Ce 21 août 2015, cela fait pile-poil dix ans que l’ultime épisode de Six Feet Under a été diffusé. Non, ça ne nous rajeunit pas. À ceux qui ne connaissent pas cette série culte et qui me demandent ce que j’en pense, je réponds systématiquement et invariablement : Six Feet Under (SFU pour les intimes), c’est la meilleure série du monde.
Tout simplement. (*)
Et si vous voulez un avis plus construit et complet sur le pourquoi de cette affirmation, je ne saurais que trop vous conseiller cet excellent article : Six Feet Under, la série parfaite ?
Six Feet a donc quinze ans d’existence et nous aura régalés pendant cinq saisons avec des rires, des pleurs, de la passion, des personnages inoubliables, des drames et des morts, plein de morts (la famille Fisher tient une société de pompes funèbres, donc forcément).
Pour fêter dignement cet anniversaire, Série-All inaugure sa nouvelle rubrique : Et après ?
Cette rubrique proposera de faire un bilan de la suite des carrières des acteurs ayant joué dans une série renommée. Que sont-ils devenus, une fois le show fini ? Leur carrière a-t-elle été lancée grâce à la série ? Ou ne l'a-t-elle pas été et sont-ils pompistes dans une station essence du Delaware ?
Quel suspense…
Et pour la première, honneur donc à Six Feet Under !
Oui, bah, ne faites pas trop les malins, parce c'est pas toujours glorieux.
Celui qui n’échappe pas à la famille : Peter Krause (Nate Fisher)
Parenthood. L'air de chien battu qui a fait craquer pas mal de mes amies.
Après la fin de Six Feet, Peter joue dans la mini-série fantastique The Lost Room où il tient le rôle d’un inspecteur de police. Ce sera sa seule incartade d’un genre qui va vite le rattraper : la saga familiale. Ensuite, il devient l’avocat de la famille Darling dans le gentiment déjanté Dirty Sexy Money (annulé faute d’audience) puis redevient un fils aîné d’une fratrie dans Parenthood (six saisons). Malgré un fort capital sympathie, Peter semble être l’exemple de l’acteur à jamais associé à un type de personnage qui lui colle à la peau.
Celui qui a réussi sa reconversion : Michael C. Hall (David Fisher)
Dexter. "C'est fou le nombre de criminels impunis à Miami."
Car oui, avant de devenir le serial killer le plus connu et le plus aimé (!?) de toute la planète, Dexter jouait un homosexuel qui apprenait, avec le temps, à s’affirmer et à fonder une famille. La différence abyssale des deux rôles démontre le talent de Michael. Après avoir lutté contre une maladie et avoir joué dans huit saisons de Dexter (dont quatre assez dispensables ; en tout cas, c’est ce que disent les mauvaises langues), Michael semble prendre un peu de repos bien mérité.
Celle qui guest à fond : Frances Conroy (Ruth Fisher)
American Horror Story. Ruth se cherche encore niveau look.
A l’image de Ruth, Frances semble après 2005 avoir du mal à se poser, et papillonne de séries en séries, le temps de quelques épisodes (Desperate Housewives, How I Met your Mother, Grey’s Anatomy ou Nip/Tuck). Elle finit quand même par se poser et avoir une « place » récurrente (car elle joue un nouveau personnage à chaque saison) dans American Horror Story, où, dans la première saison, elle allume son monde en mode soubrette en porte jarretelle. Bah alors, Ruth, c’est bien sérieux tout ça ?
Celle qui disparaît du radar : Lauren Ambroise (Claire Fisher)
Torchwood. De Shakespeare à T. Davies, ou l'art du grand écart.
Lauren se consacre essentiellement au théâtre où elle reprend des grands classiques : Roméo et Juliette ou Hamlet. Côté petit écran, à peine la remarque-t-on dans sept épisodes de la série Torchwood, Miracle Day (soit la saison 4 de Torchwood), le spin-off de Doctor Who (vous suivez ?). Cependant, elle devrait tenir un rôle récurrent dans le revival de X-Files en 2016.
Celle qui n’échappe pas à la famille (part 2) : Rachel Griffiths (Brenda Chenowith)
Brothers and Sisters. Depuis SFU, je me méfie toujours de ce sourire.
Quasiment dans la foulée, Rachel retourne, elle aussi, dans une saga familiale au titre explicite : Brothers and Sisters. Après les cinq saisons, elle apparaît ici et là, dans des productions peu marquantes. En 2015, elle commence sa carrière de réalisatrice en shootant trois épisodes de Nowhere Boys.
