Critique : Minority Report 1.01

Le 29 septembre 2015 à 13:13  |  ~ 7 minutes de lecture
Après Almost Human, la Fox récidive dans le cop show futuriste en utilisant une licence ultra connue. Une bonne idée ?

Critique : Minority Report 1.01

~ 7 minutes de lecture
Après Almost Human, la Fox récidive dans le cop show futuriste en utilisant une licence ultra connue. Une bonne idée ?
Par alanparish

Respect au grand frère

 

Souvenez-vous, en 2002, l'ami Spielberg sortait le très bon Minority Report au cinéma avec Tom Cruise le beau gosse en tête d'affiche. Le succès et les critiques sont au rendez-vous, le film devient rapidement un "classique" de la science-fiction.

À l'annonce d'une suite au format série télé sur la Fox, on pouvait se questionner sur la pertinence de cette idée, le film se suffisant à lui-même et ayant une fin où tout est bouclé. L'appréhension est donc là avant la diffusion de l'épisode, surtout que c'est la Fox derrière le projet (même si Sleepy Hollow et surtout Empire ont redonné un peu de crédibilité à la chaîne).

La série se déroule en 2065, dix ans après la fin du film. Pour ceux qui ne l'ont pas vu, un rapide résumé est fait au début de l'épisode en voix-off par Agatha, l'une des trois PreCogs (personnes capables de prédire des meurtres). On nous montre quelques brefs passages du film, et nous détaille un peu plus l'origine des PreCogs et ce qu'est devenue Precrime (l’agence qui utilisait les PreCogs). Les showrunners respectent le support de base sans pour autant que ce soit obligatoire de le connaître pour apprécier ces quarante minutes. La démarche n'était pas forcément facile et c'est un plaisir de voir le pari réussi.

Nous sommes donc en 2065, on ne prédit plus les crimes à l'avance et les trois PreCogs ont été effacés de tous les radars. Nous suivons alors Dash, l'un des deux jumeaux PreCogs. Dash a toujours des visions et veut se rendre utile. Il va alors faire équipe avec Vega, jeune détective pétillante...

Avant de rentrer un peu plus en détails sur le contenu en lui-même, il est intéressant de remarquer que, sur la forme, la série s'inspire énormément de son grand frère. L’univers futuriste est cohérent avec celui du film de par de nombreux aspects : la population est sous contrôle via les scanners rétiniens, la technologie utilisée est strictement la même (les écrans factices tactiles, les armes, l’outil changeforme et j’en passe), l’atmosphère apparaît lisse, contrôlée voire aseptisée. On en arrive au point que c’est même trop proche du matériel de base. Il n’y a presque pas de nouveautés (seul le passage dans le métro donne un peu de cachet à l’ensemble), comme si la série était prisonnière et qu’il ne fallait pas changer les choses. Les ressemblances vont même au-delà de l’univers car on retrouve aussi un personnage (et le même acteur) présent dans le film (il s’agit de Wally, le baby sitter des PreCogs, pour les petits curieux !).

Il en résulte donc que la série manque d’identité visuellement parlant et ne parvient pas à se démarquer de son lourd héritage. Et ce n’est pas le contenu qui va pouvoir contrebalancer cela.

 

L'homme constipé

Je faisais à peu près la même tête pendant le visionnage.

 

 

La série qui arrive dix ans trop tard

 

Nous suivons donc les aventures de Dash et Vega qui vont tenter d’empêcher des meurtres. L’alchimie entre les deux personnages ne fonctionne pas vraiment : la jeune femme est un peu trop rustre alors que le monsieur, lui, est un poil trop réservé. C’est regrettable car cela devrait être l’une des forces de la série, comme c’est le cas pour de nombreux procéduraux (Castle, Forever, The Blacklist). Les acteurs n’aident pas non plus à corriger le tir, en particulier celui qui joue Dash. Le couple est très mal assorti et manque de complicité apparente. Après, cela peut être un parti pris de ne pas tout miser sur son duo vedette, mais il faut proposer un concept fort à côté. Et ce n’est malheureusement pas le cas…

Car la série n’a pas grand-chose d’autre à raconter. Enfin si, mais que c’est nul ! L’enquête du jour (car malheureusement la série semble partir sur des loners) est d’une débilité incroyable. Une personne veut se venger de Precrime en commettant un attentat sur les responsables de projet. En soit pourquoi pas, on est en 2065, on peut laisser libre cours à l’imagination des scénaristes pour trouver des idées sympas. Et bien figurez-vous que l’attaque se concrétise par un lâcher de… pigeons voyageurs. Oui, des pigeons voyageurs ! On pouvait difficilement faire plus ridicule (même un empoisonnement aux Pepitos aurait été plus fun). On se demande même si ce ne sont pas les spectateurs, les pigeons dans l’histoire…

 

Tic tac

Au top de la technologie en 2065 !

 

Si la qualité des enquêtes reste à ce niveau, la série connaîtra un destin compliqué. Et ce n’est pas l’apparition d’un pseudo fil rouge, balancé plus que maladroitement dans les deux dernières minutes de l’épisode, qui change la donne. Je vois bien les scénaristes dans leur salle d’écriture se dire :

– "Bon les gars, on a bouclé notre épisode."

– "Vraiment pas mal le coup des pigeons Bob, on pourrait l’utiliser dans d’autres épisodes."

– "Ouais mais là on se foutrait vraiment ouvertement de la gueule du spectateur si on l’introduit en mode fil rouge."

– "Oh bordel, on n’a pas de fil rouge !!!"

– "Relax Max, on cale un truc à l’arrache à la fin, ça passe."

 

Background trop fidèle, duo de héros qui ne fonctionne pas très bien, enquêtes débiles, peut être que le salut de la série passera par ses personnages secondaires ? Et bien… non ! J’ai eu la surprise de voir Wilmer Valderrama à l’écran. Ce bon vieux Fez de That ’70s Show n’est pas crédible une seule seconde en tant que coéquipier rival de Vega. Il fait partie de ces acteurs dont le spectre d’un des personnages qu’il a incarné plane sur chacun des nouveaux rôles qu’il a. À côté de cela, les autres personnages sont bien discrets, que ce soient Agatha ou Arthur (le frère jumeau de Dash joué par le même acteur qui, par on ne sait quel miracle, joue bien mieux ce rôle et semble prometteur).

 

Qui porte de telles lunettes pendant un footing ?

Le meilleur passage de l'épisode (ceci était l'instant machiste de cette critique)

 

Finalement, Minority Report est un procédural banal dans le contexte du film éponyme. La série assure le strict minimum, un divertissement sans plus-value. La Fox nous propose sa série avec une décennie de retard, là où des MediumCastle ou autre Forever sont déjà passées par là et ont montré de belles choses et nettement plus d’intérêt. Les scores d’audience du pilote ayant été relativement décevants, on peut s’imaginer que la série va péniblement réussir à aller au bout de sa première saison.

 

J’ai aimé :

  •  L’univers (trop) fidèle au film
  •  Le coup des pigeons (en mode second degré)

 

Je n’ai pas aimé :

  •  Le manque d’alchimie dans le duo
  •  Un pilote fade, banal et lisse
  •  Le format loners sans réel fil rouge derrière

 

Ma note : 10/20

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Image Minority Report
10.25
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