Kirkman, le showrunner de la saison 6 de The walking Dead, a prévenu :
Les trois premiers épisodes seront assez intenses.
Ce à quoi les mauvaises ont ajouté : "Comme toujours avec TWD ; c’est toujours après que ça se gâte."
Ah, ces mauvaises langues, je vous jure. Mais elles n’ont pas entièrement tort : c’est un peu toujours le même schéma, année après année : un début de saison fracassant, un final de demi-saison qui envoie du bouzin et un final plein de promesses. Entre les deux ? Beaucoup de remplissage, de péripéties ou de scènes d’action inutiles (cache-cache à la ferme, jardinage de prison ou exécution gratuite et gore de personnages secondaires) pour faire passer le temps. C’est pour cette raison que certains d’entre nous se sont lassés de la série.
Autre souci, la qualité des comics commence aussi à se nécroser. On sent que le même Kirkman arrive à court d’idées, comme en témoigne cet aveu d’impuissance qu’est le saut dans le temps des derniers volumes.
Merci AMC.
Et voilà que débarque en cette période d’inspiration en berne, le spin-off de The Walking Dead, qui va retracer les premières heures de l’invasion des morts-vivants (les walkers) et la précipitation de notre monde dans le chaos.
Et comme je suis quelqu’un de naïf et d’optimiste, je veux y croire. Fear The Walking Dead va-t-elle corriger les défauts de sa grande sœur ? La série va-t-elle donner aux zombies LA série noire et crépusculaire qu’ils méritent tant ?
Allez, on y croit.
Fear The Originalité
On ne va pas tergiverser longtemps, c’est non, mon cul, ce spin-off prend le pire des départs.
Explication. La critique la plus récurrente envers The Walking Dead concerne ses personnages. Comme beaucoup d’autres séries de ce genre, ils ne sont pas très élaborés et obéissent aux besoins des scénaristes, principalement fournir de l’action et du sang aux spectateurs affamés. En conséquence, ils peuvent changer de comportement d’un épisode à un autre et devenir incohérents, voire affligeants de bêtise ou d’imprudence. À cause de leurs agissements de girouette, ces têtes de linotte deviennent de véritables têtes à claque, voire pour certains, nos têtes de turc (Andrea, Lori, Shane).
Fear The Walking Dead ne rectifie en rien le tir.
Ah qu’est-ce qu'on est bien dans un monde paisible et sans morts vivants.
Alors qu’il était légitime d’imaginer que la série allait multiplier les protagonistes, elle fait le choix surprenant de ne se concentrer que sur une seule et même famille. Il est certain que d’autres personnages feront leur apparition très rapidement, mais dans ce pilote il n’y a qu’une famille de six personnes.
La famille Bonheur.
Manque de bol, les membres qui la composent sont attérants. Et particulièrement les trois ados qui sont détestables tant ils passent l'épisode à bougonner, se plaindre, râler, bouder, renâcler ou tirer la tronche comme la bonne caricature qu’ils sont. Dans le lot, Nick mérite les baffes félicitations du jury, en jouant au malin et en refusant, parce que les scénaristes en ont décidé, pour une raison inconnue, de raconter à la police les attaques de morts-vivants dont il a été le témoin.
Les parents ne sont pas mieux lotis en héritant de personnalités fades et mille fois vues. La scène très Cercle des Poètes Disparus du père, ou celle du détecteur de métaux avec la mère veulent nous prouver combien ils sont cools et pédagogues. C’est juste risible.
Tous forment donc la famille recomposée et désunie, qui ne demande qu’une menace extérieure pour se rapprocher (même si un ou deux vont surement passer à la casserole). C’est donc en compagnie de personnages sortis du dernier blockbuster décérébré que l’aventure commence. Alors, peut-être vont-ils évoluer et dévoiler des zones d’ombre par la suite.
Mais j’ai comme un doute.
Et ouais, je suis trop swag !
