Ceci est un miracle. Mieux, un miracle français. En 2010, après la diffusion de la saison 2, Comedy annule la série. Terminé, on en parle plus. Tout du moins, c'est ce qui se serait passé avec n'importe quelle série. Mais, Hero Corp possède une base solide de fans qui à force de mobilisation (la campagne Pinage !) finissent par obtenir une troisième saison diffusée sur France 4. Alors, le miracle a-t-il aussi été qualitatif ? C'est ce que nous allons voir.
Attention, cette critique concerne les deux premières séquences de diffusion de la série, soit 10 épisodes, mais ne contient aucun spoilers.
"Il a jamais été question d’se détendre la quiche!"
La saison 3 commence tout pile là où la saison 2 s'était arrétée. Alors qu'ils étaient en route vers Montréal, le bateau de nos héros échouent sur une île inconnue. Seuls, Doug, Mary, Neil Mac Kormack, Klaus, Jennifer (avec, au passage, une légère incohérence par rapport à la fin de la saison 2) et un John qui a bien du mal à contrôler ses pouvoirs vont devoir se débrouiller et surtout retrouver les autres.
Quittant bien vite ce postulat à la Lost (l'épisode 0 y fait d'ailleurs judicieusement référence), Hero Corp retombe bien vite sur ses pas en retrouvant un statut quo très proche de celui de la saison 2 : une équipe de super-héros en reformation, un lieu ancien servant de QG et une volonté de remonter Hero Corp autour d'un nouveau chef. C'est finalement le vrai problème avec cette nouvelle saison : la désagréable impression de revoir la même chose. Simon Astier nous fournit un scénario ultra classique et complètement balisé sans faire trop d'efforts. La seule avancée du fil rouge de l'intrigue survient aux travers des rêves que John a assez régulièrement. Franchement, on a vu plus originale comme manière de procéder. On ne sait, du coup, pas vraiment si c'est de la simple paresse d'écriture ou un vrai hommage au genre (du comics) qui utilise assez fréquement ce type de ficelle. Heureusement, tout cela évolue bien vite vers de nouvelles situations inédites.
"Ca se dit encore chouettos ?"
Si ce début de saison pèche grandement par son manque de surprises, elle se rattrape grandement sur ses personnages. Le gros reproche fait à la saison 2 par de nombreux fans était son incapacité à bien gérer les personnages féminins, spécialement Jennifer. Ici, la "fiancée" de John bénéficie d'un tout nouveau statut qui lui fait grandement gagner en intérêt. Mieux, elle est directement à l'origine du running gag le plus drôle de ces dix premiers épisodes.
Plus globalement, l'écriture semble également s'être amélioré. Si les dialogues ont toujours été le point fort des frères Astier, ils prennent ici une nouvelle dimension. Je n'avais, personnellement, jamais autant ri avec Hero Corp qu'en ce début de saison 3. La double exposition du pouvoir de Stan est un pur chef d'oeuvre d'écriture et m'a arraché des larmes de rire. La série bascule un peu plus dans l'absurde de ses situations, pour notre plus grand plaisir. Les épisodes s'enchainent par ailleurs très bien, sans cesse rythmés par l'apparition d'anciennes et de nouvelle têtes. La scène avec Fourmie-Man (Manu Payet) dans le second épisode est, à coup sûr, destinée à entrer dans les annales du show. Il faut dire que le nouveau découpage de la série y aide beaucoup. D'un 13 x 22 minutes, on bascule vers un 36 x 7 minutes radicalement différent (ce qui fait un total de 4h, contre 6h pour les saisons 1 et 2). Cette nouvelle approche dynamise le show et contraint l'équipe d'écriture à installer un rebondissement à quasiment chaque fin d'épisode, ce qui est largement profitable pour le spectateur. Les intrigues s'enchainent naturellement et on se jette comme un mort de faim sur l'épisode suivant. C'est peut-être cela, au fond, l'essentiel.
Le temps n'a rien changé : il n'y a pas de doute possible, cette troisième saison d'Hero Corp se situe dans la droite lignée des deux premières. Peu ou pas d'audace d'écriture, mais un vrai plaisir de retrouver une bande qui nous avait manqué et qu'on ne pensait jamais plus revoir.
J'aime :
- Le pouvoir de Stan.
- Un montage très bien utilisé, servant le récit et le rire (le 1er épisode).
- Jennifer, enfin utile.
- L'attente créée par le fait de ne pas revoir tout le monde dans ces 10 premiers épisodes.
Je n'aime pas :
- L'impression de regarder le remake de la saison 2.
- Des facilités scénaristiques évitables.
- Un John toujours aussi passif face à ce qui lui arrive.
Impression de ce début de saison 3 : Positive.