Critique : Anger Management 1.02

Le 17 juillet 2012 à 20:21  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode plus faible que le pilot. La faute au personnage de Mel, trop vulgaire, et à une morale finale trop mielleuse.
Par sephja

Critique : Anger Management 1.02

~ 8 minutes de lecture
Un épisode plus faible que le pilot. La faute au personnage de Mel, trop vulgaire, et à une morale finale trop mielleuse.
Par sephja

Une nuit d'amour mémorable


Charlie reçoit Mel, une nouvelle patiente, au sein de son groupe. Elle se plaint des nombreuses remarques qu'elle subit sur son physique peu avenant et souffre en particulier des réflexions qu'elle subit pour avoir été, le temps d'une nuit, la maîtresse de Goodson. Charlie, qui croyait à l'époque que coucher avec un laideron avant un match lui permettrait d'améliorer ses statistiques, se sent coupable et tente de s'amender par le biais d'un dîner.

 

Résumé de la critique


Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :

  •  un pitch de départ vulgaire et un peu gênant
  •  l'importance de mettre Charlie dans l'embarras
  •  une construction très classique et sans surprise
  •  trop lisse pour convaincre

 

La vulgarité et ses limites


Après une première critique centrée sur Charlie et le concept de base de la série, j'ai décidé de me pencher plus spécifiquement sur les autres éléments du show, en particulier les personnages féminins. En effet, dans cet épisode, Michael Boatman a totalement disparu, laissant Charlie seul face à sa fille, à son ex-femme et à une ancienne conquête interprétée par Kerri Kenney. Le fait de retrouver le héros au prise avec une harceleuse ne surprend pas vraiment, la série reprenant le mécanisme de Rose malgré le maquillage pas vraiment flatteur infligé à l'ancienne actrice de Reno 911.

Beaucoup trop de blagues vont d'ailleurs tourner autour du physique de celle-ci, créant petit à petit un certain malaise, le jeu outrancier de la comédienne ne faisant qu'appuyer la vulgarité du pitch de départ. Il faut dire que le scénario est signé Kristy Grant, connue pour avoir signée plusieurs épisodes des Griffin, show de Seth McFarlane pas vraiment réputé pour faire dans la finesse. Le personnage de Mel laisse vite assez pantois, lorgnant du côté de Two and a half men sans retrouver cet équilibre entre la vulgarité salace des adultes et l'innocence incarnée par Jake.

Crée par Bruce Helford, auteur spécialisé dans les sitcoms chargés de mettre en valeur une vedette du petit écran, Anger Managment nous fournit un épisode sans finesse, reposant sur quelques répliques chocs disséminées par endroit. Si l'ensemble n'a rien de désastreux, le personnage de Mel -et son traitement- pose vraiment problème, reprenant un peu trop la mécanique comique de Chuck Lorre. Trop méprisant envers les femmes, Charlie cherche avant tout à mettre en valeur son désir de ne plus traîner l'image un beauf, sans pour autant s'empêcher de mettre à plusieurs reprises les pieds dans le plat.

 

Charlie sur la défensive


Avec l'arrivée de son ancienne maîtresse, les auteurs confirment le fait que Charlie n'est jamais plus drôle que lorsqu'il est confronté à un personnage féminin qui prend l'avantage sur lui. Seulement, là où Melanie Lyndskey incarnait une poésie en rupture avec le ton décalé de Mon Oncle Charlie, Kerri Kenney n'est ici que le prolongement de la tendance des scénaristes à verser dans la vulgarité pour obtenir des rires faciles. Malgré tout, le choix de mettre Charlie en difficulté devant un groupe de femmes s'avère assez payant, la présence de sa fille en particulier faisant apparaître la part la plus attachante de sa personnalité.

A la fois mufle et fragile, goujat imperturbable et séducteur irrésistible, Charlie Sheen tient parfaitement son personnage, mais pose dès la première scène un élément qui va enfin venir différencier Goodson de ses autres incarnations. Lors de cette séquence d'introduction, le thérapeute séduit une jeune femme un rien écervelée, conquête qui aurait trouvé parfaitement sa place à l'intérieur du show de Chuck Lorre. Mais sa fille débarque soudainement et la gêne que l'on sent alors chez le héros témoigne de l'importance accordée au jugement de celle-ci, élément nouveau et intéressant qui rompt avec les habitudes du comédien.

