Critique : Copper 1.01

Le 27 août 2012 à 10:17  |  ~ 8 minutes de lecture
BBC America nous livre un nouveau drama historique centré sur les années 1860 aux Etats-Unis, date des débuts de la police, appelée à l'époque les Coppers.

Critique : Copper 1.01

~ 8 minutes de lecture
BBC America nous livre un nouveau drama historique centré sur les années 1860 aux Etats-Unis, date des débuts de la police, appelée à l'époque les Coppers.
Par alanparish

Quand Sherlock Holmes rencontra le western

 

L'histoire est assez simple : nous suivons la vie de Kevin Corcoran, Copper dans la ville de New York... En 1964. Ce policier a des méthodes assez particulières mais un sens de la justice irréprochable. Si ce pitch ne fait pas du tout rêver, il faut quand même reconnaître que ce pilot possède des qualités indéniables qui peuvent laisser espérer de bonnes choses pour la suite.

En premier lieu, l'univers. Depuis quelques temps maintenant, les scénaristes américains adorent revisiter leur passé en série comme dans Boardwalk Empire. Le New York de 1964 est parfaitement dépeint, le choc entre les riches et les pauvres est criant de vérité et la misère où baigne la majorité des gens fait peine à voir et réussit même à émouvoir par moment. Toute cette atmosphère est parfaitement aidée par des décors somptueux, dans lesquels un budget conséquent a dû être investi. De même les costumes sont très beaux et permettent de remarquer que les Coppers ne sont pas des hommes comme tout le monde.

Mais si des décors et des costumes suffisaient à faire une bonne série ça se saurait ! Il y a chez les Coppers un côté western assez rafraichissant, on sent qu'il y a une volonté de justice mais c'est encore maladroit à cause de la jeunesse de la « police ». Du coup les arrestations se résument d'avantage à des règlements de compte qui évoquent le Far West, dans un cadre de pauvreté où les hautes sphères ont mains mises sur tout. Il y a un côté dur et sombre dans cet épisode qui permet un réalisme encore plus fort et envoûte le spectateur.

Je n'ai pas encore parlé de l'histoire pour le moment, celle-ci étant sujette à débat. Rappelons que cette série est l'œuvre de deux scénaristes de renom : Tom Fontana (Homicide, Oz) et Will Rokos (Southland). Au vu des séries qui les précédent, on pouvait légitiment attendre un pilot de qualité, que ce soit dans le scénario ou dans la réalisation. Si ce dernier point est admirablement accompli, l'histoire que nous proposent les deux hommes laisse clairement à désirer. Un côté Sherlock Holmes se dessine rapidement chez le personnage de Kevin mais il ne va pas être assez appuyé et au final on va se retrouver avec un épisode plutôt terne et sans grande saveur...

 

Beau décor

C'est joliiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !


Mais qui est qui ?

 

Je vais être honnête, j'ai eu extrêmement de mal à me plonger dans cette série. Les vingt premières minutes sont brouillonnes comme pas permis et nuisent considérablement à la présentation des personnages et de la situation. J'ai eu beaucoup de mal à différencier Kevin de l'un de ses collègues à l'œil de verre, les deux hommes ayant la même morphologie, les mêmes vêtements et le même chapeau. Il faut dire que l'ambiance assez sombre, portée par un jeu de lumière peut-être trop appuyé, ne m'a pas du tout aidé. Il est assez délicat de comprendre qui fait quoi et qui a telles responsabilités ou non.

Néanmoins, le personnage de Kevin est bien travaillé et on comprend rapidement à qui on a à faire : un homme ayant un passé trouble, aimé de ses supérieurs. Il a des manières pas très orthodoxes (quoique pour l'époque ce n'est pas si surprenant que cela) et il a soif de justice. Si bien que son enquête sur la disparition d'une petite fille va lui montrer que ce sont les riches qui tirent les ficelles et que la justice n'est pas toujours au rendez-vous. Finalement Copper propose un sujet assez basique et connu, à savoir la manipulation les plus faibles par les hommes de pouvoir. La seule chose originale ici est l'époque où se déroulent ces manigances...

Malheureusement ce n'est pas le seul point faible de ce pilot. Si le personnage de Kevin est maitrisé, les personnages secondaires sont au mieux transparents, au pire catastrophiques, exception faite d'un médecin légiste noir qui peut apporter beaucoup au show par la suite. Mais c'est bien trop faible de n'avoir que deux personnages intéressants, pas une seule seconde on est intéressé par les collègues de Kevin ou par la petite fille. Clairement c'est un semi-échec de ce côté là, surtout quand on voit comment les personnages de Tom Fontana dans Oz sont intéressants et complexes.

