La femme qui aimait les éléphants
Ancienne épouse de l'ex-président Bud Hammond, Elaine est une femme tenace et ambitieuse qui a profité des soupçons d'infidélité de son mari pour tenter sa chance. Malheureusement, sa défaite lors des primaires l'a obligé à accepter le poste de secrétaire d'Etat tandis qu'elle obtenait le divorce avec son époux. Fasciné par le destin de cette femme, la journaliste Susan Berg, en mauvais termes avec elle après avoir révélé des années auparavant les frasques sexuels de son mari, utilise un scandale concernant son fils pour obtenir une interview exclusive et relancer sa carrière.
Résumé de la critique
Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi :
- un univers riche et très bien mis en place
- un personnage central fascinant campée par une superbe Sigourney Weaver
- un drame familial assez classique par la forme
- un accueil un peu froid pour un pari risqué
Le destin est parfois une vraie salope
Femme de poigne et de talent, Elaine Barrish fut surtout la First lady très appréciée d'un président américain certes populaire, mais au goût prononcé pour les jeunes comédiennes et les stagiaires. Si le parallèle avec les Clinton n'est jamais explicité, il est suffisamment flagrant pour donner sa crédibilité à Political Animals, portrait saisissant d'une femme de pouvoir qui essaie de se convaincre que son destin est encore devant elle. Dans ce rôle, une magnifique et époustouflante Sigourney Weaver qui se voit offrir un des plus beaux rôles féminins de ces dernières années.
Son mariage est parti en lambeaux, son fils a tenté de mettre fin à ses jours et pourtant cette femme tient son rôle de secrétaire d'état avec aplomb, subissant le machisme des hommes de pouvoir tout en les remettant fréquemment à leur place. L'héroïne de Political Animals est une diplomate qui sait appeler les choses par leur nom et essaie de masquer ses propres faiblesses : la nostalgie de son mariage et sa peur de ne pas être à la hauteur de son travail et sa famille. C'est autour du télescopage de trois storylines que l'épisode va se construire, la plaçant dans une situation périlleuse où la tension devient extrême et place l'héroïne, seule, face à la nécessité de faire des choix.
L'épisode commence avec l'arrivée pour un reportage de la journaliste Susan Berg, une femme ambitieuse qui avait révélé les infidélités de l'ancien Président auprès de la presse, évènement qui l'a conduit à développer une certaine fascination pour Elaine. Seulement, la gloire du scoop n'a duré qu'un temps et cette interview représente désormais sa dernière chance de sauver sa place. Pour l'obtenir, elle utilise la tentative de suicide cachée du fils de l'héroïne comme levier pour se rapprocher de la secrétaire d'Etat. Autant dire qu'elle n'est pas la bienvenue, et qu'une tension terrible s'installe immédiatement entre ces deux femmes de caractère, qui vont se mesurer l'une à l'autre et apprendre à s'apprivoiser.
La famille occupe une place importante dans l'épisode, surtout que l'un des fils d'Elaine, Douglas, est sur le point de célébrer ses fiançailles avec la fille d'un diplomate japonais. Un grand repas familial est donc organisé, l'occasion des premières retrouvailles entre la secrétaire d'Etat et son ex-mari depuis son divorce. Là-dessus, une crise éclate en Iran où trois journalistes américains sont arrêtés et menacés de la peine capitale, la plaçant en première ligne pour négocier alors le président fait le choix de couvrir ses arrières.
Bref, une journée impossible, coincée entre sa réunion de famille, la présence d'une journaliste ennemie à ses côtés et une crise internationale où la Maison Blanche fait clairement de la rétention d'information. Une pression terrible qu'elle va soutenir sans défaillir, justifiant le choix d'une vraie femme forte pour interpréter ce rôle, à savoir la toujours charismatique et élégante Sigourney Weaver.
Un casting cinq étoiles
En regardant le Prometheus de Rydley Scott, j'avais constaté assez vite que, si l'histoire ne m'insupportait pas, l'absence de Sigourney Weaver me devenait rapidement insupportable, les références à Alien me renvoyant au souvenir d'Ellen Ripley. Adepte des rôles de femmes fortes, l'ancienne interprète de Diane Fossey s'empare avec un plaisir non retenu de ce personnage et offre l'une des plus remarquables performances de comédiennes depuis Kate Winslet dans Mildred Pierce. Avec un charisme impressionnant, elle compose un personnage remarquable, tour à tour froide, attachante, super héroïne invulnérable, puis femme fragile qui doute de son destin, qui tremble pour ses enfants, très humaine et en même temps très mystérieuse.
Dans un rôle écrit pour elle par un Greg Berlanti inspiré, l'actrice bonifie chacune de ses apparitions, poussant les autres comédiens à tenter de se montrer à sa hauteur. De ce point de vue, le casting est pléthorique, avec surtout un formidable Ciaran Hinds, inoubliable César dans Rome, qui compose un personnage à la fois détestable et attachant, un homme politique maître dans l'art du double discours. Ce duo est clairement l'un des points forts d'une série très riche qui compte aussi dans les rôles masculins Adrian Pasdar, James Wolk, Roger Bart et Dylan Baker.
