MacGyver est l’une des séries de référence des années 1980. Tout le monde en a entendu parler et a forcément fait la remarque un jour à quelqu’un jouant avec un trombone : « Tu nous la joues MacGyver ? ». Mais combien de personnes ont réellement vu la série ? C’est une autre histoire…
Introduction
Mais avant de commencer, petite leçon d’histoire. Nous sommes dans les années 1980, 1985 pour être précis. Pour ceux qui comme moi n’étaient même pas encore au stade de spermatozoïde, nous sommes ici en pleine guerre froide. La fin des années 1970 avait marqué une nouvelle course à l’armement dans les deux clans : nous sommes face à un équilibre de la terreur, chacun ayant suffisamment d’armes pour faire sauter la planète entière. Reagan est alors président des USA et lance entre autres son fameux programme « Star Wars » en 1983. En U.R.S.S., 1985 marque l’accès au pouvoir de Gorbatchev ; il faudra toutefois attendre 1988 pour voir le début de la chute du bloc de l’ouest.
Quel rapport avec MacGyver me direz-vous ? Hé bien, comme beaucoup, la série s’inscrit dans ce contexte de superstition, de méfiance et de course à l’armement. Et ce premier épisode n’échappe pas à ce principe : l’histoire principale est en effet située dans un complexe souterrain sur-sécurisé dans lequel une bombe va exploser.
Mais avant de passer à cette histoire, attardons nous sur l’introduction. Huit minutes, sur quarante-cinq, c’est quand même une grosse introduction. Que s’y passe t-il ? On y voit un personnage gravir une montagne en Asie, mettre hors circuit un missile, sauver un otage et s’enfuir, le tout sans encombre.
Sympa les vacances
Clairement, ces huit minutes sont là pour introduire le personnage principal dont on apprendra le nom plus tard : MacGyver. Et déjà, on est sur quelque chose de balisé, le héros classique des séries des années 80, mais avec quelque chose de nouveau : il n’a pas de super gadgets, de machine sophistiquée ou autre bidules du genre, pas même une arme. C’est tout con mais c’est quand même la clé de la série : le côté bricoleur du dimanche, le côté démerde, ce petit on ne sait quoi qui nous donne l’illusion que nous aussi on peut le faire (quoique grimper la montagne avec mon unique piolet, je ne suis pas super chaud).
Et pendant ces huit minutes d’introduction, on a l’occasion de le voir à l’œuvre, de manière assez progressive. Comme déjà dit, on démarre en terrain connu : le héros arrive dans une base militaire et, classiquement dans les années 80, trouve un garde isolé pour l’assommer et lui piquer ses vêtements. Ce coup là, on l’a vu dans K2000, l’Agence Tout Risque, j’en passe et des meilleures. Sa mission est simple : désamorcer un missile, là encore, quelque chose de très classique.
Et puis, il arrive au missile (son objectif) et tente de le désamorcer. Et là, on commence à voir le changement par rapport aux autres personnages habituels. Il a certes sa petite boîte à outils (personnellement, j’en avais jamais vu de cette forme) mais cela n’est pas suffisant pour désamorcer complètement le système et il finit par se sauver à l’aide d’un trombone. Et là c’est la consternation : comment le gars réussit à désamorcer le missile avec un trombone alors qu’il a des supers pinces de la mort qui tuent ?
Mais ce n’est pas fini. Bien évidemment, vu que le missile était sur un avion américain (rappelez-vous l’introduction historique les enfants !), un pilote a survécu et est retenu en otage. Et donc, pour s’échapper, il faut faire une diversion. Et alors là, je crie au génie. Non mais sérieusement, la diversion est on ne peut plus con, logique et simple à comprendre. Autant, on pouvait rester dubitatif sur le coup du trombone parce que, pauvres ignares que nous sommes, on ne sait pas comment sont faits les missiles américains, autant là, c’est à la portée du premier venu (faut quand même qu’il ait une mitraillette).
Analyse de la diversion de la mitrailette
Comme c’est le premier vrai bricolage, ça mérite quand même une analyse (Screenshot de la muerte : attention, on a les moyens sur Serie-All !).
Alors, qu’y voit t-on ? Une mitraillette (oui, je suis inculte en matière d’armes) attaché à une branche d’arbre avec de la ficelle de cuisine ! La gravité l’attire vers le bas : pas de risques de balles perdues. Il a ensuite pris un bâton qu’il a posé sous la gâchette, de telle façon qu’il suffit que l’arme tombe pour que la gâchette se déclenche. Bien évidemment, le bâton est maintenu à la branche par la sangle de la mitraillette (recyclage, quand tu nous tiens) et attaché à l’arme, si bien que ni la branche, ni l’arme ne peuvent vraiment tomber.
Bien évidemment, comme toute diversion, il faut un minuteur. Et là, c’est un paquet d’allumettes qui fait office de minuteur. En effet, celles-ci sont attachées à la ficelle de cuisine si bien qu’en se consommant, elles vont mettre le feu à la ficelle qui va céder, relâchant la mitraillette qui va appuyer sur le bâton, déclenchant ainsi la gâchette, ce qui permet de tirer. Et c’est exactement ce qui se passe !
