Après la maison hantée et l’hôpital psychiatrique, Ryan Murphy poursuivait cette année son anthologie horrifique en explorant le monde de la sorcellerie. Loin de faire l’unanimité, cette nouvelle saison s’achève avec un épisode correct qui a le mérite d’offrir une conclusion plutôt satisfaisante. Pour vous, SérieAll décrypte les points forts et les points faibles de ce season finale.
Les Sept Merveilles
Le fil conducteur de cette saison concernait l’identité de la nouvelle suprême, autrement dit la « chef » des sorcières qui allait succéder à Fiona Goode (Jessica Lange). Après douze épisodes de manipulations en tout genre, de complots entre sorcières, de morts et de résurrections, l’identité de celle qui reprendra le contrôle du clan des sorcières est enfin révélée. C’est au moins ce que l’on pouvait attendre de ce final.
Si les précédents épisodes de cette saison avaient trop souvent tendance à noyer les téléspectateurs sous une pluie de thématiques et d’intrigues secondaires, ce season finale fait le choix judicieux de recentrer son action sur la découverte et la prise de pouvoir de la nouvelle suprême. Cela permet aux scénaristes de ne pas trop s’éparpiller et de nous proposer une conclusion sympathique et assez divertissante.
L'une d'entre elles est la nouvelle Suprême... Enfin, en théorie !
Pour découvrir l’identité de la nouvelle suprême, Misty Day (Lily Rabe), Madison (Emma Roberts), Queenie (Gabourey Sidibe) et Zoe (Taissa Farmiga), quatre apprenties sorcières, doivent réaliser sept épreuves différentes correspondant à sept pouvoirs que la Suprême est capable de maîtriser. À l’issue de ce test, l’une d’entre elles doit se distinguer et obtenir son nouveau statut… Ces sept pouvoirs, ce sont ceux de la télékinésie, le concilium (le don de contrôler les pensées et les gestes d’une autre personne), la transmutation (l’art de se déplacer furtivement d’un endroit à un autre), la divination, le vitalum vitalis (la faculté de redonner vie à une personne), le descensum (la capacité de voyager spirituellement en enfer) et la pyrokinésie.
Si on peut facilement passer outre la banalité de certains de ces pouvoirs, il sera par contre plus difficile d’accepter le caractère parfois trop expéditif de certains rites de passage, notamment ceux de la télékinésie, de la divination ou de la pyrokinésie. Heureusement, certains d’entre eux permettent tout de même de mettre en scène de bons moments, le descensum et le concilium en tête.
Une pointe d’humour
La grande particularité de cet épisode, c’est l’humour que l’on peut y trouver. Petites facéties entre sorcières, ironie cruelle, humour noir et règlement de comptes un peu absurdes, les scénaristes ont décidé d’employer un ton beaucoup plus léger pour contraster avec le sérieux de certaines situations.
Qui a dit que les sorcières n'avaient pas le sens de l'humour ?
Il n’y a qu’à voir l’épreuve du concilium pour s’en rendre compte. Même si l’humour déployé dans cette séquence ne fera ne pas rire tout le monde, du fait de sa simplicité et de son absurdité apparente, il permet à la série de ne pas basculer dans une ambiance trop austère. Ces petits moments drôles ou absurdes servent avant tout à nous divertir et la plupart du temps, on peut dire que le contrat est rempli et qu’on se surprend à décrocher un sourire. Il est même surprenant de voir comment la série parvient à maintenir l’équilibre entre des moments plutôt drôles et d’autres beaucoup plus dramatiques.
De mères en filles
On le sait tous : l’une des grandes forces d’American Horror Story concerne son casting. Cette troisième saison n’échappe pas à la règle et le jeu des acteurs est toujours aussi convaincant. Mention spéciale à Jessica Lange et Sarah Paulson qui dans cet épisode interprètent leurs personnages à la perfection. La séquence entre les deux actrices à la fin de l’épisode est sans doute l’un des meilleurs moments de cette saison.
Dans cette scène, Fiona partage un dernier moment avec sa fille. Cordelia étant devenue la nouvelle Suprême, sa mère a perdu toutes ses forces ainsi que ses pouvoirs et ne ressemble plus qu’à une vieille sorcière abîmée par la maladie. Jessica Lange est méconnaissable et nous offre une démonstration de son immense talent d’actrice, sans pour autant éclipser une Sarah Paulson qui parvient à s’imposer tout de même.
Une Jessica Lange en très grande forme...
Si cette séquence est intéressante, c’est aussi parce qu’elle met en scène le dernier face-à-face entre la mère et la fille. Cette relation conflictuelle, flirtant sans cesse entre l’amour et la haine, débouche sur cette scène touchante où Fiona avoue à sa fille qu’elle agit sur elle comme un miroir la renvoyant à sa propre décrépitude. Apparaissent alors plusieurs thématiques centrales de cette saison, à savoir la difficulté à être mère, l’héritage et la peur de vieillir. Ces thématiques prennent ici tout leur sens et permettent de créer une certaine logique à cette saison dont la narration s’avère trop souvent chaotique.
Une conclusion à la hauteur ?
En tant que tel, ce season finale remplit parfaitement son rôle, en offrant une résolution plus ou moins convaincante au fil rouge de la saison. De plus, chaque personnage a le droit à une conclusion qui pour certains d’entre eux n’est pas toujours pertinente (Misty Day, Kyle ou Madison).
Pour autant, la narration est plutôt fluide (au moins dans la première partie de l’épisode), l’esthétique toujours aussi soignée et le casting sans fausse note. De plus, la révélation de l’identité de la nouvelle Suprême et la découverte de ses responsabilités apparaissent comme la fin logique de cette saison. À défaut d’être parfait, cet épisode a donc au moins le mérite de remplir sa fonction première et de nous proposer un divertissement de qualité.
Faites place à la nouvelle Suprême !
Malgré tout, ces treize épisodes sont loin de tenir leurs promesses et cette saison est clairement inférieure aux deux précédentes. Si Fiona et Cordelia s’en sortent bien, de nombreux personnages n’ont pas eu le développement qu’ils méritaient et cela a tendance à nuire à la qualité générale. Des protagonistes comme Kyle (Evan Peters) ou Spalding (Denis O’Hare) par exemple se révèlent même assez inutiles au bout du compte. American Horror Story nous avait tellement habitués à mieux en ce qui concerne le traitement de ses personnages que l’on ne peut qu’être déçu par ce constat qui au final nous laisse un goût plutôt amer…
J’ai aimé :
- La scène entre Jessica Lange et Sarah Paulson à la fin de l’épisode
- Les petites pointes d’humour
- Un casting toujours aussi convaincant
Je n’ai pas aimé :
- Le caractère parfois trop expéditif de certaines épreuves
- Le mauvais traitement réservé à certains personnages
- Cette impression que la série a perdu en qualité…
Note de l’épisode : 13/20
Ce season finale parvient tant que bien que mal à offrir une conclusion à cette saison plutôt laborieuse dans son ensemble.
Note de la saison : 12/20
Malgré des thématiques souvent intéressantes et une esthétique toujours soignée, on est quand même loin de la qualité des saisons précédentes. Dommage !
Cail1
