Critique : The Following 1.01

Le 01 février 2013 à 11:00  |  ~ 9 minutes de lecture
Le créateur de Scream se lance dans la série télévisée en essayant de donner un vent de fraicheur aux fictions sur les serial killer. Et quoi de mieux que d’avoir dans son casting Kevin Bacon et James Purefoy pour lancer efficacement sa série ?

Critique : The Following 1.01

~ 9 minutes de lecture
Le créateur de Scream se lance dans la série télévisée en essayant de donner un vent de fraicheur aux fictions sur les serial killer. Et quoi de mieux que d’avoir dans son casting Kevin Bacon et James Purefoy pour lancer efficacement sa série ?
Par alanparish

C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs thrillers

 

Soyons franc dès le début : l’histoire de The Following est d’un classicisme sans nom et pourtant elle se suit avec plaisir et intensité. L’histoire en quelques mots : le serial killer Joe Caroll, adorateur d’Edgar Allan Poe, s’évade de prison. Ryan Hardy, celui qui l’avait coffré quelques années plus tôt, est rappelé par le FBI pour le retrouver. Le jeu du chat et de la souris peut repartir pour un tour…

Vous l’aurez compris, il n’y a absolument rien d’original dans le pitch de cette série. Tous les ingrédients de base du bon thriller sont là :

  •  l’ancien flic un peu bourru, solitaire, avec un tempérament explosif, une petite addiction à l’alcool et des problèmes cardiaques

  •  le tueur en série en mode artiste, au QI exceptionnel, qui croit non stop à son délire et qui a à disposition des personnes qui lui vouent un culte

  •  l’ex femme du tueur, très belle et intelligente, qui a eu un gosse avec lui. Cerise sur le gâteau, elle a eu une aventure avec le flic

  •  la dernière victime du tueur qui s’en est sorti et qui est devenue une femme forte (et qui a tout l'air d'un clin d'œil à Sydney de Scream)

  •  et bien entendu tous les stéréotypes possibles de la police, à savoir le geek de service, la fausse bombasse assez sèche et le black musclor

Et pourtant malgré tous ces éléments vus et revus, la mayonnaise prend instantanément. Les premières minutes de ce pilote mettent directement dans le bain avec en bande son un Sweet Dreams qui fait froid dans le dos et donne clairement le ton noir et rude que va adopter la série pendant ces quarante minutes.

Mais c’est bien l’ensemble de ce pilote qui est réussi, les actions s’enchainant parfaitement et de façon cohérente (et prévisible aussi malheureusement). Les scènes sont rythmées avec quelques instants un peu plus légers (notamment par le flic geek) pour ne pas étouffer le spectateur devant la tension ambiante. Les scènes de meurtre sont assez osées, en particulier pour une série diffusée sur la FOX. Mais elles permettent de déshumaniser encore plus le personnage de Joe Caroll et de réaliser qu’il n’y aura pas de demi-mesure pour la suite de l’histoire.

Il n’en demeure pas moins que l’histoire possède son lot de défauts. En premier lieu et comme cela a déjà été dit, tout est prévisible, cela manque de grosses surprises. Ce qui est néanmoins intéressant, c’est qu’en quarante minutes les scénaristes ont traité un cas de serial killer assez standard pour pouvoir déboucher sur des axes scénaristiques inédits à l’écran, chose que le cinéma n’a pas le temps de faire. Le principe d'une secte adulatrice d'un tueur psychopathe est assez nouveau dans le genre et je suis très curieux de savoir comment cela va être traité.

Enfin, autre point faible au niveau du scénario, certains passages font too much et sont difficilement crédibles, comme le flic qui va chercher le tueur sans aide et sans arme ou encore Joe Caroll qui avait accès à internet en prison et a pu ainsi obtenir l’aide de X complices. Ce sont de grosses ficelles scénaristiques pour permettre d’une part de faire avancer les choses, d’autre part pour donner davantage de climax au show.

 

The Following

Le sang gicle pas mal pour un network...

 

Kevin Bacon le gentil, Marc Antoine le sociopathe, what else ?

 

L’autre point fort de ce pilote est son casting. En premier lieu, la performance de Kevin Bacon est à la hauteur de nos espérances. L'acteur, vu notamment dans X-Men : le commencement, campe donc le personnage d'un personnage flic un peu torturé de l'intérieur. Le personnage est convaincant dès ses premières minutes, on sent que c'est un homme qui sort de l'ordinaire, avec une personnalité bien particulière. On aime ou on n'aime pas, personnellement il m'a un peu fait penser à Luther de par son côté « je la joue solo » et « je connais très bien le méchant ».

Le méchant est joué par James Purefoy alias Marc Antoine dans Rome. Déjà excellent dans cette série antique, Purefoy récidive ici avec une prestation de haute volée. Son personnage de Joe Caroll est fascinant, il fait froid dans le dos à chacune de ses interventions et on se demande quelles surprises réserve ce personnage. J'émettrai juste un petit bémol sur la crédibilité d'enrôler aussi facilement des adeptes de la part de Caroll dans le sens où, malgré le fait que Purefoy joue parfaitement son personnage, j'ai trouvé qu'il manquait un poil de charisme et d'aura pour être autant adulé.