En parlant de décérébré, plus haut, je parlais des réactions débiles de personnages commandées par les scénaristes pour amener de l’action. Fear perpétue cette tradition. Ici, le père apprend l’existence d’une église abandonnée, squattée par tous les toxicos du coin, dont manifestement certains commencent à tuer leurs congénères avant de pratiquer le cannibalisme. Et bah qu'à cela ne tienne, le père décide d’y aller jeter un petit coup d’œil, tout seul, sans prévenir personne et en pleine nuit, s’il vous plait. Des claques qui se perdent, je vous dis.
Mais qu'est ce que c'est que ce scénario de m....?
Fear The Audace
Le deuxième truc qui coupe les ailes de la série est finalement son concept. C’est un spin-off de TWD, qui ne sera regardé que par les fans de TWD. Difficile donc d’être surpris. D’où le ratage de la scène d’intro et son travelling vertical qui n’étonnera personne. De plus, le spectateur est en avance sur les personnages. Ce n’est jamais une bonne idée. Car elle oblige les auteurs à combler en attendant que les deux parties soient raccord. Et comme, en plus, l’invasion ne peut pas démarrer immédiatement, les scénaristes meublent, remplissent, étirent et font interagir les personnages entre eux (mais comme ceux-ci sont en deux dimensions et sans épaisseur, cela fournit des scènes horriblement futiles).
Ou ils tentent de nous faire peur. Et là, on peut constater qu’ils ne reculent devant rien pour provoquer "l’effroi" (vous avez noté les guillemets, hein, vous les avez notés ?) et utilisent les procédés les plus convenus dont le jump scare comme un vulgaire Insidious. À ce titre, la scène avec le Principal de l'école est symptomatique de leur absence de scrupule. Alors que les zombies sont plutôt discrets, la mère va voir le Principal dans son bureau. Celui-ci est de dos, ne bouge pas et ne répond pas à son nom. Là, une musique angoissante monte crescendo en fond sonore. Et c’est bien connu, qui dit musique qui fait peur, dit scène effrayante. Sauf que non, le principal finit par se retourner, en souriant. Tout va bien. Il devait être en train de dormir. Ou c’est un technicien qui a appuyé sur un mauvais bouton, lors du montage. Quoiqu’il en soit, c’est un effet malhonnête et je suis prêt à parier qu’on n’a pas fini de bouffer de ces scènes racoleuses.
Trois derniers petits points :
- Trop de mort-vivant tue le mort-vivant. Il y en a trop actuellement dans notre culture, ils perdent de leur potentiel flippant et leurs apparitions n’ont plus d’impact horrifique. La scène d’intro le prouve une nouvelle fois.
- Comme j'ai épuisé dans ma critique tous les synonyme du mot "affligeant", je ne pourrai pas évoquer la scène final qui se passe dans le terrain vague, désolé.
- Une infection grippale comme explication du phénomène, on ne peut pas dire qu’ils se soient foulés, niveau originalité.
Fuyez, c'est tout pourriiiiiiii !
Donc, ce pilote de Fear The Walking Dead est clairement raté et n’augure rien de bon. J’espérais que les auteurs rectifieraient leurs erreurs de la série-mère. Au contraire, ils les prolongent. Pourquoi changer une formule qui marche, après tout ?
De cette série, je voulais de la noirceur, de l’angoisse, du pessimisme, je voulais me prendre d’affection et de pitié envers ces hommes et femmes condamnés, envers ces morts en sursis. Bref, je voulais être pris aux tripes.
Perdu, je me suis retrouvé devant un pilote fade et sans audace.
Vivement la saison 2 de Z Nation !
J'ai aimé :
- Revoir Kim Dickens, Jeannette dans Treme.
- Heu...
Je n'ai pas aimé :
- Les personnages stéréotypés.
- Que Kirkman se contente de reprendre la formule magique de sa série-mère et de ramasser le pognon.
- Mon intuition qu'il y aura beaucoup de remplissage pour deux à trois épisodes marquants.
- Q'un pilote si consensuel et sans prise de risque fasse un tel carton d'audience. Pas rassurant pour l'avenir des séries.
Ma note : 06/20