Bilan : Rosemary's Baby saison 1

Le 09 juin 2014 à 13:39  |  ~ 10 minutes de lecture
En mai dernier, NBC diffusait sa propre version de Rosemary's Baby sous forme d'une mini-série en deux parties, vaut-elle le coup d'oeil ?
Par arnoglas

Bilan : Rosemary's Baby saison 1

~ 10 minutes de lecture
En mai dernier, NBC diffusait sa propre version de Rosemary's Baby sous forme d'une mini-série en deux parties, vaut-elle le coup d'oeil ?
Par arnoglas

Après avoir souffert d'une fausse couche, Rosemary et Guy Woodhouse quitte New York pour Paris, où Guy a accepté un poste de professeur d'anglais à la Sorbonne, dans l'espoir de vivre un nouveau départ. Suite à un imprévu, ils se lient d'amitié avec Margaux et Roman Castevet, un couple de bourgeois qui les invite aussitôt à s'installer dans leur immeuble. Alors que Roman décide de prendre Guy sous son aile, le jeune homme étant préoccupé par l'écriture de son livre, Margaux devient très vite amie avec Rosemary. Mais, leur comportement intrusif pousse cette dernière à s'interroger sur les vraies motivations de ces personnages, d'autant plus que leur nouvelle demeure a été le théâtre d'un suicide quelques mois plus tôt.

 

 

Rosemary's Baby version 2014 propose donc une relecture du célèbre roman adapté une première fois par Polanski et a pu compter sur le duo de scénaristes James Wong et Scott Aboot, déjà connus dans le registre du fantastique, le premier ayant travaillé sur American Horror Story et le film La Reine des Damnés pour le second. Au casting, Zoe Saldana (Star Trek et sa suite Into Darkness, Avatar) et Patrick J. Adams (Suits) remplacent Mia Farrow et John Cassavetes en tant que Rosemary et Guy, Jason Isaacs (la saga Harry Potter, Awake) et Carole Bouquet (Bienvenue chez les Rozes, Les Enfants de Timpelbach) quant à eux tiennent les rôles des Castevet. Une distribution et une équipe solide pour une adaptation qui sur le papier s'avérait attrayante et qui à l'arrivée ne tient hélas pas toutes ses promesses. Car si le film de Polanski résumait assez bien le roman d'Ira Levin, la mini-série a beaucoup de mal à condenser l'histoire en deux parties et souffre de nombreuses longueurs et baisses de rythme, sans oublier quelques scènes proches du ridicule qui agacent plus qu'elles n'intriguent, entre clichés parisiens, un goût prononcé pour le too much, un premier degré très présent, maladresses et incohérences.

 

 

Bienvenue à Paris !

 


Contrairement à l'histoire originale qui se déroulait à New York, Rosemary's Baby a choisi de déménager à Paris afin d'apporter un peu de nouveauté et de dépayser le spectateur américain, sauf que comme toutes les productions étrangères se déroulant dans la capitale française, la série n'échappe pas aux clichés et à la caricature. Par exemple, on passe du parisien trop pressé pour indiquer une direction à un passant perdu dans la ville et ce dès l'ouverture de la première partie à la musique de Carla Bruni qui inonde la bande-son, des pickpockets aux gros plans sur les monuments (Notre-Dame de Paris, la Tour Eiffel) et les quartiers de la ville afin de faire comprendre qu'on est bien à Paris. Ce qui est le cas puisque la mini-série a bel et bien été tournée dans les rues de Paris et non pas en studio ou sur fond vert.


 

Rosemary's Nightmare

 

 

Si cela permet à la série de bien centrer son action, d'apporter une identité visuelle riche et de belles images (car il faut l'avouer la réalisation est l'un des gros atouts de Rosemary's Baby), on a l'impression que les créateurs ont voulu trop en faire et ont préféré se concentrer sur l'aspect carte postale de Paris. Cela ne nuit pas pour autant à la mise en scène, effectuée de manière assez réussie et qui renforce le côté étrange et obscur de la série. Grâce à cette petite touche de modernité pas désagréable, le spectateur est ainsi plongé dans un univers sombre et fascinant totalement à l'opposé de celui que l'on retrouvait dans le film de Polanski.

 

Le soucis, c'est que toute la première partie semble se focaliser sur Paris et l'installation de Guy et Rosemary en passant par leur rencontre avec les principaux antagonistes, leur déménagement dans l'immeuble des Castevet, leur intégration dans le cercle très fermé de la bourgeoisie qui s'avérera être une secte sataniste. En effet, tout cela dure pendant la moitié de l'épisode qui alterne entre scènes rythmées et d'autres puremenent anecdotiques censés annoncer la scène suivante, ce qui porte atteinte à l'équilibre de la première partie. La mini-série a énormément de mal à démarrer tellement l'introduction est lente, presque 45 minutes, et mise plutôt sur l'exposition, très réussie, que sur l'action.

 

 

Casting de choix

 

 

Si la première partie n'arrive pas à trouver le bon rythme, les acteurs réussissent à convaincre le spectateur de poursuivre le visionnage. Zoe Saldana campe une Rosemary fraîche et innocente au premier abord qui peu à peu s'interroge sur les desseins de ses nouveaux amis depuis son emménagement, ce qui la pousse à enquêter sur le passé de cet immeuble sobrement nommé "La Chimère". Patrick J. Adams incarne un Guy préoccupé par l'écriture d'un roman qui peine à voir le jour dans le but de changer de métier et offrir une meilleure condition à sa femme afin de lui redonner le sourire depuis la perte de leur enfant quelques mois plus tôt.

