Critique : Bag of Bones 1.02

Le 24 décembre 2011 à 06:44  |  ~ 9 minutes de lecture
Un épisode qui confirme la malédiction touchant les adaptations de Stephen King, la faute à une mise en scène peu inspirée.
Par sephja

Critique : Bag of Bones 1.02

~ 9 minutes de lecture
Un épisode qui confirme la malédiction touchant les adaptations de Stephen King, la faute à une mise en scène peu inspirée.
Par sephja

Le temps et ses conséquences 

Mike Noonan est revenu dans la ville de son enfance, à la recherche du souvenir de son épouse et que son intérêt se portait sur la "folie de Dark Score". Il rencontre alors Mattie, une jeune femme pour qui il éprouve une certaine attirance et qui tente de protéger sa fille Kyra du menaçant Max Devore. Tous les évènements étranges semblent le pousser à enquêter sur Sarah Tidwell, jeune chanteuse morte en 1939 dans des conditions mystérieuses. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode très faible que l'on peut détailler ici : 

  •  une mauvaise gestion des intervalles entre les scènes
  •  un problème de crédibilité assez flagrant 
  •  une mise en scène assez désastreuse
  •  la malédiction des adaptations de Stephen King 

 

 

Un problème d'enchaînement 

Après avoir expliqué dans la critique précédente tout l'intérêt de l'histoire de départ, le moment est venu de se plonger dans le téléfilm en faisant abstraction du texte d'origine. La scène du début va symboliser parfaitement le mal qui va toucher Bag of Bones, à savoir l'absence de soin dans les enchaînements entre les séquences qui va réduire à néant tout le travail du premier acte. Le cliffhanger est donc résolu en quelques secondes, ne servant qu'à marquer l'avancée de l'intrigue du drame personnel de Mike Noonan vers l'univers de Dark Score et sa malédiction. 

L'intrigue est intéressante, la photographie agréable, mais un malaise se crée lentement dans l'esprit du spectateur, quelque chose qui fait définitivement sortir de l'intrigue : les enchaînements sont désastreux. Passant du coq à l'âne sans la moindre justification, l'histoire nous promène sans réelle continuité d'une révélation à une autre, oubliant au passage de les mettre en valeur. Le plus grave reste le secret de Dark Score, vite expédié par le biais d'un personnage "couteau suisse" sorti de nulle part après la mort assez étrange de Max. 

C'est d'ailleurs ce décès qui va marquer un tournant dans un show qui n'a plus alors ni queue, ni tête, les scénaristes ne prenant jamais le temps de donner du sens au moindre aspect du scénario. L'histoire perd sa cohérence et fait lentement sortir le spectateur de l'intrigue qui n'a vite plus grand-chose à voir avec une première partie bien mieux maîtrisé. D'une histoire tragique, Mick Garris obtient un récit chaotique, qui délaisse la subtilité pour une narration au premier degré, sans aucune nuance ni empathie. 

 

La force d'un fantôme réside dans sa crédibilité 

Histoire d'un deuil impossible, Bag of Bones est un récit de fantôme classique dont la force réside dans les personnages et le soin apporté au contexte. Pour ressentir le frisson dans un tel récit, la crédibilité est un point indispensable, reposant sur la capacité des auteurs à donner au fantôme une motivation claire et un modus operandi précis. La découverte des motivations est habituellement le coeur du récit, obligeant le héros à se plonger dans le passé pour réussir par son acharnement à déterrer la vérité.

L'efficacité de ce type d'intrigue repose essentiellement sur la difficulté qu'éprouve le héros à révéler les origines du mal, les épreuves montant en crescendo avec le niveau de colère de l'esprit vengeur. Et là, l'épisode rencontre un grave problème tant Mike n'éprouve que peu de soucis pour déterrer le passé, démêler avec aisance le vrai du faux grâce à un abus flagrants de personnages secondaires "révélateurs". Mattie en est l'exemple parfait, fournissant en deux répliques l'explication du secret de son épouse autour de sa grossesse, réduisant à néant le mystère premier de Bag of Bones, le point de départ de l'arrivée de Noonan dans cette ville.

Loin d'avoir une épaisseur ou une crédibilité, les personnages secondaires ne servent ici qu'à faire passer un message, à donner une révélation, amenant le récit jusqu'à une conclusion prévisible. C'est le cas par exemple des passagers de la camionnette mystérieusement bavard ou pire, de Max Devore lui-même, dont la participation à l'épisode se limite finalement à pousser le héros à prendre fait et cause pour Mattie et Kyra. A la différence du roman où la ville constituait un monde à part, avec une certaine authenticité, cet univers ici n'est qu'un parcours fléché menant tranquillement le héros jusqu'à la rédemption.

