J’ai toujours eu un faible pour les fictions anglaises. J’aime leur ton décalé, leur recul, leur distance et leur humour, mélange de désenchantement et d’absurde. J’aime même leur façon de parler, cet accent si caractéristique. J’avais beaucoup aimé Misfits et ses super-héros loser et trash. Rectificatif : j’avais beaucoup aimé les deux premières saisons. Après, le show s’était effondré sur lui-même. N’empêche, quand j’ai su que les producteurs de la série susnommée (ceci n’est pas un gros mot) sortaient The Aliens, j’ai sauté sur l’occasion. C’était trop une série pour moi.
Motorway to Roswell
En 2016, cela fait quarante ans que les aliens ont atterri sur Terre. En 1990, les humains ont décidé de construire un mur séparateur et de les enfermer dans un ghetto dont ils n’ont le droit de sortir que la journée pour venir travailler au service des humains. Conséquence, les E.T. vivent entre eux dans la pauvreté et la criminalité. En effet, il s’est avéré que les poils ou cheveux extra-terrestres sont une drogue très addictive. Dans ce monde, Lewis, un humain qui travaille comme contrôleur des frontières, se découvre un jour des origines extra-terrestres, tandis que sa sœur est kidnappée par des trafiquants de poils (c’est aussi bizarre à lire qu’à écrire).
Voilà le synopsis. Alors, ce mélange prometteur est-il une bombe ? Trêve de suspense : non. Il s’agit plutôt d’un sympathique pétard mouillé. Car ce pilote, tout attachant qu’il est, souffre de pas mal de défauts.
En premier lieu, la série, étonnamment, délaisse son sujet et met un peu ses extra-terrestres hors-jeu. Déjà que ceux-ci ont tous une apparence humaine (bon prétexte pour ne pas exploser le budget), au fur et à mesure, on se retrouve devant une histoire « classique» de kidnapping et de demande de rançon. On finirait presque par oublier qu’il s’agit de science-fiction.
Deuxio, et là c’est mon côté chiant qui parle, le scénario est bourré de facilités. Exemple : la femme avec qui Lewis échange en webcam coquine et dont il est épris, s’avère, comme par hasard, la responsable du kidnapping de sa sœur et aussi la voisine de son seul allié. Est-ce le destin qui parle ? Ou plus vraisemblablement une grosse coïncidence fainéante permettant à l’intrigue de continuer à avancer au mépris total de toutes les lois des probabilités ? De même, le jour où Lewis apprend qu’il est mi-humain, mi-alien, il n’aura de cesse de vivre des expériences confirmant ses origines (les grenades, l’aveu spontané de son père, le test des cheveux), alors qu’il ne s’était JAMAIS douté de rien durant les trente premières années de sa vie.
This joke isn't funny anymore
Dernier point qui me chagrine : la violence gratuite. Même si elles sont plutôt rares, les scènes violentes frappent par leur côté parachuté. Comme la scène d’intro où le gang des méchants attaque un autre gang, où après un petit gag (« silent crew » confondu avec « silent screw »), on passe du rire au sang quand l’un des figurants se fait couper le bras par une machette. L’effet est surprenant, mais surtout inutile et too much. Ceci est un symptôme très courant dans les séries anglaises, poussé à son paroxysme dans Utopia : une violence gratuite, déplacée, vidée de son pouvoir de frappe émotionnel. Elle n’a pas d’autre fonction que d’être fun. Elle est juste là pour divertir. Ça me refroidit à chaque fois.
À côté de cela, le cahier des charges est rempli : les acteurs font leur job, c’est enlevé, il y a des gags éparses et réussis. Michaela Coel a une présence réelle à l’écran, donnant envie d’un abonnement premium à son site coquin Lilyhot, si seulement il existait. Et on retrouve le même mélange sexe + trash + défonce + gags scato qui avaient fait les bonnes heures de Misfits.
De plus, la série dérive vers un buddy movie avec l’association de Lewis et Dominic, alien exploité et timide, avec comme singularité le fait que Dominic soit gay et tente d’amener Lewis dans son lit. C’est plutôt original, prétexte à quelques gags bien sentis. Attention toutefois à ne pas abuser de cet humour, au risque de devenir lassant.
Donc, The Aliens propose un pilote légèrement poussif, qui met un peu la question des aliens de côté, mais au rythme prometteur. Pas sûr que cela devienne le chef-d’œuvre de la décennie, mais on obtient un agréable divertissement.
Ce qui est déjà pas mal.
J’ai aimé :
- C’est anglais.
- Le casting.
- Le rythme assez soutenu.
- C’est anglais et sympa.
Je n’ai pas aimé :
- La violence inutile.
- Le manque d’exigence dans l’écriture.
- Ça ne casse pas trois pattes à un canard.
Ma note : 13/20.
Liens vers les chansons des titres des chapitres :
The Smiths : This joke isn't funny anymore