Critique : NYC 22 1.02

Le 26 avril 2012 à 16:50  |  ~ 8 minutes de lecture
Un second épisode qui reprend le même principe du premier avec trois patrouilles de nuit, mais multiplie les lourdeurs jusqu'à un final peu inspiré.
Par sephja

Critique : NYC 22 1.02

~ 8 minutes de lecture
Un second épisode qui reprend le même principe du premier avec trois patrouilles de nuit, mais multiplie les lourdeurs jusqu'à un final peu inspiré.
Par sephja

Midnight job 


Les jeunes policiers débutants sont affectés à leur première ronde de minuit dans le quartier de Harlem et découvre un autre visage de New-York. Ray et Tonya rencontrent alors des vendeurs de drogue qui opèrent à la vue de tous, la police les acceptant en contrepartie du calme relatif régnant dans le voisinage. De leur côté, Ahmad et Jayson reçoivent l'ordre d'accompagner un rappeur en repérage pour son futur film qui se trouve connaître personnellement Jackpot.

 

Résumé de la critique 


Un épisode faible que l'on peut détailler ainsi :

  •  une construction de l'épisode assez confuse 
  •  une série peu réaliste et moralisatrice 
  •  une hiérarchie trop inexistante 
  •  un épisode qui montre les limites du show 

 

 

Un format classique pour un épisode maladroit


Pour leur deuxième épisode, les auteurs reprennent le format à trois storylines du pilot en racontant la nuit de trois équipes composées de deux apprentis policiers, mécanisme malin permettant d'éviter certaines redondances. La structure est simple et efficace, à savoir projeter les trois groupes dans la rue et les confronter à des situations plus ou moins complexes et dramatiques qui vont leur permettre de s'affirmer. Malgré la différence d'univers et le souci de réalisme des auteurs, NYC 22 rappelle clairement les premières saisons de Grey's Anatomy par son fonctionnement mécanique.

Seulement, les auteurs, contrairement au show de Shonda Rhimes, ne parviennent pas à donner une identité claire à chacune des storylines et à imposer une hiérarchie à l'intérieur de l'épisode entre ces trois histoires. Le récit est malgré tout plaisant, comme celui concernant Ahmad et Jackpot qui apparaitra vite comme le plus réussi, permettant à l'ancien basketteur de s'extraire du cliché où il s'enfermait peu à peu. Hélas, l'ensemble va manquer d'enthousiasme et de dynamisme, la faute à un scénario qui protège beaucoup trop des héros rarement pris à défaut.

Ainsi, si l'histoire de Sanchez et Lazarus démarrait pour le mieux avec une entame de description de ce quartier de Harlem, l'épisode s'achève par un climax maladroit qui ruine la crédibilité de l'ensemble. Refusant le format feuilletonnant, la série veut se conclure sur l'impression du devoir accompli, donnant un dernier acte à marche forcé qui ne fait pas dans la subtilité. L'utilisation répétée du personnage du jeune T-Rex va être le symbole du problème principal d'une série qui va laisser le discours moral prendre le pas sur la narration.

 

To Paternize and Annoy

 

Le problème majeur de NYC 22 résiste dans la quasi-absence de policiers référents et charismatiques, la seule présence de Yoda ne suffisant pas à donner la sensation d'une réelle formation. Ces premiers pas dans la police ne montrent jamais les six débutants dans une situation d'impuissance ou pris au dépourvu, mais plutôt le portrait de six jeunes bleus qui s'épanouissent tranquillement dans leur travail. Le seul intérêt réside alors dans la description de leur rapport à la criminalité, entre le côté cow-boy de Sanchez et le style plus mesuré de Lazarus qui peine à canaliser la rage de la jeune femme.

Mais le plus gênant est de ne pas voir la formation plus pratique, les éléments de quotidien qui donne de la crédibilité à la série, ces hésitations des premiers jours qui rendent les personnages plus attachants. Des hauts et des bas qui ne transparaissent que rarement, les auteurs préférant nous montrer Stark Sands jouer les donneurs de leçon pour un adolescent en rébellion, conclusion pathétique d'une storyline plutôt gênante. Plutôt que de concevoir Harlem comme un microcosme et de nous introduire à un univers qui gagnerait en épaisseur, les auteurs de NYC offrent des histoires sur le mode anecdotique avec des conclusions à la morale beaucoup trop appuyée.