 

 

Une interprétation étrange 

Point noir de cet épisode, l'interprétation de certains comédiens est assez bizarre, exception faite de Pierce Brosnan et Melissa Georges qui forme un duo convaincant. Mais loin de blâmer les comédiens, c'est le metteur en scène qui est à pointer du doigt tant la construction des certaines scènes s'avère être désastreuse. Le prix du bizarre revient largement à Max Devore et son assistante, personnages très Lynchien en apparence par leur aspect volontairement stéréotypé et hermétique, mais manquant du niveau de subtilité et de profondeur des créations du génial auteur de Twin Peaks. 

Enfermé dans un costume rigide, William Schallert n'a que peu l'occasion de faire exister un personnage beaucoup trop manichéen pour être crédible. Stéréotype du méchant, sa disparition n'apporte pas grand-chose à l'intrigue, tout comme son assistante, qui profite pourtant du talent de Deborah Grover, mais ne parvient jamais à exister. Mais tout ceci passerait encore sans la scène catastrophe de l'épisode où je vais devoir abandonner mon objectivité pour m'énerver clairement contre les auteurs. 

La séquence qui détruit Bag of Bones et justifie ma note à mes yeux concerne la scène du viol, consternante de nullité, construite n'importe comment et tuant dans l'oeuf la crédibilité du show. Le premier problème vient de la mise en place, comme à chaque scène de cette seconde partie, la victime se retrouvant en pleine nature sans raison apparente, avant de se faire agresser par cinq hommes. Une séquence difficile et sombre qui vire au ridicule à cause du jeu des comédiens consternant, offrant l'une des scènes les plus grotesques de l'année. 

J'ignore comment Mick Garris a pu ne pas s'apercevoir qu'il ratait à ce point la scène clé de cette minisérie, mais ce passage a clairement fini de me faire sortir de l'épisode. Un désastre qui ne fait que confirmer le manque de soin apporté à ce second acte poussif, offrant une conclusion pathétique à une histoire qui méritait beaucoup mieux. 

 

La malédiction King 

Evidemment, cette malédiction n'est qu'une marque d'humour de ma part tant les adaptations médiocres de l'écrivain du Maine sont monnaie courante à la télévision. Pourtant, il existe aussi de belles adaptations avec Misery, Les Evadés ou Bazaar entre autres (J'exclus le superbe Shining, King jugeant que Kubrick a trahi le matériel de départ) qui sont autant de preuves qu'il est possible de faire de bons films à partir de ces romans. Mais encore faudrait-il un réalisateur à la hauteur qui parvienne à ne pas oublier que la force de cet auteur réside avant tout dans la crédibilité des personnages et du décor qu'il décrit, prenant le temps de donner une vraie profondeur à son univers.

En conclusion, une deuxième partie assez calamiteuse, la mise en scène gâchant tout le potentiel de l'histoire en optant fréquemment pour des solutions de facilité narrative. La qualité des deux interprètes principaux ne permet pas de sauver cette seconde partie de la catastrophe, tant par le manque de maîtrise du récit  que par la gestion douteuse des transitions entre les scènes. Incohérent, maladroit, la mise en scène de Mick Garris aura réussi à me faire sortir définitivement de Bag of Bones, malgré une première partie intéressante qui aurait mérité bien meilleure conclusion.

 

J'aime : 

  •  Pierce Brosnan toujours aussi bon 
  •  Melissa Georges plutôt juste 

 

Je n'aime pas : 

  •  la scène du viol totalement ratée 
  •  les transitions entre les scènes bâclées 
  •  la mise en scène peu inspirée 
  •  le final pathétique 
  •  sans surprise et au final assez prévisible 

 

Note : 07 / 20 

Après une première partie intéressante, les auteurs de Bag of Bones nous offrent un second volet grotesque et peu crédible, la faute à des transitions entre les différentes scènes très confuses. Dommage tant l'histoire, la performance de Pierce Brosnan et de Melissa Georges auraient mérité une conclusion un peu plus soignée. 

L'auteur

Commentaires

Avatar erico77
erico77
effectivement, je te rejoint sur ce point cétait assez grand guignolesque!

Avatar sephja
sephja
la scène du viol... sérieux, qu'est ce qui leur a pris, je ne comprends pas !! au moins, c'était drôle

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