Critique : Odysseus 1.01

Le 14 juin 2013 à 11:34  |  ~ 5 minutes de lecture
Arte s'essaye pour la première fois au péplum. Avec plus ou moins de succès.
Par Koss

Critique : Odysseus 1.01

~ 5 minutes de lecture
Arte s'essaye pour la première fois au péplum. Avec plus ou moins de succès.
Par Koss

Pour des raisons totalement dépendantes de ma volonté, cette critique sera composée de jeu de mots foireux.

 

Laisser-moi vous donner une bonne technique pour apprécier une série : n’avoir absolument aucune attente. Ne rien sentir. Ne rien désirer. Rien. La bande annonce d’Odysseus ne m’avait absolument pas emballé. Alors que les premiers retours laissaient entrevoir un pilot de médiocre qualité, je m’attendais au pire. Contraint et forcé, je me suis attelé au visionnage.

 

Et vous savez quoi ? C’est pas si mal !

 

Homère alors !

 

Odysseus propose une approche assez aguichante : montrer l’envers du décor de l’Odyssée. Dans le poème d’Homère, Pénélope repousse ses prétendants pendant dix ans en attendant le retour d’Ulysse et en défaisant la nuit, le linceul qu’elle tisse le jour. Mais que s’est-il passé réellement sur Ithaque ?

Disons-le tout de suite, le parti pris est diablement intéressant. L’histoire de la télévision regorge de séries historiques. Ample, fragmentée par chapitre et tournée vers l’écriture, la série télé est même le média parfait pour raconter l’Histoire. Dans ce type de production audiovisuelle, l’argent est le nerf de la guerre. La série Rome avait d’ailleurs été annulée pour des raisons budgétaires. Arte s’y est donc mise à trois (avec la participation de la puissante Rai et de la RTP portugaise) pour aboutir à ce résultat. Tournée en décor extérieur au Portugal et bénéficiant d’un casting international, Odysseus affiche clairement ses ambitions et ses limites.

 

 

Pénélope (mais sans Joséphine)

 

Dès les premières minutes, on perçoit très vite le problème : la série manque cruellement de figurants. Ithaque a beau être une petite ville, l’impression de vide ne quitte que rarement le spectateur. Tout cela donne une impression de vide renforcée par le jeu aléatoire de certains comédiens doublés en français. A cela s’ajoute le désagréable sentiment de fausseté qui s’attache à toute production en costume : les comédiens parlent un français d’aujourd’hui, tout en étant affublés de toges. Troublante modernisation.  Si ce flou joue en faveur de certains bons comédiens (Frédéric Quiring, Joseph Malerba et Bruno Todeschini), il en dessert d’autres, notamment Neil Schneider qui interprète Télémaque.

 

Homère de Télémaque !

 

Le fils d’Ulysse, justement, est au cœur des deux premiers épisodes. Coincé entre son père absent, sa mère affaiblie sur le trône et la flopée de prétendants qui cherchent à s’y assoir, le frêle blondinet nous apparait comme bien falot. Difficile dans ce cas de nous attacher à ce personnage qu’on tente de force de nous imposer. Reste tout de même cette jolie scène du jeune Télémaque face à l’armure vide de son père. Cette thématique centrale de la filiation est d’ailleurs assez bien traitée par la suite.

Globalement ce que la série perd en souffle homérique, elle le gagne en drame intimiste. Les relations de pouvoir structurent complètement le show et nous donne à voir bien plus qu’un simple jeu de trônes cheap. Comme dans de très nombreuses séries, on évolue constamment avec des personnages aux nuances de gris dont les mouvements pendulaires rythment chaque épisode. Le personnage de Léocrite est sur ce point, assez fascinant à observer.

 

Grec of Thrones

 

 

Bouillonnant de thèmes politiques, Odysseus se révèle être une adaptation maligne du matériel d’origine. La confrontation des points de vue des deux esclaves Troyennes donne, par exemple, à voir la mécanique d’une adaptation réussie du poème d’Homère.

Malgré cela, le premier épisode donne quelque peu l’impression de balbutier. Les méchants d’Odysseus (les prétendants de Pénélope) s’avèrent être particulièrement caricaturaux et grossiers, et de trop nombreuses scènes de ce pilot nous les montrent comme tels. Pire, ce dernier résume l’intégralité de ses enjeux dans la (très réussie) scène finale. On en revient presque à se demander si les quarante minutes précédentes ont bien été nécessaires.

 

Cela étant dit, Odysseus est une série assez attachante qui gagne en profondeur à mesure de la progression de son intrigue (le 2nd épisode est meilleur que le 1er). Il faut donc passer les quinze mauvaises premières minutes du pilot et attendre le retour d’Ulysse (indice : on le voit dans le générique) pour qu’Odysseus s’affirme enfin comme un objet télévisuel réussi.

 

J’aime :

  •  Carlo Brandt, méchant mythique de Kaamelott et magistral ici.
  •  Des enjeux politiques maitrisés et jamais caricaturalement manichéens.
  • Une attente entretenue à merveille : quand Ulysse rentrera-t-il à Ithaque ?

 

Je n’aime pas :

  •  La musique, recours systématique d’une mise en scène un poil fainéante.
  •  L’histoire d’amour entre Cléa et Télémaque, pas crédible pour un sou et jamais passionnante.
  •  Des acteurs un peu absents et des décors en toc : pas de doute, on est dans une fiction française !

 

Ma note : 11/20.

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