Critique : Miss Fisher's Murder Mysteries 1.01

Le 19 mars 2012 à 04:58  |  ~ 8 minutes de lecture
Une femme se transforme en enquêtrice de choc dans le Mellbourne de l'après-guerre pour un résultat franchement décevant.
Par sephja

Critique : Miss Fisher's Murder Mysteries 1.01

~ 8 minutes de lecture
Une femme se transforme en enquêtrice de choc dans le Mellbourne de l'après-guerre pour un résultat franchement décevant.
Par sephja

Un premier pas plutôt hésitant 

John Andrews, un riche patron de Mellbourne, décède brutalement dans des circonstances étranges laissant dans la détresse une épouse et sa servante Dorothée. Nouvellement arrivée en Australie, Phryne Fischer revient dans un pays qu'elle a fui après la mort de sa soeur Janey, retrouvant des vieilles connaissances à elle comme Lydia Andrews, la femme de la victime. Peu convaincue par la théorie des policiers, elle va commencer à mener sa propre enquête.

 

Résumé de la critique 

Un épisode maladroit que l'on peut détailler ainsi :

  •  un personnage principal qui manque d'épaisseur 
  •  une intrigue à la mise en place poussive qui multiplie les clichés 
  •  un dernier acte plus convaincant qui trouve en partie son rythme 
  •  un soin intéressant dans la reconstitution 

 

 

Une héroïne peu convaincante 

Série policière qui lorgne plus du côté d'Agatha Christie et Miss Marple que de Conan Doyle, Fisher's Murder Mysteries est un show australienne se déroulant dans le Melbourne des années 20. Tiré d'une série de romans de Kerry Greenwood, la série prend comme héroïne une aristocrate anglaise revenant dans un pays qu'elle avait fui après l'assassinat de sa soeur. Toujours armée d'un pistolet ou d'un couteau, elle possède une curiosité qui la pousse à se mettre dans des situations incongrues, affichant un réel goût pour la résolution de crimes en tout genre.

Interprétée par Essie Davis, ce personnage va souffrir d'un problème de taille durant une bonne moitié d'épisode, à savoir une absence totale de background. Aristocrate anglaise, ces motivations pour tenter de démêler le crime du jour sont particulièrement obscures, affichant une insolence assez déplaisante et des costumes qui manquent dans un premier temps de caractère. Trop prévisible et peu crédible lors de son numéro de charme à Sasha, ce personnage ne possède aucun véritable objectif pour justifier sa curiosité, ni la moindre qualité pour justifier son expertise dans la résolution de meurtre.

Cet absence de but dans la vie sera résolu trop tardivement lors d'une scène où elle confronte le présumé coupable du meurtre de sa soeur, sur le point d'être libéré après avoir purgé sa peine. Peu sympathique durant la première partie, Miss Fischer gagne un peu en crédibilité dans la seconde moitié, le scénario cessant d'accumuler les clichés pour se concentrer sur l'intrigue du jour assez plaisante. Trop prévisible, une héroïne assez peu attachante, la faute à l'absence de description de son histoire personnelle qui empêche de croire au concept de départ du show.

 

Une série faussement originale

Une histoire située dans les années 20, une héroïne à la Louise Brooks qui n'a pas peur de jouer avec le feu, la série a pourtant de nombreuses qualités à mettre en avant, dont celui de jouer sur le décalage entre les époques et les mentalités. Ainsi, la partie concernant l'avortement est très réussie grâce au personnage de Dorothee, servante très amusante par son allergie à la technologie. Jouée par la formidable Ashley Cummings, elle va être l'une des rares à sortir du lot et échapper aux clichés, personnage sympathique qui amène un peu d'enjeu à la seconde partie de l'épisode.

Le pire reste les scènes entre Sasha et Miss Fischer tant elles sonnent faux, les comédiens ne parvenant pas du tout à faire exister cette passion trouble, la faute à un jeu maniéré à la limite de la parodie et à un contexte à peine développé. Leur numéro de danse est hyper prévisible, la mise en scène maladroite jouant la sécurité en cumulant les clichés pour rester dans un format classique sans réel surprise. Plutôt que de nous exposer les personnages, de leur donner du sens et un supplément d'âme, le show s'étire dans des bavardages inutiles, avec un duo Fischer - MacMillan comme une version ratée de Rizzoli and Isles.

