Critique : American Crime Story 1.01

Le 13 février 2016 à 22:05  |  ~ 12 minutes de lecture
Avec "American Crime Story : The People VS. O.J. Simpson", FX signe là une autre potentielle série phare.
Par Galax

Critique : American Crime Story 1.01

~ 12 minutes de lecture
Avec "American Crime Story : The People VS. O.J. Simpson", FX signe là une autre potentielle série phare.
Par Galax

Pilot d'une série très attendue qui a beaucoup fait parler d'elle, aussi bien de par les personnes impliquées (acteurs, producteurs...) que de par son pitch, American Crime Story est enfin disponible – et a d'ailleurs fait un carton d'audiences inégalé. Alors, verdict ? Un pilot tant attendu ayant besoin de toute l'attention de notre équipe, ce n'est non pas un mais deux de nos rédacteurs, RasAlGhul et Galax, qui vous donnent leur avis !

 

American Crime Story

 

 

L'avis de Galax : la nouvelle success story signée FX, prometteuse mais pas tout à fait encore à la hauteur de son pitch

 

Deux types de personnes peuvent regarder cette série. Il y a ceux qui ont connu l’affaire et la revive sous un point de vue différent, plus large et plus détaillé, permis par la fiction et la série TV – et qui se prennent un coup de vieux en se disant que ça fait suffisamment longtemps que les événements ont eu lieu pour qu’une série sorte sur ce sujet. Et il y a ceux qui ne connaissent l’affaire que de réputation, de loin, vaguement, et qui vont la vivre pour la premère fois avec cette série. Je fais partie du deuxième groupe, et je pense que ce pilot est suffisamment bien fait pour que de toute manière les deux catégories trouvent leur compte, même si je ne peux évidemment parler que pour le second groupe auquel j’appartiens. Dans le cadre de cet aspect "faire découvrir l'histoire à une nouvelle génération" donc, ce pilot se tient extrêmement bien de mon point de vue (et Ras sera d'accord), car finalement tout peut se suivre comme une affaire de meurtre très classique et bien ficelée.

Si l’on peut s’étonner de voir Ryan Murphy s’exercer dans un style sérieux, libre de ses habituelles petites pointes d’humour "over the top" ou de dérision frôlant parfois l’auto-parodie, c’est finalement une très bonne chose que ce dernier ne soit pas au scénario. L'une des principales critiques faites à son autre histoire d'anthologie, American Horror Story, était justement le trop grand usage de ce genre de second degré, à l'image d'autres de ses shows (Glee, Nip/Tuck, récemment Scream Queens...). On pouvait donc craindre pour American Crime Story un ton qui ne colle pas à l'histoire, mais c'est finalement un style sérieux et pesant que le scénariste choisit d'adopter, un choix qui rappelle les belles heures de "Murder House" et "Asylum", les deux saisons d'American Horror Story qui restent encore à ce jour les chouchous des fans.

Inutile d’avoir des connaissances sur l’affaire donc, l'enquête est classique mais très efficace, à l'image des dix premières minutes pré-"générique" (si on peut appeler le simple logo de la série un générique – dommage car un générique ajoute toujours une identité à chaque saison d'une série anthologique). Ce premier acte nous pose donc le décor : une scène de crime, pas de témoin, un double meurtre, et une petite ligne anodine pour glisser le fait O.J. Simpson peut bien être un suspect – ce dont le spectateur a déjà bien sûr conscience... L'utilisation de véritables images d’archives des faits réels est une idée très efficace pour ouvrir une telle saison, se concentrant sur l'entrée en fiction d'un événement qui a marqué l'histoire. Le montage est dramatique et efficace, n'ayant aucun mal à nous faire revivre l’ampleur des événements.

 

John Travolta et David

 

Ce qui est très intéressant, c’est qu’il est plus que clair qu’O.J. Simpson est un personnage principal et capital dans le scénario. Pourtant, on le voit très peu au début et on préfère se concentrer sur d'autres acteurs comme la police, la foule, la presse ou ses amis. On le voit souvent mais il ne parle qu’occasionnellement et ne laisse passer que peu de sentiments. Autrement dit, on est clairement mis à la place d'un spectateur qui a vécu l'annonce en temps réel et qui constate les râgots se créer.

