Critique : Supernatural 1.03

Le 09 novembre 2009 à 00:00  |  ~ 9 minutes de lecture
Un noyade et une maison qui a de gros problèmes de tuyauterie, voila tout le mystère de cet épisode 3 de Supernatural. Alors, qui a fait caca dans le robinet?
Par burt

Critique : Supernatural 1.03

~ 9 minutes de lecture
Un noyade et une maison qui a de gros problèmes de tuyauterie, voila tout le mystère de cet épisode 3 de Supernatural. Alors, qui a fait caca dans le robinet?
Par burt

Mais qui a fait caca dans le robinet ?

 

Cet épisode nous emmène encore une fois dans un patelin craspec du centre des Etats Unis pour une affaire, une fois n’est pas coutume, hautement improbable. Nos deux héros favoris, A (le fantôme plus âgé) et B (l’autre), trompent leur ennui en enquêtant sur des faits pour le moins troublants : Une jeune femme qui se noie dans un lac, un jeune homme dans son évier et quelqu’un qui éprouve le besoin de faire caca dans les robinets. Je vais la faire courte, la résolution de l’enquête n’intéresse ni vous, ni moi, pas plus que les scénaristes à vrai dire…

 

Entendons-nous bien…

Car il devient clair que Supernatural est un série irregardable : c’est mal filmé, mal monté, mal scénarisé, mal joué. Mais qui pourrait affirmer que ce n’est pas intentionnel ? Que ce ne serait pas une ruse pour nous mettre en condition afin d’apprécier pleinement une création ambitieuse ? Je pense que la léthargie, l’attention plus que flottante, créée par le récit plan-plan de chaque épisode est la clé pour accéder aux trésors ainsi révélés par Supernatural.

Un psychanalyste qui reçoit un patient écoute le récit de ce dernier sur l’histoire de sa vie. Récit qui est dans tous les cas mal filmé, mal monté, mal scénarisé, mal joué. A vouloir à tout prix se porter sur l’histoire ainsi racontée, on s’emmerde ferme. A se porter sur le récit de l’histoire, la façon dont elle est rapportée, on accède à un amoncellement de choses extrêmement intéressantes : des répétitions, des oublis, des phrases qui signifient bien plus que ce qu’elles veulent dire. Ainsi, le spectateur de Supernatural se retrouve dans une position analogue à celle de notre ami praticien, ce qui me pousse à dire que cette série n’est sûrement pas une série à voir, mais à entendre.

 

 

« Chaque fois qu’on trouvera une présence du mâle, pas question de l’ignorer ! »

Supernatural nous raconte l’histoire de deux types lambda qui parcourent les contrées craignos des « states » à la recherche de la dame blanche, du loup-garou ou du mec qui pose sa pêche dans la plomberie. Sérieusement… Il faudrait être sacrément con pour dépenser des centaines de milliers de dollars pour raconter ce genre de conneries. Donc montrons un minimum de respect aux gens qui font cette série et faisons attention à ce qui s’y passe réellement.

Prenons pour commencer la première scène de nos amis A et B dans le restau cradingue. Nous y voyons A se faire draguer outrageusement par la serveuse, cradingue elle aussi, et B surgir de nulle part la renvoyer illico presto dans sa cuisine. A lui rétorque qu’il faut apprendre à jouir de la chaire et embraye sans aucune raison sur un tout autre discours, l’histoire d’une nana, qu’il a lu dans la rubrique « chiens écrasés », qui s’est noyée dans un lac et dont le corps n’a pas été retrouvé. Puis on change encore de discours de façon totalement impromptue, l’histoire de Papa ! qui est, selon B, laissé dans les choux tout ça pour aller chercher une grognasse dont on à rien à secouer. Et l’échange continue à coups de «- Moi j’aime Papa ! plus que toi. - Non, c’est moi. » jusqu’à plus soif. Ceci se termine sur une phrase lourde de sens : « Chaque fois qu’on trouvera une présence du mal/mâle, pas question de l’ignorer ! »

