Le bien commun contre la satisfaction personnelle
Une grève se prépare au sein des services de transport de la ville et le juge Nicastro demande à Kate Reed de faire la médiation entre les représentants du syndicat et leurs employeurs, afin d'échapper à une paralysie totale. Seulement, Kate est aussi préoccupée par son baiser avec Ben, essayant de l'éviter le plus possible alors que celui-ci tente par tous les moyens de l'inviter à diner. Pendant ce temps, Lauren inaugure un tableau qu'elle vient d'acquérir, mais qui se fait dégrader par un jeune homme à coup de pistolet à peinture rose.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue principale nerveuse et intéressante
- une histoire de peinture à l'intérêt limité
- l'importance de la relation entre Kate et Ben
- un prochain épisode décisif
Un juge en pleine tourmente
Difficile de faire une critique cohérente de cet épisode fait de bruits et de fureurs sans évoquer le cas de Kate Reed et de Ben Grogan, ce qui risque d'entraîner quelques spoilers inévitables. Un twist inattendu et très discutable qui vient supplanter une intrigue principale plaisante autour d'un conflit syndical risquant la paralysie des transports communs. L'ambiance est tendue, survoltée, et l'épisode affiche un rythme endiablé qui le rend particulièrement immersif, à l'exception d'un "bip" ridicule et inutile qui vient couvrir la réaction de la comédienne, exemple parfait des quelques mauvaises idées qui vont venir gâcher l'ensemble.
Heureusement, le départ de la table des négociations du chef du syndicat va ramener le show à sa routine habituelle, forçant Kate à percer les origines des rancoeurs entre les partis en présence. La dynamique du scénario va alors reposer sur la relation entre Sarah Shahi et Gerald Mc Raney, le juge occupant une place délicate dans cette histoire, chargé dans ce conflit de toute la responsabilité concernant la décision finale. L'occasion de montrer une Kate plus mature et déterminée devant l'importance de l'enjeu, ne ménageant pas ses efforts pour atteindre son but, même si le dénouement reste assez prévisible.
Dans le bruit et la fureur, l'héroïne impose son caractère pour un scénario qui pose la question de la difficulté de rendre la justice lorsque le bien commun est en cause. Pris dans une intrigue familiale intéressante, cette intrigue apporte une épaisseur nouvelle à sa relation avec ce juge qui incarne à ses yeux une figure paternelle de substitution à Teddy. Une histoire plaisante et très dynamique qui offrirait un très bon divertissement si la scène de la découverte des prospectus n'était pas aussi ridicule, instant grotesque qui nuit clairement à un dénouement assez décevant.
Le prix de l'originalité
Pendant que Kate se débat comme un beau diable, Lauren expose dans son cabinet un tableau dont elle vient de faire l'acquisition et qu'un inconnu bombarde à coups de peinture rose. Une intrigue plutôt comique à première vue qui démarre assez bien grâce au duo Leo - Grogan, avant de basculer dans le pathétique par son absence total d'enjeux et d'intérêt. Vexée dans son orgueil, Lauren s'enferme dans une posture de victime qui ne lui convient pas, reprenant un thème du copyright déjà exploité avec cette histoire de tableau en rupture totale avec l'arc concernant les problèmes financiers de Reed and Reed.
Au lieu d'apparaître comme une combattante cherchant à se sortir du trou, la volonté de Lauren d'investir dans un tableau parait pour le moins hors de propos et maladroit. Loin des habitudes de ce début de saison, Fairly Legal nous offre une intrigue faible et assez décevante, simple variation par rapport à celle de la semaine passée sur le copyright, bien mieux réussie. Délaissant étrangement une mythologie pourtant intéressante tournant autour de la bataille pour la survie de Reed and Reed, les auteurs semblent caler brutalement, donnant l'impression de chercher à vouloir se justifier de leur plagiat flagrant concernant la sous-intrigue de l'épisode sept clairement empruntée à Ringer.