Bien sûr, dans la deuxième partie de l'épisode, sa personnalité ressort beaucoup plus – il faut bien que la série respecte sa promesse d’explorer de nouveaux pans méconnus et tire profit de son pitch. O.J. pique donc carrément une crise devant ses amis et au moment où le cliffhanger arrive, on a déjà eu largement le temps de cerner le personnage, tout en étant toujours aussi embrouillé à la fois. Il y a une super scène avec le présentateur/journaliste qui nous dit, peu avant que le direct ne débute sur le plateau de tournage, qu'O.J. n’est qu’un loser destiné à perdre. Puis, le caméraman fait le décompte "à l'antenne dans 3...2...1...", et face au public il adresse ses condoléances à la famille. Cela représente bien tout l’intérêt de cette série en général : nous faire découvrir l’envers du décor, aller au-delà de ce que le public a simplement vu des médias dans l’affaire O.J. Simpson. Le tout avec en plus la touche très "commentaire social" (ici au niveau du racisme) propre à Ryan Murphy.

 

ACS 3

 

Au niveau de la forme, peu de choses peuvent être reprochées à ce pilot. Le rythme est juste et le montage très bon, même si la réalisation tremblante est dommageble. Le casting est fantastique : l’excellente Sarah Paulson revient pour jouer le rôle d'une Procureur à l'à-priori contre O.J. absolument énorme et qui est persuadée qu'il est coupable. Ce dernier, joué par Cuba Gooding Jr., s'entoure d'une très bonne équipe, notamment David Schwimmer (Ross dans Friends !) comme son meilleur pote Rob Kardashian, ou encore John Travolta comme son avocat, même si ce dernier semble finalement se contenter de sa renommée plus que son jeu d'acteur lui-même pour convaincre...

 

 

L'avis de Ras : American Crime Story met une claque d'entrée, montrant qu'elle maîtrise déjà très bien son concept

 

Je vais tout de suite mettre mes cartes sur la table : je n’aime pas du tout Ryan Murphy. Ou, pour être tout à fait exact, je n’aime pas ce qu’il est devenu, à savoir une parodie de lui-même. Il se lustre l’engin continuellement, faisant référence à ses propres œuvres et s’enfermant par là dans un cercle vicieux où la qualité n’est plus sa motivation première. Pourtant, Murphy est à l’origine de The Normal Heart, un film absolument bouleversant. Il a le talent – je n’ai jamais été fan d’Amerian Horror Story, mais j’ai beaucoup aimé les deux premières saisons de Glee –, il faut juste qu’il soit cadré.

Néanmoins, je n’avais pas très envie de commencer American Crime Story, nouvelle anthologie criminelle sur FX, justement parce que c’était une œuvre estampillée Murphy. Or, j’appris un jour avant la sortie du pilote qu’il n’était pas au scénario ! Miracle ! Vu qu’il est talentueux dans tous les autres domaines du monde sériel – et que cela a toujours été au scénario qu’il a pris la grosse tête –, j’avais d’un coup bien plus envie de voir le pilote de cette série.

 

Logo d'American Crime Story

 

Je ne connais pas vraiment l’affaire O.J Simpson. Je sais comment elle finit, à quel point elle a changé le système judiciaire américain et a influencé la pop-culture américaine. Je sais aussi que c’est au travers de cette affaire qu’est devenu célèbre – malheureusement pour nous – le père Kardashian. Mais, à part cela, rien du tout. Je me suis donc plongé dans ce pilote avec les yeux du débutant, et je dois avouer que j’ai été happé direct.

Il faut dire que les premières images nous immergent directement dans l’action : quelques années avant l’affaire O.J Simpson, des émeutes frappèrent les États-Unis, où la place des Noirs dans la société représentait – et représente toujours aujourd’hui – un sujet brûlant. La méfiance est présente dans tout l’épisode. On sent un climat de plomb, suffocant. L’atmosphère irrespirable est maintenue par une histoire qui s’enchaîne rapidement, sans jamais donner une impression de faire de l’exposition. American Crime Story peut se regarder comme un documentaire : très bien filmé, esthétique, il avance dans son histoire avec une linéarité utile dans un pilote. Il faudra voir par la suite si les scénaristes sont capables de faire perdurer le concept.

