Critique : Common Law 1.01

Le 18 mai 2012 à 14:20  |  ~ 9 minutes de lecture
Un pilot maladroit et décevant qui propose un scénario poussif, sauvé par des second rôles plutôt convaincants.
Par sephja

Critique : Common Law 1.01

~ 9 minutes de lecture
Un pilot maladroit et décevant qui propose un scénario poussif, sauvé par des second rôles plutôt convaincants.
Par sephja

Partenaires en crise 

 

Travis et Mitchell sont deux très bons policiers et ont formé pendant des années l'un des meilleurs duos qui soient avant qu'un évènement mystérieux ne vienne briser cette unité. Incapable désormais de se supporter, leur travail en commun s'en ressent, mais leur bon état de service pousse leur supérieur à leur donner une ultime chance s'ils acceptent de s'inscrire à une thérapie pour les couples. Lorsque le fils d'un juge est retrouvé mort, les deux agents comprennent qu'ils ont ici une chance de se relancer pour de bon en réussissant à faire la paix.

 

Résumé de la critique

 

Un épisode moyen que l'on peut détailler ainsi :

  •  un cop show classique et sans surprise
  •  des comédiens plutôt bons 
  •  une série mal construite 
  •  une copie à revoir en grande partie 

 

 

Les clichés ont la vie dure

 

Chaîne spécialisé dans les duos improbables et réussis, USA joue sur du velours au premier abord avec Common Law, lançant la saison estivale avant le retour de Suits et Burn Notice entre autres. Avec ces deux policiers qui ne peuvent se supporter, les auteurs possédaient l'occasion parfaite de profiter du savoir faire de la chaîne en la matière, même si les nombreux reports concernant la diffusion de ce pilot laissait quelques inquiétudes. En effet, loin d'être le divertissement attendu, la nouveauté de USA va s'avérer plutôt décevante, offrant une intrigue poussive qui va se heurter à un gros problème de construction et d'identité.

Proposer une série policière liant deux flics que tout oppose n'a rien de très original, confrontant Common Law à une concurrence de haut niveau. Pour s'affirmer, les Wibberleys, connus pour avoir écrit les scénarios de la saga Benjamin Gates, propose que ces deux héros suivent une thérapie de couple, misant sur le décalage comique lié à la notion de partenaire. L'idée pourrait être amusante, mais les scénaristes oublient de donner une justification à la volonté acharnée du chef de vouloir maintenir à tout prix cette association infructueuse, première faille dans un scénario bancal.

Le pitch de départ ne parvient pas à prendre et laisse apparaître de nombreuses failles, les scènes au sein du groupe du Docteur Ryan ne servant seulement qu'à masquer le manque d'originalité d'une série très conventionnelle. Loin de la fantaisie de Psych et des qualités esthétiques de White Collar, Common Law est un simple concept artificiel qui ne parvient que trop rarement à fonctionner vraiment. Poussif, le scénario se montre peu généreux, laissant une impression globalement mauvaise en hésitant fréquemment entre un style classique plutôt réaliste et un univers parodique.

Incapable de fournir une comédie digne de ce nom, les auteurs osent quelques scènes étranges et de mauvais goût, comme celle où Travis tire deux coups de feu sur une mascotte gonflable en plein milieu de la rue. Se prenant trop au sérieux, Common Law offre quelques rares scènes réussies, la dynamique de la série restant trop confuse pour permettre d'adhérer au concept. Trop sérieux pour faire un bon divertissement, trop parodique pour faire une bonne série policière, ce pilot laisse perplexe, heureusement sauvé par des comédiens qui font de leur mieux.

 

Un duo qui tient le choc 

 

Reposant en grande partie sur leurs épaules, les acteurs de Common Law vont être les seuls à ne pas trop décevoir, Michael Ealy et Warren Cole essayant au mieux de donner du caractère à leurs personnages. Malheureusement, le scénario ne leur permet pas beaucoup de se mettre en valeur, la faute à un démarrage raté, la séance de thérapie de couple arrivant beaucoup trop tôt dans le déroulement de l'action. Refusant de jouer le jeu, les deux policiers apparaissent au premier abord comme assez vaniteux, avant que les autres membres de la thérapie de groupe ne commence à les mettre en boîte.

C'est à cet instant que le show trouve sa première bonne idée, lorsque les deux héros sont mis face à leurs propres faiblesses et à leurs contradictions. Enfant adopté souffrant d'un manque affectif flagrant, Travis est un coureur de jupons, esquivant tout danger d'une relation sur le long terme et la moindre possibilité d'une remise en cause en choisissant un comportement pour le moins puéril. Plutôt amusant, Michael Ealy a la bonne idée de nous éviter le numéro insupportable du flic irresponsable, laissant apparaître le portrait d'un personnage intéressant, pur fruit du système qui a pourtant décider d'en faire parti.

