Il n'y a même pas un an se finissait la première saison d'Hell On Wheels, nouvelle série western de la chaîne câblée AMC. Si son pilot m'avait convaincu grâce à son esthétique léchée et sa narration stéréotypée mais efficace, la suite s'était révélée beaucoup moins enthousiasmante. Ou alors d'un enthousiasme qui ne faisait pas vraiment éloge à la série, la faute à un potentiel très souvent inexploité et des personnages à la limite du ridicule. Les derniers épisodes avaient remonté le niveau, mais tout était encore possible pour cette reprise, y compris retomber dans les travers du début de la série. Heureusement, ce n'est globalement pas le cas.
Une nouvelle saison pour un nouvel arc
Autant vous prévenir tout de suite, Hell On Wheels ne s'est pas transformée d'un seul coup en une excellente série d'une profondeur absolue ou d'une tension remarquable. En revanche, elle commence à dépasser son statut de divertissement plus ou moins bas de gamme pour montrer des choses intéressantes dans ses intrigues.
Déjà, difficile de parler de l'épisode sans mentionner son saut dans le temps. Pour une deuxième saison, cela pourrait certes ressembler à un manque d'inspiration des scénaristes. Surtout que l'arc narratif développé en première saison, à savoir la vengeance de Cullen, avait été terminé à la fin de celle-ci. Il fallait donc repartir sur une bonne base sans avoir non plus l'impression d'un reboot improvisé.
Et il faut bien l'avouer, ce nouvel arc décoche pour le moment de bonnes flèches en tirant parti au mieux des situations des personnages à la fin de la saison précédente. Ainsi, Cullen profite pleinement de son nouveau statut de hors-la-loi en braquant des trains avec l'aide d'une bande de malfrats pas très fiables (pour s'en aller au Mexique). Liam profite de son nouveau statut social important pour faire son beau gosse ou proposer ses services de sécurité à Durant, tandis que le Suédois profite de son nouveau statut social au ras des pâquerettes pour déprimer ou proposer ses services de récurages à Lily.
Si les deux dernières évolutions n'ont pas vraiment d'intérêt en elles-mêmes, Liam et le Suédois risque pourtant de former le trio principal avec Cullen dans la suite de la saison. Lors de la première saison, le début d'amitié entre Cullen et Liam (ou du moins leur respect mutuel) n'était pas spécialement très intéressant car les deux personnages étaient dans le même camp. Or ici, ils sont censés se tuer l'un l'autre et du coup, leur relation met en péril leur vie. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que Cullen se retrouve au bord de la mort à la fin de l'épisode. Mais le danger risque fort de venir également du Suédois. Réduit dorénavant à un simple serviteur, il blâme Cullen pour cela (en témoigne ses regards insistants sur l'affiche de mise à prix) et cherchera probablement à lui causer du tord dans la suite.
Narrativement parlant, Hell On Wheels parvient également à éviter quelques lourdeurs qu'elle aurait pu faire. Les scénaristes nous ont épargné des flashbacks de mauvais goût pour expliquer la nouvelle situation de Cullen, ou encore des dialogues trop explicatifs qui auraient alourdi le rythme de l'épisode. Au lieu de ça, l'épisode rentre directement dans le feu de l'action en montrant notre personnage principal qui devient de plus en plus un anti-héros. Et cela fait plaisir de sortir un peu du manichéisme trop présent dans la première saison. Ainsi, Cullen attaque des trains qui ravitaillent le village mouvant dirigé par Durant et tabasse des rednecks. Bon, bien sûr, il se débrouille pour ne pas tuer Liam, proteste quand un enfant est menacé de mort, et poutre au sol quelqu'un qui l'avait insulté. Mais quand même, il y a du progrès.
Hell On Wheels n'a pas perdu ses belles compositions d'images
Des intrigues inégales
Malheureusement, malgré ce trio d'intrigues prometteuses, les autres personnages font du surplace et ne donnent pas envie de s'intéresser à eux. En ce qui concerne le Révérend, il faut dire qu'il était tombé tellement bas dans mon estime qu'il fallait vraiment une intrigue incroyable pour me faire changer d'avis. Au final ce n'est pas le cas puisqu'il continue de déprimer autour de sa bouteille et de faire des tronches bizarres. Niveau intrigue avec du potentiel on repassera.
Inutile non plus de s'étendre sur Ruth, l'Indien chrétien et les deux frères photographo-arnaqueurs, ils sont aussi utiles qu'une fourchette pour contruire un chemin de fer, comme en première saison d'ailleurs. Seule la relation entre Ruth et son père Révérend pourrait donner quelque chose d'intéressant par la suite, mais cet épisode ne donne aucune piste pour l'espérer.
A vrai dire, même Durant est décevant dans cet épisode, n'apparaissant finalement que peu. Et quand il apparaît, c'est pour servir de faire-valoir à Liam ou pour montrer sa volonté à Lily. A mon sens, ce personnage avait pourtant un certain potentiel et son manque d'objectif (si ce n'est continuer son bout de chemin de fer à travers l'Amérique) est bien dommage. Lui et Lily ne font ainsi que subir les événements, ou alors montrer que la série sait filmer de beaux paysages.
Au niveau de l'esthétique, la série reste fidèle à elle-même (ou plutôt à la politique d'AMC) avec des plans impeccables. La série fait même parfois preuve d'une mise en scène intéressante sur quelques plans, notamment des contre-plongées lors de l'enterrement, assez bien vues. Malgré tout, l'ensemble fait très propre dans ses décors et ses costumes alors qu'on avait droit à quelques crasses dans certains épisodes de la première saison. Mais c'est peut être aussi parce qu'on voit moins ici la contruction de la voix ferrée.
En effet, cet épisode apparaît surtout comme une transition correcte entre la première saison et la nouvelle qui commence. De ce fait, la réappropriation des personnages et de leur nouvelle situation prend un temps non négligeable au cours des quarante minutes. Heureusement, les scénaristes ont réussi à bien gérer le tout grâce à un récit plutôt dynamique et des séquences d'attaque de train efficaces.
Depuis le début de la série, je ne me fais pas de faux espoir quant à une exploitation passionnante du contexte historique. Néanmoins, quelques passages offrent une réflexion intéressante sur le statut des prostituées à cette époque. C'est le cas d'une scène d'enterrement (d'une prostituée) menée par le Révérend et le Suédois, où ces derniers lui concèdent un discours malgré son statut considéré comme indigne d'une telle considération mortuaire. Et, ne sachant pas son nom, l'appellent «whore» tout du long avec un certain malaise dans la voix. Cette scène, à la fois drôle et pathétique, correspond typiquement aux genre de choses que j'aimerais voir davantage dans la série. On verra bien.
Mais Hell On Wheels n'a pas non plus perdu sa galerie de tronches bizarres
En conclusion, j'étais parti pour abandonner la série après cette reprise, mais finalement je vais lui laisser une chance de devenir un bon divertissement sur la longueur. D'autant plus que la fin de l'épisode me donne envie de voir la suite, et ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé dans Hell On Wheels.
J'ai aimé :
- La scène de l'enterrement
- Le récit assez dynamique
- Un trio prometteur
Je n'ai pas aimé :
- Les intrigues d'une bonne partie des personnages secondaires
- Un manque global de tension qui ne permet pas à l'épisode d'atteindre un niveau pleinement satisfaisant
Ma note : 13/20.