Depuis quelque temps, la série de Stephen S. DeKnight s’était principalement recentré sur l’armée romaine et par ce biais était parvenu à retrouver ses lettres de noblesse. Cette semaine, les esclaves sont de nouveau au centre de l’intrigue et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la série. Car oui, cela veut dire qu’il va falloir se coltiner toutes les histoires absurdes et grotesques de ces nazes en jupette. Cependant, la bataille finale entre les deux clans se met progressivement en place et c’est sans doute ce qui empêche la série de sombrer totalement.
La saison des amours
S’il y a bien une chose qui m’a frappé en regardant cet épisode, c’est l’omniprésence des histoires de cœur. Je n’ai rien contre le fait que les protagonistes partagent un peu de tendresse, mais cette fois ça occupe tellement d’espace et de temps qu’on en frôle presque l’indigestion. Pour faire simple, on a ici le droit à tous les triangles amoureux possibles et inimaginables : Gannicus-Saxa-Sibyl, Agron-Nasir-Castus et dans un tout autre registre Crassus-Kore-Tiberius. Le pire c’est que ces triangles amoureux ne sont ni plus ni moins que des histoires de fesses totalement dénuées d’intérêt. Ils ne font pas avancer l’histoire d’un poil et ne rendent même pas les personnages plus attachants. Au contraire…
Un visage aussi inexpressif que celui de Kristen Stewart
L’histoire entre Gannicus et Saxa (la blondasse qui lui sert de copine depuis le début de cette saison) a été tellement mal amenée et mal développée qu’on n’a même pas envie de s’y attarder une seconde. De ce fait, on ne ressent aucune émotion particulière lorsque le tombeur de ces dames décide enfin de se taper la petite Sibyl, la chienne en chaleur qui lui court autour depuis un moment. Au moins maintenant, cette dernière va peut-être servir à quelque chose, car mis à part tourner autour de Gannicus, faire la gueule et prier, elle n’apporte rien à de plus à l’intrigue et n’est finalement qu’une femme de plus qui montre ses nichons. À ce propos, je ne parlerais même pas de leur scène de sexe qui se déroule en pleine tempête de neige, alors que des gens sont en train de mourir de froid et que la menace de l’ennemi est toujours un peu plus forte. Seule consolation, elle était tellement en chaleur qu’on se dit que Gannicus a dû avoir bien chaud dans leur petit refuge…
Quant à l’histoire entre Nasir et Agron, elle commence juste à sérieusement me prendre la tête. Les concernant, il serait peut-être temps que les scénaristes misent sur un autre registre parce que les crises de jalousie à répétition, ça va bien cinq minutes mais pour tout vous dire, on s’en fout un peu. C’est encore plus énervant lorsqu’on sait qu’Agron prend finalement la décision de libérer Castus. Cela fait plusieurs épisodes que le mec nous bassine avec sa jalousie à deux balles et maintenant il décide d’offrir à son rival la « liberté ». Quelle grandeur d’âme cet Agron et surtout quelle perte de temps ? Au final, toutes ces pleurnicheries pour en arriver là… c’est plus que navrant. Ces protagonistes pourraient tellement être mieux exploités. Quel dommage et surtout quelle déception.
Au final, ces pseudos histoires d’amour les détournent surtout de leurs véritables priorités et c’est pour cette raison et bien d’autres encore qu’on en vient à ne plus s’accrocher aux personnages et à ne plus se soucier de leur destin. Je trouve cela fort regrettable lorsque l’on sait qu’il ne reste plus que trois épisodes avant la fin de la série…
Petite guerre entre amis
Alors que la légion romaine se prépare sur la crête en attendant que Crassus daigne montrer le bout de son nez, Spartacus tente de calmer du mieux qu’il peut les ardeurs de ses soldats, histoire de ne pas les envoyer au casse-pipe. Malheureusement pour lui, Crixus a décidé de foutre à nouveau son nez là où il ne faut pas et les deux alliés se chamaillent à nouveau pour savoir quelle est la meilleure stratégie à adopter. Et vas-y que c’est reparti pour une petite prise de bec, juste au cas où nous n’en aurions pas eu assez il y a deux épisodes de cela. Un petit retour en arrière dont l’avantage (ou l’inconvénient selon les points de vue) réside dans le fait que cette fois, plutôt que de papoter, les deux hommes en viennent aux mains.
Mais c’est qu’il nous pique une grosse colère le garçon...
Dans tous les cas, que l’on soit d’accord avec l’un ou avec l’autre, ce qui est sûr c’est que Crixus ne semble plus avoir toute sa tête. C’est bien simple : avec lui comme leader, la guerre serait très vite pliée. Le Gaulois nous pète même carrément un boulon et le pov’ garçon a les chevilles qui enflent. A tel point qu’il donne l’impression qu’il pourrait combattre une armée entière à lui tout seul. Alors oui, cela fait de lui un homme viril et fort, mais ça fait surtout de lui un sacré bon idiot, car foncer dans le tas comme il le fait, c’est tout sauf intelligent. Mais bon pour sa défense, je dirai que le personnage est aussi excessif que la série elle-même.
D’ailleurs à ce sujet, je déplore de plus en plus la manière de filmer de la série et j’irai même jusqu’à dire que certains ralentis sont à hurler de rire. Celui où Crixus tabasse Spartacus avec sa chope est d’ailleurs un très bon exemple de ce qui peut se faire de pire dans la série. Non mais franchement, le ralenti associé aux cris et l’accentuation des bruits alentour, ça devient limite ridicule et trop c’est trop. Certes, c’est un style qui fait partie de l’identité de la série, mais bon quand c’est utilisé à tort et à travers comme dans cet épisode, ça en devient plus qu’affligeant.