Celle qui avait déjà une carrière avant : Lili Taylor (Lisa Kimmel-Fisher)
Dans Conjuring. Méfiez vous de ce sourire aussi.
Lili, avant SFU, avait déjà joué dans de nombreux films indés (Mystic Pizza, Arizona Dream, Short Cuts). Et quasiment à chaque fois, son intensité de jeu a marqué les esprits. SFU, au final, ne sera pour elle qu’une passade et elle continuera sa filmographie de boulimique au cinéma (Conjuring entre autres) comme sur petit écran (American Crime, Almost Human). Au final, une carrière tellement hétéroclite que c’est une des seules (avec C. Hall) dont le nom ne sera pas éternellement associé à SFU.
Celui qu’on voit partout mais dont on ne sait jamais le nom : Richard Jenkins (Nathaniel Fisher)
Olive Kitteridge. "Hé, mais on ne l'a pas déjà vu ailleurs, lui ?"
Il serait laborieux de citer tous ses films, mais Richard, c’est l’archétype de l’acteur passe-partout qu’on ne remarque pas, jusqu’à ce qu’on voie SFU et qu’après on le retrouve dans quasiment tous les films et séries américaines (j’exagère légèrement), sans jamais bénéficier du premier rôle (ou rarement). Niveau série, il est réapparu dans la mini-série HBO : Olive Kitteridge.
Celui qu’on voit partout mais dont on ne sait jamais le nom (part 2) : James Cromwell (George Sibley)
Halt And Catch Fire. George, la plus grosse erreur de Ruth.
Le même. À part qu’il ne joue pas dans Olive Kitteridge, mais qu’il tient des rôles mineurs dans 24, American Horror Story, Boardwalk Empire ou Halt And Catch Fire.
Celui qui joue toujours le flic dans des procédurales : Mathew St. Patrick (Keith Charles)
Son Of Anarchy. "Chienne de vie."
Le petit (façon de parler) ami de David va être victime de l’esprit un peu réducteur des directeurs de casting. Le bestiau fait 1m80 et plus de 100 kilos, donc il sera éternellement le flic guest dans des séries procédurales (New York Unité Spéciale, les deux NCIS et Private Practice). Chien de destin. Sinon il apparaît en skit (petit dialogue entre deux chansons) dans l’album Relapse d’Eminem.
Ceux qui ont disparu dans des productions de moindre notoriété : Freddy Rodriguez (Frederico Diaz) et Jeremy Sisto (Billy Chenowith)
Rico dans The Night Shift et Billy dans Suburgatory. "À votre bon coeur, Madame."
Ce n’est pas manquer de respect aux deux acteurs (peut-être que si), mais la suite de SFU n’a pas été très glorieuse. Les deux ont multiplié des seconds ou troisièmes rôles dans des films peu connus ou des séries de moindre intérêt. Faut bien payer les impôts ma petite dame…
Celui qui a changé, beaucoup changé : Alan Ball (le créateur de Six Feet Under)
Alan Ball dans le rôle de sa vie : le sien.
Honnêtement, j’ai longtemps cru qu’Alan Ball avait un homonyme. Car après avoir écrit le scénario d’American Beauty puis avoir donné naissance à SFU, Alan Ball a créé True Blood puis est devenu le producteur de Banshee. De la finesse d’écriture et la subtilité des dialogues, il est passé au cocktail sexe racoleur + violence gratuite + divertissement décérébré. Attention, les deux séries ont de vraies qualités, mais c’est tellement à l’antipode de SFU, que j’ai longtemps eu du mal à croire qu’il s’agissait bel et bien du même homme.
Au final, comme beaucoup de séries cultes, SFU n’aura été qu’une gloire éphémère pour la grande majorité des acteurs ou juste une ligne de plus dans un CV impressionnant de petites apparitions diverses.
Seul Michael C. Hall a sorti son épingle du jeu, en ayant eu l’intelligence (l’opportunité, la chance ?) de changer totalement de registre et d’éviter les comparaisons avec David Fisher.
Et pour finir, et ceci fera guise de conclusion : si vous n’avez jamais vu Six Feet Under, bah c’est le moment.
Pour lire d’autres articles qui déchirent consacrés à la série, voici les liens :
- Six Feet Under vue par Flo2001, ou un point de vue plus réservé
- Six Feet Under vue par Taoby, soit la réponse cinglante
(*) Ma liste de « la meilleure série du monde » comprend une bonne dizaine de noms. Elle change aussi de numéro 1 selon mon humeur du moment.