Critique : How to Get Away With Murder 1.01

Le 28 septembre 2014 à 13:52  |  ~ 5 minutes de lecture
Une avocate-gourou entraîne un groupe d’étudiants dans l'enfer du système judiciaire américain. Un pilote intelligent, porté par une actrice charismatique.
Par SarahLund

Critique : How to Get Away With Murder 1.01

~ 5 minutes de lecture
Une avocate-gourou entraîne un groupe d’étudiants dans l'enfer du système judiciaire américain. Un pilote intelligent, porté par une actrice charismatique.
Par SarahLund

Créatrice et productrice de deux poids lourds d’ABC, j’ai nommé Grey’s Anatomy et Scandal, Shonda Rhimes se lance dans sa seconde série judiciaire. Le show est centré autour d’une femme-juge, forte tête qui donne du fil à retordre à ses adversaires. C’est l’excellente Viola Davis qui interprète Annalise Keating, prof de criminologie et avocate féroce et brillante. Face à elle, des étudiants passionnés, prêts à tout pour intégrer sa firme. Entre secrets, tensions et rivalités affirmées, le pilote entrecoupé de flashforwards efficaces tient ses promesses. HTGAWM s’annonce, selon moi, comme l’une des bonnes surprises de cette rentrée.


 

 

L'esprit de Grey's Anatomy, en mieux

 

 

Il est difficile de ne pas faire l’analogie avec la série phare des années 2000. Shonda Rhimes aime mettre en scène des jeunes étudiants passionnés, que ce soit par la médecine ou par le droit, qui se lancent dans une quête de perfection, sacrifiant leur vie personnelle pour le bien de l’hôpital (ou de la firme). How to get away with murder procède ainsi d’une manière très similaire à Grey’s Anatomy : les traits caractéristiques des internes du Seattle Grace Hospital, on les retrouve chez les étudiants de la Middleton Law School. La perfectionniste Cristina Yang, c’est la prétentieuse Laurel Castillo (Karla Souza), le jeune Wes Gibbins (Alfred Enoch), un peu moins bon que les autres, c’est le redoublant George O’Malley. Annalise elle-même fait beaucoup penser à l’autoritaire mais sympathique Miranda Bailey.


 

La ressemblance va plus loin. En effet, la série est construite sur le même procédé narratif, c’est-à-dire sur le principe d’un épisode/un procès. Cependant, HTGAWM a des atouts indéniables, que Grey’s Anatomy, au fil des saisons et des absurdités scénaristiques, n’a plus : celui de présenter une intrigue complexe et intelligente, fondée sur une réflexion visiblement travaillée. Bien plus, le pilote sort du carcan convenu des séries ABC : le côté « trash » est ici nettement plus présent (Scandal excepté) ne serait-ce qu’au regard de la scène d’adultère plutôt suggestive entre Keating et un séduisant policier. L’avocate n’hésite pas à faire des avances au jeune Wes, afin que ce dernier ne divulgue pas sa relation extraconjugale. Les étudiants de Keating, décidés à entrer dans ses faveurs, n’hésitent pas à coucher (du sexe gay, qui plus est !) pour obtenir des informations, comme le ferait la Kalinda de The Good Wife. Surtout, l'interprétation magnétique de Viola Davis, marque la série du sceau féministe. Femme de tête, à la fois détestable et admirable, on retrouve chez Keating les traits de la femme de pouvoir, à l'image de la Cersei Lannister de Game Of Thrones. La chaîne familiale ABC aurait-elle bel et bien abandonné le politiquement correct ?

 

 

Un véritable jeu de Cluedo

 

 

Le découpage du pilote en flash forwards successifs donne toute sa cohérence et son intérêt à l’épisode, fondé sur ce moment, trois mois suivant le début de leurs cours de criminologie, où quatre d’entre eux se retrouvent avec un corps sur les bras. Et quelle surprise que de découvrir, à la fin de l’épisode, quant à la découverte de l'identité du cadavre !



Comment, d’apprentis avocats, ces élèves studieux ont pu se transformer en meurtriers ? La série semble interroger cette ligne floue, facilement franchissable, entre le rôle de justicier et celui de coupable. Et par là-même, remettre en doute la fiabilité d’un système judiciaire qui permet aux plus fortunés d’échapper à des condamnations pourtant méritées. En démontre l’affaire traitée dans l’épisode : la firme d’Annalise sait pertinemment défendre une cliente coupable, mais de l’issue du procès dépend la réputation des associés. Ainsi, lorsqu’une des étudiantes rapporte à Frank (l'un des associés) le comportement ambivalentl de la défense envers l’accusée, ce dernier se contente de lui rire au nez. L'éthique, inexistente dans un système dominé par l'argent et le pouvoir ?

L’imbrication de différents espaces spatio-temporels est tout particulièrement judicieux dans le cadre d’une série judiciaire. A l’image de ces étudiants, le spectateur est incité à recoller lui-même les morceaux d’un puzzle complexe. Ce que l’on peut reprocher à ce pilote, c’est qu’il va vite, trop vite peut-être, dans le dévoilement de l’intrigue : (Attention SPOILERS) la relation extraconjugale d’Annalise, surprise par son élève, le meurtre de son mari, vraisemblablement par ses étudiants. Reste à voir comment la série s’orientera dans les prochains épisodes…

 

 


En bref, avec un pilote très prometteur, Shonda Rhimes réussit son coup. Preuve en est, elle monopolise le créneau du jeudi soir avec ses trois séries qui se succèdent au programme, du jamais vu !

 

 


J'ai aimé :

 

  • L'interprétation de Viola Davis
  • La construction de l'épisode, astucieuse
  • Le réalisme de l'univers représenté

 

 

Je n'ai pas aimé :

 

  • Le rythme un peu trop effréné
  • Le dévoilement rapide de clés de la série, danger pour la suite ?

 

 

Note : 15/20.

L'auteur

Commentaires

Avatar Altaïr
Altaïr
Super critique :) Et qui m'a donné envie de voir ce pilote, et je t'en remercie : je l'ai trouvé absolument excellent. En revanche, c'est peut-être parce que je hais Grey's anatomy, mais le parallèle entre les personnages ne m'a pas du tout sauté aux yeux, pour le moment en tous cas. La dose de cynisme est beaucoup plus forte ici, et c'est tant mieux.

Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak
"pilote intelligent"je pense que tu confonds intelligent et roublard

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