Critique : Romanzo Criminale 1.01

Le 15 juillet 2011 à 12:27  |  ~ 12 minutes de lecture
Le premier épisode de Romanzo Criminale nous plonge tout de suite dans une époque, une histoire, une ambiance.
Par Anonyme

Critique : Romanzo Criminale 1.01

~ 12 minutes de lecture
Le premier épisode de Romanzo Criminale nous plonge tout de suite dans une époque, une histoire, une ambiance.
Par Anonyme

Une plongée dans une ambiance et une époque

 

La force de cet épisode pilot est d'arriver en quelques minutes à peine à nous plonger dans une ambiance et une époque pour pouvoir ensuite sereinement nous dérouler le fil de l'histoire qui doit s'y passer.

 Il y a d'abord cette scène d'introduction qui manifestement se passe à notre époque. Elle est légèrement floutée et aux couleurs saturées. Ce faisant elle utilise donc les codes cinématographiques du rêve ou plutôt.... du flashback. Bref nous sommes supposés être là dans l'appel à la mémoire, cela suggère que ce que l'on voit à l'écran relève d'un évènement passé, d'une temporalité achevée. Une scène très violente se déroule alors sous nos yeux. Un vieux bute un jeune par vengeance et ce qu'il gueule ensuite nous interpèle tout de suite « J'étais avec le Libanais!!! ». Étrange tout de même, cette référence au passé dans un flashback, dans une scène sensée déjà elle même être passée.... un passé? Oui mais lequel? Et qui est ce libanais qui fait si peur que la simple mention de son nom semble être si terrible?

Hop, le flou disparait, les couleurs redeviennent normales et l'histoire peut commencer. On comprend dès lors que nous n'étions pas dans un flashback, mais dans un flashforward. La véritable histoire a lieu des années auparavant, c'est dans ce passé qu'est le véritable présent. Cela peut paraître anodin, mais utiliser ces codes visuels pour représenter notre présent et filmer de manière normale l'époque où se déroule l'action tend à renforcer l'idée que seule cette réalité compte et qu'après il n'y a plus rien... qu'après l'action tout n'est que chimère... nuage, rève. Le moment de l'action est le seul espace de véritable réalité.

 

Ca sent la sauce tomate

"Hmmm elle est mortelle votre sauce Maria!"


Mais reprenons notre description, l'action se déroule dans une cuisine... en effet où mieux commencer une histoire de gangster italien que dans une cuisine? Notre inconscient et tout ce qu'il a emmagasiné de pop-culturel travaille là à bloc, on lui donne des repères pour se nourrir. Ça sent la sauce tomate à l'italienne tandis que derrière, en fond sonore, le poste transistor lâche d'une voix nasillarde : « Fulvio Croce, président de l'ordre des avocats a été assassiné par les Brigades Rouges.»

Bam! Ca ne manque pas, tout comme la sauce tomate, ça prend. Par cette simple phrase nous plongeons directement dans une époque, nous touchons du doigt l'ambiance du moment en italie : Nous sommes dans les années de plombs

Nos repères spatio-temporels se précisent quelques secondes plus tard, avec un plan de caméra sur l'extérieur de l'immeuble. Un texte nous situe le tout à l'écran « Rome, quartier de la Magliana 1977 ». Où commencer en effet une série sur la terrible Banda Della Magliana ailleurs que dans son quartier d'origine? Quelques scènes plus tard on verra une Rome pleine d'émeutes et de manifestations. Bref la scène est en place, les comédiens peuvent y entrer, le spectacle va pouvoir commencer...

 

Un bon tour d'horizon des protagonistes


Cet épisode d'introduction ne prends pas 300 000 détours, il nous présente les personnes simplement dans leur quotidien, dans ce qu'ils font, tout est clair et compréhensible. On comprend vite où en on est, et où on va. Pour ce faire on nous les montres uns à uns.

Ainsi il y a une bande, avec tout d'abord le Libanais et le Dandy, puis le Buffle et Fil de Fer. On voit égalemment le Rat dans son coin, on le reverra dans une position moins confortable peu après. Un peu plus tard on ajoute également à cette joyeuse bande, Satan, le Froid, le Fier et le Bouffon. 

