En Décembre dernier, les scénaristes nous avaient souhaité de bonnes vacances avec la mystérieuse disparition d’Olivia Pope, qui semblait pourtant heureuse. Elle avait même dansé et s’apprêtait à faire des galipettes sur un piano avec Jake Ballard, son amant. Mais qui donc aurait pu vouloir du mal à Miss Pope ? Elle, qui s’était enfin débarrassée de son papounet ? Je dois avouer que mes attentes n’étaient pas très hautes pour ce dixième épisode. Je pensais être déçue. Mais, figurez-vous que ça n’a pas été le cas du tout…
Il se trouve que cet épisode s’est avéré être surprenant, et même original pour la série. Malgré le dépaysement évident, Scandal semble être revenue aux sources tout en offrant un traitement différent qui a pu déstabiliser le spectateur. « Run » pourrait même relancer la série… Alors, pourquoi donc ?
La différence
Olivia est bel et bien kidnappée. Par qui, par quoi, pourquoi, les questions s’enchaînent, certaines réponses arrivent, d’autres non. La différence se trouve dans le traitement de l’intrigue ; en effet, nous ne suivons qu’Olivia, et juste Olivia. Nous ne voyons pas ses coéquipiers, ni la Maison Blanche et sommes incapables de savoir ce qu’ils font pour la retrouver. La seule chose dont nous soyons sûrs, c’est que Jake a compris que Miss Pope avait été enlevée. C’est tout. La première scène est la dernière, en quelque sorte. Nous sommes coincés avec Olivia, que ça nous plaise ou non. Il se trouve que cette situation d’huis-clos est assez « angoissante », puisque les spectateurs n’ont jamais été habitués à cela dans Scandal. Jamais ils ne se sont retrouvés avec un seul personnage, sans jamais savoir ce que font les autres. Quiconque regarde la série depuis ses débuts s’est sûrement demandé : « Mais bon sang, ils vont nous montrer ce que Washington est en train de foutre ou quoi ?! » et c’est vrai que l’on peut avoir l’impression que quelque chose manque. Mais c’était finalement très intéressant de se retrouver seuls avec Olivia pendant trente-cinq minutes, car…elle est seule également. Et c’est là que se trouve la force de « Run ».
Olivia VS Spectateur
En effet, Olivia se retrouve enfermée dans une cellule minable sans lumière, dans des conditions d’hygiène déplorables et elle ne semble même pas être aux Etats-Unis. Elle et le spectateur se font face, en quelque sorte. C’est l’occasion pour nous de redécouvrir Miss Pope, de revenir aux bases même de la série, de se recentrer sur ses enjeux et les raisons pour laquelle elle existe. La scène où elle « s’enfuit » est par ailleurs très puissante, notamment à l’aide des différentes citations que l’on entend lorsqu’elle qu’elle court. Cet épisode ferait presque office de recadrage : Olivia est une Gladiatrice, et elle semble enfin s’en rappeler. Elle est sa propre cliente, pour une fois. Son rôle est redéfini, elle redevient la Guerrière qu’elle était au début, elle doit se sauver elle, et tout ceci se fait crescendo ; de par les conditions difficiles dans lesquelles elle vit, de par sa solitude. Ses sentiments sont exprimés au travers du rêve qu’elle fait, idée qui n’était pas mauvaise mais, qui aurait pu être mieux exploitée.
Si les scénaristes voulaient nous faire croire qu’elle avait été sauvée, c’est plutôt raté et tellement gros que je n’y crois pas. D’un autre côté, l’idée perd tout son sens si ce n’était pas leur but. Et ce n’est pas le seul défaut… Car cet épisode est bon, oui, mais il n’est pas parfait… La dégradation psychologie d’Olivia n’est pas réalisée au mieux. C’est efficace, mais quelque chose manque. Mis à part le fait qu’elle ne mette plus de papier toilette pour protéger la cuvette et qu’elle se fiche d’avoir les mains sales, on ne réussit pas réellement à se rendre compte de ce qu’elle vit.
Des nouveaux enjeux
La partie psychologique est donc ratée… Mais la partie politique, elle, est plus efficace. Car oui, oui le B613 semble être derrière nous… Enfin ! Il est tout de suite clair que les enjeux sont nouveaux, que l’on part sur une nouvelle enquête, de nouveaux ennemis, de nouvelles questions. Depuis la seconde moitié de la deuxième saison, l’organisation secrète nommée B613 ne nous avait pas lâchés, mais il semble que ce soit enfin terminé. Et quelle dose de fraicheur cela apporte à la série ! I-n-n-o-v-a-t-i-o-n ! Alors, évidemment, il reste quelques facilités scénaristiques malgré quelques twists sympathiques. Quatre secondes après sa rencontre avec son compagnon de cellule, Ian, la pensée « pas net, peut-être coupable » nait dans bon nombre de cerveaux. Oh, et comme par hasard, il est coupable !
Je ne proclame pas tout savoir, et j’ai quand même eu quelques doutes, notamment quand Ian est « tué » afin de faire peur à Olivia. C’est le seul moment où j’ai vraiment ressenti de la peine pour elle par ailleurs. On se doute également qu’elle ne peut pas vraiment s’enfuir, sinon ce serait beaucoup trop facile… Ceci dit, le coup de l’écran et des bruits qui lui faisaient croire qu’elle était au Moyen-Orient était assez ingénieuse, puisque encore plus de questions apparaissent, et elle qui croyait avoir réussi à s’échapper tombe de très haut.
« Run » reste un épisode très efficace et bien réalisé. Alors oui, certaines pistes étaient trop simples et d’autres mal exploitées mais le contrat est rempli, surtout après les épisodes précédents. Il est original, dans le cadre de la série en tout cas, innovant et dépaysant. Scandal s’était affalée sur ses acquis, mais les scénaristes semblent avoir eu de nouvelles idées. C’est une sorte de nouveau départ qui apporte de la fraicheur et un tas de questions qui ne demandent qu’à être résolues. La focalisation unique sur Olivia était une excellente idée puisqu’elle réconcilie la première Gladiatrice avec les spectateurs. Elle, qui avait déclaré qu’elle « se choisissait elle, pas Fitz ni Jake » respecte sa parole, puisque ses amourettes nous semblent bien loin. Reste à savoir comment la suite sera traitée.
J’ai aimé :
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L’audace et la nouveauté du scénario.
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La concentration sur Olivia.
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L’absence des personnages, notamment par rapport aux liaisons amoureuses.
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Les nouveaux enjeux.
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La scène où elle essaie de s’enfuir, assez puissante.
Je n’ai pas aimé :
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Le montage de l’enlèvement d’Olivia, trop répétitif (ils pensent qu’on est stupides ou quoi ?).
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Quelques facilités scénaristiques, événements prévisibles.
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L’absence des personnages (ben oui, ça nous fait bizarre quand même).
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La scène du rêve, qui aurait pu être intéressante mais mal exploitée.
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Le manque de précisions sur la souffrance psychologique d’Olivia.
Note : 15/20
PS : A noter que Liv a les cheveux au naturel, marche pieds nus et ne boit aucun verre de vin (de tout l’épisode, oui vous avez bien lu)… FONCEZ !