Critique : Puberty Blues 1.01

Le 27 août 2012 à 10:36  |  ~ 8 minutes de lecture
Une série australienne qui se penche sur les tentatives de deux adolescentes pour intégrer un groupe de surfeurs. Une bonne pioche qui lance avec élégance cette saison 2012-2013.
Par sephja

Critique : Puberty Blues 1.01

~ 8 minutes de lecture
Une série australienne qui se penche sur les tentatives de deux adolescentes pour intégrer un groupe de surfeurs. Une bonne pioche qui lance avec élégance cette saison 2012-2013.
Par sephja

Sea, Surf, Love

 

En 1977, Debbie et Sue sont deux adolescentes moyennement populaires qui ont bien l'intention de monter dans la hiérarchie en se rapprochant du groupe dominant du lycée : les surfeurs. Seulement, d'autres filles gardent jalousement la place, les condamnant à subir leurs brimades tandis que la vie au sein de leurs familles respectives leur apparaît comme de plus en plus étouffante. 

 

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Savoir prendre la vague 

 

Puberty Blues est une série Australienne crée par John Edwards et Imogen Banks, un duo déjà à l'oeuvre sur Offspring qui a décidé de s'attaquer à l'adaptation d'un roman homonyme de Kathy Lette et Gabrielle Carey. L'histoire de Debbie et Sue, deux adolescentes encore gamines qui veulent se hisser socialement en se rapprochant d'un groupe de surfeurs plus matures et peu portés sur les études. Il faut avouer que le grand océan est là, avec ses vagues immenses et les moeurs particulières des années soixante-dix, entre exubérance et soif de liberté. 

Esthétiquement remarquable, Puberty Blues est un récit sur l'adolescence qui lorgne par instant vers Sofia Coppola, mais sans les éclats pop qui encombrent parfois les films de la cinéaste. L'univers est totalement crédible, la photographie magnifique, retrouvant ses éclairages typiques des films de surf d'époque comme Big Wesneday de John Milius, avec des plages très contemplatives au milieu de la mer de Tasmanie. Très maîtrisé, le récit nous permet de nous immerger dans ce premier volet très descriptif qui va concerner au final trois familles de la banlieue de Sydney. 

Puberty Blues ne raconte pas les malheurs de deux adolescentes, mais juste une chronique douce-amère sur le passage délicat à l'âge adulte. Le rythme est lent sans être ennuyeux, nous laissant entrer dans le quotidien et la routine de trois familles, proposant trois portraits intéressants de la société australienne. Aux parents trop cérébraux de Debbie, incapable de la moindre spontanéité, s'oppose ceux de Sue, anciens hippies des années soixante en quête d'une seconde jeunesse dont l'extravagance est inversement proportionnelle à l'introversion de leur fille unique. 

L'épisode ne raconte pas au final encore grand-chose, mais nous permet de rentrer dans l'univers particulier d'un show en huit parties qui sait prendre le temps de sa mise en place. Le temps d'une journée, les auteurs nous font découvrir un monde entre la ville, tellement normale et ennuyeuse, à l'opposé de la plage, loin du monde et coupée de la réalité. L'occasion pour certains d'une partie de surf, afin de se retrouver seul avec l'océan, loin des soucis d'un quotidien parfois trop compliqué pour l'esprit de ces adolescents. 

 

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Le passage à l'âge adulte 

 

Le scénario raconte donc l'histoire de deux héroïnes qui jouent les lolitas pour intéresser des garçons plus matures, mais se frottent aux humiliations de leurs petites-amies. D'ailleurs, la question se pose assez vite de savoir si, plus que l'attention des garçons, ces deux demoiselles ne cherchent pas uniquement à être considéré par leurs rivales, laissant apparaître leur caractère encore très puéril. A défaut d'être original, Puberty Blues possède un ton, une qualité de mise en scène qui fait la différence en évitant les clichés les plus grossiers du genre tout en portant un soin particulier aux petits détails.

Les deux héroïnes ne sont pas des adolescentes malheureuses tant le milieu familial parait plutôt sain et équilibré, surtout Sue qui reste d'ailleurs la plus enfantine des deux. Pourtant, elles se sentent asphyxiées de plus en plus dans cette cellule familiale, attirées par l'univers de la plage et tous les fantasmes qui y sont attachés : le soleil, l'océan et le jeu de la séduction. Traitée uniquement de manière implicite, la sexualité n'est pas vraiment envisagée par ces deux filles qui veulent avant tout exister dans le regard des autres, empli d'une fierté nouvelle concernant leur apparence. 