 

 

Zoe Saldana et Carole Bouquet

 


Chez les Castevet, Jason Isaacs joue à fond son rôle de mari dévoué issu de la haute société parisienne, prêt à tout pour venir à la rescousse de son nouveau protégé Guy et le faire connaître dans le milieu de l'édition, puis il y a Carole Bouquet, étincellante dans le registre de la femme mystérieuse, sensuelle et fascinante qui se lie d'amitié avec Rosemary, touchée par la détresse de cette dernière et qui désire l'aider à tomber de nouveau enceinte. On retrouve ici ce qui faisait le charme d'une autre série disparue trop tôt qui empruntait à peu près les mêmes codes, il s'agit de 666 Park Avenue, l'aspect fun et décomplexé en moins.

 

 

Trop c'est trop

 

 

Car il faut bien l'avouer, si la série d'ABC ne se prenait pas toujours au sérieux dans le bon sens du terme, Rosemary's Baby emprunte le chemin inverse avec un sens aigu du premier degré, en témoigne la scène finale de la première partie où le spectateur assiste à la nuit d'amour entre Rosemary et le diable, très bien réalisée mais, à la limite du grotesque. À partir de là, la mini-série sombre dans un grand n'importe quoi où tout va s'enchaîner et partir dans tous les sens de manière brutale et sans cohérence aucune. Rosemary tombe enfin enceinte et va tomber dans une paranoïa omniprésente, persuadée que tout son entourage ainsi que les personnes qui lui sont proches (Guy, sa meilleure amie) veulent voler l'enfant qu'elle porte en elle, cette peur panique allant jusqu'à se faire du mal à elle-même.

 

Au lieu de nous montrer une héroïne fragile, terrifiée et désireuse de protéger son enfant à naître de cette force démoniaque, la série nous livre une Rosemary folle, complètement hystérique et agressive, aux antipodes de ce que le film pouvait faire en terme de subtilité, et faisant perdre toute compassion du spectateur pour le désarroi de la jeune femme. De plus, tous les autres personnages ne servent plus à rien, à l'image des Castevet qui très présent dans la première partie, sont cantonnés à des rôles de faire-valoir ou encore Guy, témoin passif de la descente aux enfers de sa femme et dont on n'apprendra l'utilité qu'à la fin de la série alors que les scénaristes aurait très bien pu amener ceci tout au long de cette seconde partie.

 

 

Scène de ménage

 

 

Rosemary's Baby cuvée 2014 se permet aussi tous les excès alors que Polanski parvenait à installer un climat de terreur par la suggestion. La série veut tout montrer, tout décrire, afin que le spectateur soit bien plongé dans l'horreur, sauf que la mayonnaise ne prend pas tant certains passages sont d'un ridicule pas du tout assumé, dont la mort de l'amie de Rosemary ou celle du commissaire sous fond de musique techno française qui prête plus à rire qu'autre chose. On peut ajouter à cela cette scène où, horrifiée par l'aspect démoniaque de son enfant, Rosemary menace devant son mari et tous les membres de la secte de le poignarder dans un accès de folie, hors de propos et sans suspense puisqu'on sait déjà comment se termine l'histoire.

 

 

Une occasion manquée

 


Dire que Rosemary's Baby est une adaptation télévisée déçevante du roman d'Ira Levin est un doux euphémisme alors qu'elle avait tout pour plaire au départ. Il y avait le casting, les scénaristes, la réalisation, la musique, les effets gores et au final, on se retrouve avec une relecture bâclée et peu inspirée, qui survole le sujet sans jamais l'aborder, d'autant qu'il y avait largement de matière à exploiter sur le thème du satanisme, des sectes et de la sorcellerie. La faute également à un scénario qui fait traîner son intrigue sur toute la longueur notamment dans la permière partie, faisant perdre toute tension et intensité dramatique histoire que le spectateur s'ennuie bien pendant près d'une heure et demie.

 

 

L'enfant du diable

 

 

Le final de la série n'apporte quant à lui aucune réponse et se contente de reprendre ce que le film faisait, Rosemary accepte le fait que son enfant soit le fils de Satan après avoir tenté d'échapper à toute emprise démoniaque tout au long de la seconde partie car elle n'a pas d'autre choix. On aurait pu imaginer une mère prête à protéger son fils comme elle l'a fait jusqu'à présent mais il n'en est rien, la série se terminant sur Rosemary promenant l'enfant dans son landau le long de la Seine avec un regard attendri, au cas où le spectateur n'aurait pas compris. Toutefois, on peut reconnaître à la série qu'elle respecte à la lettre la fin de l'histoire et ne se permet pas trop de liberté.

 

 

 

Rosemary's Baby est donc à placer dans le rayon des remakes inutiles aux intentions louables au départ et qui, au final, font tout ce qu'il faut pas. Un gros pontentiel gâché par un traitement désastreux.

 

 

 

Partie 1 : 11/20.

Partie 2 : 09/20.


 


L'auteur

Commentaires

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“ou encore Guy, témoin passif de la descente aux enfers de sa femme et dont on n'apprendra l'utilité qu'à la fin de la série alors que les scénaristes aurait très bien pu amener ceci tout au long de cette seconde partie.” Je trouve au contraire qu'à partir du moment où on sait dans le premier épisode que les Castevet sont satanistes et qu'on voit ensuite Guy se rapprocher de plus en plus des Castevet, le twist de fin sur ce personnage est justement amené de manière très grossière et évidente. P.S. : Toute la subtilité de la série est bien résumée par le screen de l'article avec les yeux bleus du bébé pour montrer que ce sont les mêmes que ceux du diable.

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arnoglas
Avis modéré par la rédaction de Série-All.

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Freem
“il n'empêche que pendant les deux parties, on ne sait pas vraiment à quoi il sert sauf vers le dernier tiers de la seconde partie” Je n'ai pas dit qu'il servait à quelque chose.

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