Critique : Endeavour 1.01

Le 04 janvier 2012 à 18:58  |  ~ 9 minutes de lecture
Un prequel tiré des livres des enquêtes de l'inspecteur Morse qui surprend par la qualité de la mise en scène et des interprètes dans une intrigue policière classique, mais efficace.
Par sephja

Critique : Endeavour 1.01

~ 9 minutes de lecture
Un prequel tiré des livres des enquêtes de l'inspecteur Morse qui surprend par la qualité de la mise en scène et des interprètes dans une intrigue policière classique, mais efficace.
Par sephja

Meurtre à Oxford 

Endeavour Morse est un jeune détective appelé pour participer à l'enquête sur la disparition d'une adolescente à Oxford dans l'Angleterre des années soixante-dix. Il va alors se retrouver assigné à enquêter sur la vie privée de la victime, découvrant qu'elle recevait d'étranges messages par le biais de mots croisés, signe d'une vie secrète des plus mystérieuses. Personnalité introverti et hésitante, Morse garde toujours sur lui sa lettre de démission, n'arrivant pas à se sentir à son aise dans ce métier. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode surprenant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un prequel singulier et particulièrement soigné 
  •  un personnage principal fascinant et mystérieux 
  •  une enquête plutôt prenante dans les secrets de la haute société 
  •  un pilot sans fausse note 

 

 

Un reboot élégant et convaincant 

Bon, j'entends déjà les personnes se moquer de cet article en voyant apparaître le nom de l'inspecteur Morse, série légèrement poussiéreuse qui aura duré douze saisons avec John Thaw. En proposant un reboot, ITV 1 se risquait à la comparaison, surtout qu'il semblait difficile de tirer plus des romans de Colin Dexter que la série originale. De plus, un seul épisode ayant été commandé, sa présence sur SerieAll peut paraître singulière, son statut se limitant pour l'instant à n'être qu'un simple téléfilm, mais la belle réussite qu'il constitue et son succès d'audience laisse espérer un prolongement à plusieurs épisodes.

En se replaçant à l'origine de la carrière de Morse dans la police, la série balaye le souvenir de son aîné, proposant dès les premières scènes une qualité de mise en scène et de reconstitution assez surprenante. Dès le début, les décors et les costumes nous immergent totalement dans l'univers particulier d'Oxford, porté par une photographie très séduisante qui donne un ton très réaliste à cet épisode. A l'image de son personnage principal, la narration est très contemplative, dressant le portrait très naturaliste d'une société en apparence distinguée, mais cachant de sombres secrets. 

Avec sa réalisation soignée et son casting remarquable, Endeavour se montre d'entrée très captivante, les quatre-vingt dix minutes de ce prequel s'avalant sans la moindre difficulté. Sans faire preuve de l'originalité géniale de Sherlock, cet épisode propose un reboot honnête et élégant d'une franchise que je pensais morte jusqu'à un final assez intense qui va vraiment forcer Morse à se remettre profondément en cause.

 

Un policier qui rêvait à une autre destinée

Pour remplacer John Thaw, les auteurs ont l'excellente idée de faire appel à Shaun Evans, jeune comédien qui va interpréter un Morse hanté par son passé et cette impression persistante de ne pas être à sa place. Troublé et fascinant, il se montre d'entrée peu sociable, préparant une lettre de démission au cas où, refusant de prendre au sérieux un travail dans lequel il ne sent pas à son aise. Pourtant, il reste un détective consciencieux, mais travaille en marge de l'enquête officielle sur des pistes que la plupart jugent grotesques.

Le fait qu'il ait raison dans un premier temps va lui permettre d'attirer l'oeil de Fred Thursday, un de ses supérieurs qui va se charger de le prendre sous son aile, le jeune homme refusant de s'imposer seul. Le talent de Roger Allam permet de constituer un duo assez épatant, base solide sur lequel l'épisode va pouvoir s'appuyer, Morse restant fréquemment en retrait face à l'autorité. Deux cadavres apparaissent, plaçant lentement la police face à deux morts visiblement liés, un jeune homme qui se serait suicidé après le meurtre de celle dont il faisait la cour en vain.

