notre tour. En tête d’affiche, Mike Colter est parfait. Il incarne véritablement Luke, oscillant parfaitement entre l’invincibilité de son personnage et son côté durablement marqué par ce qui est arrivé à Reva – sa défunte femme –, puis après avec Jessica. Une montagne prête à s’écrouler à tout moment sous le poids de ses secrets. Qui plus est, les scénaristes assument complètement les symboles qu'ils portent à l'écran ; ils délaissent en effet la tenue caractéristique de Luke Cage – un t-shirt jaune criard –, pour le vêtir d’un sweat à capuche, résonnant avec l’affaire Trayvon Martin, départ du mouvement Black Lives Matter. De plus, Luke Cage se rebelle contre le « N-word », qu'il déteste par dessus tout.

 

 

Quelle ambiance !

 

Plus que le côté historique – qui est toujours important, mais si le reste est mauvais, bah c’est mauvais –, ce qui m’a scotché dans ce pilote, c’est l’ambiance. La boîte de nuit de Cottonmouth est une excuse parfaite pour allier musique et action, ce que délivrent parfaitement les scénaristes tout au long de l’épisode. Les coups pleuvent alors que les notes s’égrènent. Il en ressort une sensation jazzy hyper appréciable, où l’on a juste envie de danser sur les sons que nous offre la boîte de nuit.

 

Cottonmouth et Mariah

 

En outre, Cheo Hodari Coker, le showrunner de la série, pose longuement ses caméras dans les lieux où se trouvent nos personnages. Que ce soit le salon de barbier de Pop – où l’on parle basket et choses de la vie – ou la boîte de nuit de Cottonmouth, on a le droit à de longues scènes de dialogues, où les motivations de chacun ont le temps de respirer. C’est toujours risqué de s’adonner à de telles pratiques, notamment parce qu’elles peuvent rapidement lasser. Ici, je n’ai pas été gêné par le rythme traînant du pilote, au contraire. J’ai profité du temps que j’avais pour m’immerger au maximum dans ce que les scénaristes avaient à m’offrir. Et bon sang, que c’était agréable !

 

 

Les différentes visions de la masculinité s’entrechoquent sur la notion de pouvoir

 

Luke Cage nous offre, dans son pilote, différentes interprétations de ce que signifie être un homme au sein du quartier de Harlem. Pour Luke, c’est de garder la tête droite et de continuer sa vie, sans jamais poser problème. Pour Cottonmouth, c’est être un gangster avec un harem, « porter la couronne » et reprendre du pouvoir aux Blancs. Mahershala Ali est également exceptionnel dans son rôle. Il occupe l’écran avec un charisme au moins équivalent à celui de Mike Colter, ce qui promet de magnifiques affrontements pour la suite. De leur côté enfin, les deux jeunes qui tentent de braquer Cornell sont également en recherche de leur masculinité, tentant eux aussi d’exister dans le monde concurrentiel de Harlem. Et à défaut de trouver ce qu’ils cherchaient, ils vont tomber sur quelque chose de bien plus douloureux.

 

Cottonmouth, le "roi" d'Harlem

 

Tous ces hommes se retrouvent confrontés à la notion de pouvoir, qui est omniprésente dans cet épisode. Sauf qu’ils ne sont pas seuls à essayer de le prendre ; Mariah veut redonner le quartier de Harlem aux Noirs, bénéficiant des crimes de son cousin et fermant les yeux sur ses agissements. La détective du NYPD cherche également à prendre le contrôle de son enquête, et de tous les gens qu’elle rencontre. Luke Cage puise des scènes de très grande qualité dans cet affrontement des différentes façons d’appréhender le pouvoir. Et nul doute qu’en poursuivant la série, d’autres scènes d’anthologie suivront bien vite !

 

Le premier épisode de Luke Cage est puissant, électrique et franchement classe. J’ai été directement happé par l’ambiance proposée par Cheo Hodari Coker, découvrant avec avidité le paysage de Harlem, bien plus intéressant que Hell’s Kitchen. L’attention au détail, le parti pris de laisser les motivations suivre leur cours organique et les moments musicaux couplés à ceux d’action finissent de me convaincre sur le fait que ce pilote rentre avec fracas dans mon panthéon d’épisodes favoris. En même temps, je n’en aurais pas attendu moins de la part de Luke Cage !

 

J’ai aimé :

 

  • Tout. De A à Z, c’était génial !
  • L’ambiance électrique.
  • Les moments musicaux.
  • Les dialogues.
  • Les acteurs, absolument magnifiques. Mention spéciale à Ali !
  • Revoir Frankie Faison (Banshee).
  • Les symboles.
  • Le fait que cette série soit historique.

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • Rien. De A à Z c’était génial !

 

Mise(s) en garde :

 

Allez, pour contrecarrer un tout petit peu cet élan d’amour et de passion pour Luke Cage, voici deux trois écueils que la série devra éviter sur le long terme :

  • Que le rythme de l’intrigue soit tellement lent qu’on finisse par s’ennuyer.
  • Luke Cage doit être au centre de sa série ! Il est un peu trop effacé pour le moment.
  • L’intrigue semble prendre une tournure des plus classiques. Attention à ne pas trop l’être.

 

Ma note : 18/20.

L'auteur

Commentaires

Avatar Altaïr
Altaïr
Dès que j'ai fini Fleabag je me mate Luke Cage. J'attendais cette série avec impatience.

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