Le changement dans la continuité, c’est pas seulement ce que disait le gars qui a maintenant des bâtiments à son nom. C’est aussi une phrase s’appliquant aux séries télévisées, qui cherchent souvent à choquer, à tout risquer, sans finalement changer grand-chose. Une tempête dans un verre d’eau en somme.
On peut dire beaucoup de choses de Brooklyn Nine-Nine, l’accuser de ne pas être drôle, d’être une pâle copie de Parks and Recreation ou encore de trop se reposer sur l’humour d’Andy Samberg. Ce que l’on ne peut pas lui reprocher en revanche, c’est d’avoir peur de bouleverser son petit univers. Un peu comme Parks and Rec, elle n’a pas eu peur de proposer des alternatives aux membres de la 9-9, comme la possibilité d’un job pour Terry ou les aspirations professionnelles de Rosa. L’année dernière, alors que Jake et Amy se sont enfin embrassés pour de vrai, Holt quittait contraint et forcé la 9-9, victime d’un coup de sa nemesis Madeleine Wuntch, laissant ses policiers orphelins. Ils attendaient l’arrivée d’un nouveau capitaine, les portes de l’ascenseur se sont ouvertes, clap de fin sur la deuxième saison.
Alors qu’est-ce que ce retour a apporté et où compte aller Brooklyn Nine-Nine cette saison ? Réponse tout de suite, après un mauvais gag d’Andy Samberg !
Nouveau capitaine à la barre !
Holt n’est plus capitaine, ce qui signifie qu’il en fallait un nouveau. Perspicacité niveau 3000 sur ce coup-là. Bref, Dozerman – quel nom ! – arrive avec une énergie et une recherche d’efficacité effrénées. Il installe rapidement sa nouvelle politique, faite de tablettes censées obliger les membres de la 9-9 à réaliser une tâche toutes les 55 minutes. Puissant moyen de leadership. En tous les cas, Bill Hader insuffle une énergie telle à son personnage qu’il va être impossible de le revoir par la suite. Sur ce point-là, Brooklyn Nine-Nine se montre relativement courageuse ; de nombreuses séries se seraient probablement reposées sur Hader pour quelques épisodes supplémentaires. Son court passage a en tous les cas permis de faire planer un climat d’absurdité qui n’avait pas souvent été présent dans la série.
L’arrivée du capitaine permet l’apparition d’une histoire secondaire entre Rosa et Terry. Si elle comporte quelques bons moments, elle est néanmoins plus qu’anecdotique, au sein d’un épisode plus que rempli. Parce que oui, l’arrivée d’un nouveau capitaine n’était de loin pas l’unique bouleversement de la fin de saison dernière.
Le Jake et Amy Show… avec ce crétin de Boyle en guest
Cet épisode de reprise reprend littéralement là où le final de la saison 2 s’était arrêté, et cela signifie qu’il doit aborder le problème du couple en devenir Jake/Amy. Il est toujours difficile de mettre ensemble des personnages qui se sont longtemps tournés autour, sans que cela joue en défaveur de la série. Brooklyn Nine-Nine a encore une fois étonné en passant par tous les clichés de la mise en couple, puis en les retournant entièrement.
On veut mettre des règles et ne pas coucher le premier soir ? On couche ensemble et c’est génial.
On ne veut pas que les gens l’apprennent et on fait tout pour le cacher ? Cela se répand plus vite qu’une traînée de poudre et tout le monde l’apprend.
On a des doutes et l’on veut réfléchir à ce que l’on veut ? On décide que l’on veut être avec l’autre, qu’importe le reste.
Jake a bel et bien mûri la saison dernière – oui oui – et tout le travail du personnage trouve ici sa réalisation. D’une manière assez inattendue, Brooklyn Nine-Nine gère donc cette première étape avec brio. Enfin presque…
Eh bien oui, ne chiez pas des licornes trop vite parce que Charles Boyle est toujours là pour faire baisser la qualité de la série. Son unique rôle de l’épisode est celui de shipper du couple Jake/Amy. Si Boyle a toujours été creepy sur les bords, la saison 2 avait réalisé un immense travail pour le rendre sympathique et attachant malgré tous ses défauts, manies et obsessions. Le voir retomber dans ses anciens travers est plus que frustrant, puisque c’est un véritable aveu de flemme prononcée de la part des scénaristes.
Holt et Gina, duo de choc
Il restait ainsi à reconnecter avec les derniers membres du casting : Raymond « il faut que tu aies un Emmy » Holt, et Gina « j’ai des idées géniales pour mes téléréalités » Linetti. Leur association a toujours été source de réussite pour Brooklyn Nine-Nine, et New Captain ne déroge pas à la règle. Holt est forcé de travailler dans les relations publiques et sa seule tâche est de trouver un nom pour la mascotte pigeon de la NYPD. Madeleine Wuntch – intelligemment gardée dans la série – lui fait souffrir le martyr. Lui qui aime tellement apporter sa contribution à l’univers dans lequel il travaille se retrouve pieds et mains liés et incapable de faire quoi que ce soit d’utile.
Gina vient alors à son secours et le remobilise pour qu’il puisse néanmoins se rendre utile envers des enfants venus voir le pigeon mascotte de la NYPD. Cela donne lieu à un superbe échange entre les deux personnages, mais également l’image d’un Raymon Holt dans un costume ridicule de pigeon. Et un pigeon avec la voix d’Andre Braugher, cela n’a littéralement pas de prix. Les péripéties des deux énergumènes seront sans doute les plus intéressantes à suivre lors de ce début de saison 3, même si le twist de fin présage de mauvaises choses – et donc du bon matériel scénaristique – sur la 9-9.
New Captain est donc un épisode de reprise plus que correct. Attaquant de plein front les trois histoires concluant sa deuxième saison, il permet à la fois de reconnecter avec les personnages ainsi que de poser de nouvelles bases. Le couple Jake/Amy intelligemment géré, un duo Holt/Gina qui brille de tout feu et un capitaine Dozerman ce qu’il faut d’absurde, donnent un bon départ à Brooklyn Nine-Nine, qui n’a pas peur de bouleverser son petit monde afin d’avancer dans une nouvelle direction.
J’ai aimé :
- Le couple Jake/Amy, efficacement géré.
- Holt en pigeon. Priceless.
- « Linetti, set, go ». « Gina in a bottle ». Gina, t’es mon animal totem. Je t’envoie cash chez UnReal.
Je n’ai pas aimé :
- Boyle.
- Boyle.
- Et encore Boyle.
- Ah oui et Boyle.
Ma note : 13/20