Bilan de mi-saison : Penny Dreadful saison 3

Le 03 août 2016 à 10:27  |  ~ 9 minutes de lecture
Un loup-garou, des vampires et entités démoniaques sur fond d'Angleterre victorienne ? Welcome back to Penny Dreadful !
Par Aurel

Bilan de mi-saison : Penny Dreadful saison 3

~ 9 minutes de lecture
Un loup-garou, des vampires et entités démoniaques sur fond d'Angleterre victorienne ? Welcome back to Penny Dreadful !
Par Aurel

(À toi lecteur, si tu n'es pas à jour prends garde ! Cet article contient d'intenses spoilers.)

 

 

 

Retour sur les six premiers épisodes de la nouvelle saison de Penny Dreadful.

 

Si vous êtes amateur de thrillers horrifiques d'ambiance victorienne ou simplement de séries de qualité, cela ne vous aura sans doute pas échappé : Penny Dreadful réussit, avec sa troisième saison, le petit exploit de faire mieux que lors des deux précédentes. Largement portée par les excellentes performances d'Eva Green (Vanessa Yves) et Josh Hartnett (Ethan Chandler), la série que certains pensaient enfermée dans un schéma narratif assez restreint est pourtant parvenue à se diversifier tout en conservant tous les éléments qui ont fait son succès. Vous l'aurez compris : ambiance morbide, créatures maléfiques, invocations divines et démoniaques, et nombreuses références à la littérature fantastique – éléments qui constituent l'ADN de la série de Showtime – sont toujours au rendez-vous, et cela pour notre plus grand plaisir.

Néanmoins, comme je le laissais entendre, cette saison est aussi celle de la nouveauté et d'un certain renouveau. Car après l'intense final de la saison 2, les principaux protagonistes sont dispersés aux quatre coins du monde, Ethan Chandler se retrouvant ainsi captif et extradé vers son Nouveau-Mexique natal, laissant Vanessa Ives, rongée par le chagrin, dépérir dans son manoir londonien. Le drama ayant eu le Londres du XIXe comme cadre exclusif, le fractionnement narratif et spatial systématique des épisodes, qui a fait ses preuves dans d'autres superproductions comme Game of Thrones, nous permet de suivre tour à tour les différents personnages et apporte un certain dynamisme toujours bienvenu à une série qui, certes, n'en manquait pas particulièrement.

Arrêtons-nous d'abord maintenant avec un peu plus d'attention sur l'intrigue de cette saison. Ou plutôt les intrigues, car c'est aussi une nouveauté, les protagonistes ne sont plus unis par un but commun et poursuivent leurs propres quêtes, bien que celles-ci soient souvent liées. Ces six premiers épisodes nous apportent ainsi certaines pièces manquantes du puzzle que constituaient les deux premières saisons, et leur côté informatif est vraiment très appréciable quand on connaît le flou narratif que les scénaristes du show se plaisaient jusque-là à entretenir.

 

 

Oh Vanessa, sweet Vanessa !

 

Pour l'ambivalente Vanessa Ives, figure à la fois christique et démoniaque, cette saison est celle du manque après le départ d'Ethan, mais aussi de la reprise en main et du renouveau avec la rencontre du mystérieux Dr Alexander Sweet (Christian Camargo), responsable du Muséum d'histoire naturelle de Londres, et les consultations chez la pragmatique Joan Seward (Patty LuPone) qui n'est pas sans rappeler Joan Clayton, l'amie sorcière de Vanessa dont elle semble d'ailleurs être une descendante. Néanmoins, et vous vous en doutez, rien n'est jamais simple pour Vanessa, l'élue de Dieu mais aussi l'objet de tous les désirs des créatures démoniaques. Il est ainsi très vite révélé que le Dr Sweet, dont Vanessa semble éprise, n'est pas celui qu'il prétend être, mais est en fait le maléfique Dracula qui entend bien la conquérir par tous les moyens possibles. Dès lors et après un épisode flashback entièrement dédié à son passé psychiatrique, l'héroïne se rend compte qu'elle est traquée, et le principal enjeu de cette fin de saison sera pour elle la lutte contre Dracula et ses sbires. Vanessa Ives est donc dans cette saison une nouvelle fois au centre d'une bataille sans merci entre les forces du bien qu'elle est censée incarner, et les forces du mal qui la poursuivent sans relâche.

 

Vanessa & le Dr Sweet

 

 

Le retour du fils prodigue

 

Pour Ethan Chandler, alias Lupus Dei, aka « Le loup de dieu », cette saison est celle des choix : rédemption ou acceptation de son côté démoniaque aux côtés d'Hecate, seule disciple de Lucifer rescapée du massacre clôturant la seconde saison. Extradé vers le Nouveau-Mexique et placé sous la garde du très charismatique inspecteur Rusk, Ethan se retrouvera très vite confronté à son passé violent qui le hante depuis si longtemps. C'est aussi l'occasion pour nous, spectateurs assidus, d'en apprendre plus sur un personnage au passé jusqu'ici très énigmatique. Cela nous permet de mieux cerner un personnage certainement amené à jouer aux côtés de Vanessa un rôle de plus en plus important dans la suite de la série. Le destin d'Ethan est cependant très lié à celui de Sir Malcolm (Timothy Dalton), initialement parti pour l'Afrique, mais qui sous l'impulsion de l'Apache Kaetenay (Wes Study) partira pour l'Amérique à la recherche de celui-ci dans une quête qui, si on se fie aux paroles de l'Indien, revêt une importance capitale dépassant largement les simples enjeux personnels et affectifs qui pourraient pousser ces hommes à la rescousse du pistolero américain. Ethan semble ainsi, au fil des épisodes et sous l'impulsion d'Hecate, prendre conscience de son pouvoir et du rôle déterminant qu'il aura à tenir dans le futur. Au final, une question majeure se pose avant les trois derniers épisodes : choisira-t-il les forces du Bien en embrassant son statut de « Chien de Dieu », ou les forces du Mal en se rangeant au côté du démon Lucifer ?