Loin d'être le chef de cet enquête, Morse se heurte à une hiérarchie récalcitrante, interprété par un Danny Webb particulièrement convaincant, choisissant d'écraser les pieds de ce jeune blanc-bec. Loin d'être exempt de toute faute, Endeavour trouve refuge auprès de l'épouse d'un suspect, joué par Abigail Thaw qui interprète une ancienne chanteuse d'opéra dont il est un grand admirateur. Il apparaît vite que Morse possède une fragilité telle qu'il ne peut créer des liens avec une personne sans que la relation prenne immédiatement un ton très intime, souffrant encore du souvenir de la disparition de sa mère. 

De nombreux éléments de la vie du jeune homme restent obscurs, montrant tout le potentiel à exploiter de ce reboot particulièrement ingénieux. Shaun Evans est très convaincant dans ce rôle d'un jeune homme troublé, à la recherche de sa place dans un univers qui semble incapable de le comprendre, d'une société qui rejette son caractère entier.

 

 

Un polar descriptif efficace 

Il existe deux types de policiers dans les séries télévisées : les caractériels qui traînent avec eux leur propre univers, adaptant l'univers de la mission du jour à celui-ci et ceux plus discret qui s'intègrent à cet univers pour mieux en comprendre les règles. Morse appartient à la seconde catégorie et parait au premier coup d'oeil assez effacé dans les grands bâtiments d'Oxford, écrasé par cet univers très vertical. Originaire de cette ville, il retrouve sur place des amis d'enfance qui pense le connaître, mais vont s'avérer n'être que des amis de façade de ce garçon discret et avare en amitié. 

Au fur et à mesure de l'enquête, Morse va révéler un monde secret enfoui dans un univers distingué et honorable en apparence, se heurtant alors au mystérieux Dempsey qui va marquer la limite de son champ d'investigation. Personnage étonnant, joué par John Light remarquable, il inscrit un début de mythologie dans la série, individu puissant et mystérieux qui veille à protéger les secrets des puissants de ce monde. Enquêteur acharné, Morse va creuser au plus profond en dépit des menaces qui pèsent sur lui, montrant un refus du compromis qui fait de lui un héros intègre. 

Une enquête au final très intense et cohérent qui ne laissera pas le héros indemne et le spectateur ravit, même si la progression de l'intrigue ne réserve pas de grosses surprises. Loin des éclats de génie de Sherlock, Morse apparaît comme un travailleur acharné, prêt à tout pour révéler les secrets les plus obscurs, quitte à mettre en péril ses propres supérieurs et sa carrière. Un homme qui suit ses propres convictions avec un orgueil encore naissant, tenant dans sa poche une lettre de démission déjà prête si nécessaire. 

 

En conclusion ...

Je sais déjà que beaucoup de voix vont s'élever contre mon choix de réserver une place à ce qui n'est pour l'instant qu'un téléfilm. Certes, un épisode ne fait pas une série, mais celui-ci possède toutes les caractéristiques d'un pilot, avec une fin ouverte à un prolongement qui semble inévitable. Au vu du succès de cet épisode, je fais un pari sur l'avenir, en espérant qu'Endeavour connaîtra le destin qu'elle mérite de la part d'ITV1 (6,5 millions de téléspectateurs à première vue pour ce premier épisode). Moins enthousiasmant que Sherlock, un nouveau reboot réussit qui laisse de nombreux espoirs pour la suite, porté par l'écriture précise de Russel Lewis (Cadfael)

En conclusion, un pilot très réussi grâce à une maîtrise de la mise en scène remarquable, une photographie superbe qui met parfaitement en valeur une reconstitution très réussie d'une Angleterre des années soixante-dix. Si la progression de l'intrigue reste assez prévisible, l'ensemble ne manque pas de charme grâce à la conviction des comédiens et à certains personnages charismatiques comme Dempsey et Lott. Un coup d'essai qui appellera, je l'espère, à la commande d'une série complète, tant ce reboot particulièrement efficace montre que la franchise "Détective Morse" est encore capable de se réécrire, à ma grande surprise.

J'aime :

  •  la réalisation superbe de Colm Mc Carthy 
  •  le casting surprenant 
  •  le caractère singulier d'un héros assez attachant 
  •  le final très réussi 

 

Je n'aime pas : 

  •  une progression assez prévisible

 

Note : 14 / 20 

Un reboot des enquêtes du détective Morse qui surprend par la qualité de sa mise en scène et la force de son casting qui parvient à faire exister cet univers entre bonne société et pratique perverse. Une bonne surprise qui a su trouver son public, en espérant qu'ITV 1 aura l'envie de passer commande pour une saison complète au vu de ce pilot convaincant. 

L'auteur

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