Au lieu d'être un homme libre et sans scrupule, Charlie apparaît comme fragile face aux personnages féminins, que ce soit par rapport à leur physique ou à leur sentiment. Une façon pour lui d'effacer le souvenir des nombreuses plaintes pour violence conjugale qui avait défrayé la chronique lors de son dernier divorce. La stratégie « réhabilitons Sheen ! » paraît un peu trop évidente et installe une légère gêne, malaise équivalent à une publicité contre le racisme qui mettrait en scène Michael Richards.

 

Une esthétique assez vieillotte


Si Mon Oncle Charlie fut l'un des plus gros succès de ces dix dernières années, elle reste une série datée esthétiquement, appartenant à une autre époque, surtout aujourd'hui où Modern Family règne en maître dans le domaine de la sitcom. Si une telle série n'aurait pas trop dénotée sur un grand network, sa présence sur le câble laisse le sentiment étrange d'un voyage dans le temps quelques années en arrière, tant l'ensemble est d'un conformisme gênant. Tout est convenu, prévisible et les quelques originalités sont trop rares pour attirer une génération plus vraiment habituée à un jeu aussi théâtral, voire même parfois outrancier.

Malgré ses tentatives pour marquer sa différence avec les séries de Chuck Lorre, Anger Managment porte la marque de son influence, Sheen restant malgré tout conscient des qualités d'auteur du créateur de Two and a half men. Pourtant, les séquences de thérapie -trop rares- laissent entrevoir la possibilité d'un autre show tournant autour des haines ordinaires et de la difficulté de leur résister, le groupe de malades se révélant un des atouts de la série. L'ajout de Mel à cette fine équipe pourrait être intéressant, tant les interventions du groupe restent pour l'instant le seul élément qui sort la série du lot en montrant comment la colère entraine l'intolérance et la bêtise.

Cet apprentissage de la gestion de la colère est ce qui manque le plus à la série, la fin se révélant beaucoup trop moralisatrice par rapport à ce que l'on est en droit d'attendre d'une série du câble. Cherchant à se racheter une virginité en se transformant en prêcheur de la non-violence, Charlie Sheen rate l'occasion d'utiliser son goût pour l'autodestruction pour casser vraiment son image. Malheureusement, le but du show semble être au contraire de proposer une campagne de réhabilitation sur dix épisodes. Et cette morale trop appuyée risque vite de créer un sentiment de lassitude. 


Une morale trop sirupeuse


Après les événements de la saison dernière et les reproches proférés par Charlie contre Chuck Lorre, le spectateur était en droit d'attendre une série un peu plus provocatrice que cet Anger Management assez fade. Loin du scandale de la saison dernière, le comédien prouve qu'il ne peut résister à son envie de chercher à séduire le plus grand nombre, refusant de prendre un vrai risque en proposant quelque chose d'original. Un comportement à l'opposé de ses déclarations qui confirme que le comédien reste bien la grande gueule qu'il a toujours été, un enfant gâté insupportable et talentueux malgré tout.

En conclusion, un épisode inégal qui aurait mieux fonctionné si le personnage de Mel avait été mieux mis en valeur, la performance de Kerri Kenney flirtant par instant avec le grotesque. Heureusement, les séances de thérapie restent le point fort de l'épisode, la série profitant d'une galerie de seconds rôles intéressants qui excellent à mettre Goodson en boîte. Finalement, après deux épisodes, le constat est assez simple : si rire de Charlie ne me pose aucun problème, rire avec lui paraît encore assez difficile, l'acteur portant un passif assez lourd.

 

J'aime :

  •  les scènes de thérapie
  •  la première séquence intéressante
  •  le rythme efficace

 

Je n'aime pas :

  •  grossier et assez vulgaire
  •  le personnage de Mel mal mis en valeur
  •  la morale de fin mielleuse au possible
  •  le déroulement prévisible

 

Note : 11 / 20

Si la série n'a pas perdu les qualités du pilote, la morale sirupeuse et le personnage particulièrement raté de Mel donnent au final une comédie trop vulgaire et peu inspirée. Seules quelques répliques viennent rectifier le tir, laissant l'impression gênante d'assister avant tout à une entreprise de réhabilitation à peine voilée de Charlie Sheen.

L'auteur

Commentaires

Avatar rhonin
rhonin
Critique un peu dure mais que je peux comprendre. J'ai particulièrement apprécié la scène du diner, plutôt bien foutu. Les scènes de thérapie sont toujours aussi tarés. Après c'est vrai que tout est fait pour mettre Charlie Sheen en valeur et que cette épisode suit une trame plutôt (voir carrément) classique mais il faut bien mettre en place la série et tous les personnages. D'ailleurs, il faudrait mettre certains de ces personnages secondaires plus en valeur ça pourrait devenir plus intéressant.

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