 

Ethan & Hecate

 

 

L'union fait la force !

 

Pour finir, je dirai que le reste de l'intrigue est une histoire de couples. D'une part celui constitué par deux figures emblématiques de la littérature fantastique britannique : le Dr Frankenstein (Harry Treadeway) et le Dr Jekyll (Shazad Latif), présentés ainsi comme deux anciens camarades de l'Université de Cambridge, tous deux marginaux et rejetés par leurs pairs ; d'autre part celui formé par les terrifiants et distingués amants : Dorian Gray (Reeve Carney) et Lily (Billie Piper), réincarnation de Brona Croft ramenée à la vie par le Dr Frankenstein dont il est d'ailleurs profondément épris. Ainsi, le rôle du passé est, comme c'est très souvent le cas dans Penny Dreadful, primordial puisqu'il est au cœur des préoccupations des personnages qui le voient comme un idéal ou essayent par tous les moyens de s'en venger. Lily et Dorian, en écho avec le passé de prostituée de Lily/Brona, s'activent donc pour créer une « armée » de femmes opprimées pour lutter de façon radicale contre les « monstres » masculins, quand Frankenstein et son acolyte Jekyll jouent aux apprentis sorciers pour élaborer un procédé scientifique permettant de calmer Lily et de la rendre au personnage de Mary Shelley qui l'aime éperdument.

 

Dorian & Lily

 

Cette multitude d'intrigues constitue véritablement l'un des atouts charme de cette troisième saison de Penny Dreadful qui, dans la lignée des saisons précédentes, est jusqu'ici à mon goût particulièrement réussie. Elle n'est plus seulement le récit d'une bataille entre le bien et le mal, et l'ajout de préoccupations plus humaines comme la reconquête de l'être aimé ou le manque est une véritable réussite scénaristique et illustre la diversification de la série qui s'adapte à son public de plus en plus large. Soulignons aussi la dualité et l'ambivalence de la très grande majorité des personnages, qui prouvent dans cette saison autant que dans les précédentes que la frontière entre le bien et le mal est bien mince et facilement franchissable. De plus, si on pouvait, lors des deux premières saisons, reprocher aux scénaristes de ne pas assez s'attarder sur les storylines de certains personnages secondaires, cette troisième saison apporte à Dorian, Brona ou encore John Clare alias la Créature (Rory Kinnear), une profondeur nouvelle très appréciable.

 

 

Un casting à la hauteur

 

Cela ne vous aura sans doute pas échappé, je suis particulièrement fan de la série Penny Dreadful produite par Showtime, chaîne américaine qui ne m'a d'ailleurs que rarement déçu séristiquement parlant. Cependant, il est impossible de vanter Penny Dreadful sans mentionner plus longuement les excellentes performances de ses acteurs et la très grande qualité du casting. L'actrice française Eva Green aka Vanessa Ives mérite d'emblée une mention spéciale. Elle semble être faite pour ce rôle et livre une performance magistrale sans fausse note. Elle parvient parfaitement à incarner et à capturer l'ambivalence de son personnage, caractérisé à la fois par une certaine démence mais aussi par sa douceur et son calme. Si la série n'était pas aussi riche et réussie, Eva Green pourrait être à elle seule un motif de la regarder. Cependant, Josh Hartnett, Timothy Dalton et le reste du casting ne sont pas en reste et livrent aussi des performances tout à fait convaincantes. Au vu des précédents rôles des acteurs, rien d'étonnant me direz-vous, mais cette habileté à recruter des acteurs confirmés et à la renommée assez importante est aussi ce qui fait le talent de Showtime et la qualité de ses productions.

 

En résumé, si vous êtes un amateur du genre et que vous hésitez à vous lancer dans cette saison 3, n'attendez plus ! Largement portée par un grand casting et par un scénario de qualité, Penny Dreadful est une véritable réussite et s'impose comme une référence du genre horrifique aux côtés d'autres séries comme American Horror Story ou Hemlock Grove.

Personnellement, j'ai beau réfléchir, je ne trouve pas de défaut flagrant à cette série. Même si certains lui reprocheront certainement sa complexité scénaristique et une certaine lenteur. Mais elles apparaissent, cependant, pour moi, comme un bien faible prix à payer pour profiter de la réalisation si soignée et de l'univers si saisissant, où s'entremêlent beauté et obscurité maléfique propres à ce superbe show. J'attends donc avec impatience les trois derniers épisodes !

L'auteur

Commentaires

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CaptainFreeFrag
C'est con que j'aie pas trop envie de me spoiler parce que de ce que j'ai lu, l'article a l'air drôlement bien écrit ! Vivement que je sois à jour !

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redsonja9
Excellente série, j'adore notre sorcière "Eva Green", les décors, les costumes, les acteurs, sont extraordinaires. Je recommande cette série, et j'avoue je n'aime pas les sorcières mais là, j'adore....

Image Penny Dreadful
13.86

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