En 2013 et après trois saisons de bons et loyaux services (quatre si on compte la mini-série Gods of Arena), Spartacus et ses amis gladiateurs ont déposé leurs glaives. Un an plus tard, la chaîne Starz se devait donc de trouver un nouveau programme capable de réunir autant de testostérones et de combats épiques. Leur solution s’appelle Black Sails et met en scène des pirates à la recherche d’un trésor. Une histoire somme toute assez classique et peu convaincante dont le pilot ne fait que confirmer cette impression plus que mitigée.
Une série trop classique ?
L’intrigue de Black Sails est tout ce qu’il y a de plus banale lorsque l’on se retrouve face à une histoire de pirates. Le Capitaine Flint et son équipage parcourent les mers à la recherche d’un plan censé les mener vers une grosse fortune. Après des mois de « disette » et de recherches infructueuses, les hommes de Flint commencent à perdre confiance en leur capitaine et attendent désespérément un résultat. Au début du premier épisode, ils attaquent un navire à bord duquel se trouve le plan. Pour Flint, c’est un peu l’opération de la dernière chance qui commence… Il doit non seulement trouver ce plan, mais aussi et surtout sauver son honneur. Tel est le point de départ de la nouvelle production originale de la chaîne Starz.
Si l’histoire est assez classique, en tout cas dans la présentation qui en est faite, le principal défaut de ce pilote se trouve ailleurs, notamment du côté des personnages et des enjeux mis en place. Tout le monde le sait : le but d’un épisode d’exposition comme celui-ci est de présenter les différents protagonistes, leur caractère, leur rôle et leurs aspirations. Seulement, il faut aussi savoir attirer la curiosité du spectateur et le pousser à suivre leurs aventures. Sur ce point, Black Sails semble avoir manqué le coche et parvient difficilement à convaincre.
Les pirates version Starz : trop classique ?
Si la série réussit assez bien à définir la place de chaque personnage, ce qui n’est pas toujours une mince affaire, ces derniers sont malheureusement presque tous dénués de charisme. Au bout des soixante minutes (trop longues) composant ce pilot, rares sont ceux qui parviennent à convaincre et à se montrer dignes d’intérêt. La faute sans doute à des dialogues souvent plats et des situations quasi insignifiantes.
Le principal problème de ce pilote, c’est son manque d’audace et son manque de surprises. C’est bien simple : tout semble cousu de fil blanc. L’histoire est tellement classique, les personnages tellement banaux et les situations tellement prévisibles qu’il n’y a que très peu de place pour le hasard. De ce fait, Black Sails s’impose comme un divertissement sympathique, mais qui est loin de casser des briques. Son manque de créativité et d’inventivité lui fait cruellement défaut.
Où sont les pirates ?
S’il est possible de passer outre le côté trop classique de la série, il est presque impardonnable de situer son action sur terre lorsque l’on aborde le monde des pirates. Pourtant, c’est ce que Black Sails se permet de faire pendant les trois quarts de cet épisode. Un comble lorsque l’on sait que la plupart des pirates les plus célèbres sont surtout connus pour leur grand sens de la navigation et de l’exploration. Même si le côté trop artificiel des rares scènes se déroulant en mer présentes dans l’épisode a de quoi en rebuter plus d’un, on est en droit d’espérer que, ce premier épisode passé, ces voyages prendront une place plus importante.
À quand de vrais voyages en mer ?
Il est en effet regrettable que la série fasse d’emblée le choix de rendre ces personnages aussi statiques. À titre de comparaison, une série comme Vikings, diffusée sur la chaîne History, fait le choix audacieux dès le départ de mettre en avant les grandes qualités d’explorateur et de navigateur de leurs protagonistes. En mettant l’accent sur cet aspect souvent méconnu des vikings, les scénaristes de cette série sont parvenus à les rendre vraiment intéressants.
Black Sails au contraire semble occulter cette partie-là des pirates pour se consacrer à des intrigues secondaires insipides et là encore très classiques. La série nous sert des complots, des manipulations et des secrets, mais oublie d’explorer ne serait-ce que partiellement la nature même de la piraterie et l’amour de la mer. Ici, les pirates parlent beaucoup et ne sont présentés que comme des pilleurs en quête d’argent et c’est bien dommage…
Dans la continuité de Spartacus ?
La nouvelle série de Starz entretient plusieurs similitudes aussi bien sur le fond que sur la forme avec la série Spartacus, diffusée sur cette même chaîne entre 2010 et 2013. Même s’il semble évident que les gladiateurs n’ont a priori rien à voir avec les pirates (encore que la saison 3 de Spartacus mettait en scène des pirates de très mauvais goût), il paraît important de questionner la notion de continuité entre les deux séries.
Tout d’abord, l’une comme l’autre se déroulent dans un cadre plutôt masculin. Spartacus met en scène des combats de gladiateurs et la rébellion qui s’en suit, Black Sails propose la ruée vers l’or d’un groupe de pirates. Malgré ce contexte masculinisé présent dans les deux séries, une distinction s’impose : alors que la première propose au spectateur de suivre une noble quête avec Spartacus (un combat pour la liberté), la seconde met en place une quête moins attrayante, plus banale et plus vénale. Néanmoins, on sent que cette quête pourrait très bien prendre une dimension beaucoup plus pertinente par la suite, notamment autour de la figure du capitaine et de son honneur à préserver.
Non, ce n'est pas un gladiateur... Mais presque...
Au niveau des thématiques, les deux séries partagent leurs goûts pour le pouvoir, la manipulation, la violence et les complots. À ceci près que ces thématiques étaient traitées de manière plus intelligente dans la première. Les personnages de Black Sails manquent d’héroïsme et on ne retrouve pas chez eux la dimension épique que l’on pouvait avoir chez les gladiateurs. Starz oblige, la série met également en scène du sexe de manière plutôt explicite et surtout gratuite. Un défaut qu’elle partage avec Spartacus et qui contribue une fois de plus à renforcer son aspect rebutant.
Au final et même s’il est évident que les deux séries ne sont pas les mêmes, ce petit comparatif nous montre bien que Black Sails succède plutôt maladroitement à Spartacus.
En cette saison, Starz semble avoir fait le choix de la sécurité en proposant une série de pirates plutôt classique et loin de surprendre. Pour autant, cette adaptation de la célèbre "Ile aux trésors" de Stevenson porte en elle les traces de la plupart des autres productions de la chaîne, notamment son côté artificiel, son manque de finesse et son goût pour la démesure. D’une série comme Spartacus, la nouvelle production de Starz ne semble avoir gardé que les mauvais côtés. Reste un divertissement plutôt fade et une lutte à laquelle on a du mal à croire…
J’ai aimé :
- Le générique est sympa
- Le personnage de Flint est plutôt intéressant (sans doute l'un des seuls) et l'acteur convaincant
- La dimension politique qui, même si elle n'apparaît pas de manière évidente, promet de bons moments.
- La première scène plutôt bien fichue
Je n’ai pas aimé :
- Certains personnages manquent cruellement de charisme
- John Silver, une vraie déception !
- Le sort réservé aux personnages féminins
- Le manque de créativité et d’inventivité de la série
- La mise en retrait de la mer et de la navigation
Ma note : 10/20 Il me faut plus que des complots et des scènes de sexe gratuites pour me captiver…