Critique : Saving Hope 1.01

Le 17 juillet 2012 à 20:26  |  ~ 8 minutes de lecture
Un mélodrame hospitalier totalement irréaliste au pitch intéressant, mais particulièrement mal exploité.
Par sephja

Critique : Saving Hope 1.01

~ 8 minutes de lecture
Un mélodrame hospitalier totalement irréaliste au pitch intéressant, mais particulièrement mal exploité.
Par sephja

L'hôpital et ses fantômes 

 

Charlie Harris est le chef de chirurgie de l'hôpital Hope-Zion à Toronto et le futur époux du docteur Reid, une jeune urgentiste jusqu'à ce que le taxi les menant à leur mariage soit heurté violemment par une voiture. Il se retrouve alors plongé dans un profond coma et subit une expérience extracorporelle tandis que les médecins s'efforcent de le garder en vie. L'occasion pour lui d'errer dans les couloirs et de découvrir son travail d'un oeil différent, quelque part entre la vie et la mort.

 

Résumé de la critique

 

Un épisode médiocre que l'on peut détailler ainsi :

  •  une intrigue maladroite
  •  un personnage principal figé 
  •  des incohérences gênantes
  •  un début correct, mais un final désastreux

 

Le début d'une autre existence 

 

Série canadienne diffusée par NBC, Saving Hope est un show qui vient remplacer Combat Hospital, première l'année dernière à profiter d'une diffusion sur plusieurs networks de l'Amérique du Nord. Mais, à la place de l'Afghanistan, c'est Toronto qui devient le siège d'une show hospitalier mélodramatique plutôt plaisant au premier abord, avant une deuxième partie qui multiplie les maladresses. Chef d'un service de chirurgie, Michael Shanks y interprète le docteur Harris, un homme au sommet de sa carrière, préparant son mariage avec Alex, une jeune urgentiste séduisante incarnée par Erica Durance, lorsqu'il se retrouve plongé dans le coma après son accident.

Conscient du besoin de se démarquer d'entrée des autres shows hospitaliers, Saving Hope fait le mauvais choix en lançant l'épisode par le milieu, grillant l'effet de surprise concernant la destinée du personnage principal. Très maladroit, l'épisode va opérer un retour en arrière, offrant un acte d'exposition assez maladroit à cause d'une gestion du rythme discutable avant de revenir sur l'incident à mi-épisode. En parallèle, les patients du jour sont présentés au pas de charge, trop nombreux et disparates pour éviter une certaine confusion, aucun personnage marquant ne s'imposant vraiment.

Assez désordonné, le scénario passe fréquemment du coq à l'âne, offrant un montage assez décousu autour du drame vécu par le docteur Harris. Seul point fixe dans cet univers, Michael Shanks incarne les débris de conscience de son personnage, identité trouble qui ne lui laisse que peu de capacité d'action. Une idée singulière qui pourrait être intéressante si elle était vraiment développée, les scénaristes se limitant à quelques apparitions à l'intérêt assez discutable et une utilisation pas très adroite de la voix off. 

 

Un héros en voix off

 

Pendant que les médecins s'affairent à sauver leur patients du jour, le héros est réduit à l'état d'inaction totale, conscient du monde qui l'entoure sans avoir pour autant avoir la possibilité d'interagir. Une impuissante intéressante surtout pour un chef de médecine face à son propre cas, mais qui s'avère assez mal traitée, Michael Shanks restant étrangement figé dans la même position. Pénétrant l'espace inconnu entre la vie et la mort, les scénaristes avaient l'occasion de se permettre de détourner les règles de la normalité, mais choisissent la pire solution en proposant une voix off désincarnée et faussement philosophique. 

Si le concept du personnage qui sort de son corps est intéressant, c'est parce qu'il permet un voyage par-delà les barrières physiques pour poser un autre regard sur soi-même. Seulement, au lieu de profiter de cet espace de liberté, les auteurs se montrent peu inspirés et enferment leur personnage dans une passivité agaçante, conversant avec les victimes de l'établissement dans des dialogues fades et ennuyeux. Irréalistes et peu inspirées, ces conversations manquent d'une dimension dramatique absente de l'épisode, comme cette jeune mère visiblement heureuse après son décès qui la sépare de son enfant qui vient juste de naître.

