Critique : Eternal Law 1.01

Le 07 janvier 2012 à 06:41  |  ~ 9 minutes de lecture
Un pilot décevant qui gâche une idée de départ intéressante par un scénario totalement grotesque.
Par sephja

Critique : Eternal Law 1.01

~ 9 minutes de lecture
Un pilot décevant qui gâche une idée de départ intéressante par un scénario totalement grotesque.
Par sephja

Angel Heart

Tom et Zac sont des anges envoyés sur Terre dans la peau de deux avocats avec comme mission de venir en aide à ceux en qui plus personne ne croit. Ils atterrissent alors dans le York où il retrouve la mystérieuse Mrs Sheringham qui leur donne leurs papiers et une nouvelle identité. Si Greenings est un nouveau bourré d'enthousiasme qui apprécie le monde des hommes, Zac Gist se montre beaucoup plus cynique, tombant au hasard des rues sur une personne qu'il a connue dans une incarnation précédente. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode raté que l'on peut détailler ainsi :

  •  un scénario totalement incohérent qui franchit les limites du grotesque 
  •  un point de départ singulier et un duo qui peine à s'imposer 
  •  quelques rares qualités qui laissent entrevoir la possibilité d'une série différente 
  •  un pilot peu convaincant 

 

 

Les voies de Dieu sont impénétrables 

Nouvelle série créé par les auteurs de Life On Mars, Eternal Law propose une idée de départ intéressante, avec ces deux anges envoyés sur Terre pour jouer les avocats des causes perdues. La réputation des deux scénaristes, malgré le double épisode désastreux de Matthew Graham pour Doctor Who cette année, m'encourageait à laisser une chance à une série qui va malheureusement confirmer les craintes. Totalement raté, le scénario confirme la mauvaise passe du duo en ce moment, nous livrant une nouvelle intrigue ridicule et totalement incohérente.

En effet, les deux anges sont censés défendre un sniper qui a tiré avec son fusil sur la foule présente pour un mariage, causant plusieurs blessés. C'est Tom, le plus jeune des deux anges, qui l'a désarmé et l'idée de devoir lui venir en aide ne l'enchante pas vraiment, ayant été témoin direct du massacre. Le but est de définir la série comme un show judiciaire où les apparences vont être trompeuses, avec étude de la scène de crime et reconstitution des évènements. Le seul problème est que cette histoire n'a absolument ni queue ni tête, la faute à une étape d'introduction totalement bâclée, Graham cherchant avant tout à poser le concept de la série.

Les évènements ne sont pas cohérents les uns avec les autres, le procès relève presque du grotesque et le final remporte la palme de l'invraisemblance totale. Le scénario est totalement prévisible, l'intrigue horriblement confuse et la réalisation multiplie les fautes de raccord d'une histoire qui n'a pas le moindre sens. Sans jamais expliquer ou prendre le temps de mettre en place les personnages, Matthew Graham parvient à sa conclusion en faisant fi de toute cohérence ou subtilité, gâchant au passage quelques bonnes idées. 

 

Les anges, il faut avant tout y croire 

Comme point de départ, l'intervention d'anges sur Terre me fait immédiatement penser au chef-d'oeuvre magnifique qu'est le film "Les Ailes du Désir" du cinéaste allemand Wim Wenders. Loin du travail remarquable sur le son et la mise en scène de cet oeuvre de référence, Eternal Law possède quelques qualités indéniables, dont une esthétique très verticale constituée de plongée et contre-plongée assez élégantes, ainsi qu'une bande-son plutôt agréable. Le principal problème de ce show vient clairement du scénario, totalement inepte et invraisemblable entrainant chez les comédiens une difficulté à incarner des personnages mal construits.

Le plus jeune s'appelle Tom (voir ci-dessous), un ange débutant son existence terrestre, ignorant tous des règles à suivre et surtout de la cruauté des hommes. Optimiste par nature et idéaliste à l'excès, il incarne d'entrée un personnage positif, mais sa maladresse le rend aussi un peu trop passif, la faute à un patron qui ne leur laisse qu'un minimum de liberté d'action. Pour prouver son manque d'expérience, les auteurs nous offrent une scène d'introduction ridicule où il rencontre son futur client, scène qui, par la suite, va s'avérer être particulièrement incohérente. 