Des surnoms? Oui, chacun des bandits de l'histoire se fait appeler par un de ces surnoms. Tout de suite cela tend à leur donner - rien que par leur appellation - un caractère, une particularité, une âme. Cela les charge d'images, cela nous interpelle (pourquoi ces surnoms et pas d'autres? Etc.). Ils sortent de leur simple statut de personnes pour devenir des archétypes, des concepts, prendre plus d'importances encore qu'ils en ont. Ils ne sont pas une bande ils sont un panthéon.

Et pour cause en un seul épisode Romanzo Criminale nous donne à voir un chara-design excessivement travaillé, il n'y a pas de personne sans charisme, ils ont tous « un truc » qui leur est propre, qui les rendent intéressant, stylé, marquant, que ce soit dans leur personnalité, dans leur démarche, dans leurs vêtements, dans leurs actions... 

Parlons du Libanais par exemple que l'on voit beaucoup dans cet épisode et qui semble être destiné vu ce qu'on en voit à être un des personnages principaux. Son surnom évoque un étranger, il vit dans une caravane tel un nomade, un gitan, sa voiture n'est pas italienne mais anglaise, une mini, il a des allures et des méthodes de chef de la pègre, il a l'air de vouloir conquérir Rome et pourtant tout en lui évoque le fait d'être un outsider, de venir d'ailleurs, de n'être qu'un parvenu, un immigré, une pièce rapportée, quelqu'un qui ne maîtrise pas les codes et les traditions. Où cela va t'il nous mener? Nous le verrons bien ou pas dans les épisodes suivant.

 

Commissaire Scialoia et sa moustache

"Je suis le commissaire Scialoia et j'ai une moustache qui nique tout sa race!"


Les protagonistes dans Romanzo Criminale sont traités sur un pied d'égalité avec leurs antagonistes. Et parmi ceux-là, le principal n'est autre que le commissaire Scialoia. Encore un outsider, un flic que ses collègues traitent de bolchévique à une époque où il ne fait pas bon être communiste dans la police, un mec devant lequel on fredonne l'internationale en passant. Mais surtout, ce que l'on ne dira jamais assez : quelle magnifique moustache!!! BON DIEU qu'est ce qu'elle est belle sa moustache! Hm... hm... bref, pardonnez moi et passons. Au dessus de lui il y a le procureur Borgia. On sent direct que c'est un type qui va l'emmerder sévère, on sent aussi que c'est un mec qui est potentiellement intéressant, qui lui aussi a un chara-design léché, il a l'air intéressant, à creuser donc...

Il y a aussi Le Terrible qui à ce que l'on peut comprendre est le gangster qui ressemble - dans le chaos éclaté de la pègre romaine - le plus à ce qu'on pourrait appeller «le taulier ». Bref, le mec important, le mec sur qui il faut compter. Je tiens aussi à préciser que au concours de la plus belle moustache, il n'est pas en reste. Bref c'est encore là un personnage avec un charisme assez conséquent. Manifestement, y a une histoire pas net qui traine entre le Libanais et lui, ça promet!

Enfin il y a les « autres ». Les « autres »? Vous voulez dire « eux », les « autres »? Oui, « eux », les « autres »... ce petit groupes de personnes qui parlent dans une salle obscure au sujet des radicaux, des communistes, de la police, de la pègre... ils ont l'air important... qui sont-ils? Mystères?

Ooooh j'ai faillis oublier d'évoquer les femmes. Dans cet épisode on en voit trois principales, la mère du libanais, qui râle et jure sur la mauvaise vie des garçons en leur demandant de trouver un boulot, la copine de Fil de Fer, prête à se donner mais effrayée d'être quittée après ça et à laquelle il songe à offrir une bague, et la copine du petit frère de Froid, jolie, juvénile au regard énigmatique. Rien de plus pour l'instant, si ce n'est les évocations de putains quand les garçons rigolent entres eux. Les femmes restent donc en retrait dans cet épisode en une lointaine trinité... la mère, l'épouse et la petite soeur en sommes... trois position importantes pour la femme dans la culture italienne, oui, définitivement une sainte trinité. Qui ne peut ressortir qu'avec en contraste comme fond l'évocation de la putain bien sûr.  

Bref l'épisode pilot a fait un tour d'horizon des protagonistes de manière efficace. On en attend ni plus, ni moins de lui, rien à redire. 