Stratégies de guerre
En plus de ces histoires de cœur sans intérêts et de ce petit conflit entre Spartacus et Crixus qui se répète, les Romains aussi s’y prennent comme un manche cette semaine. Tandis que les esclaves se les gèlent à l’extérieur et meurent de froid les uns après les autres, Crassus quant à lui poursuit la mise en place de stratégies toutes plus fumeuses les unes que les autres.
Car oui autant vous l’avouer tout de suite : je ne comprends plus grand-chose aux différents choix de Crassus. Déjà que la semaine dernière, je n’avais pas trop compris son air suffisant et son attitude vis-à-vis de Laeta, cette semaine il m’embrouille totalement le cerveau : un coup, il met son fils sur le côté au profit de César, un coup il rejette César pour remettre son fils sur le devant de la scène, un coup il attaque, un coup il attend…, mais ma plus grande surprise vient du fait qu’il prévoit de se « débarrasser » de Kore. Si j’ai bien compris son projet : après la bataille contre Spartacus, cette dernière devrait rester à Sinuessa en Valle avec Tiberius comme maître. Si c’est vraiment cela, je trouve que ce n’est pas très logique par rapport au reste de la saison. Alors à moins que le personnage soit plus complexe et ambigu que ce que j’avais pu imaginer au départ, je trouve que ses choix l’éloignent toujours un peu plus de ce qu’il était au début de la saison et qui avait fait de lui un Romain différent des autres.
Marcus Crassus et ses deux grands enfants
Malgré tout, il décide donc de redonner son armure à Tiberius et il le veut à ses côtés lors de la bataille finale contre Spartacus. Sa décision arrive comme un cheveu sur la soupe et l’on ignore totalement ce qui a pu influencer son choix (à moins que je me sois endormi entre temps). Et quand ce n’est pas Tiberius qui pleurniche, on n’a le droit à César qui envoie en l’air la vaisselle. Le soldat n’est pas content de la décision de Crassus et a décidé de pousser sa petite gueulante. Le mec est tout surpris de voir qu’il n’a pas été choisi par le chef de l’armée romaine alors que ça fait deux épisodes qu’on le voit presque toujours à moitié à poil entouré de gonzesses.
Bref je ne vais pas plus développer car ce qui m’intéresse véritablement ici, ce sont les choix de Crassus. Outre ses choix personnels pas toujours compréhensibles, je voudrais revenir également sur ses choix tactiques pas toujours très clairs et souvent très foireux. Dans cet épisode, le chef de l’armée romaine propose deux stratégies : celle du mur et celle de la tente. Ces deux stratégies sont simples : pour la première, il s’agit de faire croire à Spartacus qu’il y a toute une légion derrière le mur, ce qui au demeurant les empêche de passer le mûr pour poursuivre leur route. Pour la deuxième, Crassus a fait installer sa tente à l’avant afin d’en faciliter l’accès et ainsi attirer Spartacus et ses hommes dans le piège des Romains.
Seuls petits hics pour Crassus : Spartacus est hyper malin et arrive toujours à s’en sortir. Et comme les soldats romains postés au mur sont nuls comme jamais, bah les plans de Crassus ne débouchent sur rien. Le problème dans la stratégie du chef romain, c’est qu’il est toujours dans la supposition, il se met toujours à place des esclaves et pense pouvoir prévoir leurs moindres faits et gestes. Ces plans ne sont pas bêtes, mais du fait qu’ils reposent essentiellement sur de l’anticipation, ils deviennent fumeux. Après je ne dis pas : Crassus n’est vraiment pas aidé. Malgré ses efforts, il y a toujours quelque chose qui vient perturber ses théories et le coup de la neige qui vient faciliter l’attaque du camp romain par les esclaves, c’est un peu gros quand même.
Au final, je m’aperçois que la seule chose que j’ai vraiment aimée dans cet épisode, c’est le fait que les scénaristes prennent le temps d’étaler l’affrontement entre les troupes de Crassus et de Spartacus sur plusieurs épisodes : cela nous permettra peut-être d’éviter le schéma classique qui consiste à tout condenser dans l’épisode final. Et puis outre les histoires de cœur de nos héros qui ne valent rien, cela nous permettra peut-être aussi d’éviter le remplissage. Attention tout de même à ne pas faire traîner ça trop en longueur et éviter de trop accumuler les allées et venues inutiles entre les deux camps, comme ici où les personnages donnent parfois l’impression de tourner en rond en se battant, puis en se repliant, puis en se battant à nouveau.
J’ai aimé :
- La mise en place progressive de la bataille finale
Je n’ai pas aimé :
- Les histoires d’amour secondaires qui sont sans intérêts
- La petite broutille entre Spartacus et Crixus, qui donne l’impression de revenir en arrière
- L’omniprésence des ralentis qui m’exaspèrent de plus en plus
- Les choix parfois illogiques de Crassus
- Cette impression que le conflit entre Tiberius et Crassus a été bâclé
- La scène de sexe entre Kore et Crassus, parce que c’est déjà la troisième depuis le début de cette saison
Ma note : 9/20
Un épisode intéressant en ce qui concerne la mise en place de la bataille finale, mais qui souffre surtout de la banalité de ses intrigues secondaires et des tactiques foireuses de Crassus.