Pour l'accompagner, il lui a été associé Zac, un ange confirmé et habitué au monde des hommes où il a déjà vécu plusieurs incarnations, portant un regard cynique sur les êtres humains et surtout sur son patron. Le concept de Dieu va être un des rares points positifs de l'épisode, pendant que les deux anges doivent sauver leur client en respectant les règles, à savoir ne pas entraver le libre arbitre des êtres humains. Moins à cheval que son jeune collègue sur les règles, il est le plus intéressant des deux à première vue, même si son histoire avec Hannah est vraiment peu crédible. 

Choix discutable, ces règles que le patron impose aux anges pour réaliser leur mission, à savoir respecter le libre arbitre, ne pas s'attacher à leur victime et rester le plus neutre possible est un frein à l'action. Trois principes qui font du duo des simples observateurs passifs et assez impuissants, avant que Zac montre l'intérêt de les détourner, ayant lui-même entretenu une relation affective avec une femme auparavant. Des éléments de mythologie assez minces au final, mais qui viennent sauver une intrigue principale désastreuse multipliant les invraisemblances. 

 

 

Sur la Terre comme au ciel 

Qui dit créature céleste dit bien sûr mythologie importante, celle-ci réservant quelques pistes intéressantes, en particulier dans la relation complexe qui lie les anges à Dieu. Souvent appelé M. Montjoy, son image est vraiment celle du père, à la fois généreux et cruel, mais surtout très silencieux envers ces représentants qui peinent à comprendre la raison de leur présence et de leur lutte. C'est là le plus gros problème de la série, à savoir donner un vrai sens à l'intervention divine, le final de cet épisode désastreux ne permettant pas de conclure quoi que ce soit, à part la morale suivante : "Mentir c'est mal".

Dieu est cruel et certains anges sont passés de l'autre côté, opérant ici dans le rôle du procureur sous le visage du comédien Tobias Menzies. Le côté très théâtral de son jeu correspond bien avec sa nature tragique et à l'image classique de l'ange accusateur, mais agace petit à petit alors que le scénario abuse du même effet encore et encore. A plusieurs reprises, la mise en scène essaie d'insister sur l'aspect méchant des anges déchus, là où ceux-ci mériteraient d'être développés avec plus de finesse, incarnant finalement un désir compréhensible de s'affranchir du père. 

Au final, Eternal Law dispose d'une vraie mythologie intéressante, mais n'en tire pas du tout profit en construisant la série sur aucun véritable mystère. Tout est cliché, surligné à l'excès et ne réserve que peu de surprises, hormis quelques dialogues intéressants concernant notre conception de la foi. Faire une série sur les anges sans mettre en place le moindre secret, voilà une jolie performance réalisée par des auteurs vraiment peu inspirés.

 

Un show mal parti

Si le nom des créateurs et le souvenir de Life On Mars m'ont d'abord poussé à m'intéresser à Eternal Law, mon enthousiasme est clairement douché par ce pilote inégal, voire même carrément décevant. Rien ne fonctionne vraiment et le duo n'inspire ni sympathie, ni colère, juste une douce indifférence devant ces anges qui ne semblent pas eux-mêmes savoir ce qu'ils font là. Je continuerais encore un épisode, car il ne faut jamais juger une série à son pilote, mais la tentative des auteurs de mêler onirisme et judiciaire est pour l'instant un échec. 

En conclusion, un pilot assez désastreux, la faute à un scénario incohérent, totalement confus et à la conclusion très invraisemblable. Une série qui ne véhicule rien de particulier, association étrange entre une histoire d'anges rédempteurs et une intrigue judiciaire totalement grotesque. Le manque de soin apporté aux détails et la mise en place bâclée ruinent toutes les tentatives de nous faire croire à cette histoire de sniper lamentable, laissant quelques regrets à la vue des rares qualités de la série.

 

J'aime : 

  •  l'utilisation des plongées et contre-plongées 
  •  quelques rares dialogues 


Je n'aime pas :

  •  le scénario ridicule 
  •  le pitch de départ mal exploité 
  •  certains passages si incohérents qu'ils deviennent incompréhensibles 
  •  la séquence de résurrection
  •  Ukweli Roach peu convaincant

 

Note : 08 / 20 

Etant donné que ce n'est qu'un pilote, je me montre assez gentil car Eternal Law est un vrai ratage, non pas par son concept assez original, mais à cause d'une intrigue absolument lamentable. Heureusement, l'esthétique est beaucoup plus soigné que l'histoire qui cumule incohérences flagrantes et un manque de crédibilité fatal. Décevant.

L'auteur

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