Les deux héroïnes sont donc très puériles sans être agaçantes, le show trouvant ici le bon équilibre en installant une certaine distance entre elle et le spectateur. Bien plus que leurs crises d'adolescence assez banales, les auteurs s'intéressent à trois crises familiales en gestation qui nous sont présentées dans cet épisode descriptif assez subtil. Une mise en route élégante qui permet d'identifier chaque personnage et laisse le temps d'entrer dans le rythme d'une narration qui oscille entre la nostalgie de l'enfance et le regard cynique des adolescents sur le monde des adultes.

Quitter le cocon familial, sortir de l'univers protégé de la famille, voilà ce qui intéresse Debbie, poussée par une fierté nouvelle et une envie de se confronter avec les autres filles. A la différence, son amie est plus une suiveuse, ne comprenant pas vraiment les changements qui sont en train de s'opérer chez elle, encore nostalgique d'une enfance qu'elle refuse de quitter. Une chronique douce-amère pas très originale sur le principe, mais particulièrement séduisante par la finesse de sa narration et la qualité de son interprétation.

 

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Quelques ombres au paradis

 

Si l'univers de la plage est en apparence celui de tous les fantasmes, il est aussi un moyen de masquer une incapacité à comprendre le monde des adultes. Ainsi, Gary va surfer uniquement pour fuir son incapacité à assumer sa relation particulière avec son père, témoin de son infidélité envers une mère trop fragile pour ouvrir les yeux. Une noirceur qui sera exploitée par la suite, la série portant un regard moqueur sur cette jeunesse qui se donnent l'air d'être des adultes, mais en refusent les responsabilités comme des enfants capricieux. 

Ce regard un peu cynique sur le monde des surfeurs en particulier rappelle Angry Boys où Chris Lilley et ses Mucca Mad Boys avait déjà raillé l'esprit puéril de ces amoureux de la glisse adepte de la drogue et d'une amitié virile plutôt ambiguë. Une population typiquement australienne sur laquelle les auteurs portent un regard un peu moins ironique, dressant plutôt le portrait d'une dérive de la mentalité libertaire de la société australienne de l'époque. Un élément que le premier plan met bien en évidence, posant le décor d'un univers en rupture avec l'obsession contemporaine pour les lois et les codes. 

Par contre, si Puberty Blues est un bel objet avec une intrigue feuilletonnante maîtrisée, elle pose un problème majeur et typiquement australien. En effet, les associations sur place se plaignent beaucoup et à juste titre du manque de représentation de la diversité ethnique australienne dans les séries actuelles (hormis certaines productions comme Woodley ou The Slap). Cette production ne déroge pas à la règle avec un casting composé d'acteurs à l'apparence anglo-saxonne, défaut qui ne nuit pas au visionnage, mais montre les limites d'une série visant un peu trop l'exportation en véhiculant une image fausse du pays. 

Au final, ce premier épisode reste une réussite grâce à une mise en scène soignée, offrant une première partie descriptive réussie pour une intrigue certes simple, mais séduisante. Un show dont j'ai bien l'intention d'assurer les critiques jusqu'au bout, huit épisodes qui viennent lancer une saison télévisée Australienne 2012-2013 réussie avec le retour à signaler de la très drôle Winners and Losers dont je parlerais un peu plus tard dans les colonnes de Serie-All.

 

J'aime : 

  •  la réalisation est impeccable 
  •  un casting convaincant 
  •  un bon mélange entre drama et comédie 
  •  un portrait assez juste de trois familles 

 

Je n'aime pas : 

  •  une intrigue de départ sans surprise pour l'instant

 

Note : 14 / 20 

Avec sa réalisation qui prend une tonalité assez proche de la cinématographie de Sofia Coppola, Puberty Blues est une bonne surprise, une respiration venue d'Australie très plaisante. Portée par un très bon casting et une écriture soignée, la série se penche avec finesse sur le passage à l'âge adulte et évite le piège des clichés avec intelligence.

 

Pour ceux qui sont intéressés par les problèmes d'ethnicité dans les séries australiennes, je conseille cet article du Sydney Herald : 

http://www.smh.com.au/national/toowhite-tv-must-tune-in-to-the-real-team-australia-20111125-1nz8l.html

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