"Now what ?"
Luther est revenu, il est plus sombre et torturé que jamais et ça c'est une bonne nouvelle !
La mauvaise nouvelle, c'est que John n'est de retour que pour quatre épisodes. Et que le créateur et scénariste Neil Cross semble parti pour boucler l'histoire, et la boucler dans le sang. Cette saison-ci, pas d'introduction, pas de mise en jambe pour nous amener à l'arc principal, la destruction systématique de Luther et des quelques illusions qui lui restent.
Alors, je vous le dis tout de suite, je n'ai rien regardé de vos avis, pour ne pas être influencée. Et j'écris à chaud. Mais malgré toutes ses qualités, et malgré le fait que Neil Cross fait l'effort de traiter les conséquences de l'exécution de Ian Reed dans le final de la saison 1, je n'ai pas été emballée comme je pensais l'être. J'avais peut-être trop misé sur ce retour, mais c'est comme un plat qui manquerait un peu d'épices à mon goût.
Commenons par ce qui va bien. Le créateur Neil Cross a donc décidé de nous plonger dans les conséquences, quelques mois après, de l'exécution finale de la saison 1. Et commencer par une scène avec Alice demandant "So what ?", je trouve que cela a une certaine élégance.
Résumons-nous : Luther déprime, la seule personne avec laquelle il puisse encore échanger est Mark, Alice assume le meurtre avec délectation, Ripley a été jeté aux oubliettes et Schenk a pris du grade... Rien que du très logique.
Retour à l'ordre
Le retour au bercail -à savoir les forces de police- en revanche, me paraît peu réaliste. Même si les motivations de John, elles, le sont, et notamment le sentiment d'être redevable à Ripley et de devoir lui remettre le pied à l'étrier, j'imagine mal comment la police peut avoir accepté de le reprendre dans ses troupes. Il a suffisamment démontré qu'il était un franc-tireur, qu'il nouait des amitiés dangereuses, qu'il détournait les jeunes recrues du droit chemin... Bref, qu'il n'était plus un flic fiable. Et toute la bonne volonté de Schenk me paraît un peu mince pour justifier son retour. Il m'en aurait fallu un peu plus.
Ah ! la maledizione !
"Vous n'allez pas punir John pour mes mauvaises actions ?"
Rassure-toi Alice, il ne sera certainement pas châtié pour tes fautes, mais bien pour les siennes. Car nous sommes bien dans la continuité de la saison 1. John Luther est maudit depuis la première scène du premier épisode. Condamné à payer pour avoir laissé mourir un suspect. Mais ce n'est pas lui qui sera frappé, son ange noir est là qui veille au grain. Non, ceux qui vont payer pour lui sont tous ceux qui s'attachent à ses pas. Condamnée, son épouse, condamné Ian Reed. Et selon toute vraisemblance, condamné aussi, le jeune Ripley. Seule Alice a une chance d'en réchapper.
C'est d'autant plus tragique (et donc beau) que c'est bien John qui s'enfonce lui-même, avec son irrésistible envie de sauver le monde et de payer ses dettes. A jouer les messies, il attire immanquablement les fous, les jaloux et les esprits vengeurs.
Et c'est là que pour moi, ça pêche. Que vient faire au milieu de tout ça cette histoire de dette à payer, de prostituée à sauver ? Luther n'avait-il pas suffisamment de poids sur les épaules, sans ajouter cet arc qui paraît assez artificiel. Sans compter que physiquement et dans le comportement, la jeune femme évoque beaucoup Alice. Alors soit on nous prépare quelque chose de derrière les fagots, soit, pour moi, c'est de trop.
Production et réalisation
Restent la production et la réalisation. Les deux sont encore très soignées, mais moins dynamiques ou moins surprenantes qu'auparavant. Sauf sur les deux dernières scènes -le snuff movie et la fouille de l'appartement-, toutes deux à double détente, qui ont provoqué une délicieuse angoisse et m'ont beaucoup fait penser à Hitchkock, dans cette façon de jouer avec les attentes du spectateur et les codes du thriller. Le cliff, que l'on attend et que l'on redoute aussi, est une belle récompense.
J'ai aimé :
- retrouver Luther, c'est toujours un plaisir
- Londres, toujours impeccablement filmée
- les deux dernières scènes et le cliff, du grand classique
Je n'ai pas aimé :
- l'introduction d'un nouvel arc
- le sacrifice probable de Ripley, personnage que j'aurais aimé voir plus approfondi.