Production ambitieuse, la nouvelle série du créateur de Brothers & Sisters propose surtout de très beaux rôles féminins, même si Ellen Burstyn reste encore assez en retrait dans cette première partie. Beaucoup plus exposée dans un rôle difficile, Carla Gugino incarne à première vue une garce arriviste en quête d'un scoop et prête à tout pour l'obtenir, car c'est le seul espoir de sauver son reste de carrière. Peu sympathique au premier abord, la comédienne parvient à imposer petit à petit un personnage fragile finalement assez touchant, celui d'une femme ambitieuse et exigeante qui voit dans l'héroïne de Political Animals son idéal.
Cette admiration sans faille pâtit pourtant d'une incompréhension : la journaliste ne comprend pas le choix de la politique de rester avec un mari infidèle, choix qui vient contredire l'image de femme indépendante que la secrétaire d'Etat représente à ses yeux. Si le premier contact entre les deux est froid et distant, les traumatismes d'une journée difficile vont pousser les deux femmes à se rapprocher, engendrant la plus improbable des amitiés autour de la découverte du champ de ruines que sont leurs vies privées respectives. Un duo de femmes qui impose le ton résolument féministe et moderne d'une série particulièrement attachante, malgré une structure de récit très classique et volontairement mélodramatique.
Carrière ou vie privée ?
Série ambitieuse et séduisante, Political Animals profite de l'approche des élections américaines pour se pencher sur l'histoire d'une héroïne en quête de son destin, à savoir devenir la première femme Présidente des Etats-Unis. Le parallèle flagrant avec Hillary Clinton se limite au contexte et à quelques petites allusions, Greg Berlanti ne cherchant pas à faire de la politique fiction. Puisant dans de son expérience sur Brothers and Sisters, l'auteur nous invite à une grande histoire familiale typiquement américaine, faisant de Political Animals un soap élégant et maîtrisé.
Ainsi, les quotas sont respectés, cherchant à englober à l'intérieur de la famille Hammonds tous les aspects d'une société en plein mouvement : homosexualité, dépendance à la drogue et anorexie. Ecrasés par une mère exigeante et froide, les fils d'Elaine ont souffert de son ambition, n'ayant pas d'autres choix pour avoir son affection que d'intégrer son staff afin de la suivre dans ses déplacements. Une solution choisie par Douglas, le fils parfait en apparence, choisissant de construire sa propre carrière dans les pas de sa mère, au risque d'y perdre sa vie privée.
Thomas incarne à l'opposée le fils prodigue, celui qu'elle a choisi de privilégier en lui laissant la liberté d'être ce qu'il désirait, de vivre ses passions sans imposer ses critères de réussite. Seulement, au lieu d'obtenir le résultat souhaité, à savoir un garçon sensible libre de faire ses choix, son fils a sombré dans l'alcool et la drogue, amenant à une tentative de suicide qui va servir de point de départ à l'épisode. Personnage un peu cliché qui évoque un peu trop Justin Walker, ce fils en pleine crise est le moins convaincant du groupe, Sebastian Stan souffrant de ce manque flagrant d'épaisseur.
Une minisérie ambitieuse
Si le choix peut surprendre de la part d'une chaîne comme USA de produire une minisérie dans le milieu de la politique, le résultat s'avère qualitativement à la hauteur de ses ambitions. Malheureusement, les scores d'audiences sont plus mitigés, résultat un peu décevant qui risque malheureusement de pousser la chaîne à revenir à ces divertissements estivaux et ces rediffusions de NCIS. Il reste à espérer que la qualité du programme saura se maintenir tant elle apporte une nouvelle dimension particulièrement intéressante à la philosophie du "Characters Welcome" chère à la chaîne câblée.
En conclusion, une première partie ambitieuse qui doit beaucoup à la performance renversante de Sigourney Weaver, dans ce rôle écrit à sa mesure. Le casting est impressionnant, c'est le point fort d'un show élégant et prenant qui s'intéresse à la destinée complexe d'une femme de pouvoir, prise entre sa vie de femme, de politicienne et de mère. Un soap élégant particulièrement et bien écrit qui s'amuse avec les clichés machistes et féministes, même si l'ensemble ne fait que réutiliser au final les recettes classiques du genre.
J'aime :
- Sigourney Weaver, actrice remarquable
- Carla Gugino qui parvient à lui tenir tête
- la réalisation élégante et soignée
- le casting d'une richesse surprenante
- l'histoire intrigante
Je n'aime pas :
- un soap très classique par sa forme
Note : 15 / 20
Difficile de ne pas succomber d'admiration devant la magnifique performance de Sigourney Weaver, éblouissante de talent durant les soixante-dix minutes de cet épisode. Une histoire prenante et très bien écrite, celle d'une femme politique inspirée par Hillary Clinton qui veut croire en son destin, plaçant Political Animals dans les très bonnes surprises de cet été 2012.