VIH, H5N1, Zika, Ebola, les twittos de TPMP, les risques d’une pandémie mortelle qui entraînerait l’Humanité vers sa fin sont nombreux et réels. Mais aussi un excellent sujet à traiter pour les scénaristes.
À mon sens, sur tous les multiples projets proposant de décrire une épidémie à grande échelle (Contagion, Alerte, etc.), seul le livre de Stephen King, Le Fléau, y est arrivé de manière convaincante. Enfin, sur les mille premières pages du pavé j’entends, car le dernier tiers avec son combat simpliste des Gentils contre les Méchants a un peu plombé le résultat final. En même temps, le King a toujours eu du mal à clore ses bouquins, mais là n’est pas le sujet du jour. Donc le manichéisme est justement le piège à éviter pour ce genre d’aventure, tout le monde doit être sur le même pied d'égalité devant le virus : riche comme pauvre, gentil comme méchant, beau comme moche.
Voilà que débarque le nouveau challenger, Containment sur CW. Alors, la fièvre nous a-t-elle atteint ?
Viens voir le docteur
La série commence par une scène de total chaos avec flammes, pillages et interventions musclées des forces de l'ordre avec le zèle qu’ils emploient parfois. Bref, on assiste à l’effondrement de notre civilisation. Pourtant, treize jours plus tôt, tout allait bien. Jusqu’au jour où un homme d'origine syrienne présentant les symptômes d'une grippe très poussée se présenta à l’hôpital d’Atlanta, avant de s'enfuir. Très vite, les personnes ayant eu des contacts avec lui tombèrent malades et décédèrent en quelques heures. En urgence, le gouvernement installa une quarantaine sur l’établissement pour contenir la propagation du virus. Mais il était déjà trop tard.
Vous l’avez compris, Containment ne perd pas trop de temps et plonge tout de suite les spectateurs dans la morve et les glaires. Et le rythme ne faiblit pas du pilote qui avance tambour battant. En quarante minutes, la série réussit à mettre son sujet sur les rails. Mission accomplie.
De même, si de prime abord, le choix de la nationalité du patient zéro pouvait paraître un peu étrange dans le climat actuel (de tous les pays du monde, pourquoi la Syrie ?), au final, cela est une bonne idée, permettant d’évoquer la menace du bioterrorisme.
Je ne suis pas bien portant
Le piège dans lequel était tombé Fear The Walking Dead (au sujet presque similaire) était d’avoir présenté, dès les premières minutes, des personnages énervants car se mettant tout le temps en danger par des comportements irréfléchis qui permettaient d’alimenter les épisodes en climax. Tel cet homme, prof de lycée, qui décide d’aller seul (!), de nuit (!!), sans prévenir personne (!!!), dans une crackhouse (!!!!), vérifier les rumeurs de cannibalisme qui l’agitent (!!!!!!!!).
Containement évite ce faux pas. Mais ne crions pas au génie trop tôt, car la troupe de personnages répond tout de même aux schémas classiques de ce genre de show, avec des personnages tous beaux et propres sur eux. De plus, le triangle amoureux installé ne sent pas la bonne idée, et risque de nous proposer des sous-intrigues un peu lourdes. Mais les protagonistes ne se fourvoient pas en gestes ou attitudes débiles et le rythme imposé permet qu’on les suive sans trop se poser de questions.
Pour l’instant.
À la limite, la femme à la recherche de son enfant qui menace le docteur de le contaminer pour qu’il la laisse entrer au cœur du secteur ultra sécurisé de l’hôpital a un comportement un peu disproportionné. Mais, comme on est bienveillant, on va fermer les yeux sur ce coup.
Et enfin, pour la représentation des effets physiques de la maladie, le pilote n'y va pas avec le dos de la cuillère, et sort de belles scènes bien peu ragoûtantes. C’est bien, c’est ce qu’il fallait faire.
Containment est pour l’instant une bonne pioche, grâce à un rythme soutenu et la transcription parfaitement rendue d’une atmosphère d’urgence et de début de fin du monde. Néanmoins, pour perdurer et rester crédible, elle devra se montrer sans pitié et ne pas hésiter à sacrifier une partie des beaux/belles gosses qui constituent son cast principal.
J’ai aimé :
- L’atmosphère « à fond la caisse » du pilote.
- Les scènes qui n’hésitent pas à être choquantes.
- Le dialogue sur Kardashian et le côté girouette des spectateurs.
- Le fait que lorsque je me suis promené après avoir vu le pilote, j’ai eu un petit sursaut à chaque fois que quelqu’un éternuait près de moi, preuve que l’inoculation a bien été faite.
Je n’ai pas aimé :
- Les personnages convenus, dont ce triangle amoureux qui n’augure rien de bon.
Ma note : 14/20.
Bonus :
Doc Gyneco : Viens voir le docteur
Gaston Ouvrad : Je ne suis pas bien portant