Et tout est vraiment bien pensé : ce n’est pas une seule allumette qui est accrochée à la ficelle mais plusieurs : une seule, elle risque de s’éteindre (on est en extérieur quand même, un coup de vent et hop) alors qu’avec plusieurs, on est tranquille. Et ce n’est pas non plus un unique tir qui est généré mais une multitude de tirs aléatoires, laissant croire à une personne. Comment ? Le retour de l’arme, tout simplement. En tirant, l’arme remonte mais comme elle est coincée par le bâton, elle retombe, réenclenchant la gâchette et ainsi de suite. L’illusion est parfaite.
Et comme par hasard, ça fonctionne magnifiquement. Notre héros parvient à s’échapper avec l’otage dans un splendide saut en parachute par-dessus la falaise (en un mot : la classe).
Que retenir de ceci ? Déjà que l’on a un personnage qui semble un peu hors-norme. Par rapport à ce que l’on voit habituellement, il se sert des moyens du bord (arbre et mitraillette) pour s’en sortir de manière simple et ingénieuse et surtout, parfaitement crédible (le coup de la mitraillette, hein, pas celui du parachute), le tout sans tuer personne. Cette impression de décalage par rapport au reste est également accentuée par la voix off, traduction des pensées du personnage. En fait, on est clairement sur une séquence plutôt action où ça ne parle pas. Et pour compenser ce manque de sons, plutôt que de mettre une musique, on fait parler le personnage principal. On a ainsi un dialogue entre lui et le téléspectateur auquel il parle plus ou moins explicitement. Du coup, il y a une relation qui s’instaure entre les deux, cassant un peu le côté solitaire du personnage : on a l’impression d’avoir un bon gars, bien sympa en face de nous auquel on accorde facilement sa confiance !
Petit rappel générique à présent : Tatatatatatatata Ta Tatata Tatata Tadindin I on, Tata…
Le scénario, en cinq paragraphes
Passé cette (petite) introduction, on rentre dans le vif du sujet : un centre de recherche sous-terrain. Alors, on nous montre un éminent savant qui va voir son pote au niveau -3 pour jouer aux échecs. Mouais, pas particulièrement intéressant si ce n’est pour nous montrer une bombe qui va exploser et surtout, surtout, que le labo est très bien gardé (certains systèmes, on dirait quand même que ça sort de Star Wars : on est en pleine guerre froide mais quand même). Toujours est-il que la bombe explose, que des gens sont coincés sous les décombres et qu’un réacteur est fissuré, laissant se déverser une espèce de meringue fumante.
Bref, c’est le point faible de l’épisode: il n’y a pas vraiment de scénario, comme dans beaucoup de séries des années 80. Cela sent l’intrigue à deux francs (et oui, 1985, on n’est pas en euros) et l’on se doute de la fin : c’est le scientifique qui a posé la bombe pour une raison sûrement intéressante mais dont on se moque royalement.
Ah c'était lui...
Clairement ces quatre minutes de présentation sont vraiment minables et très peu crédibles. Vu les dégâts que fait la bombe, la fissure du réacteur est toute petite, ridicule. L’explosion, elle, poutre le réfrigérateur et pas le réacteur. Non, franchement, comment elle a été faite ? C’est un mec, à la scie circulaire qu’a fait un trou dans un chauffe-eau ou quoi ? Personnellement, une bombe explose et endommage un réacteur, je vois un gros trou, ou alors une poutre qui finit dans le réacteur, je sais pas moi. Non, là, on a une fissure trop propre pour être vraie, toute petite et ridicule, au beau milieu de la surface disponible, dans l’endroit le moins accessible ! Je ne suis même pas sûr qu’en voulant le faire exprès j’arrive à la centrer aussi bien.
Bref, passons puisque l’on est de retour chez MacGyver pour une autre scène minable. Un mec arrive en hélico et veut parler à MacGyver à l’intérieur, attention ! Hé ouais, parce qu’il veut prendre un verre gratos le salaud. Mais Mac il est malin, il le laisse pas entrer… Hé hé, pas con le gars, pas envie de se faire siffler son whisky ! Du coup, il lui explique la situation : ok, on informe le téléspectateur. Mais après, on n’arrête pas d’insister sur le fait qu’ils sont dans la merde, que c’est impossible et que seul MacGyver est capable d’y arriver. Non, mais sérieusement là, faut arrêter avec les fleurs, je pense que l’on a compris.
Bref, notre ami Mac se rend là bas, on l'informe de la situation et on veut l’équiper comme un spéléologue pour descendre en bas, ce qu’il refuse : ce n’est pas n’importe qui non plus. Et du coup, il va s’enfoncer dans ce complexe ultra sécurisé en partie détruit pour sauver les gens. Et là, on le sait bien qu’il va arriver au bout et sauver tout le monde, happy-end et compagnie. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est plutôt le chemin pour y arriver. Comme certaines personnes l’ont dit pour Lost : ce n’est pas la fin mais le chemin parcouru qui compte ; ici, c’est la même chose.