 

Le cast d'ACS

 

Cela est rendu possible par des performances d’acteurs absolument sublimes, et je pèse mes mots. Bien entendu, il y a Sarah Paulson, l’habituée de Murphy. Dans le rôle de la Procureur, elle amène une détermination froide qui rend son personnage directement captivant. David Schwimmer joue Robert Kardashian, l’ami d’O.J. Pas confiant, désemparé face à l’ampleur du désastre qui frappe son ami, il semble complètement perdu, et Schwimmer retranscrit bien ce sentiment d’impuissance. Dans le rôle de Shapiro, l’avocat d’O.J, John Travolta est exceptionnel. D’une autorité et d’une fermeté indéniable, l’acteur est son personnage, et inversement. Celui qui se joue de la police. Celui qui sait se montrer charmeur quand la situation le demande.

Mais aucun de ses acteurs ne tient tête à Cuba Gooding Jr. Il est hypnotique, captivant, séduisant. Malgré les preuves qui s’accumulent contre lui, malgré son tempérament erratique et violent, on a envie de le croire innocent. C’est "The Juice", une célébrité avec une réputation de nice guy. On se rend compte du pouvoir qu’il a sur les gens, puisqu’il nous a séduit de la même manière. Il est coupable. Il n’est pas coupable. On ne sait plus quoi penser.

Honnêtement, je n’ai pas trouvé de défaut à cet épisode. Il y a quelques passages que j’ai trouvés superflus, mais l’ensemble dégage un tel sentiment de maturité et d’assurance, que je n’ai pu que suivre le mouvement. Et, par-dessus tout, j’ai vraiment été happé par les performances d’acteurs. Clairement l’un des meilleurs pilotes de l’année sérielle. Waouh.

 

~~~

 

En définitive, American Crime Story commence donc son histoire en adaptant l'affaire O.J. Simpson avec un pilot convaincant qui nous confirme déjà la très bonne idée derrière un tel concept pour une série. Les bases du récit sont posées et on voit déjà le potentiel dans une telle histoire, même si on n'attend qu'une chose : de voir plus précisément où nous mèneront les scénaristes dans la suite de cette histoire...

 

On a aimé :

 

  • Super concept convaincant dans l'exécution
  • Le cast principal, pour la majorité, brille
  • Le scénario est prenant aussi bien pour ceux qui revivent l'affaire que pour les autres
  • Un bon rythme malgré un pilot long (soixante minutes), et déjà des rebondissements
  • Une retranscription très fidèle des évènements réels

 

 

On n'a pas aimé :

 

  • La réalisation parfois brouillon et la caméra tremblante
  • L'enquête policière est peut-être encore trop classique jusque là, qui peut décoller
  • Ce bandeau de publicité de merde pendant dix minutes vers la fin de l'épisode. WTF, FX ?!

 

 

La note de Galax : 13/20.

La note de Ras : 18/20.

L'auteur

Commentaires

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MembreSupprime2
Excellente double-critique ! (Ahah ! Vous aussi, vous l'avez eu ce truc défilant ! ^^) Par contre, qu'est-ce que vous appelez caméra "tremblante" ? (si vous vous en souvenez...) Je l'ai vue tourner dans tous les sens mais trembler...

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Galax
Je crois que le terme vient de moi seulement, par contre pas de souvenir précis... il me semble que c'est juste cette impression de caméra à l'épaule qui suit les personnages dans leurs mouvements ce qui donne le tournis. Hum je sais plus trop désolé ^^

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MembreSupprime2
Ouais, je vois ce que tu as voulu dire...

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MembreSupprime2
Du coup, à quand les avis sur les prochains épisodes ? :)

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Galax
Quand j'aurais le courage de reprendre une série qui m'a moyen accroché au pilot ^^

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MembreSupprime2
Tu verras, c'est encore mieux par la suite ! :)

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