Bilan : Eastbound & Down saison 4

Le 20 novembre 2013 à 10:00  |  ~ 5 minutes de lecture
Après un repêchage in extremis l'année dernière, la série d'HBO est revenue pour une dernière saison, déjà terminée. Mais était-elle vraiment nécessaire ?

Bilan : Eastbound & Down saison 4

~ 5 minutes de lecture
Après un repêchage in extremis l'année dernière, la série d'HBO est revenue pour une dernière saison, déjà terminée. Mais était-elle vraiment nécessaire ?
Par Antofisherb

Il y a quelques jours de cela, HBO diffusait le dernier épisode de la série Eastbound and Down, dramédie assez confidentielle qui était déjà censée se terminer l'année dernière. J'avoue d'ailleurs que le retour surprise de la série pour une quatrième et dernière saison m'avait laissé un peu dubitatif. C'est toujours bon de se retaper une tranche de Kenny fucking Powers, mais la fin de la saison 3 était à priori parfaite. Et pourtant, cette saison 4 s'est finalement révélée beaucoup plus intéressante que prévue.

En effet, malgré trois saisons plutôt bien remplies, il nous manquait quelque chose dans l'étude de ce personnage étonnamment complexe qu'est Kenny Powers : voir son comportement et sa philosophie à un moment où il est au top de sa carrière. Car la série commençant avec le personnage déjà au plus bas, elle n'avait jamais montré ce qui a par exemple constitué le point culminant d'une série comme Breaking Bad, dans un tout autre registre. Et cette quatrième saison l'a très bien fait.

Dans cette saison, peu de guests (mais des très bons !), pas vraiment d'épisodes indépendants type la soirée dans le manoir d'Ashley Schaeffer dans la saison 3. Non, pour les derniers épisodes, l'intrigue se concentre sur le rapport vie de famille/vie professionnelle de Kenny. Et bien entendu, dans les deux cas, il se comporte comme un enfoiré de première.

 

Eastbound_and_Down_S4

 

Ainsi, la première partie montre le retour progressif de Kenny dans la célébrité, et durant laquelle nous éprouvons encore un peu de sympathie envers lui. Kenny, pauvre, considère sa vie comme de la merde et ne manque pas de le faire savoir, mais il a l'avantage d'avoir des adversaires encore plus pourris que lui. Cette première partie possède donc un côté jouissif dont on a l'habitude, où Kenny Powers se fait humilier puis humilie encore plus ses adversaires à son tour. La structure narrative, un peu systématique, n'en est pas moins efficace encore une fois.

En revanche, la deuxième partie de la saison possède un côté beaucoup plus dérangeant et pessimiste, dans laquelle Kenny, maitenant à nouveau riche et célèbre, se met à traiter encore davantage son entourage comme de la merde tout en pensant faire le contraire. La prise de conscience tardive de sa femme en est d'ailleurs assez surprenante et participe au malaise ambiant. Mais là où la série est la plus forte dans son propos, c'est qu'elle parvient malgré tout à faire rire de ce malaise, un peu dans la veine du tandem Gervais/Merchant. Sauf que le ridicule y est beaucoup moins évident, résidant principalement dans la mise en scène, dont notamment l'utilisation des musiques qui cachent souvent quelque chose d'autre.

Mais pour la toute fin de la série, il fallait bien offrir une (deuxième) rédemption au personnage. C'est ainsi que durant l'avant-dernier épisode, Kenny Powers pète littéralement un câble et se retrouve au fond du trou en un rien de temps. C'était déjà arrivé au personnage auparavant, mais celui-ci restait toujours dans un entre-deux, un compromis qu'on le sentait près à rompre dès que la situation changerait. Car toute l'ambiguité du personnage, c'est qu'on a jamais vraiment su ce qu'il pensait de son propre comportement, s'il s'agissait de ses véritables intentions ou si cela n'était qu'une façace pour cacher un mal-être plus profond, au-delà même de son désir de célébrité. Or, lors du dernier épisode, Kenny semble enfin être en paix, avec les autres mais surtout avec lui-même.