Malheureusement, les scénaristes ne font pas l'effort d'expliciter les motivations de leur personnage et de mettre en valeur leur originalité. Avocat de formation devenu policier par choix, Mitchell est l'image même de l'agent qui joue selon les règles, montrant un réel agacement devant la capacité qu'à son partenaire de révéler ses faiblesses qu'il essaie en vain de cacher. Plus que deux policiers qui se détestent, ce sont surtout deux vrais amis en pleine crise existentiel et qui refuse de voir leur propre reflet dans le regard de l'autre.

C'est lorsqu'ils sont sur la défensive que les échanges verbaux prennent alors une tournure plus réjouissante, chacun s'amusant à tenter de déstabiliser l'autre pour prendre le dessus. Souvent amusante, ces séquences prouvent que Common Law pourrait donner un divertissement honnête si l'enquête du jour permettait de mettre en valeur l'antagonisme des deux héros. Malheureusement, la mécanique de la série est encore trop confuse et les personnages secondaires mal exploités, en particulier le duo réjouissant qui fait de la concurrence aux deux héros, duo opportuniste, mielleux et réjouissant.

 

 

Une identité à redéfinir 

 

Si le visionnage de ce pilot est loin d'être plaisant, c'est avant tout à cause de nombreuses erreurs de construction du scénario, les scénaristes prenant leur récit par le plus mauvais bout. Au lieu de nous montrer les deux héros au sommet de leur gloire pour leur donner un vrai costume de héros, les scénaristes nous montrent d'entrée une équipe en pleine crise, héros pathétiques et agaçants. Une faute regrettable tant il aurait été intéressant de présenter l'origine de leur discorde, l'instant mythologique où l'accord parfait a disparu entre eux, l'affaire du jour ne mettant pas en avant les causes possibles de celle-ci.

Nul doute que les scénaristes auraient fait ce choix si les personnages étaient plus élaborés, mais ce choix de bâcler la mythologie de la série risque vite de la condamner, celle-ci reposant sur une dynamique terriblement confuse. Seuls les seconds rôles comme Andrea Parker, Sonya Walger et Jack Mc Gee apportent un vrai plus à un divertissement qui manque d'un vrai développement digne de ce nom. Le choix de USA d'annuler le show de sa grille de Printemps pour la pousser en été laisse espérer une vraie reprise en main pour la suite tant ce pilot laisse à désirer.

Sans être désastreuse, Common Law n'entraîne pas l'enthousiasme d'un White Collar ou d'un Royal Pains au pitch parfaitement lisible et à l'univers cohérent. Pas assez efficace, le show possède un potentiel s'il verse un peu plus dans la comédie, l'intrigue policière manquant cruellement d'intérêt, reposant sur un faux suspect assez peu exploité. Beaucoup d'erreurs pour un seul épisode pour un constat assez triste, celui d'un show bancal à reconstruire complètement, fruit d'un manque évident de soin dans la préparation.

 

Faux départ 

 

Difficile d'être enthousiaste après un tel pilote, les soixante minutes n'offrant que trois séquences amusantes à se mettre sous la dent. Le plus inquiétant reste cette sensation d'un show qui fait du remplissage, avec en particulier la séquence de la station service, monument de nullité qui ruine une bonne part du potentiel de sympathie du show. Hésitant entre une comédie convenable et une intrigue policière assez calamiteuse, les scénaristes feraient bien de choisir la première approche tant cette première plongée dans l'univers de Common Law déçoit.

En conclusion, un pilot moyen malgré de bons comédiens et des seconds rôles convaincants, se heurtant à une intrigue principale ennuyeuse et une dynamique décevante. Loin des attentes, le show des Wibberley ne parvient pas à convaincre, offrant même quelques scènes totalement ratées qui laissent paraître le manque d'approfondissement dans le développement du projet. Poussif et sans grande originalité, cet épisode mise sur des séquences de thérapie conjugale mal exploitée et laisse comme seul espoir de voir le second épisode tirer plus profit de seconds rôles assez convaincants.

 

J'aime :

  •  le duo concurrent des deux héros, assez amusant 
  •  quelques répliques plutôt drôles 

 

Je n'aime pas : 

  •  la scène de la station-service désastreuse 
  •  poussif et peu dynamique 
  •  la première partie totalement bâclée 
  •  l'intrigue policière qui ne met pas le pitch de la série en valeur 

 

Note : 10 / 20 

Malgré des comédiens plutôt bons, surtout les seconds rôles, Common Law ne fournit pas le divertissement attendu, ne rivalisant pas avec les autres productions USA. Poussif et peu inspiré, le niveau de qualité de ce pilot explique les raisons qui ont poussé la chaine à reprendre en main la production. Dommage.

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Image Common Law (2012)
11.33
12.5

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