Deuxième scène qui me permettra d’étayer mon propos. Lorsque A demande à la mère du  phénomène de foire qui lui sert de fils, pour la draguer sous un prétexte bidon, de lui indiquer où se trouve l’hôtel le plus proche, B s’empresse de faire des remarques vaseuses sur le fait qu’il branche la nana. Ce qui était déjà le cas dans les épisodes précédents, A n’a pas le droit d’engager d’autres relations que celle qu’il a avec B, nous verrons pourquoi dans la suite de notre développement.

Troisième scène, A raconte à l’enfant aux allures de déchet avoir vu « la plus terrible des choses arriver à [sa] mère », la caméra zoome sur son visage jusqu’à le rendre flou et faire naître au second plan celui de B. On dirait du Hitchcock. « J’ai eu peur après ça » l’entend-on poursuivre, « Je repense à ça encore tous les jours et je fais de mon mieux pour être courageux ».

Quatrième et dernière scène. Plan rapproché sur une photo montrant deux jeunes hommes se portant une accolade, la caméra suit la main de A qui la prend pour se poster devant un miroir où se reflètent nos deux compères, A et B.

 

 

Coucou, tu veux voir ma b*** ?

Les divers éléments que je viens de relever vont nous permettre d’avancer et de révéler ce qu’il y a de brillant dans la narration de Supernatural. La première chose qui saute aux yeux est qu’il est extrêmement difficile de suivre les dialogues entre A et B tant ils sautent du coq-à-l’âne. Ce qui est d’habitude l’apanage des sujets de structure psychotique. Et que nous dit Freud de ces personnes ? Que face à leur inadéquation avec le monde, elles créent un délire comme tentative de guérison, c’est-à-dire un prisme bien à eux de façon à rendre leur vision du monde abordable.

Que remarque-t-on ensuite ? Que notre ami B supporte assez mal les accointances de A avec la gente féminine (cf. première, seconde voire quatrième scène). Je pense que la vision de l’Autre sexe revêt pour B ce caractère d’impossible qui nécessite la création du délire. Supern atural n’est pas l’histoire de deux frères qui jouent à cache-cache avec les démons, mais celle d’un psychotique dont la plus grande peur est la femme, puisque autre, différente. Il s’invente un frère qui, lui, saurait gérer la femme et la repousser, et même une vie où l’on préfère vivre proche des plus vils démons plutôt que de s’acoquiner à une femme.

Pourquoi ? La troisième scène soulève quelque chose de très important qui nous rapproche, nous permet de nous trouver au plus près de l’épicentre de son symptôme. Par la voix de son frère il nous fait savoir qu’il a vu « la plus terrible des choses arriver à [sa] mère », qu’il a « eu peur après ça », qu’il « repense à ça encore tous les jours et [qu’il] fai[t] de [s]on mieux pour être courageux ». Ce qu’il a vu, c’est sa mère à poil. Une mère sans appendice phallique, donc castrée. Là où un enfant entrerait dans le complexe d’Œdipe, et donc dans la névrose, en symbolisant tout cela, B, en bon psychotique, vit cela de façon tout à fait réelle, envoie valdinguer le processus de symbolisation qu’est l’Œdipe et se voit donc condamné à fuir toutes celles qui ont été castrées de peur que cela se propage chez lui. La recherche de Papa ! a valeur d’artifice dans son délire, retrouver le père c’est avoir le phallus (pardon, la b***) à ses côtés.

Pour autant, B n’est pas complètement dupe. Et c’est en cela que la quatrième scène est d’une remarquable justesse. La présence du miroir, et de ce reflet, ont ceci de dérangeant qu’elle révèle à B (mais surtout à nous) que dans cette histoire la vérité est double. Il y a la réalité qui vient démontrer la superposition avec sa réalité. Sa réalité qui est sans cesse à reconstruire devant la monstration de ce qu’il ne peut/veut pas voir. Voilà l’objectif de chaque nouvel épisode de Supernatural, puisque B ne peut vivre dans la nature, il se doit de réinventer constamment une super-nature.