Ainsi, l'utopisme de ces jeunes recrues ne se heurte pas encore à la complexité de la réalité, portrait d'un monde où la frontière entre le bien et le mal apparaît comme beaucoup trop apparente. Et la scène finale entre Sanchez et le vendeur d'alcool est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, ruinant la crédibilité d'une série qui souffre d'un gros problème : l'absence d'une réelle hiérarchie au-dessus de nouveaux venus. Il en découle une absence d'enjeu inévitable, les jeunes flics laissant l'impression, contrairement au pilote, de ne pas subir de pression réelle.

 

 

L'anthologie du salopard 

 

Certes, tous ceux qui ont vu l'épisode doive être surpris par mon titre tant la série ne possède pas de personnage correspondant à cette description. Totalement indispensable à tout cop show qui se respecte, le salopard est haut placé et apparaît toujours quand le héros est en difficulté pour remuer le couteau dans la plaie, plaçant les considérations politiques avant la richesse humaine. Symbole d'une corruption du service public par l'obsession du résultat, il existe souvent comme un cadre égoïste et carriériste qui sert à mettre la pression sur les nouvelles recrues, mais surtout à les transcender en leur apprenant à survivre.

Le salopard est indispensable dans une série sur un corps de métier, il est le personnage que le spectateur aime détester, guettant assez vite son apparition comme un accélérateur au sein du récit. Seulement, les scénaristes de NYC 22 l'ont clairement oublié, trop soucieux de "faire vrai" pour oser insérer des tensions entre les jeunes recrues, insérer de la vie dans un show trop artificiel. Ce voyage au bout de la nuit n'apporte pas grand-chose à leur formation, hormis montrer par le biais de Jackpot l'importance de la fraternité d'un corps de métier sur l'hypocrisie d'une vie reposant sur une gloire éphémère.

Un discours politique gênant dans une série qui part sur de bonnes intentions, mais ne parvient pas à être crédible en échouant à faire transparaître les troubles et hésitations d'un jeune débutant. Trop sage, NYC 22 peine à s'imposer, donnant le portrait des personnages qui peinent à s'imposer, confrontés à une hiérarchie trop paternaliste, loin de la réalité d'une politique du chiffre peu exploitée. Heureusement, le soin apporté à l'importance du travail de prévention est appréciable, Terry Kinney incarnant un formateur plutôt touchant, seul personnage moteur de la série.

 

Une série trop artificielle 

 

Après deux épisodes, le constat apparaît flagrant à mes yeux : NYC 22 manque cruellement de caractère, de culot, d'une identité clairement affichée et d'une soif de faire exister ses personnages. Trop sage, la série se montre même moralisatrice dans ses pires moments, peinant à rendre crédible un univers où la hiérarchie se montre si paternaliste que les six nouveaux ne se retrouvent jamais sur la sellette. Et l'ennui s'installe par instant, tandis que les auteurs échouent pour l'instant à faire exister la relation particulière entre la ville et six newbies l'affrontant sans crainte visible.

En conclusion, un épisode classique dans sa forme, mais qui manque de passion et d'enthousiasme, l'existence de ces jeunes bleus souffrant de l'absence de ces petits détails de la vie quotidienne qui donnent de la crédibilité à une histoire. Trop superficielles, les trois storylines du jour se regardent sans déplaisir, mais propose un final qui bascule dans l'exposition excessive d'un paternalisme irritant. Trop sûr d'eux-mêmes, ces jeunes agents ne subissent pas le baptême du feu attendu, celui du doute des premiers jours sur la capacité de pouvoir trouver sa place et de s'épanouir dans un nouvel emploi.

 

J'aime : 

  •  Terry Kinney très bon 
  •  la direction artistique efficace 

 

Je n'aime pas : 

  •  trop sage, trop timoré, trop lisse 
  •  les six policiers débutants trop rarement pris à défaut 
  •  une hiérarchie peu présente 
  •  un discours moralisateur assez agaçant 

 

Note : 10 / 20 

Sans être désastreux, un épisode qui ne fait que confirmer certaines craintes par rapport au pilot, à savoir le manque de crédibilité d'une série où les jeunes ne subissent que trop rarement la pression de leur hiérarchie. Malgré quelques scènes bien construites, le discours très moralisateur de Kenny et la scène finale entre Sanchez et son suspect confirment le manque d'âme d'un show pas vraiment à la hauteur de ses ambitions.

L'auteur

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Image NYC 22
10.5
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