En ces temps de frénésie sérielle, Sundance TV opère, telle une oasis, préférant la qualité plutôt que la quantité. Bon, je fais dans la lapalissade de compétition, là. La chaîne possède en effet deux séries scriptées ainsi qu’une mini-série : la très bonne – et incroyablement sous-estimée/boudée par le public – Rectify, la méconnue The Red Road et l’excellente mini-série Top of the Lake. Du coup, dès que j’ai appris la sortie d’une nouvelle série estampillée Sundance TV, j’étais impatient. Lorsque j’ai vu le casting – j’y reviens plus en détail dans la critique –, j’étais encore plus impatient.
Hap and Leonard est une série créée par Nick Damici et Jim Mickle. Elle se base sur les livres de Joe R. Lansdale, et raconte les aventures de Hap (James Purefoy), un blanc de la classe ouvrière qui a passé quelques années en prison lorsqu’il était jeune pour refus d’aller au Vietnam, et Leonard (Michael K. Williams), un vétéran du Vietnam, black et gay, qui a de sérieux problèmes de colère. Le tout étant basé dans le Texas. La série est tournée à Bâton Rouge, en Louisiane.
Maintenant que vous avez le décor, passons à la critique !
Hap and Leonard, un duo bien sympathique
Le pilote met bien en exergue son côté buddy movie. Hap et Leonard sont potes depuis très longtemps, et les deux acteurs retranscrivent très bien le lien unissant leurs personnages respectifs. Ils apparaissent tout de suite comme sympathiques, même si chacun d’entre eux possède de gros défauts. Leonard est prompt à perdre rapidement patience, ce qui est clair dès le début de la série. S’il est tout à fait à l’aise avec le fait d’être gay, il souffre du manque de compassion de sa famille à son égard. De son côté, Hap est faible et ne possède pas réellement de volonté. Il subit la vie, son ex-femme également, sauf quand il s’agit de défendre Leonard ou leur amitié.
Cette dernière est centrale dans le pilote. Hap et Leonard sont de vrais potes, et tous ceux qui ne comprennent pas leur relation peuvent aller au diable. Leurs liens sont très souvent sources d’humour dans le pilote, mais ils représentent bien plus. Les deux vont ensemble : si on en prend un, l’autre sera également là. Ce qui prend toute son importance lorsque l’ex-femme de Hap revient dans sa vie, et lui demande de l’aider.
Un univers plaisant
En plus de la grande sympathie de Hap et Leonard, le pilote bénéficie grandement de son univers. J’aime beaucoup les décors comme cela, les petites villes un peu paumées qui regorgent de personnages plus loufoques les uns que les autres. Justified ou Banshee sont du même moule, et ce sont deux séries que j’adore.
Généralement, les personnages sont également hauts en couleur dans ce genre de séries, et là non plus, Hap and Leonard ne déçoit pas. La femme de Hap est la parfaite représentation de la femme fatale. Elle est manipulatrice, intelligente et consciente du pouvoir qu'elle possède sur son ex-mari. Christina Hendricks s'amuse clairement dans le rôle, et les interactions entre elle et Michael K. Williams – leurs personnages respectifs ne pouvant pas se blairer – représentent une grande source d'humour pour ce pilote. Autrement, les autres associés de l'équipe de choc promettent beaucoup : un hippie, un gros et un homme qui a la particularité d'avoir la moitié du visage complètement brûlée ! Et c'est Titus de The 100 by the way !
Mais ce qui promet sans doute le plus dans cette affaire, ce sont les méchants. On ne les découvre qu'à la fin de ce pilote, mais ils font forte impression. Complètement barrés et violents, ils représentent le pulp à son paroxysme. C'est-à-dire des leggings fluos et des chemises criardes, auxquels on rajoute un maniement des armes qui ferait peur à n'importe qui. Fine équipe contre gros tarés, y a pas à dire, ça donne envie !
Le pilote de Hap and Leonard s’avère très classique dans sa mise en place, quelquefois même trop. Néanmoins, ce pilote est bien aidé par des personnages hauts en couleur, et des décors chatoyants, mettant tout de suite dans l’ambiance. On n’assistera pas à quelque chose d’éminemment novateur, mais il y a vraiment moyen de passer de très bons moments devant cette série !
J’ai aimé :
- De très, très bons dialogues.
- Un Michael K. Williams énormissime.
- Christina Hendricks, parfaite en femme fatale.
- Les décors. Cela me rappelle Banshee ou Justified. Ou plus simplement Friday Night Lights. Bref, que de bons souvenirs.
- Des personnages absolument barrés. Mention spéciale à la scène de fin.
Je n’ai pas aimé :
- C’est du vu, revu et rerevu, niveau intrigue. J’attendais un peu mieux. Après, je peux toujours être surpris.
- Comme d’hab, sur Sundance TV, c’est leeeeeeeent à démarrer.
Mise(s) en garde :
- Trop se reposer sur Hap and Leonard.
- Ce qui nuirait à l’intrigue…
- …mais également aux personnages secondaires.
Ma note : 13/20.