Critique : Devious Maids 1.01

Le 29 juin 2013 à 00:17  |  ~ 6 minutes de lecture
Marc Cherry, le créateur de Desperate Housewives, revient sur Lifetime avec sa nouvelle série Devious Maids. Série qui rejoint sa grande soeur sur de nombreux aspects…

Critique : Devious Maids 1.01

~ 6 minutes de lecture
Marc Cherry, le créateur de Desperate Housewives, revient sur Lifetime avec sa nouvelle série Devious Maids. Série qui rejoint sa grande soeur sur de nombreux aspects…
Par alanparish

Tu viens d’Amérique latine ? Eh bien tu seras une domestique alors !

 

Initialement prévue sur ABC, l’histoire de Devious Maids, inspirée d’une tele novela mexicaine, prend place dans les quartiers huppés de Los Angeles où toutes les riches maisons possèdent leur femme de ménage. Ces domestiques, toutes des femmes d’origine latine, forment une bande de copines qui raconte chacune leur vie parfois difficile avec leur patron respectif lors de leur temps libre. Ce pilote permet ainsi de présenter les diverses protagonistes ainsi que leur lieu de travail, le tout sous fond d'un meurtre qui sert de fil rouge.

 

Car l’épisode commence de manière très abrupte avec une séquence parfaitement mise en scène : la mort d’une des leurs. Vous trouvez que c’est un copié collé du pilote de Desperate Housewives ? Vous n’avez pas tort, et malheureusement, la comparaison ne s’arrête pas là. Mais revenons tout d’abord sur cette mort ! Si elle parait en premier lieu être la trame principale de la série, on réalise au fil des minutes qu’elle constitue un événement annexe, concernant essentiellement un seul personnage : Marisol.

 

Marisol (vue également dans Ugly Betty) débarque dans le monde des domestiques suite à la mort de Flora. C’est incontestablement le personnage le plus intéressant de ce pilote car le plus énigmatique, bien que le twist en fin d’épisode lève le voile sur ce que l’on pouvait imaginer sur elle. Le spectateur se sent également plus proche d’elle car elle découvre en même temps que lui ce monde où les riches traitent leurs employés comme des moins que rien ou des êtres inférieurs.

 

Ces riches sont représentés par le biais de plusieurs familles dans lesquelles les clichés s’accumulent : le mari qui couche avec la bonne, le beau gosse superstar ultra égocentrique, la seconde femme vingt ans plus jeune que son mari et j’en passe… Tous ces stéréotypes tirent la série vers le bas, nuisant très fortement à la crédibilité de l'univers (et je ne m'étendrait même pas sur le fait que les femmes de ménages travaillent avec des robes moulantes et des hauts talons ! Que cela doit être pratique...).

 

Heureusement, la bande des latinas relève un peu le niveau. Outre Marisol, nous avons le droit à la sulfureuse Carmen (vue dans Without A Trace) qui essaye de percer dans le milieu musical, Rosie qui s'efforce de faire venir son fils mexicain aux États-Unis (ce qui met bien en évidence les difficultés qu’éprouvent les immigrés à faire valoir leurs droits) et Zoila qui a sûrement la storyline la plus faible, car elle travaille pour la famille la moins intéressante. L’enchaînement de ces diverses petites scènes, tantôt comiques, tantôt scandaleuses, est plutôt agréable à suivre mais manque clairement de profondeur.

 

 

Le p'tit pull marine...

Mais qui a tué Pamela Rose Flora ?

 

Devious Housewives

 

Tout au long de ce pilote, on sent clairement la patte de Marc Cherry : l'épisode dégage en effet comme une sensation de Desperate Housewives bis, à la différence que les rôles ont été inversés. Finies les histoires de ménagères aisées, place aux vies quotidiennes des femmes de ménage. Devious Maids marque un échange de point de vue par rapport à son ainée : on voit le monde à travers les yeux des gens au bas de l’échelle. Le principe est intéressant, reste à voir si le résultat sera fondamentalement différent.

 

Car nous retrouvons aussi tout ce qui a fait le succès de Desperate : chaque famille a ses secrets, plus ou moins lourds, et qui exploseront aux yeux de tous tôt ou tard. Chaque domestique désespérée a une personnalité bien différente. D’ailleurs, à défaut d’avoir des personnages et des histoires vraiment marqués, on appréciera la prestation du casting latino qui essaye de donner de l’épaisseur à l’ensemble. On regrettera quand même cette forte différenciation entre patrons et employés : une série comme Downton Abbey, certes dans un registre totalement différent, avait réussi à créer une véritable osmose entre tous ses personnages dès son pilote, chose que ne parvient pas à reproduire Devious Maids.

 

Malgré un épisode plaisant à visionner, le message délivré par ce pilote est quelque peu gênant : durant près de quarante minutes, l’accent est mis sur le clivage riche/pauvre, si bien que cela en devient limite irritant. Apparemment à Los Angeles, quand on est d’origine latine, on est condamné à faire le sale boulot des riches ! Faut-il voir ici une dénonciation de la condition des immigrés aux États-Unis ? Ou reste-t-on dans ces éternels clichés qui commencent à devenir sérieusement dégradants pour toute une population ? Pour ma part, j’ai du mal à croire que Marc Cherry essaye de provoquer une prise de conscience chez le spectateur, je pense davantage qu’il use et abuse des clichés. Le pire restant certainement cette désagréable sensation qu’être femme de ménage apparaît comme un métier honteux…

 

Enfin un dernier point pénalisant pour le show : la musique latino omniprésente. Alors oui, c’est sympa d’en entendre une fois de temps en temps, cela donne une ambiance assez légère. Mais ici la présence de ce genre de musique est systématique lors de passages sans paroles, comme si on voulait masquer un vide scénaristique. Et du coup, on ressort de l’épisode complètement dégouté par ce style de musique pour un certain temps…

 

 

Bye bye

Effectivement on va se dire au revoir maintenant !

 


Devious Maids est le parfait exemple de la série estivale non prise de tête reprenant les ingrédients de soap qui fonctionnent. Si la majeure partie du public restera insensible aux histoires de nos femmes latines (et les audiences le confirment), la série trouvera preneuse pour celles et ceux qui ont aimé Desperate Housewives. Ce ne sera pas la série du siècle, loin de là, mais elle peut être satisfaisante comme « série d’attente » pour la rentrée en septembre ! Quoique dans le même style, Mistresses semble plus fun à suivre…

 

 

J’ai aimé :


  •  l'introduction
  •  le twist sur Marisol (je m’attendais à un autre type de lien)
  •  le casting latino performant

 

 

Je n’ai pas aimé :


  •  voir une (pâle) copie de Desperate Housewives
  •  la musique latine très très chiante
  •  l'accumulation de clichés dégradants pour les immigrés mexicains

 

 

Note : 10/20

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