Je passerais sur les deux hommes qui viennent fréquemment à l'aide de Phryne, aucun d'eux ne profitant de la moindre description, personnages sans âme hantant un scénario qui ne démarre que dans les vingt dernières minutes. Heureusement, la création du duo Phryne - Charlotte va venir donner un peu d'entrain à cette histoire, laissant entrevoir quelques qualités encore assez peu exploitées.

 

 

Une série qui se cherche une identité 

En fait, le principal reproche à faire à Miss Fischer's Mystery repose sur l'identité du show, cherchant à embrasser différents styles sans jamais imposer le sien. Ainsi, les scènes de nuit dans un brouillard épais n'utilise pas le fait que la série soit à Mellbourne, les réalisateurs jouant avec les clichés du polar londonien du début du siècle. Rempli de références hors sujet dans un récit qui ne fonctionne pas, la série agace par son incapacité à faire exister cet univers pas assez riche, l'intervention de Miss Fisher dans l'enquête n'ayant pas la moindre justification.

De même, le personnage du policier est totalement prévisible et fade, s'opposant évidemment à l'héroïne pour mieux être tourné en ridicule. La conclusion elle-même ne surprend pas, l'épisode s'acharnant à disculper l'une des suspectes tout en laissant l'autre enfiler le costume de coupable idéal, donnant une conclusion sans vraie surprise. Raconter une histoire policière en ne s'intéressant qu'au minimum aux détails de la vie de la victime est assez étrange, manquant de cet enthousiasme que l'on s'attend à trouver dans un pilot et qui pardonne les maladresses.

Pourtant, le show dispose de vraies qualités, à savoir une héroïne qui se joue des valeurs morales, trouvant en Dorothy la coéquipière parfaite pour la mettre en valeur. L'ensemble pourrait même être plaisant à regarder tant le travail de reconstitution est étonnant, faisant exister un univers du début du siècle assez crédible par des partis pris esthétiques judicieux. Un travail sur la forme qui confirme que, si le fond est un chantier encore en travaux, le visuel a été l'objet d'un soin tout particulier.

 

Une réalisation élégante, mais maladroite 

Pour symboliser mes propos, je vais prendre la première scène du bateau, avec l'arrivée de Miss Fischer en Australie, séquence importante qui doit normalement poser le personnage. Là où l'on s'attend à ce que le réalisateur suive son héroïne pour dresser en quelques secondes son trait de caractère principal, les auteurs nous offrent un plan général élégant et totalement impersonnel avec une très jolie incrustation de bateau. Tout est soigné, la photographie est impeccable, mais cet étalage de soin dans l'esthétique se fait au détriment de l'histoire et des personnages, donnant un spectacle décevant malgré tout son potentiel.

En conclusion, un pilot très faible, la faute à des personnages qui manquent cruellement d'épaisseur, à l'exception de Dorothée, la seule à exister un peu et à amener un peu de vie dans cette histoire. La conclusion est prévisible, tout comme le déroulement qui accumule les clichés et les raccourcis, créant un certain malaise. Porté par un visuel particulièrement réussi, l'épisode se regarde sans réel plaisir, la forme ayant été clairement soignée au détriment du fond, donnant une série qui manque d'une réelle identité.

 

J'aime : 

  •  le personnage de Dorothée 
  •  esthétiquement élégant 

 

Je n'aime pas : 

  •  les personnages qui manquent d'épaisseur 
  •  l'intrigue hyper prévisible 
  •  la scène du tango absolument désastreuse 
  •  un manque de crédibilité flagrant

 

Note : 09 / 20 

Même s'il ne faut jamais juger une série à son pilot, la carrière de Miss Fischer comme assez mal, personnage assez agaçant dans un show à la recherche de sa propre identité. Si les images sont soignées, l'histoire est trop prévisible pour passionner vraiment, offrant un démarrage raté et peu enthousiasmant pour la suite.

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