La véritable force de MacGyver
Et la véritable attente est ici de savoir comment MacGyver va résoudre les problèmes. Que ce soit les supers-lasers de la mort, la fausse poutre en plastique ou encore la ventilation, c’est à chaque fois émerveillé que l’on voit de quelle façon il s’en sort. Parce qu’à chaque fois, c’est tout con, mais vraiment tout con et l’on en vient à se demander pourquoi on n’y a pas pensé.
Et c’est sûrement l’une des grandes forces de la série, à savoir proposer à chaque fois des situations toutes plus foireuses les unes que les autres et apporter une solution con comme la lune. Cela réveille la fibre du bricoleur qui sommeille en nous et on finit par se dire : Yes We Can !
Et honnêtement, on atteint le summum avec : « C12H22O11, c’est une formule très connue ! ». Le gars, il ressort ses cours de chimie pour réparer une fuite d’acide sulfurique d’un réacteur avec du chocolat ! Du chocolat ! Et il explique ça hyper simplement à la blonde (et à nous par la même occasion) de façon très posée, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.
Et le plus incroyable, c’est qu’on le croit puisqu’il a raison. Aussi insensé que cela puisse paraître, c’est théoriquement possible (bien que personnellement, je ne sois pas tenté pour l’expérimenter). Et c’est aussi la force de la série : tout ce qui est proposé est réel. Aussi incroyable que cela puisse paraître parfois, c’est possible. Pour preuve, cette vidéo où l’on pose de l’acide sulfurique sur du sucre : on a bien la même réaction que dans la série ! Alors oui, peut-être que dans le cas de figure de la série, c’est tiré par les cheveux mais ça repose quand même sur quelque chose de véridique, ce qui n’est pas rien pour l’époque.
Mac Lesgy inside
L’autre grande force de la série, qui transparaît beaucoup au travers de cet épisode et que l’on retrouvera par la suite dans Stargate avec le personnage de Jack O’Neil, ce sont les petites vannes de MacGyver. C’est tout con, mais elles font souvent mouche. Ce n’est pas la grosse poilade mais ça introduit une pincée d’humour qui est plutôt bienvenue, un peu d’autodérision qui rend le personnage encore plus sympathique :
- Blonde nunuche : « Ne me dites pas que vous allez faire une bombe avec du chewing-gum »
- Mac : « Pourquoi, vous en avez ? »
- Blonde nunuche : « Une gélule pour le rhume ! » (Que fout une seule et unique gélule au fin fond de la poche de sa robe, je ne veux même pas le savoir…)
- Mac : « […] Mais avant de m’embrasser, vous auriez pu me dire que vous aviez un rhume »
Alors bon, on n’évite pas les traditionnels clichés en cours de route comme la blonde scientifique un peu nunuche en talons aiguilles sur de l’acide sulfurique qui embrasse MacGyver au bout de 5 minutes et qui se prend une balle comme une gourde à la fin (on notera quand même que malgré cela, on a réussit à la remonter alors qu’elle était au niveau -3 relativement inaccessible et qu’elle se porte comme un charme). De même, la résolution du crime est inintéressante au possible et complètement prévisible.
En tout cas, MacGyver sauve tout le monde et retourne jouer avec son pote le gamin de 10 ans qui campe chez lui… Ah oui, j’ai oublié de préciser : comme dans toute série des années 80, MacGyver a un petit côté pédophile. Il traîne avec des gamins de 10 ans qui viennent chez lui, sans leurs parents, à qui il offre des hamburgers et des frites. Franchement, quels parents laisseraient leur gamin chez un mec célibataire qui habite dans un observatoire ? Franchement ? Mais bon, comme c’est inhérent aux années 80, je passe… (Mais c’est peut-être pour ça que MacGyver ne voulait pas que l’autre rentre chez lui : le gamin était menoté au lit, prêt pour…).
Bref, pour un pilot, celui-ci remplit bien son rôle : on a affaire à un personnage de bricoleur, capable de se sortir de situations extrêmes rien qu’avec son cerveau, ce qui n’est pas peu dire en cette année 1985 (année de sortie de Rambo 2, quand même). Certes, l’épisode est loin d’être parfait mais il faut quand même se replacer dans le contexte des années 80 où l’on faisait du pur divertissement. Et de ce côté-là, le contrat est rempli et l’on passe un bon moment à essayer d’imaginer quelle solution incroyable il va nous sortir.
Top 5 des trucs et astuces :
- Le chocolat pour stopper l’acide sulfurique
- La mitraillette dans l’arbre
- Le tuyau pour déplacer la poutre en plastique
- Le miroir pour stopper le laser
- Le morse avec les lumières pour communiquer
Le flop :
- La fusée – réacteur qui sert à rien.
Beau gosse style !
Ce que j’ai aimé :
- MacGyver
- Ses blagues
- Ses bricolages
- Son brushing
Ce que je n’ai pas aimé :
- L’absence de scénario autre que les bricolages à la chaîne
- La blonde
Note : 15/20 (parce que pour un pilot, il annonçait bien la couleur, il y a pleins de trucs et astuces et qu’on était dans les années 80, faut pas l’oublier. Et puis je suis un fan boy)