Les deux acteurs étant très bons indépendamment, imaginez le feu d'artifice quand ils se retrouvent face à face. On sent un lien très fort entre les deux personnages, la scène de fin dans la salle d'interrogatoire est remarquable de par sa tension et sa nervosité. Ce qui est amusant, c'est que ces deux acteurs auraient pu jouer le rôle « adverse », Kevin Bacon ayant sérieusement une tête de psychopathe et James Purefoy étant crédible dans le rôle du flic qui se démarque.

Fort heureusement ce ne sont pas les deux seuls acteurs à briller dans ce pilote. J'ai trouvé Natalie Zea (vue dans Dirty Sexy Money et Justified) resplendissante dans son rôle d'ex femme de serial killer, elle ne possède pas énormément de scènes mais elle occupe parfaitement l'espace et parvient à s'imposer rapidement comme un rôle important pour la suite de l'histoire. En ce qui concerne le reste du casting, il va du bon (la dernière victime) à franchement limite (les flics au secours !). Mais dans l'ensemble le show est assuré par le tandem Bacon/Purefoy et c'est bien cela le principal !

 

The Following

Deux acteurs excellents pour une scène de fin remarquable

 

Profiler 2.0 ?

 

Ce pilote se laisse regarder, on ne s’ennuie pas une seule seconde, les scénaristes déroulent une belle mécanique qui a fait ses preuves à de nombreuses reprises. Par exemple, l'utilisation de flashback pour installer rapidement la mythologie du show est banal mais diablement efficace. En plus d'être courts et clairs, ils permettent de donner encore plus de rythme à un récit qui ne s'essouffle jamais. La série m’a fait penser par moment à Profiler (série précurseuse dans le domaine) : une relation flic/tueur privilégiée comme l’avait Sam et Jack, des meurtres aussi sordides, les adeptes de Jack, etc… Et comme j’avais adoré Profiler la première fois que je l’avais vu, je me dis que The Following peut aussi être une bonne trouvaille. Le problème est qu’il y a presque vingt ans d’écart entre les deux séries, il faudra être plus novateur pour convaincre.

Car soyons honnête : si la série reste telle quelle, elle ne vaudrait pas le coup qu’on s’y intéresse tellement les situations sont clichées et sans surprises. Et pourtant on décèle dans The Following un potentiel intéressant que seul le temps pourra confirmer. La série peut prendre des chemins inédits vu la situation présentée en fin d’épisode. Souvent les fictions sur les serial killer se focalisent sur le tueur en lui-même, ici le reste de la série (14 épisodes) semblera surtout porter sur les fans du tueur et de leurs étroites relations (improbables ?) avec celui-ci. Ce principe de secte de tueurs est assez excitant.

Un autre point intéressant du show est sa focalisation sur l'auteur Edgar Allan Poe. Joe Caroll est fasciné par cet auteur du XIXème siècle reconnu pour être l'une des principales figures du romantisme américain. Ainsi le personnage de Caroll tue en étant un artiste romantique, ses meurtres ont à chaque fois une signification particulière et une mise en scène précise. De ce fait nous ne sommes pas dans une thriller avec des meurtres sans véritable raison, il y a une véritable démarche poétique dans les actes de Caroll qui permet à la série de se démarquer un peu.

 

The Following

Mais qui a tué Gilbert Montagné ?

 

En cette période de vache maigre dans le domaine des séries TV, The Following peut s’avérer être l’une des nouveautés à suivre. Si le pilote s'avère être plaisant à regarder, on sent tout de même que la qualité est de moins en moins au rendez vous dans le monde des séries et que le minimum syndical parvient à nous satisfaire. Reste que la série propose une intrigue à potentiel, le tout servi par deux acteurs impeccables. Ces deux éléments suffiront pour ma part pour que je continue un peu l'aventure.

 

J'ai aimé :

  •  passer quarante minutes sans temps mort
  •  Kevin Bacon et James Purefoy
  •  le potentiel scénaristique et l'ambition affichée
  •  les dix dernières minutes excellentes sous fond de Sweet Dreams

 

Je n'ai pas aimé :

  •  le classicisme de l'intrigue
  •  des clichés et raccourcis scénaristiques qui font un peu tâche

 

Note : 13/20

L'auteur

Commentaires

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
D'accord avec tout, même si personnellement le classicisme et les grosses ficelles m'ont beaucoup plus dérangé. Y'a du potentiel cela dit, mais faudra voir s'ils arrivent à maîtriser ce genre d'histoire sur plusieurs épisodes.

Avatar Koss
Koss
Moi aussi, d'accord avec tout (même avec Goulou - et ça, cela me fait plus chier). Le scénario reste ultra balisé et sans risque. Et puis plus j'y pense et moins j'ai envie de voir la suite. Par contre, cette blague sur Montagné est d'un gout...

Image The Following
12.11
14.02

Derniers articles sur la saison

Aucun article similaire.