 

 

« Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas. »

Comment ne pas être dithyrambique sur cette série qui mérite pleinement son appellation d’ «œuvre », là est la question. Et je dois avouer que je n’y aie pas trouvé de réponse. Plus forte que Twin Peaks, plus maligne que Lost, plus ambitieuse que In treatment, Supernatural réuni tous les suffrages. Ce que je trouve Super mais en même temps naturel (le jeu de mot sur supernatural, popopopopo…).

L'auteur

Commentaires

Avatar Scarch
Scarch
Pas du tout d'accord avec ta note, mais critique encore une fois énorme. D'ailleurs, pas besoin de regarder supernatural, il suffit de lire ce que t'en pense, c'est bien plus drôle.

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
Du pur génie :D .

Avatar Aureylien
Aureylien
Mon Dieu que c'est génial.

Avatar Puck
Puck
Je dois avouer que je ressentais un plaisir coupable à chaque épisode de Supernatural. Moi qui croyais que ce n'était que simple luxure, concupiscence à la vue des deux éphèbes (et plus particulièrement de l'éphèbe A), je viens de comprendre que je me trompais. Suis-je moi-même psychotique ? Est-ce que je passe de l'autre côté du miroir en regardant Supernatural ? N'y-a-t-il aucun plaisir simple ? Quelle est la réponse à la vie, l'univers et le reste ? Répondez-vous toujours négativement ? Burt, ta critique vient de bouleverser ma vie, ma vue aussi. Merci à toi, merci à Scarch d'avoir laissé un lien vers cette critique sur le forum.

Avatar Aureylien
Aureylien
@Puck : Quelle est la réponse à la vie, l'univers et le reste ? 42 !

Avatar Puck
Puck
@Aureylien : c'est quoi cette réponse ? T'as mis combien de milliards d'années à la trouver ? Moi, je voulais une explication psychanalytique, un truc freudien qui me dirait que la réponse se trouve dans la tête de ma mère, et la tête de la mère de ma mère, et dans celle de la mère de la mère de ma mère... Jusqu'aux mémés qui s'irritent. Mais je pense finalement que la réponse est dans Supernatural.

Avatar OSS
OSS
Non je crois que la réponse se trouve dans l'avis de Jojo.

Avatar Puck
Puck
La vie est pâle, l'univers est glauque et le reste je le kiffe ?

Avatar OSS
OSS
Au fait Puck, bien joué d'avoir fait foirer la (médiocre) vanne d'Aureylien. T'es la spécialiste j'ai l'impression.

Avatar Dragon13Ardent
Dragon13Ardent
Mon dieu que cette critique est mauvaise , on voit vraiment que le rédacteur(Tromblon?) n'a strictement rien dans le froc et dans les mains (Arrêtez moi si je me trompe mais il me semble en plus que c'est sa seule critique sur le site) Sous prétexte que MONSIEUR est familier avec l'univers de la psychologie, nous avons le droit à toute les métaphores débiles qui vont avec, notamment sur le complexe d'œdipe. (Le seul diagnostic que ce métier d'escroc est capable d'affirmer de tout manière). Moi qui suis boulanger, je n'écris pourtant pas avec un quignon de pain. Je te propose donc sale tocard une passe d'arme, un clash de critique. Dans lequel l'applaudimètre de nos lecteurs sera le seul juge. Car pour écrire (et mal) des conneries y a du monde en revanche pour continuer et assumer y a plus personne. Sache Burt que je te conchie et attend notre duel avec impatience (Sauf si le courage te manque, ce qui semble malheureusement être le cas). PS: Qui sème des boules de feu récolte le dragon...

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