Précédée de critiques désastreuses, la nouvelle sitcom d'ABC semblait sortir de nulle part avec son pitch pour le moins étrange et son trailer du même acabit. J'ai pourtant gardé espoir quant au potentiel décalé assez élevé de la série. Et j'ai eu raison, car ce pilot a beau ne pas être raffiné, subtil ou très intelligent, il est... drôle. Et quand c'est à ce point, ça me suffit amplement.
Desperate Aliens
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est difficile de se tromper dans la marchandise après avoir vu le pilot de The Neighbors. Il est évident qu'une partie des gens détesteront et ne regarderont pas la suite, tant l'humour est particulier(ement con). Mais, au moins, le ton est donné dès la première scène. Ainsi, nous pouvons voir grâce à des effets spéciaux horriblement cheap une soucoupe volante arriver sur la Terre en passant par quelques merveilles du monde avant d'arriver dans une banlieue américaine typique. Après Suburgatory et Good Christian Belles l'année dernière, c'est donc au tour de The Neighbors d'exploiter les restes de Desperate Housewives.
Ce pilot en exploite d'ailleurs bien les codes pour mieux les détourner. Par exemple, lorsque les Weaver emménagent dans cette même banlieue dix ans après (car les Zabvronians ont oublié le chargeur de leur seul moyen de communiquer avec leur planète), la communauté d'aliens ne manque pas de les accueillir avec des tartes... qu'ils laissent sur le sol.
Cependant, la majeure partie du grand n'importe quoi de l'épisode est apportée par le mode de vie des aliens qui essayent tant bien que mal d'imiter celui des humains. En effet, ils roulent en voiture de golf, lavent leur soucoupe volante comme des belles voitures, font la vaisselle en jetant les couverts par la fenêtre, font l'amour en levant les bras et se promènent avec des alpagas. Alpagas qui, d'ailleurs, ont tendance à se promener au premier plan pendant une ou deux secondes sans aucune raison. Cela devrait déjà en convaincre certains de jeter un oeil à l'épisode.
Mais, contre toute attente, la trouvaille comique la plus réussie de l'épisode n'est pas la présence des alpagas mais l'utilisation de noms d'athlètes américains pour chaque extra-terrestre. Ainsi, Reggie Jackson n'est pas un célèbre ancien joueur de baseball, mais un adolescent asiatique (et donc alien) qui aime épier ses voisins à sa fenêtre. D'ailleurs, ce passage accompagné d'un zoom et d'une musique de thriller sur son visage méfiant m'a fait pleurer de rire et je me suis repassé le moment plusieurs fois à la suite. Eh oui que voulez-vous, j'adore les trucs idiots à la NTSF:SD:SUV qui sont tellement absurdes qu'ils en sont bien souvent hilarants.
Reggie Jackson, terrible adolescent alien déguisé en asiatique
Une certaine originalité dans le traitement d'un pitch basique
Etant donné le pitch de départ, on aurait pu penser que la série jouerait assez longtemps sur le quiproquo de l'identité des aliens, le quiproquo étant un effet comique généralement très efficace. Or, les Weaver découvrent le secret de leurs nouveaux voisins à la moitié de l'épisode seulement, séparant ainsi l'épisode en deux parties. Choix qui se trouve être dans un premier temps une bonne idée. En effet, le rythme en est bonifié et cela permet à la série de jouer sur une mise en scène outrancière (notamment au niveau de l'accompagnement sonore), parodiant ainsi l'effet de suspense basique des films d'invasion extra-terrestre. De plus, cela laisse le temps de rendre crédible le non-départ des Weaver à la fin de l'épisode alors qu'ils auraient toutes les raisons de le faire.
Néanmoins, la suite de la série risque d'en payer le prix fort. A vrai dire, si pour l'instant j'adore et j'adhère complètement, j'ai peur qu'une lassitude s'installe peu à peu et qu'on ait vite fait le tour du ressort comique des aliens. Je peux me tromper, mais à ce niveau-là ce pilot ressemble davantage à un petit film à lui tout seul qu'un véritable début de série cohérent sur une saison entière.
Heureusement, certains éléments me laissent espérer une suite intéressante au niveau de la dynamique entre les Weaver et les aliens. C'est notamment le cas des relations hommes/femmes qui trouvent une tournure assez originale grâce à la particularité des aliens, qui ressemblent finalement un peu aux humains quand il s'agit des relations au sein du couple. Par exemple, cela donne une scène finale post-générique très drôle avec le cliché des deux mâles discutant "femmes", détourné lorsque l'analogie du "combat" employé par le terrien prend un sens littéral une fois employé par l'alien.
Si les épisodes suivants continuent d'exploiter de cette manière les thèmes comiques classiques tels les relations sentimentales ou familiales, il se pourrait bien que The Neighbors arrive à trouver son ton sur la longueur assez rapidement. Et ça, se serait vraiment super cool. Malgré tout, il faudra faire attention à l'essoufflement type Suburgatory qui reste malheureusement possible.
Il n'y aura jamais assez d'alpagas dans les séries
J'ai aimé :
- Les alpagas
- Reggie Jackson
- La reprise des thèmes comiques classiques sauce The Neighbors
- A peu près tout le reste également
Je n'ai pas aimé :
- Le risque d'essoufflement très rapide
Ma note : 15/20. Ca peut sembler un peu surnoté, mais en toute honnêteté cet épisode fait probablement partie du top dix de ceux qui m'ont fait le plus rire de ma vie. Et puis la suite risque d'être moins bonne.