A force de se concentrer que sur des questions morales et éthiques sans lien direct avec les personnages, les auteurs de Fairly Legal prennent le risque d'affaiblir la mythologie, perdant lentement une partie la dynamique du début de saison. Mauvaise idée, cette histoire de tableau est sans conteste la première fausse note de cette saison, malgré des acteurs qui parviennent encore à sauver la mise. Une suite de petites fautes qui entachent cet épisode avant d'évoquer l'affaire Ben Grogan, m'obligeant à poser une grosse balise spoiler pour le prochain chapitre.
Déliquescence et contradiction (Spoiler alert)
Comme toujours cette saison, les comédiens restent l'élément moteur de l'épisode, leur interaction fournissant de nombreuses séquences comiques, en particulier entre Grogan et Reed. La figure de Sarah Shahi dans l'ascenseur lorsque Ryan Johnson lui lance "it's a date" est absolument irrésistible, marquant une rupture entre l'enthousiasme touchant de l'avocat et l'incapacité de Kate à l'envisager autrement que comme un personnage néfaste. Une rupture qui devient brutale lorsque les scénaristes vont prendre un gros risque en renvoyant la jeune médiatrice dans les bras de Justin, revirement étrange qui nous ramène sans raison une saison en arrière.
Nul doute qu'un choix aussi saugrenu doit avoir une justification, mais l'effet désastreux de ce twist sur l'image de la médiatrice suffit à se poser la question de l'existence d'une quelconque cohérence derrière ce revirement. La voir retomber sous le charme de son ex-mari appuie l'idée d'un personnage qui refuse d'évoluer, réveillant les souvenirs frustrants de l'ère Sardo tout en annihilant l'alchimie indéniable qui s'était crée entre elle et Ryan Johnson. Une machine arrière désagréable, mais qui possède le mérite de montrer l'importance prise par ce nouveau personnage à l'intérieur du show, son éventuel disparition semblant désormais impossible à envisageable.
En cassant l'intrigue romantique entre Kate et Ben, les auteurs ont pour l'instant ruiné l'un des éléments moteurs de cette saison, effaçant la trahison initiale qui avait marqué le début de saison avec Justin. Personnage capricieux et lunatique, Kate agit en égoïste et privilégie ses propres pulsions au bien commun d'un show qui perd alors un de ses principaux attraits. L'opposé de Lauren qui choisit le bien commun au détriment de son propre orgueil, comportement beaucoup plus adulte et cohérent avec son désir de prendre son destin en main.
Verdict la semaine prochaine
Difficile de juger un tel épisode tant le choix de Kate parait pour le moins énervant, brisant la progression jusqu'ici cohérente de ce début de saison. L'avenir seul pourra permettre de décider de la justesse d'un tel choix, inscrivant définitivement Ben Grogan comme la réussite de cette saison, avec l'évolution de Lauren vers une plus grande affirmation d'elle-même. Avec cette conclusion discutable, Fairly Legal laisse entrevoir la possibilité d'un retour en arrière qui serait réellement dommageable, laissant quelques inquiétudes sur la suite de la saison.
En conclusion, un épisode plaisant grâce à une intrigue entre Kate Reed et le juge Nicastro plutôt intéressante, profitant d'un casting toujours aussi impeccable. L'ambiance est légère et dynamique et seule la storyline décevante de Lauren vient entacher un divertissement particulièrement plaisant. Hélas, l'astuce des prospectus et la conclusion de l'histoire autour du rendez-vous de l'héroïne avec Ben Grogan sont autant de fausses notes qui viennent nuire à un épisode brutalement beaucoup moins réjouissant. Une conclusion qui laisse dans l'expectative, l'avenir seul pouvant nous dire les conséquences que ce choix plutôt saugrenu aura sur la série.
J'aime :
- Sarah Shahi en pleine forme
- les scènes entre Kate et Ben
- l'intrigue principale plaisante ...
Je n'aime pas :
- ... à l'exception d'une conclusion bâclée
- la reformation du couple entre Kate et Justin
- la storyline du tableau ennuyeuse et fade
Note : 12 / 20
Tout avait pourtant bien démarré avec un épisode rythmée, porté par une Sarah Shahi en pleine forme et des comédiens impeccables. Malheureusement, la conclusion ne se montre pas à la hauteur, laissant quelques inquiétudes pour la suite, première fausse note dans une seconde saison jusqu'ici sans faute.