Trop lisse et franchement irresponsable, la série offre un spectacle policé au possible, jouant sur le thème déjà repassé de la relation complexe entre le docteur et le patient. Une histoire qui va toucher le fond avec la storyline d'un homme en passe de se faire amputer le bras, récit désastreux qui va couler en grande partie le final de l'épisode. Trop lourde et pas assez fantaisiste, Saving Hope souffre en plus d'une photographie assez agaçante, cherchant à jouer avec les lueurs avec une indéniable maladresse.  

 

Quand la crédibilité en prend un coup (spoiler)

 

Bon, le moment est venu de s'énerver un petit peu tant la série possédait le potentiel pour être un bon drama avec une base de départ assez solide. Seulement, plusieurs dizaines d'années après Urgences, les scénaristes canadiens ont oublié qu'il fallait un minimum de crédibilité aux premières scènes pour vendre une série médicale. Dans cet univers, la moindre incohérence est fatale, détail dont les auteurs ont eu conscience durant une bonne dizaine de minutes, offrant une première scène chirurgicale bien sanglante, laissant quelques espoirs pour la suite.

Et bien, ne vous laissez pas berner, car une fois dépassé cette scène, le reste relève du grand n'importe quoi, avec des décisions médicales absolument invraisemblables et des internes incompétents. Ainsi, le cas de l'ancien soldat d'Afghanistan sur le point de faire amputer son bras est très mal géré, surtout lorsque le chirurgien prend la décision contre l'avis du patient d'opter pour une autre opération au dernier instant, prétextant que "bon, il sait ce qui est bien pour le patient quand même". Mais pire que tout, les employés de Hope-Zion sont assez mauvais, surtout l'interne Lin qui refuse de toucher sa patiente uniquement à cause de sa surcharge pondérale (dois-je rajouter que la patiente est enceinte ? Si,si, promis...)

Je passerais aussi sur le garçon qui n'en veut pas à son amoureuse secrète de lui avoir fait boire un filtre d'amour toxique et mortel, l'obligeant à subir un violent lavage d'estomac. Il faut avouer qu'il n'y a rien de plus craquant que de frôler la mort et l'esprit est toujours à la romance après avoir subi une telle purge. Bref, loin d'imposer une crédibilité forte comme Urgences, Saving Hope apparaît comme un sommet d'approximation, avec un Docteur Goran qui change de caractère au gré des séquences. 

 

L'hôpital de la mort !  

 

Genre difficile, le drame médical obéit à des règles extrêmement strictes, dont une qu'il faut respecter à la lettre : pas de mort durant le pilot. Que ce soit Urgences ou Grey's Anatomy, l'arrivée du premier décès est toujours repoussé à un moment clé de la saison, instant décisif qui teste notre attachement à ces personnages et leur solidité. Mais, à Hope-Zion, on ne fait rien comme les autres avec un survivant pour trois patients et une jeune mère célibataire morte après avoir enfantée. Et dire qu'il reste treize épisodes, mon dieu, ça va être une pure boucherie si le docteur Lin continue à ce rythme. 

En conclusion, un premier épisode plutôt correct à première vue, reposant sur un concept assez intéressant, mais vite gâché par des incohérences particulièrement énormes. Piégé dans l'autre monde, Michael Shanks devient le témoin du niveau d'incompétence et d'irresponsabilité de cet hôpital invraisemblable et inquiétant. Hélas, les quelques moments de comédie sont bien involontaires, fruit des maladresses d'un scénario mal écrit où le personnel de l'hôpital flirte à plusieurs reprises avec les limites de l'incompétence. 

 

J'aime : 

  •  les acteurs sont plutôt corrects 
  •  les premières minutes font illusion 

 

Je n'aime pas : 

  •  Michael Shanks transformé en poteau à mi-épisode 
  •  les incohérences à la pelle 
  •  le personnage de Lin spectaculaire d'incompétence 
  •  l'histoire du bras coupé, totalement scandaleuse 

 

Note : 09 / 20 

Au bout de dix minutes, le spectateur a l'impression d'une série intéressante et sympathique, mais ce n'est qu'une illusion tant la série cumule incohérences, incompétences et invraisemblances sur sa dernière demi-heure. Un beau gâchis, à regarder pour les amateurs de mélodrames hospitaliers ou les fans d'humour au second degré, en quête d'un scénario vraiment raté.

L'auteur

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