Cela est à considérer bien sûr si l'on excepte le faux épilogue final, d'une extravagance auquel personne ne croît. Bon, ok, j'ai crû à une ultime folie des scénaristes alors qu'il s'agissait tout simplement de celle de Kenny, à présent non plus horripilant mais touchant dans sa bêtise. Petit aparté d'ailleurs sur ces dernières minutes, absolument hilarantes (Lindsey Lohan quoi !) et allant même jusqu'à parodier le récit d'apprentissage qu'avait pris formellement la série dès le départ en incorporant la voix off de Powers. Dans cette ultime preuve du génial jusqu'au-boutisme comique des créateurs de la série, j'y ai même vu une petite pique aux fins de séries type Six Feet Under, ce qui n'a pas manqué de me faire rire malgré mon adoration pour la série.

 

Bref, après quatre années de délires politiquement incorrects ou juste stupides mais toujours très drôles, de personnages hauts en couleurs mais souvent révélateurs d'éléments de la condition humaine, de musiques rock'n'roll ou faussement joyeuses, d'intro au timing parfait, et de démonstrations du racisme, de l'homophobie, de la vantardise, du machisme mais aussi de l'humanité de Kenny Powers, ce bilan est pour moi l'occasion de dire un dernier adieu à Eastbound and Down, série très drôle et beaucoup plus subtile qu'il n'y paraît, qui mériterait d'être davantage regardée.

L'auteur

Commentaires

Avatar JessePinkman
JessePinkman
Entièrement d'accord avec ton bilan ! Ca fait plaisir de voir que je ne suis pas seul à porter un grand amour à cette série .. La saison 4 était vraiment superbe, encore pleine d'humanité comme tu dis, et toujours aussi délirante, bien écrite, et vraiment bien réalisé, rien n'a été baclé, même la fin loufoque du 8 était génialement bien pensé, quand on connait le personnage. Adieu, Kenny Powders. Repassons nous cette scène culte : http://www.youtube.com/watch?v=b8zO_DV09QE

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Antofisherb
Merci pour ton commentaire :) Ah là là oui je m'en souvenais à peine de ses entrées cultes dans la saison 2... En plus bonne nouvelle, apparemment Danny McBride va refaire son apparition dans une nouvelle série je sais pas trop quand (espérons que ce soit sur une chaîne du câble, parce que du McBride sans les insultes c'est plus la même chose !)

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JessePinkman
Oui j'en ai entendu parler aussi ! Celle où il ferait un rappeur blanc looser il me semble, toujours avec Jody Hill et Ben Best derrière. D'ailleurs je me demande si dans l'épisode 8, la scène où Kenny est un junkie avec écrit "Will Rap For Cash" n'est pas un petit clin d'oeil à la suite de leur projet .. si t'as bien aimé Kenny Powers, je te conseille le film "The Fist Foot Way", 1ère réalisation de Jody Hill, avec Kenny Powers et Ben Best dedans, il est vraiment sympa, et le personnage ressemble étrangement à Kenny Powers, sauf qu'il est prof de karaté dans un dojo ... Ahah Donc toujours aussi vrai, aussi "humain", et bien délirant par moment !

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Antofisherb
Ah oui je connaissais pas le pitch mais c'est bien vu... Ah bah en plus si c'est les mêmes créateurs c'est super... Yep, le film est sur ma watchlist, j'attendais juste de finir la série avant de regarder le film ;)

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uzitek
Superbe bilan :)

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Antofisherb
Merci :)

Avatar Koss
Koss
Good Job Anto !

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alanparish
Est ce que la série en elle même vaut le coup ?

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Antofisherb
@Koss : Merci :) @Alan : Ben ça dépend ce que tu attends de la série, mais en soi je vais te dire : oui totalement ! Déjà si tu aimes l'humour à la Danny McBride, je pense que tu peux foncer tête baissée. Si ce n'est pas le cas, tu mettras peut-être un peu de temps à vraiment apprécier car le début est un peu léger, mais la série est de plus en plus drôle et souvent touchante dans les fins de saisons.

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