Malgré tout, la seconde partie de l'épisode redresse la barre et l'on commence à comprendre comment fonctionne le système. Même si l'enquête sent le réchauffé, il n'en demeure pas moins intéressant de suivre la traque de Kevin ainsi que ses méthodes rudimentaires. D'ailleurs heureusement que l'acteur est convaincant, je dois bien avouer qu'il sauve les meubles.

 

Médecin légiste

Le légiste, seul personnage secondaire intéressant !


Alors verdict, faut-il continuer de regarder ?

 

Malgré son lot de points négatifs et un départ plus que poussif, Copper a le potentiel pour être une (très) bonne série. Enfin je dirais plutôt que c'est une série quitte ou double : gros navet ou bon petit drama. Copper s'inscrit dans les séries actuelles qui se jugent d'avantage sur une saison entière qu'épisode par épisode. Pour ma part je vais tout de même continuer de la regarder car on ressent un gros potentiel quand l'épisode se termine. Outre le cadre de l'action, j'ai particulièrement aimé cette atmosphère vraiment dure et limite fataliste, on a envie de voir d'avantage de scènes du quotidien dans le « bas peuple ». Une réelle bonne raison de poursuivre l'aventure avec Kevin...

Surtout que, à la différence d'un Longmire par exemple, Copper semble s'orienter sur une seule grosse enquête... Et tant mieux ! Le style loners étant, je pense, préjudiciable à ce type de série. On évite le schéma NCIS/procedural qui commence à pointer ses limites et à saturer le téléspectateur. Reste à savoir si les scénaristes vont réussir à nous pondre une histoire originale et audacieuse, car il faut bien admettre que pour le moment ce n'est pas folichon et qu'on a une désagréable sensation de vu et revu.

Cela étant dit, Copper se distingue par son époque et son voyage à travers les différentes couches sociales de New York à la sortie de la guerre de Sécession. C'est vraiment enrichissant pour le spectateur, il y a un côté culturel qui contrebalance efficacement le format policier de ces quarante minutes. Délicat, au final, de véritablement juger la série à la vue de ce pilot, ce dernier étant manifestement une sorte d'introduction à un plus grand récit. C'est juste dommage qu'il y ait autant de confusions et de maladresses durant la première partie de l'épisode car du coup il faut un certain degré d'investissement de la part du spectateur pour voir un peu plus loin que ces cafouillages...

Enfin, dernier point que j'avais envie de mettre en valeur, la musique. Pour information Kevin est un immigré irlandais et je trouve que c'est en quelque sort le petit kinder surprise qui fait plaisir. Le pays des trèfles à quatre feuilles m'a toujours plu et les passages où Kevin va au bar sous fond de musique celte traditionnelle (voir clichée pour certains) sont une petite sucrerie qui nuance un peu avec le ton très âpre du show. J'espère fortement que ce côté irish va être un peu plus mis en avant par la suite (oui c'est juste un souhait personnel, nullement primordial !).

 

Kevin et les inconnus

Au mileu Kevin. A ses côtés : euh....

 

Pour conclure, ce pilot de Copper est mi-figue mi-raisin. L'atmosphère est envoûtante et riche, servie par des costumes et des décors au top. C'est d'avantage du côté scénario que la bât blesse, l'histoire est insipide et sans grand intérêt pour le moment. Reste que Copper a la possibilité de devenir une bonne série, et c'est pour cette raison que je regarderai la suite par curiosité.

 

J'ai aimé :

  •  voir le New York des années 1860
  •  une réalisation propre et soignée
  •  les personnages de Kevin (l'irlandais) et du médecin légiste

 

Je n'ai pas aimé :

  •  que ce soit beaucoup trop brouillon sur les vingt premières minutes
  •  une enquête peu passionnante et peu originale
  •  des personnages secondaires fades, un peu comme cet épisode d'ailleurs

 

Note : 11/20

L'auteur

Commentaires

Avatar sephja
sephja
Très joli critique. Hélas, je suis obligé de reconnaître que tes reproches sont justifiés, la série coince vraiment à son démarrage et pourtant, il y a vraiment quelque chose. Allez, je vais voir l'épisode deux, moi...

Avatar darshan974
darshan974
une série avec du potentiel, reste à voir la suite.

Image Copper
12.56
12.12

Derniers articles sur la saison

Aucun article similaire.