 

Un style, des musiques... mais une fausse note


quel styleRomanzo Criminale c'est quand même avant tout une histoire qui se passe à la fin des années 70 en Italie. Alors forcément niveau style on s'en prend pleins les mirettes, il faut s'y attendre. Car si comme moi vous êtes fan de pantalons cigarettes moulants avec petites vestes de cuirs et chaussures pointues, si vous mouillez devant les vespa et les blazers cintrés, si les petites voitures citadines italiennes desquelles sortent des mecs à la tignasse brune rebelle et à la moustache impeccable, c'est un truc qui vous fait rêver... alors forcément, dans cet épisode et plus généralement dans Romanzo Criminale vous êtes servis. 

Arrêtons nous un peu sur les musiques de cet épisode si vous le voulez bien (en fait même si vous le voulez pas... et comme dirait un grand sage, si vous êtes pas content « je vous emmerde!!! et je rentre à ma maison »). Il y a tout d'abord dans la scène qui se passe à la Magliana, au cours du plan de caméra extérieur le légendaire morceau « Le Freak » du groupe disco-funk « Chic » qui résonne à fond aux alentours, craché qu'il est par l'auto-radio du corbillard que le Buffle a volé sans s'embarrasser du macchabée encore dans son cercueil à l'arrière. Là on est clairement encore dans le repère temporel pour le téléspectateur. On vient à peine de commencer l'épisode et on nous rappelle donc que en cette fin d'années 70, les années 80 et la vague disco arrivent à grand pas. C'est cependant une faute historique que je suis bien obligé de relever auprès de vous chère communauté de serieall, car le morceau « Le Freak » ne sera enregistré que en 1978, soit un an après l'action de ce premier épisode. Une fausse note donc pour ce pilot du point de vue de la reconstitution historique.

Autre morceau marquant de l'épisode « The Passenger » de Iggy Pop sortit lui pile en 1977 (donc ça colle) et dont les paroles décrivent l'errance nocturne de quelqu'un dans une ville, transporté tel un étranger à travers des rues qu'il voit sans les toucher. Le morceau accompagne la course du commissaire dans tout Rome au milieux des émeutes et de la répression, sur fond de tentative de révolution, on survole les places, les coursives, les ruelles, les boulevards et les ponts, on voit ce qui s'y passe, ces moments historiques de combat entre marxistes et forces de l'ordre, mais lui comme nous ne sommes que des spectateurs de cette course, des passagers tandis que nous est donné à voir ce qu'était Rome à cette époque, bref un morceau parfaitement choisit qui évoque directement la scène à laquelle on assiste. 

Il y a aussi - et là je vous prie de m'excuser - un morceau que ma maigre connaissance des standards de la musique italienne ne me permet pas d'identifier. Un espèce d'hymne d'opéra pour chanteur à voix italien style Pavaroti qui accompagne le Dandy dans son bain. Un truc qui correspond parfaitement au personnage. Ce style de musique est un autre angle d'attaque - plus local - de l'atmosphère du lieu et de l'époque.

Enfin des arrangements musicaux oscillant entre omni-présence et minimalisme, toujours au service de l'histoire et du suspens. Parfois quelques notes de piano comme une sonate évanescente, parfois des distorsions de guitare plus violentes, parfois encore des arrangements électroniques. Bref le tout est bien travaillé, c'est un bel objet, finement ficelé.

 

En définitif


J'aime : 

  •  Une plongée immédiatement réussis dans l'époque et l'ambiance
  • Des personnes efficacement présentés et bien soignés
  • Un arrangement musical de qualité

 

Je n'aime pas :

  • Une faute historique avec le morceau "Le Freak"
  • Un générique peut-être un peu faiblard
  • Heu....

 

Note : 15/20

Un épisode qui remplit parfaitement sa fonction de pilot et qui introduit parfaitement la série et ce qui va suivre. A voir absolument mais je ne suis pas objectif. 

 


L'auteur

Commentaires

Avatar Anonyme
Anonyme
Allez quoi... faut regarder cette série...

Avatar Serivore
Serivore
Je l'ai vu. C'est pas mal. C'est propre niveau réalisation et tout. Mais, c'est pas transcendant non plus.

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