La série décrit la vie des plus grandes urgences du pays, dans un grand hôpital de Los Angeles. Et tout de suite, le ton est donné : le Code Black, c’est quand trop de patients affluent et qu’il n’y a pas assez de personnel pour s’en occuper. En gros, le chaos. Et la série se nommant d’après ce fameux code, vous vous doutez bien que ce sera le centre du programme.
Le monde télévisuel a presque épuisé le sujet avec les séries médicales ; qu’elles soient comiques ou dramatiques, l’univers hospitalier n’a plus de secrets pour nous. Pourtant, CBS a voulu tenter le coup en s’appuyant sur un documentaire, et témoigne d’une certaine volonté d’être réaliste. Bilan.
Grey's Anatomy... made in CBS
Bon. J’avoue que comparer Code Black avec Grey’s Anatomy, c’est peut-être un petit peu poussé. La série n’a pas encore (et ne le fera peut-être jamais) montré un quelconque aspect « soap », mais les premières minutes font clairement penser à la production d'ABC : un groupe de nouveaux résidents arrivent pour apprendre le métier d’urgentiste. Il y a l’ambitieux, la très douée, le fort tempérament et celui qui ne sait pas pourquoi il est là. Et puis il y a le « Bailey », c’est-à-dire leur supérieur chargé de les surveiller et qui présente quelques similitudes avec le Docteur Bailey de Grey’s Anatomy.
Heureusement, tout ceci n’est qu’une impression. Il s’avère que les quatre nouveaux ne nous servent que de guides dans ces urgences bondées. Comme eux, nous nous adaptons au milieu et essayons de trouver nos marques. Quant au « Bailey masculin », il est finalement assez drôle et non tyrannique.
Code Black : +1. Même si Grey’s Anatomy a ses qualités, Code Black a au moins le mérite d’éviter la sentimentalité et se concentre plus sur le milieu médical que sur ses personnages et leurs petits travers. De plus, ils ont déjà de l’expérience et ne sont pas en position de vrais débutants. Ce sont des docteurs, ils viennent juste de choisir leur spécialité.
Urgences... made in CBS
En revanche, si on compare la série avec l’un des plus gros succès de NBC, autrement dit Urgences, c’est déjà plus légitime. Premièrement à cause des bases de l’histoire : le service des urgences. Tout simplement. Code Black ne peut pas éviter la comparaison avec sa prédécesseure. Dans l’atmosphère et dans le traitement du milieu, elle s’en rapproche déjà plus. Encore une fois, la différence intervient dans la place faite aux personnages : si Urgences avait introduit les siens en en positionnant certains en tant que patients, Code Black les utilise juste pour introduire le spectateur dans le milieu. C’est à la mode, que voulez-vous : on n’aime plus malmener les gens, sur le network.
Finalement, le personnage principal apparaît après quelques minutes : Leanne, une femme confiante, dynamique, qui sait ce qu’elle fait et qui gère beaucoup de choses en même temps. Agressive dans son travail mais impliquée auprès de ses patients (comme en témoigne le cas de la jeune Ariel), elle dévoile à peine quelques faiblesses. Son personnage est pour l’instant le plus exploité et le plus intéressant. L’actrice, Maria Gay Harden, offre d’ailleurs une bonne performance. Les autres médecins expérimentés sont plutôt intéressants, mais les quatre résidents ne sont pas tip-top. Ils seraient presque caricaturaux, comme si les scénaristes s’étaient forcés à les inclure dans la série pour ne pas trop désorienter le téléspectateur.
Code Black : +0. Si les similitudes avec Urgences ne sont pas péjoratives, Code Black ne parvient pas à prouver qu’elle arrive à créer le parfait dosage entre vies personnelles et cas médicaux. De plus, les nombreux patients traités ne permettent pas de parler de sujets variés comme le faisait son ancêtre. Les personnages ont, quant à eux, l’air un petit peu trop propres et aseptisés.
Code Black... made in 2015
En plus de s’être inspirée de plusieurs séries médicales, Code Black ne se montre pas très originale dans sa production. La réalisation est en effet formatée « 2015 » : plans un peu 'artistiques' mais sans signification aucune, très gros plans décentrés, montage très dynamique avec de courts ralentis de temps en temps etc. Sans parler de la musique, composée d’airs tristes joués au piano ou au contraire plus angoissants. Alors oui, le résultat est efficace, mais pas original.
Code Black : -1. Soyez un peu originaux, enfin !
C’est surtout un mélange de styles que nous offre ici Code Black :
- Des personnages qui paraissent un peu trop propres et qui risquent difficilement de nous surprendre, comme sur ABC.
- Un décor brut, une réalisation plus réaliste, un univers en désordre et une ambiance plus sombre, plus violente, comme sur NBC.
- Du dynamisme, de l’action et de la tension mais des personnages un petit peu sous-traités, comme sur CBS.
En soi, ce pilot est finalement assez réussi : la série implante parfaitement bien son sujet central (les urgences) et nous plonge dans un univers difficile avec du sang, des gens qui crient, des médecins débordés et un lieu noir de monde où le sol est sale et où ça ne s’arrête jamais. La tension est présente pendant une grande partie de l’épisode et c’est une belle qualité. Cependant, la série semble avoir peur de trop déstabiliser le spectateur et lui donne donc des moments « émouvants » mais dispensables qui nous rappellent que « la vie est belle ». Le test pour Code Black sera de tenir sur la longueur. En effet, le format un peu particulier risque de devenir lassant, surtout si les personnages ne sont pas plus développés. Et vu la cadence des épisodes, ça risque de vite s’essouffler.
Il n’en faudrait donc pas plus pour que Code Black se fasse une place dans le monde des séries. Il faut faire attention aux effets de style, aux caricatures et aux personnages, mais le rythme est bon et le personnage de Leanne est intéressant. S’ils arrivent à ajouter un peu d’âme pour la suite et à gérer le format, ce pourrait être une bonne nouveauté.
J'ai aimé :
- L'atmosphère qui semble réaliste
- Le rythme
- Le personnage de Leanne
Je n'ai pas aimé :
- Des personnages un peu caricaturaux
- Un côté formaté
- Le format peut devenir lassant sur la durée
Ma note : 13/20.
Manoune398
