L’histoire ? Une jeune étudiante décide d’intégrer la sororité des « Kappa Kappa Tau » dont sa mère décédée a fait partie. Elle déchante cependant lorsqu’un tueur en série s’attaque à l’une des candidates et sème le trouble au sein de la communauté universitaire. L’affaire pourrait être liée à un meurtre survenu vingt ans auparavant. En quête de vérité, elle rejoint le groupe mais se heurte à la « Reine » de la Maison, Chanel, véritable peste sans cœur et pourrie gâtée.
Après Glee et American Horror Story, leurs créateurs s’attaquent donc au genre de l’horreur (ou du moins de l’épouvante) dans le monde des ados. La série était attendue, notamment à la vue de son casting rassemblant à la fois des figures respectées (Emma Roberts, Jamie Lee Curtis, Abigail Breslin) et des idoles du jeune public (Keke Palmer, Nick Jonas, Ariana Grande). Mais si Empire, diffusée sur la même chaîne, avait réalisé un véritable carton d’audiences l’an dernier (et le lancement de sa deuxième saison s’est révélé tout aussi incroyable), Scream Queens n’a séduit que quatre millions de téléspectateurs à 20h. Pourtant, sans être extraordinaire, la série se révèle être assez divertissante. Revenons sur ses points forts et ses points faibles.
Pour commencer avec un atout, le casting est vraiment bon. Il rassemble des actrices connues du cinéma américain, mais nuance le tout avec de jeunes idoles du moment qui plaisent aux adolescents. Dans le choix des acteurs, nous avons déjà l’une des caractéristiques de la série : entre sérieux et « teenage », horreur et parodie. Voir Emma Roberts interagir avec Ariana Grande, c’était pas forcément couru d’avance. Outre le choix du cast, le jeu des acteurs est satisfaisant. Jamie Lee Curtis endosse son rôle à merveille et Emma Roberts semble idéale pour le personnage de Chanel.
Mais si les acteurs jouent correctement, ils ne suffisent pas toujours à instaurer une réelle ambiance au sein du programme. En effet, on comprend vite que les scénaristes-réalisateurs ont voulu miser sur l’aspect horrifique de l’histoire tout en gardant un certain second degré. Le genre se situe plus dans la comédie que dans le drame, c’est une certitude. Je m’attendais cependant à retrouver des traits caractéristiques des fraternités/sororités américaines. Ils n’ont pas assez joué sur les clichés que l’on trouve dans la plupart des téléfilms ou films abordant ce sujet. Du coup, on se retrouve avec cinq nanas qui habitent une maison et qui n’ont pas vraiment l’air d’aller en cours. Le rapport avec l’université n’est pas assez insistant et ça enlève du charme au programme. Cet aspect élitiste est un peu dommage, surtout que lorsqu’il est annoncé que tout le monde peut postuler à la candidature afin d’intégrer la consorie, on se retrouve avec une handicapée, une sourde, une grosse, une noire et une blanche pas du tout du genre de la maison. Qui veut nous faire croire ça ? Il manque ce côté « american college » pour réellement nous mettre dans l’ambiance. Quitte à jouer avec les codes du film d’épouvante, autant y aller à fond ! Et au-delà du rapport avec l’université, c’était aussi une façon d’implanter un peu plus de réalisme. La situation est trop mystifiée, le téléspectateur ne se trouve pas dans ce que vivent les personnages. La seule scène qui pourrait éventuellement répondre à mes attentes serait celle du café, qui montre Chanel dans le monde « réel ». Mais la plupart du temps, on pourrait être n’importe où.
Autre point plus ou moins négatif, le personnage « principal », Grace. Premièrement, elle est quand même moins connue que les têtes d’affiche mais on veut quand même nous faire croire qu’elle a un rôle super important. Pourquoi ? Parce qu’elle est nouvelle, avec son petit passé triste et son père aimant, qu’elle décide d’aider le serveur du café à découvrir la vérité, qu’elle a un petit caractère mais... elle apparaît huit minutes à l’écran. J’exagère peut-être un peu, mais c’est la sensation que j’ai eue. Son personnage semble être important sur le papier, mais elle n’est absolument pas mise en valeur à l’écran. Elle qui serait pourtant la seule à pouvoir endosser le rôle d’héroïne, elle ne fait pas le poids face à une Emma Roberts qui elle, le crève, l’écran. À suivre dans les prochains épisodes, au fil du déroulement de l'intrigue. Allez, je ne suis pas si méchante, je leur laisse une chance !
La ligne conductrice de la série est un peu floue également. Quelques flash-backs de 1995 qui ouvrent l’épisode, un tueur en série bizarre qui sème le trouble en 2015... Le scénario est quand même très linéaire. À la manière d’un film d’horreur lambda, les personnages vivent dans le présent et subissent l’action, alors que de l’autre côté on nous fait entendre qu’il y a un mystère et une vérité à trouver. Le problème, c’est qu’on est un peu entre les deux. L’histoire est-elle plus importante de par son rapport au passé, ou alors est-ce le présent et l’action qui l’emportent ? À suivre également…
Mais maintenant que les aspects négatifs ont été abordés, passons aux points positifs. Et il y en a un, un qui sauve tout l’épisode : le second degré à la limite du parodique. C’est le truc qui survient un peu soudainement et qu’on n’attendait pas forcément, mais c’est une vraie réussite et l’ensemble est même drôle de temps en temps. Je vous renvoie à la scène avec le personnage d’Ariana Grande dans sa chambre, parfaitement dans l’ère du temps ! Également, le fait que les personnages ne soient absolument pas choqués quand quelqu’un meurt et qu’il n’aient pas envie de s’enfuir en vitesse. Ce décalage est finalement plutôt amusant et ajoute un certain charme à la série. Et même quand ce n’est pas sensé être drôle, les dialogues et le jeu des acteurs tendent toujours vers cette direction, aidés par une réalisation certes simple mais qui offre des plans légèrement en plongée et contribuent à instaurer l’atmosphère du show. Ce mélange des genres, entre humour/parodie, épouvante/gore, film d’horreur en carton/thriller, superficialité et jeu sur les codes, est la principale qualité de la série qui n’est cependant peut-être pas ouverte à tous. La cible reste quand même très jeunes adultes, ce qui est dommage car on y voit pourtant un hommage aux 80's et 90's qui pourraient plaire à des plus vieux. L’aspect université en a sans doute rebuté plus d’un, et c’est ce qui pourrait expliquer les quatre millions.
Pour conclure, Scream Queens n’est ni décevante, ni incroyable. Elle part avec certains défauts mais son côté parodique est une franche réussite et comble certaines lacunes. C’est un bon divertissement au casting séduisant qui peut encore s’améliorer et nous surprendre !
J’ai aimé :
- Les acteurs
- L’humour et le jeu sur les codes
- L’esthétique
- Un certain hommage aux années 80/90
Je n’ai pas aimé :
- Ils auraient dû beaucoup plus jouer avec les clichés des confréries
- Un côté un peu « cheap » car pas assez de figurants
- Une intrigue peut-être un peu trop mal amenée
Ma note : 14/20.